Aujourd'hui, la routine, ou presque. Une ultime répétition générale avant le concert dans une salle comble. En même temps, il fallait se rendre à l'évidence, elle n'était pas énorme, on était loin des stades de foot en délire, mon rêve en quelque sorte. J'aurais donné tout et n'importe quoi pour pouvoir devenir une star de renommée mondiale. Seulement voilà, il fallait bien commencer par quelque part et là en l'occurrence, c'était la petite bourgade de Montsimpa. On ne devient pas célèbre du jour au lendemain, on y va progressivement sinon ça serait bien trop simple et n'importe qui pourrait le devenir sans un quelconque talent. Je pensais en avoir pourtant et cela faisait déjà quelques années que j'étais coincé ici à attendre un miracle. peut-être était-ce cela mon vice, d'attendre. Parfois, il faut savoir donner un coup de pouce au destin. Seulement, comment ? Tel était la question. Cela faisait quelques soirs que je me représentais au théâtre du coin et à chaque fois, toutes les places étaient occupées. J'aimais à croire que c'était pour me voir moi et non parce que j'étais le divertissement de la soirée pour ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir la télévision ou un ordinateur portable. Une seule chose avait changer cependant, ces derniers jours. J'avais l'habitude de me rendre en boîte de nuit une fois le concert terminé et il y avait de cela une semaine, peut-être un peu plus, j'avais rencontré un fille. Je ne peux pas dire quel âge elle a, ni comment elle s'appelle, ni même où elle habite, je ne connais que la forme de son corps, les traits de son visage et surtout son odeur, ce parfum que je sentais chaque soir avant de m'endormir. Il avait quelque chose de rassurant, de bienfaiteur, j'en ignore la raison. Bref, quoi qu'il en soit, depuis cette nuit, les filles dans mon lit se sont faites rares. J'avais trop peur d'altérer son odeur car c'était l'unique chose qu'il me restait d'elle et loin de moi l'idée de lui courir après pour la retrouver, non ! Je crois au destin et si elle doit revenir à moi, elle reviendra un jour ou l'autre. Non je ne suis pas amoureux... Je suis juste... Je... Je suis incapable de définir ce qu'est ce truc qui cloche en moi depuis qu'elle est entrée et sortie presqu'aussi vite dans ma vie mais ce n'était certainement pas de l'amour ! Depuis quand les coups de foudre existent ? Bref, la répétition se passai comme prévu. Je ne faisais pas que chanter, je dansais également, je suis ce que l'on appelle un performer, et oui, je suis en très bonne forme physique... Avis aux amatrices d'abdominaux... Le soir venu, pas un faux pas, pas une fausse note, la foule n'était pas en délire mais bon, au moins, de temps en temps, elle connaissait le refrain. Le concert terminé, je sortis par derrière et ce même si je ne risquais pas tellement d'avoir des fans hystérique à ma poursuite. Il m'arrivait néanmoins de temps en temps de signer des autographes, c'était assez gratifiant, je devais l'admettre. « Excusez-moi, vous n’auriez pas du feu ? ». Je me retournai, elle...

Encore une journée des plus banale dans la petite ville de Montsimpa. Nous étions dimanche soir, la fin du week-end malheureusement. La plupart des habitants sortaient en prévision d’attaquer la semaine de travail qui les attendait. D’autres, plus prudents, restaient bien au chaud dans leur maison de banlieue, évitant ainsi un réveil difficile. Quant à la brunette, elle traînait encore un pyjama dans son lit, révisant en vue du contrôle. Allongée sur le ventre dans son lit, les jambes repliées, un stylo dans la main et le capuchon entre ses lèvres, Hella prenait des notes. L’appréhension et le stress étaient toujours présents lors d’un contrôle à venir. Elle ne voulait pas échouer. Après tout qui aimait échouer ? Hella avait déjà tracé depuis bien longtemps son futur, elle savait ce qu’elle voulait. Tout d’abord réussir ses études dans l’optique de devenir sage-femme. Ensuite elle allait rencontrer l’homme de ses rêves, se marier et fonder une grande famille. Le rêve d’une personne normale selon elle. Et la demoiselle se donnait les moyens nécessaires pour y arriver. « Jason ! Combien de fois il va falloir que je te le répète ?! Tu ne comprends donc pas que tes chemises blanches vont dans le bac à linge blanc ! Tu es stupide ou tu le fais exprès ?! » Un soupir de lassitude s’échappa des lèvres de la demoiselle. Elle pouvait entendre du second étage ses parents se disputer inlassablement. Elle devait absolument sortir d’ici sous peine de devenir complétement dingue. La demoiselle consentie enfin à fermer son livre et de se jeter hors du lit pour prendre sa douche. Hella était enfermée depuis près d’une heure sous la douche, le ruissèlement de l’eau étouffait les cris de ses géniteurs. Une véritable aubaine. La jeune femme coupa l’eau et sortie de la douche, enroulant une serviette autour de son corps frêle. Elle se sécha les cheveux rapidement, les laissant ainsi onduler naturellement. « Maman ?! Tu peux venir s’il te plait ? » Cria-t-elle d’une voix assez forte pour qu’on puisse l’entendre. Aussitôt Eléonor Baker rappliqua dans la salle de bain. « Tu n’aurais pas vu ma robe bleu ? Tu sais celle avec le nœud noir derrière ? » Eléonor leva les yeux au ciel avant de réprimander : « Sûrement joncher par terre dans ta chambre Hella. Tu as vu le désordre de ta chambre un peu ? Mais dis-moi, tu vas où comme ça jeune fille ? ». Inutile de discuter avec sa mère, elle était une vraie tête de mule. Tout comme sa fille soit dit en passant. « Je sors. De toute façon je n’ai plus rien à me mettre. Je vais acheter quelques vêtements et j’irais sûrement me balader avec une amie. Tu veux bien me passer ta carte ma petite maman d’amour ? » Implora-t-elle accompagné des yeux de chien battu. Comment ne pas céder ? « Bon, bon. C’est d’accord mais tu veux bien ne pas oublier que ton père et moi nous ne sommes pas ministre. Et tu fais attention s’il te plait, je n’aime pas que tu sortes le soir. » Un sourire ravi illumina alors le visage de la jeune femme. « Merci maman ! Tu sais on est à Montsimpa ici, pas à New york. Je serais prudente. » Lança-t-elle avec un sourire amusé. C’est d’une humeur joyeuse que Hella termina de se préparer, elle enfila sa robe bleu qui jonchait sur le sol ( Merci maman), des talons hauts noirs vernis et un blazer.

Le soir était entamé depuis un petit moment. Hella marchait d’un pas lent, les mains occupées par des sacs. Son amie était partie après le shopping, préférant réviser sagement. La demoiselle c’était donc résigner à rentrer chez elle. Sauf qu’un contretemps bouleversa légèrement ses projets. L’étudiante extirpa, non sans mal, une cigarette de son sac à main mais le briquet se faisait désirer. La seule personne présente, dos à elle, ne semblait pas fumeur. Autant essayer tout de même non ? « Excusez-moi, vous n’auriez pas du feu ? » Il se retourna et la demoiselle pu facilement se souvenir de ce visage. Elle avait eu une aventure d’un soir avec lui pour un pari. Pari réussi d’ailleurs. Pendant une fraction de seconde Hella se demanda s’il se trouvait vraiment là par le plus pur des hasards. Et s’il l’avait suivi ? Et si c’était un fou ? Après tout, elle connaissait quoi de lui ? Absolument rien à par son corps parfait. « C’est étrange de se revoir ici en si peu de temps. C’est une coïncidence qui n’en ressemble pas à une. Vous me suivez ou quoi ? » Inspecta-t-elle sans détour. Elle posa ses sachets, et fourra dans son sac à la recherche de ce fameux briquet. Le précieux enfin retrouvé, elle alluma sa cigarette avant de reprendre ses sacs. « C’est bon. J’en ai un. Ecoutez, je n’ai sûrement pas été clair la dernière fois. Je ne veux plus vous revoir, c’était qu’un pari voilà tout. Et..Je dois y aller, je suis attendu. » Hella lui tourna le dos et commença à marcher d’un pas plus rapide.

Même si ça n'a l'air de rien comme cela, ma journée avait été éprouvante, entre répétition et show, je me demandais encore comment j'avais de la voix et assez d'énergie pour articuler correctement mes mots. Aujourd'hui, j'étais complètement claqué, j'en ignorais la raison. Pourtant, cette journée avait été plus qu'ordinaire, parfois je m'en lassais d'ailleurs. Il manquait quelques fois un peu de piment dans ma vie que même les sorties et les multiples filles ne parvenaient pas à m'apporter. Je ne savais pourtant pas ce que je pouvais demander de plus, si ce n'était de réaliser enfin cette chose qui me tenais tant à coeur. La question qu'ils se posent tous lorsque je parle de ma grande ambition c'est pourquoi ? La réponse est simple, j'en ai marre de ce trou à rat, je rêve de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes, de connaître de nouvelles cultures, de nouvelles langues,... Oui parce que les gens ici ont tendance à se complaire fortement dans leur petite vie tranquille et ce n'est absolument pas mon cas, je n'aime pas la tranquillité, je rêve d'évasion. Lorsque je me retournai, j'eus une sorte de blocage durant lequel je fus incapable de prononcer la moindre parole et pendant lequel je ne pus m'empêcher de la contempler de haut en bas pour vérifier que c'était bien elle et pas une plate imitation, mes potes étaient capables de faire n'importe quoi pour me charrier. Oui parce que j'avais eu le malheur d'en parler. Pourtant, je ne pensais pas avoir été choquant à ce point. J'ai juste dit qu'elle n'était pas comme toutes les autres, qu'elle avait été époustouflante et qu'elle était plus que magnifique, le corps, le visage, tout,... A vrai dire, je ne lui avais trouver aucun défaut et en la détaillant, je n'en remarquai pas plus. « C’est étrange de se revoir ici en si peu de temps. C’est une coïncidence qui n’en ressemble pas à une. Vous me suivez ou quoi ? ». Le son de sa voix me sorti de ma torpeur, cette si douce voix... Malheureusement, ce n'étaient pas des éloges qui sortaient de sa bouche mais plutôt un reproche, je souris, amuser. A vrai dire, c'était même mieux comme cela. Autrement, la proie aurait été trop facile... « Moi ? Vous courir après ? Vous rêvez ma chère... ». Je levai les yeux aux ciels. M'avouez vaincu ? Plutôt mourir ? Autant entrer dans son jeu, du moins, pour l'instant. Pendant un instant, j'eus la vision apocalyptique qu'elle était en train de fumer, puis je me rendis compte qu'en fait c'était la réalité, je ne pus m'empêcher d'afficher mon dégoût, fumer ? Quelle horreur, voilà bien un truc qui ne sert à rien et que peut-être, je pourrais lui reprocher... Du moins pas tout de suite, maintenant qu'elle était là, autant éviter de la faire fuir. « C’est bon. J’en ai un. Ecoutez, je n’ai sûrement pas été clair la dernière fois. Je ne veux plus vous revoir, c’était qu’un pari voilà tout. Et..Je dois y aller, je suis attendu. ». Comme si j'étais idiot à ce point. « Je pense que vous aviez été on ne peut plus clair et croyez-le ou non, je ne suis pas totalement débile ! ». Elle s'apprêtait à partir, je la retins par le bras. « Et puis depuis quand on se vouvoie ? Sous la couette, si je me souviens bien, on ne se donnait pas cette peine... ». Je détestais vouvoyer quelqu'un, ça revenait à le mettre sur un pied piédestal, à le considérer comme supérieur. Or je ne voyais pas en quoi cette jeune femme méritais un tel respect.