C'était peut-être bien la première fois que Noheyla était de si bonne humeur un samedi matin. Pas de réveil brutal dix minutes trop tard, pas de course chronométrée pour ne pas arriver en retard, pas de petit-déjeuner pris à la va-vite, pas de chaussures perdues ni de jeans récalcitrants, pas d'insultes proférées envers tout ce qui croisait malencontreusement son chemin, pas de « putaindemerdefaitchier » intempestifs. Elle était sereine, et savourait son moment en tête à tête avec son bol de Chocapic, regardant distraitement une rediffusion de télé-réalité. En temps normal, elle n'aurait jamais envisagé de s’asseoir ainsi sur le canapé, les pieds sur la table basse, mâchouillant des céréales en ne pensant à rien: elle n'avait absolument pas le temps. Elle avait toujours quelque chose à faire, concernant ses études ou ses deux boulots, parfois les deux à la fois, et toutes ces choses qui l'occupaient nécessitaient qu'elle coure partout, qu'elle soit toujours préoccupée par le temps, et qu'elle s'énerve pour un rien. Le plus simple aurait été que sa sœur et elle demandent de l'aide à leurs parents adoptifs pour qu'elle puisse se concentrer sur ses pseudo-études de littérature, mais même si elle ne le disait pas, elle préférait mille fois partager un carton dans la rue avec un clochard plutôt que de leur demander quoique ce soit. Non, elle n'avait effectivement pas trop apprécié leur petit délire de les envoyer en Angleterre, même si elle était un peu moins remontée contre eux que Louànn.

La sonnerie du téléphone interrompit ses réflexions, et, au lieu de se lever pour aller répondre, elle prit une cuillerée de céréales et contempla ses chaussettes Mario Bros, vestige de la période geek de sa sœur jumelle, attendant que le répondeur prenne le relai. Si c'était important, la personne qui se trouvait au bout du fil rappellerait, ou laisserait un message, dans le meilleur des cas. « Vous avez trois nouveaux messages. » confirma la voix enregistrée de la boîte vocale, et Noheyla finit par combattre sa flemme de se lever pour écouter les dits messages. Oui, pour la demoiselle, préférer écouter les messages vocaux plutôt que de répondre était tout à fait logique et légitime. Elle attrapa le téléphone, et après avoir appuyé sur quelques touches, s'affala à nouveau sur le canapé. Les deux premiers messages, sans surprise, provenaient de ses parents. Ils n'avaient toujours pas compris que les deux jumelles ne voulaient pas leur parler, encore moins participer à leur réunions entre chrétiens, et pour ce qui était de revenir à la maison, il ne fallait même pas y songer. Plus surprenant, par contre, le troisième message était d'Isaac. Celui qui avait brisé le cœur de sa sœur. Noheyla ne comprit pas tout ce qu'il racontait, mais le « Rappelle-moi » plein d'espoir lui arracha un sourire. Il ne savait vraiment pas y faire avec les femmes, s'il croyait que ce serait si simple, mais ça n'empêcha pas la jeune blonde de se diriger vers la chambre de sa sœur, bol de céréales à la main, chaussettes Mario aux pieds.

« Les parents ont appelé. » lança t-elle sans préambule, en s'allongeant sur le lit Louànn, l'observant faire elle ne savait quoi. « Ils veulent qu'on revienne à la maison et s'inquiètent parce qu'ils ne nous ont pas vues à la messe dimanche. » Elle prit une nouvelle cuillerée de ses céréales, et mâcha lentement avant de lâcher la bombe. « Et... Weaver a laissé un message. » Elle guetta la réaction de sa sœur, même si elle s'attendait à ce qu'elle ne laisse rien paraître. « Le tien, de Weaver. » jugea t-elle utile de préciser.

Les samedis matins étaient toujours quelque chose que Louànn détestait. Même si c’était la fin de semaine, elle se forçait toujours pour se lever de bonne heure et étudier. Studieuse ? Non, pas vraiment. Elle voulait seulement réussir et ne pas foutre son avenir en l’air. La médecine, c’était difficile. Bref. Elle s’était levée super tôt ce matin après avoir passé une nuit terrible. Son sommeil était parsemé de cauchemars et de rêves douteux ces derniers temps. C’était sans doute dû aux examens et à ses nombreuses heures d’études. Louànn avait pris son premier bol de céréales vers sept heures du matin. Évidemment, elle était la seule de levée. Noheyla devait profiter de ses heures de sommeil puisqu’elle n’était pas encore debout. Samedi matin tranquille, trop tranquille même. Elle s’était servie un bol de Chocapic avant de retourner dans sa chambre en poussant un soupir. Étudier dès six heures le matin, c’était forcément l’enfer. Pour ne pas perturber le sommeil de sa sœur, Louànn décida de régler la musique à un volume raisonnable. Elle détestait quand No’ la réveillait avec son boucan, donc elle préférait s’abstenir de le faire. Avant de s’asseoir à son bureau, la jolie blonde s’emmitoufla dans sa couverture de Donkey Kong. Elle l’avait acheté dans sa période super geek et avait gardé cette couverture jusqu’à aujourd’hui. Louànn s’assit donc à sa table de bureau, prenant une bouchée de céréales en même temps.

Leur vie était quand même difficile. Louànn travaillait comme une déchainée dans ses livres tout en ayant un boulot pour subvenir à ses propres besoins et payer le loyer avec sa sœur. Elles avaient une vie occupée, trop remplie parfois. Elles avaient toutes les deux décidées d’habiter ensemble suite à leur voyage en Angleterre. Cet épisode l’avait marqué, d’une mauvaise manière d’ailleurs. Être obliger de partir, c’était l’horreur. Louànn avait encore de la rancune envers ses parents, ses faux parents d’ailleurs. C’était en accord avec sa sœur qu’elles avaient décidé de vivre toutes les deux en appartement, sans l’aide de leurs parents. C’était dur, mais elle ne le regrettait absolument pas. Elle se sentait bien avec sa sœur, elle était en bonne compagnie et elle, au moins, pouvait la comprendre mieux que n’importe qui. Louànn poussa un soupir tout en ouvrant son ordinateur. Une vraie partie de plaisir, vraiment. Elle sortit ses livres de son sac pour les poser sur la table. Elle allait devoir s’y mettre d’une manière ou d’une autre. Après deux bonnes heures d’étude et de jeus sur internet, Louànn entendit le son de la télévision. Noheyla était enfin levée.

Louànn entendit le téléphone sonné, mais ne fit rien pour y répondre. Elle savait que sa sœur laisserait sonner jusqu’à temps que la personne laisse un message. Elle se leva de son siège pour s’étirer un peu avant d’observer ses traits dans le miroir. Elle avait l’air tellement fatiguée ces derniers temps. « Les parents ont appelé. » Louànn haussa les épaules. Oui, elle s’en foutait, carrément même. Elle observa son double s’étendre sur son lit toujours en s’observant dans le miroir. « Ils veulent qu'on revienne à la maison et s'inquiètent parce qu'ils ne nous ont pas vues à la messe dimanche. » Louànn prit un élastique qui trainait sur son bureau pour attacher ses cheveux. «Sincèrement, je me fiche complètement de ce qu’ils peuvent penser. L’église en ce moment, je m’en tappe. J’ai d’autres choses à faire que de me pointer là-bas le dimanche matin.» Elle n’aimait pas l’église, pourquoi devrait-elle se forcer pour y aller. Elle se tourna vers sa sœur, arquant les sourcils en voyant ses chaussettes Mario Bros sur ses pieds à elle. Merde, comment avait-elle pu les retrouver ? « Et... Weaver a laissé un message. » Si elle avait eu des céréales dans la bouche, Louànn les aurait probablement recraché. Quoi ? Il l’avait appelé. « Le tien, de Weaver. » Elle leva les yeux au ciel. Elle avait compris, elle n’était pas si stupide. Louànn se tourna de nouveau vers son miroir, prenant la crème de jour sur son bureau. Ça lui faisait mal, mais elle ne le montrait pas. Elle détestait savoir qu’Isaac tentait de la joindre presque tous les jours. «Qu’est-ce qu’il voulait ?» La belle blonde appliqua la crème sur son visage avant d’aller s’asseoir aux côté de sa sœur. «Je déteste quand Weaver m’harcèle.» Louànn poussa un soupir. Cette histoire la rendait dingue.

«Sincèrement, je me fiche complètement de ce qu’ils peuvent penser. L’église en ce moment, je m’en tape. J’ai d’autres choses à faire que de me pointer là-bas le dimanche matin.» Louànn venait de résumer à la perfection l'état d'esprit de Noheyla, et celle-ci ne pouvait qu'être d'accord. Leurs parents n'avaient peut-être pas réfléchi aux conséquences de leurs actes, et jamais il ne leur était venu à l'esprit que ça pouvait être vraiment difficile de se retrouver loin de chez soi, sans rien connaître ni personne. Ils n'avaient jamais pensé que perdre leurs repères pouvait perturber les deux jumelles. Tout ce qu'ils avaient voulu, c'était éloigner Louànn d'Isaac, et si sa sœur pouvait la suivre c'était tant mieux. Ils l'avaient fait pour leur bien, n'avaient-ils cessé de leur répéter, mais honnêtement, Noheyla s'en fichait pas mal. « Tu m'étonnes. » marmonna t-elle en fixant ses chaussettes. A la longue, les entendre les supplier au téléphone ne lui faisait plus ni chaud ni froid, même si elle devait avouer que l'idée de changer de numéro pour avoir la paix une bonne fois pour toutes était tentante. Elle releva les yeux, le temps d'observer la réaction de sa sœur lorsqu'elle lui parla de l'appel d'Isaac. Comme elle s'y attendait, sa sœur garda le silence pendant un moment, lui tournant le dos pour se mettre de la crème face au miroir. Noheyla ne put s'empêcher de penser à l'époque où tout ce qui ressemblait de près ou de loin à du maquillage la répugnait et où elle ne savait pas faire la différence entre une crème de jour et de nuit. Lou avait bien changé depuis, et même si elle avait fini par l'accepter, ça lui faisait toujours bizarre de la voir se comporter comme une vraie fille. «Qu’est-ce qu’il voulait ?» finit-elle par demander, rompant le silence. Noheyla ne répondit pas tout de suite, jaugeant l'expression de sa sœur qui semblait impassible. « De tes nouvelles, et que tu le rappelles. Comme d'hab. » La blonde fit de la place à Louànn sur le lit, sans pour autant cesser d'examiner son visage. Elle attendait juste le moment où le masque d'indifférence allait se fissurer, et connaissant sa sœur, ça n'allait pas tarder. «Je déteste quand Weaver m’harcèle.» Bingo. Noheyla soupira, posa son bol de céréales et passa un bras autour des épaules de sa jumelle dans un geste qui se voulait réconfortant. Elle savait que Lou souffrait de la situation – comment bien prendre la chose, en même temps ? – et si elle ne se doutait pas qu'Isaac en souffrait presque autant que son ex, elle aurait déjà débarqué chez eux pour lui foutre une raclée. « Il ne te harcèle pas... J'imagine qu'il veut juste que tu saches qu'il pense à toi jour et nuit. Enfin, surtout la nuit à mon avis. Si tu vois ce que je veux dire. » Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à sa blague particulièrement douteuse. Bon ok, elle était nulle, mais elle voulait juste lui remonter le moral. « Oh, allez, vois le bon côté de l'affaire. Au moins, lui, il t'appelle, contrairement à d'autres dont je ne citerai pas le nom et qui préfèrent jouer à Call of duty. » Son sourire se fana un instant à la pensée d'Ezra, qui effectivement n'avait pas donné signe de vie depuis... et bien, depuis deux ans. D'accord, Noheyla n'avait pas fait non plus beaucoup d'efforts pour avoir de ses nouvelles, mais l'idée était là. En fait, les deux Weaver étaient de beaux enfoirés. Point final. Elle soupira à nouveau. « Tu l'aimes encore, hein? »

Louànn avait bien changé depuis son départ en Angleterre. Elle avait aventuré les vêtements de filles plus sexy, un peu de maquillage aussi. Elle sortait encore du lot par exemple, lorsqu’elle décidait de mélanger converse et chandail plus chic. Lou restait un peu décalée, comme elle l’avait toujours été. En fait, si elle n’était jamais partie en Angleterre, elle serait probablement toujours la même fille, qui jouait à des jeux vidéos pendant toute la nuit et elle serait toujours en couple avec Isaac. Enfin, c’était toujours difficile à dire, mais elle l’aurait parié. Même ils étaient différents, Louànn aimait Isaac, plus que tout même. Assise au côté de sa sœur sur le lit, Lou savait que Noheyla allait deviner quand son masque allait tomber. Elle savait qu’elle allait réagir, elle la comprenait tellement que parfois, ça en devenait presque épeurant. Lou baissa son regard sur les chaussettes de sa sœur. Oui, elle en faisait une vraie fixation. Lorsqu’elle entendit sa sœur soupirer, la blonde tourna son regard vers elle. Elle sentit son bras contre ses épaules, une petite étreinte réconfortante. Louànn posa sa tête contre son épaule, soupira de nouveau. « Il ne te harcèle pas... J'imagine qu'il veut juste que tu saches qu'il pense à toi jour et nuit. Enfin, surtout la nuit à mon avis. Si tu vois ce que je veux dire. » Louànn leva les yeux au ciel tout en ayant un semblant de sourire. «Ce que tu peux être drôle, c’est incroyable» lança-t-elle avec sarcasme. Elle tentait de la faire rire, c’était bien. Noheyla réussissait souvent à lui remonter le moral, qu’elle le veuille ou non. « Oh, allez, vois le bon côté de l'affaire. Au moins, lui, il t'appelle, contrairement à d'autres dont je ne citerai pas le nom et qui préfèrent jouer à Call of duty. » La blonde releva sa tête pour observer sa sœur. Elle la comprenait tellement. Deux jumelles sortant avec deux jumeaux, il fallait le faire quand même. On pouvait dire qu’Isaac et Ezra se ressemblait quand même. Call of duty, c’était quand même un super jeu. Lou’ pouvait comprendre ça. Elle avait déjà été une de ces filles qui passait son temps sur internet, sur les jeux vidéo en général, et elle adorait ça. À voir le sourire de sa sœur se faner comme il venait de le faire, Louànn savait que c’était un point sensible. Les jumeaux Weaver étaient officiellement des tarés en matière de filles. Blondinette passa un bras autour des épaules de sa sœur à son tour. Oui, elles se soutenaient et elles se soutiendraient toujours, quoi qu’il arrive. Louànn ne prononça pas un mot, passant sa main de libre dans les cheveux de sa sœur. Avant de dire quoi que ce soit, fallait au moins qu’elle y réfléchisse un peu, pas la peine de sortir des conneries. «Tu le connais, il aime tellement COD. C’est peut-être un enfoiré lui aussi. T’as tenté de le joindre ?» murmura Louànn d’une vois trainnante. COD, c’était tellement LE jeu vidéo. Bref, cette époque était révolue pour elle. À vrai dire, la blonde ne savait même plus où en était la relation de sa sœur avec Ezra. Elle allait lui demander lorsque Noheyla sortit la phrase qui tue. « Tu l'aimes encore, hein? » Lou soupira. Oui, elle l’aimait encore. Même s’il avait couché avec une autre fille, elle l’aimait. Elle aurait bien voulu le détester, mais non. C’était un fort débat intérieur. Lou leva la tête vers sa sœur. Elles se ressemblaient tellement, parfois, elle trouvait ça même troublant. «Je déteste ça, mais ouais. J’essaie de plus trop y penser…» Lou se mordit la lèvre avant de poursuivre. «Tu crois que c’est d’ma faute, le fait qu’il ait couché avec l’autre pimbêche ?» Elle déposa à nouveau sa tête contre l’épaule de sa sœur. «Et heum. Où t’as trouvé mes chaussettes ? Je pensais les avoir perdues.» Changement de sujet 101, Louànn était douée là-dedans. Elle savait que sa sœur ne lâcherait pas prise par exemple.

Noheyla savait qu'elle pourrait toujours compter sur sa sœur, autant que celle-ci pouvait compter sur elle. C'était un côté qu'elle adorait de leur relation, et que les autres leur enviaient généralement. Elles avaient des amis différents, des buts, des passions, des opinions différentes aussi, mais ce qui était certain, ce qui ne changerait jamais, c'était le soutien qu'elles manifestaient mutuellement. Envers et contre tout, quoique les autres puissent dire ou penser. C'était avant tout pour cela que No' avait suivi Louànn en Angleterre. Au delà du fait qu'elle ne pouvait pas la laisser seule, elle ne voulait absolument pas l'abandonner. Elle aurait pu rester à Montsimpa, mais sa place lui avait semblé plus légitime auprès de sa jumelle. Elle était restée auprès d'elle pendant les deux dernières années, l'avait soutenue quand elle avait décidé de changer radicalement de look, l'avait épaulée lorsqu'elle avait rompu avec son amour de toujours ou presque. Noheyla avait beau se montrer très convaincante, il en fallait beaucoup plus pour que ces deux là se remettent ensemble, et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était remonter le moral de sa sœur à force de plaisanteries débiles et moyennement drôles, prendre les messages désespérés d'Isaac, et les écouter tous les deux se plaindre de leur vie sentimentale gâchée. «Ce que tu peux être drôle, c’est incroyable» lança Louànn avec sarcasme voyant que son double avait une fois encore sorti l'artillerie lourde niveau blagues pas drôles... Noheyla haussa les épaules avec un sourire. « Tu dois déteindre sur moi, c'est la seule explication... » Remonter le moral de sa sœur, c'était vraiment tout un travail, et à la longue, Noheyla était devenue une experte en la matière, mais souvent, ses propres sentiments rentraient en jeu, et du coup, ses tentatives de distraire Louànn échouaient assez lamentablement. Comme à l'instant, où sans le vouloir, elle avait fait entrer Ezra dans la conversation, se transformant progressivement en pleurnicheuse en manque d'affection. Elle avait beaucoup de regrets en ce qui concernait Weaver, mais malheureusement le passé était le passé, et ce passé là excluait une quelconque forme d'avenir. L'indifférence d'Ezra à son égard était sans doute ce qui l'avait le plus blessée, et au final, elle s'en voulait d'avoir été aussi naïve, d'avoir cru un instant qu'il y avait quelque chose de spécial entre eux. Noheyla sentit sa sœur réagir face à son soudain silence, son bras se posar sur son épaule, sa main caressant ses cheveux. Le soutien de sa sœur, c'était vraiment tout ce qu'elle avait. «Tu le connais, il aime tellement COD. C’est peut-être un enfoiré lui aussi. T’as tenté de le joindre ?» Oui, Ezra aimait les jeux vidéos, mais Noheyla ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait souhaité qu'il l'apprécie autant que ses jeux, ce qui n'était pas le cas. Malgré tous ses efforts, elle passait toujours après Call of duty et World of Warcraft. « Il est peut-être un enfoiré, mais j'aurais dû... Je sais pas, j'aurais dû m'en rendre compte avant de me prendre un vent monumental. Enfin, je veux dire, il ne m'a jamais rien promis, et je suis celle qui me suis accrochée quand même. Et... ouais, je l'ai appelé, quelques fois, mais il a jamais répondu. Dans un sens, je comprends un peu Isaac, c'est frustrant de parler à un répondeur. » Elle eut un petit sourire triste. Elle s'était rendue à une de leurs soirées aussi, mais à défaut de tomber sur lui, elle était tombée sur son frère. Si celui-ci ne l'avait pas rabâchée toute la nuit à propos de sa sœur et de la meilleure façon de la reconquérir, Noheyla aurait pensé qu'il lui parlait par pitié, et elle avait juste horreur qu'on ait pitié d'elle. « Tu l'aimes encore, hein? » demanda t-elle, dans une tentative évidente de réorienter la conversation sur les amours de Louànn. C'était plus facile. «Je déteste ça, mais ouais. J’essaie de plus trop y penser.... Tu crois que c’est d’ma faute, le fait qu’il ait couché avec l’autre pimbêche ? » Noheyla se redressa brusquement. « N'importe quoi! Il a couché avec cette sale... avec cette fille parce qu'elle l'a allumé et qu'il était saoul, ce qui au passage, n'excuse rien du tout. Il a déconné, méchamment, mais ce n'est pas de ta faute, Lou. » Elle reprit sa position initiale, permettant à sa jumelle de poser sa tête sur son épaule. «Et heum. Où t’as trouvé mes chaussettes ? Je pensais les avoir perdues.» Le regard de Noheyla dévia sur ses chaussettes Mario, et ses lèvres furent à nouveau animées d'un sourire. « Je te les avais prises au début de notre séjour à Londres, j'ai dû oublier de te les rendre. J'ai des tas d'autres trucs qui t'appartiennent, mais je te rendrai le tout quand on aura fini de parler de ta vie amoureuse. » Et voilà comment éviter un changement de sujet radical... Noheyla était connue pour sa persévérance, et ce n'était pas pour sa sœur qu'elle allait faire une exception.

Louànn était choquée de si bien s’entendre avec sa sœur. Sincèrement, ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait voir deux filles identiques s’aimer autant. Elles avaient leurs mauvaises passes comme tout le monde. Cependant, les deux filles se comprenaient pratiquement tout le temps. Louànn était contente d’avoir Noheyla. Elle faisait le duo rêver. Sa sœur l’avait soutenue dans son changement de style, son départ forcé en Angleterre et elle l’aidait présentement avec ses problèmes de couple. Louànn n’aurait pas survécu sans son double durant ces deux années à l’étranger. Elle était contente qu’elle soit partie avec elle, sans qu’elle ne le lui demande. Lou ne voulait pas non plus passer pour la fille jalouse qui voulait sa sœur pour elle toute seule. Loin de là. Donc quand sa jumelle lui avait annoncé la nouvelle, elle avait été folle de joie. Être séparer de sa jumelle, c’était… inconcevable. Louànn ferma les yeux, appuyée légèrement contre Noheyla. Elle détestait la situation dans laquelle elle était et elle détestait s’apitoyer sur son sort, comme elle le faisait en ce moment avec No. « Tu dois déteindre sur moi, c'est la seule explication... » Louànn eu un léger sourire. Bon, c’est vrai que ses propres blagues étaient de mauvais goût et souvent, très très nulles. L’humour chez les jumelles, c’étaient pas leur fort. En ce moment, Luoànn n’était pas la seule a avoir des problèmes de relation. Elle l’avait bien remarqué, c’était une bonne observatrice. Noheyla n’avait pas revu Ezra depuis son retour à Montsimpa. Ça la tuait de l’intérieur, même si elle ne le montrait pas. Lou le savait, tout simplement. La regarder chaque jour prendre le téléphone pour voir s’il l’avait appelé ou si elle avait eu un simple message de lui pour lui donner un signe de vie.«Arrêtes, tu sais que mes blagues sont bien meilleures que les tiennes…» Louànn lui donna un léger coup d’épaule, faisant un léger sourire. Quelques secondes plus tard, elle avait passé le bras autour des épaules de sa sœur, pour la réconforter un peu. Ezra était un enfoiré lui aussi. En fait, le clan Weaver était qualifié d’enfoirée pour les deux jumelles en ce moment. Elle caressa doucement la chevelure blonde de Noheyla, observant sa réaction. C’était plutôt rare que No se plaignait à propos d’Ezra. Elle lançait quelques piques de temps en temps mais elle n’en parlait pas régulièrement. Comme elle avec Isaac en fait. « Il est peut-être un enfoiré, mais j'aurais dû... Je sais pas, j'aurais dû m'en rendre compte avant de me prendre un vent monumental. Enfin, je veux dire, il ne m'a jamais rien promis, et je suis celle qui me suis accrochée quand même. Et... ouais, je l'ai appelé, quelques fois, mais il a jamais répondu. Dans un sens, je comprends un peu Isaac, c'est frustrant de parler à un répondeur. » Louànn posa son regard sur sa sœur. Elle n’était pas stupide, elle ne s’était pas prise un vent. Ezra était un gars compliqué, complètement geek et parfois un peu barjo. Elle la comprenait, en même temps. Un gars aussi accro à sa console de jeux vidéo, c’était un peu dément. Louànn resserra son étreinte autour de sa sœur, la soutenant du mieux qu’elle le pouvait. Deux jumelles en peine, c’était quand même quelque chose. «Tu vaux mieux que ça. C’est pas de ta faute, tu le sais. Va falloir que ton Weaver finisse par sortir de son trou. Okay, WOW et COD, je comprends, c’est cool comme jeux. Tu devrais aller le voir, chez lui. Au moins, pour vous expliquer. Tu vas pouvoir lui dire ce que tu penses vraiment… Il t’a pas fait de promesses, mais vous étiez en couple. Pour moi, c’est la même chose. Il doit souffrir de son côté lui aussi. Si tu veux, j’vais lui parler moi à Weaver.» Louànn ne releva pas la remarque sur parler a un répondeur vis à vis sa situation avec Isaac. Blondie continua de jouer doucement dans les cheveux de sa sœur. Ce serait tellement plus simple si elles finissaient leurs vies ensemble. «On devrait rester juste toutes les deux, et vivre avec des millions de chats. On aurait une vie parfaite.» Lou eut un semblant de sourire à sa réplique plus que mauvaise. Elle avait ensuite répondu à la question de sa sœur. Du genre que oui, elle l’aimait encore et elle l’aimerait probablement encore pour un bon bout de temps. C’était son premier amour en fait, même si sa première fois avait été avec son jumeau. Bizarre, ouais. Louànn eut un saut de surprise en sentant sa sœur se redresser à ses paroles aussi rapidement. « N'importe quoi! Il a couché avec cette sale... avec cette fille parce qu'elle l'a allumé et qu'il était saoul, ce qui au passage, n'excuse rien du tout. Il a déconné, méchamment, mais ce n'est pas de ta faute, Lou. » Il avait couché avec une autre. Oui. Louànn et ses plans foireux. Si elle ne lui avait pas dit qu’elle le laissait, il n’aurait jamais fait ça. Ils n’étaient plus vraiment ensemble, puisque ce test vérifiait seulement la crainte qu’elle s’était faite et pour elle, c’était confirmé. C’était ce qui avait causé leur rupture définitive. Isaac ne se souvenait de rien et Lou avait eu la peur de sa vie pendant une semaine. Les pensées du genre peut-être qu’il m’a trompé pendant que j’étais en Angleterre et tout le tralala l’avait hanté et la hantait toujours. Lorsque Noheyla repris sa position habituelle, Lou posa sa tête de nouveau sur son épaule. La vie était si compliquée. «Non mais tu sais.. j’ai fait l’un de ses plans foireux dans lequel on excelle si bien… Je l’avais laissé, c’était un test. Il l’a totalement planté d’ailleurs.» Lou baissa légèrement la tête, le regard perdu dans le vide. «Tu crois qu’il mérite une seconde chance ?» Une chance que Noheyla était là, sinon Lou serait totalement perdue. Ce que la vie pouvait être compliquée parfois. Elle essaya de se sauver du sujet de discussions avec les chaussettes, mais sa sœur s’en aperçues assez rapidement. « Je te les avais prises au début de notre séjour à Londres, j'ai dû oublier de te les rendre. J'ai des tas d'autres trucs qui t'appartiennent, mais je te rendrai le tout quand on aura fini de parler de ta vie amoureuse. » Louànn lança un regard d’exaspération à sa sœur tout en soupirant lentement. Elles avaient déjà eu une discussion de ce genre, que Lou avait couper assez rapidement prétextant aller en cours. Comme on était un samedi matin, c’était plutôt difficile de faire à croire à sa sœur qu’elle avait un cours qu’elle ne devait absolument pas rater. «On pourrait résumer à Ma vie amoureuse est merdique ? Simple, court, vrai.» Lou lui fis un petit sourire. Noheyla tentait simplement de l’aider, et elle appréciait ce geste. À qui pourrait-elle se confier sinon ? «On peut aussi parler de la tienne. Toi et Ezra. Beaucoup plus intéressant que mon histoire de tromperie.» Ses lèvres s’animèrent d’un autre léger sourire. Ce qu’elles pouvaient être dépressives les jumelles Moores parfois.

«Arrêtes, tu sais que mes blagues sont bien meilleures que les tiennes…» Noheyla retint un sourire, parce qu'elle savait très bien que niveau humour, il n'y en avait pas une pour rattraper l'autre. Elles étaient capables d'élaborer des plans machiavéliques super compliqués, de manipuler tout le monde sans aucun scrupule, d'avoir absolument tout ce qu'elles voulaient grâce à leur charme irrésistible - hum hum - mais on pouvait également compter dans leurs palmarès les bides, les blagues plus que douteuses, sans véritables chutes, et qui, à défaut de détendre l'atmosphère mettaient tout le monde dans l'embarras. « Dans une dimension parallèle, oui, sans doute... » Mais la blonde n'avait pas vraiment le cœur à rire, ne pouvant s'empêcher de penser à Ezra et à tout ce qui aurait pu arriver s'ils s'y étaient pris autrement. Elle avait eu deux longues années loin de lui pour y réfléchir, même si, à dire vrai, elle avait plutôt cherché à l'oublier qu'autre chose. Elle croyait avoir réussi à tourner la page, mais à l'instant où elle avait remis les pieds à Montsimpa, il avait repris sa place privilégiée dans ses pensées. Pathétique. Elle était elle-même persuadée que de son côté, il était déjà passé à autre chose depuis un bout de temps. «Tu vaux mieux que ça. C’est pas de ta faute, tu le sais. Va falloir que ton Weaver finisse par sortir de son trou. Okay, WOW et COD, je comprends, c’est cool comme jeux. Tu devrais aller le voir, chez lui. Au moins, pour vous expliquer. Tu vas pouvoir lui dire ce que tu penses vraiment… Il t’a pas fait de promesses, mais vous étiez en couple. Pour moi, c’est la même chose. Il doit souffrir de son côté lui aussi. Si tu veux, j’vais lui parler moi à Weaver.» Même si Noheyla lui était reconnaissante pour essayer de lui remonter le moral, elle n'était pas vraiment convaincue par les dires de sa sœur. Elle ne pouvait pas aller le voir chez lui, parce qu'il l'avait laissée partir, et même si elle avait du mal à l'avouer, il l'avait blessée. Elle n'aurait pas dû se sentir en colère, étant donné que c'était elle qui l'avait menacé de partir, mais elle ne pouvait pas nier l'évidence: elle lui en voulait, énormément. « Merci, mais ça ne servirait à rien. Déjà faudrait-il qu'il t'ouvre, et en admettant que ça arrive un jour, je doute qu'il t'écoute, tu comprends, ça impliquerait qu'il mette son jeu en pause. » L'insulter et se foutre de lui dans son dos était devenu son passe-temps favori, et même si ça ne la soulageait pas spécialement, elle ne s'en privait pas. « Et puis, de toutes façons, j'ai pas envie de lui parler. Ce qui est fait est fait, point final. On n'a plus rien à se dire. » trancha t-elle sur un ton catégorique, signifiant qu'elle ne voulait plus en parler. Elle se sentait tellement pathétique, un vrai déchet. Pas étonnant qu'elle s'évertue à faire comme si tout allait bien, elle avait assez pitié d'elle-même pour supporter la compassion de quelqu'un d'autre.

«On devrait rester juste toutes les deux, et vivre avec des millions de chats. On aurait une vie parfaite.» Lou eut un sourire, que Noheyla lui rendit. Dieu seul savait à quel point elle aimait sa sœur. « Des tas de chats, des chocapics et des paires de chaussettes mario. Le paradis. » plaisanta t-elle en retour. Si seulement ça pouvait être si facile... Bien sûr, ça ne l'était pas. A cause de leurs parents, qui leur avaient un peu gâché l'existence, et qui continuaient d'espérer que les deux jumelles les accueilleraient à bras grand ouverts. A cause de leurs études, bien que de toute évidence, Louànn y mettait bien plus d'ardeur qu'elle. Noheyla s'en fichait un peu, en fait, elle n'allait à la fac que pour avoir un diplôme et ne pas se sentir stupide. Elle avait choisi de faire des études de littératures par défaut, n'étant pas franchement une bonne élève et refusant à tout prix de s'engager dans quelque chose qui avait un rapport avec la science et les maths. Elle n'osait même pas jeter un coup d'œil aux bouquins de médecine de Louànn, alors en faire un métier... Beurk. Et bien évidemment, il y avait les deux Weaver, qui leur avaient fait plus de mal que de bien, eux aussi. Noheyla ne voulait même plus parler d'Ezra, et Louànn n'arrêtait pas de penser à Isaac. Elle était même convaincue que c'était de sa faute s'il l'avait trompée, ce qui était totalement faux. Elle ne l'avait jamais forcé à coucher avec une autre après tout, mince! Il avait pris sa décision tout seul. «Non mais tu sais.. j’ai fait l’un de ses plans foireux dans lequel on excelle si bien… Je l’avais laissé, c’était un test. Il l’a totalement planté d’ailleurs.» No' afficha un petit sourire compréhensif. « Ça ne veut pas dire que c'est de ta faute. Il n'a pas fait tant d'histoires quand je me suis fait passer pour toi et que j'ai couché avec lui. Il n'est pas allé se faire la moitié de la ville quand il a découvert que toi, tu avais couché avec Ezra. C'est pas de ta faute, Lou', crois-moi. » Celle-ci lui demanda si elle pensait que Isaac méritait une autre chance. Honnêtement, Noheyla ne savait pas, mais quand elle voyait à quel point sa sœur et lui étaient perdus, elle était tentée de dire oui... « J'en sais rien. Je sais pas s'il mérite une autre chance, mais je pense que tu devrais lui en donner une, parce qu'il est dingue de toi et toi de lui. Et puis de toutes façons, même si tu ne voulais pas lui pardonner, je suis sûre qu'il trouverait un moyen de te faire céder. Tu serais obligée de porter plainte pour harcèlement sexuel. Autant éviter de passer par là. » plaisanta t-elle à nouveau, en haussant les épaules.

Sa sœur essaya de changer de sujet, mais malheureusement pour elle, Noheyla avait vu clair dans son jeu. Elle ignora le regard exaspéré que lui lança Louànn quand elle insista pour parler de sa vie amoureuse, bien trop fière de sa victoire. Habituellement, elle avait toujours une excuse, qui impliquait toujours des cours à ne pas rater. Foutaises. «On pourrait résumer à Ma vie amoureuse est merdique ? Simple, court, vrai.» La blonde ne put s'empêcher de rire. « Elle n'est pas merdique... Juste un peu bizarre. » «On peut aussi parler de la tienne. Toi et Ezra. Beaucoup plus intéressant que mon histoire de tromperie.» Aie, elle ne s'y attendait pas à celle là. Elle soupira exagérément quand elle vit Louànn sourire et leva les yeux au ciel. « La mienne est pire que merdique, cherche pas. »

Louànn eu un léger sourire. Une chance qu’elle avait No dans sa vie, sinon, elle ne survivrait probablement pas. Elle savait que tout ça devait être difficile pour elle. Les histoires de cœur, c’était tellement compliqué, surtout quand ça comprenait des accros aux jeux vidéo comme les deux Weaver. D’un côté, Lou’ comprenait sa sœur. Même si elles ne vivaient pas totalement la même chose niveau relation amoureuse, elle pouvait facilement savoir comment sa sœur se sentait. « Merci, mais ça ne servirait à rien. Déjà faudrait-il qu'il t'ouvre, et en admettant que ça arrive un jour, je doute qu'il t'écoute, tu comprends, ça impliquerait qu'il mette son jeu en pause. » Lou fit un léger sourire. Se défouler en parlant dans le dos de la personne concernée, ça faisait tellement de bien. Elle l’avait fait souvent avec No quand elle voulait parler de son Weaver. Ça défoulait bien, sans trop mettre de remords sur la conscience puisque la dite personne n’en savait rien. « Et puis, de toutes façons, j'ai pas envie de lui parler. Ce qui est fait est fait, point final. On n'a plus rien à se dire. » Lou se mordit la lèvre inférieure, songeuse. Bon. La situation entre Noheyla & Ezra était quand même plus grave qu’elle ne l’avait imaginé. Si elle n’était pas partie avec elle en Angleterre, la relation d’Ezrea et Noheyla serait probablement correcte. Enfin… Lou ne connaissait pas toute l’histoire, mais elle savait que ça avait causé problème à l’ancien couple. «Je peux toujours entrer par infraction et essayer de trafiquer le système électrique pour que le courant coupe. Il serait forcément obliger de me parler. Et arrête moi ça, je suis certaine que tu meurs d’envie de lui parler et de lui dire une bonne fois pour toute ce que tu penses vraiment…» Louànn connaissait bien sa sœur. Si elle pouvait dire le fond de ses pensées, elle le dirait. Malgré le ton catégorique qu’avait eu Noheyla, la blonde avait quand même réussis a répliquer quelque chose de bien placé. Lou’ haussa légèrement les épaules. Elle trouverait une manière d’aider sa sœur, seule ou avec l’aide d’autres personnes qui sait.

« Des tas de chats, des chocapics et des paires de chaussettes mario. Le paradis. » Pourquoi la vie était toujours si compliquée ? Louànn rigola légèrement aux paroles de sa sœur, au moins, elle la faisait rire un petit peu, ça lui changeait les idées. Leur vie en général était difficile. Des parents fous alliés qui voulaient les convertir en religieuses, des études de malade. Lou n’avait pas vraiment de temps pour elle depuis qu’elle était revenue à Montsimpa. Éviter ses parents, c’était quelque chose. Éviter un gars qui te téléphone à chaque jour, ça aussi c’était pas évident. Pourquoi est-ce que tout était aussi compliqué dans leur vie ? Les pensées de Louànn revenaient toujours vers Isaac, toujours. Pourquoi il avait fait ceci, cela. Elle n’avait jamais vraiment obtenue de réponse à cette question. « Ça ne veut pas dire que c'est de ta faute. Il n'a pas fait tant d'histoires quand je me suis fait passer pour toi et que j'ai couché avec lui. Il n'est pas allé se faire la moitié de la ville quand il a découvert que toi, tu avais couché avec Ezra. C'est pas de ta faute, Lou', crois-moi. » En un sens, Lou’ se sentit soulagée par les paroles de sa sœur. Non, elle ne l’avait pas forcé à aller coucher avec toutes les filles de la ville, mais quand même. Il ne l’avait pas non plus fait quand il avait découvert qu’il avait couché avec Noheyla à la place d’elle pour leur première fois, il n’en avait même pas fait toute une histoire. C’était juste... incompréhensible. Lou’ se sentait si mal en même temps, de l’avoir laissé. De lui avoir fait un stupide c’est moi ou ta console. Sérieusement, elle aurait vraiment cru qu’il viendrait vers elle. Pourquoi elle faisait toujours un de ces stupides tests. « J'en sais rien. Je sais pas s'il mérite une autre chance, mais je pense que tu devrais lui en donner une, parce qu'il est dingue de toi et toi de lui. Et puis de toutes façons, même si tu ne voulais pas lui pardonner, je suis sûre qu'il trouverait un moyen de te faire céder. Tu serais obligée de porter plainte pour harcèlement sexuel. Autant éviter de passer par là. » Pour une fois, Louànn rit franchement à la blague de sa sœur. Lui pardonner pour éviter l’harcèlement sexuel, raison parfaite non ? Elle donna une légère tape sur l’épaule de sa sœur. Peut-être qu’elle devrait considérer le fait de lui reparler, de lui donner une chance de s’expliquer. Elle ne faisait que l’éviter depuis qu’elle l’avait vu avec cette fille. C’était sa dernière image d’Isaac. Lui, en train de coucher avec une autre fille. Dégueulasse quand même. «Bon… je devrais peut-être lui en donner une avant qu’il ne m’agresse. Ce serait peut-être plus sage.» Louànn fit un léger sourire à sa sœur. Comment pouvait-elle dire des choses aussi stupides tout en étant sérieuse. C’était hallucinant.

Oui, sa vie amoureuse était merdique. Elle avait laissé son Weaver pour ensuite se dire que ça n’en valait pas la peine, qu’elle aurait toujours une meilleure place que la console de jeux vidéo dans sa vie. Elle était retournée chez lui pour voir qu’il était déjà avec une autre fille. Wow, si c’était pas merdique ça. « Elle n'est pas merdique... Juste un peu bizarre. » Louànn leva les yeux au ciel. Bizarre, non mais. Cependant, elle ne releva pas. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien ajouter à ça ? Bon en même temps, être amoureuse d’un geek, c’était quelque chose de spécial et de compliqué à gérer, entre le temps des consoles, des bandes dessinées… De toutes les choses importantes dans leur vie quoi. « La mienne est pire que merdique, cherche pas. » Sourire aux lèvres, Louànn joua quelques instants dans les cheveux de sa sœur. «Dit pas ça. Elle n’est pas merdique, juste complexe. Ezra tient à toi, je le sais. Il ne m’en a jamais parlé personnellement, mais quand j’étais avec Isaac… il me disait qu’Ezra trouvait ça dur sans toi.» C’était la vérité. Avant qu’elle ne laisse Weaver, Louànn avait déjà eu cette discussion avec lui. Enfin… ils avaient abordé le sujet comme ça, sans vraiment attendre de réponse en particulier venant de l’un ou l’autre. «Et qu’il était jaloux.» Peut-être qu’elle n’aurait pas du dire ça, mais bon, elle s’en fichait. Elle ne devait rien à personne de toute façon. Et puis, Noheyla était beaucoup trop importante pour elle pour qu’elle ne lui dise pas ça.

«Je peux toujours entrer par infraction et essayer de trafiquer le système électrique pour que le courant coupe. Il serait forcément obliger de me parler. Et arrête moi ça, je suis certaine que tu meurs d’envie de lui parler et de lui dire une bonne fois pour toute ce que tu penses vraiment…» Noheyla commença par rire au plan improbable que sa sœur venait de mettre en place pour piéger Ezra, mais fut coupée dans son élan quand elle entendit la suite. Elle ne pouvait pas mentir à Lou, elle lisait en elle comme dans un foutu livre ouvert. Bien sûr qu'elle mourait d'envie de lui parler. Et même si elle rêvait de le faire pour lui balancer ses quatre vérités, une part d'elle voulait aussi lui dire qu'elle était désolée, et qu'elle l'aimait. Elle n'avait jamais eu l'occasion de le lui avouer, surtout parce qu'elle ne savait rien des sentiments qu'il avait pour elle, mais au moins, elle était sûre des siens. C'était la raison pour laquelle ça l'avait tant blessée qu'il la laisse partir comme ça. Au fond d'elle, elle avait toujours espéré qu'il puisse tomber amoureux d'elle. Ce qui n'était vraisemblablement pas le cas. Elle se contenta de hausser les épaules, confirmant indirectement les dires de sa sœur. Quoiqu'elle ou les quelques anglais avec qui elle avait tenté d'oublier Ezra puissent en dire, ça lui faisait encore un peu mal d'en parler. Et elle se détestait pour ça, après tout, les problèmes de sa sœur étaient plus graves que les siens, non? Ezra ne l'avait jamais trompée, ne lui avait pas menti, n'avait pas vraiment tout foutu en l'air. Non, pour ce dernier point, il s'y était pris à deux. Et puis, Noheyla savait que sa soeur était confuse. Elle devait se poser des tas de questions: pourquoi Isaac lui avait-il fait ça, à elle? Même No', qui avait généralement assez peu de considération pour les autres, ne s'attendait pas à un coup pareil venant de sa part.

Et alors, Noheyla faisait ce qu'elle savait faire de mieux à part faire chier son prochain. Mettre ses petits soucis de côté pour soutenir et réconforter sa sœur. Elle ne supportait pas de la voir penser que tout était de sa faute, ce qu'elle lui expliqua. Après tout, elles avaient fait des coups bien plus dégueulasses aux gars et ils n'avaient jamais rien dit: au contraire, ils aimaient riposter. Le fait que Louànn lui avait imposé un test n'aurait pas dû l'étonner. Maintenant, est-ce qu'il méritait une autre chance? Le côté rationnel de Noheyla hurlait non, absolument pas, non merci, mais ça faisait un bout de temps que son côté rationnel avait été enfermé dans un placard et bâillonné. C'est donc, en toute sincérité qu'elle répondit qu'il valait mieux lui en donner une. Elle savait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, pour Louànn, pour Isaac, pour eux deux. Elle les voyait déjà se réconcilier, se marier, avoir pleins d'enfants et embrasser leurs lèvres ridées, leurs dentiers posés sur... «Bon… je devrais peut-être lui en donner une avant qu’il ne m’agresse. Ce serait peut-être plus sage.» Lou lui sourit et No' ne put s'empêcher de déposer un baiser malicieux sur sa joue. « C'est vrai, mais bon, t'en fais pas pour ça, il t’agressera pas, à moins qu'il ait envie d'avoir affaire à moi, ce dont je doute.» Elle aimait sa sœur, vraiment beaucoup. Vie amoureuse merdique ou pas. Elle sourit d'ailleurs lorsqu'elle vie clairement que Louànn leva les yeux aux ciel quand elle la qualifia de bizarre. C'était la vérité, en plus. Mis à part le fait que Isaac était déjà compliqué à la base, leur relation l'était davantage. Mais, contrairement à la sienne avec Ezra, elle avait un sens, et malgré leurs problèmes, Noheyla était certaine qu'ils s'en tireraient. «Dit pas ça. Elle n’est pas merdique, juste complexe. Ezra tient à toi, je le sais. Il ne m’en a jamais parlé personnellement, mais quand j’étais avec Isaac… il me disait qu’Ezra trouvait ça dur sans toi.» Elle savait que Louànn ne lui mentirait pas, mais elle avait quand même du mal à y croire. Il trouvait la vie dure sans elle? Pourquoi l'avait-il laissée partir, alors? «Et qu’il était jaloux.» ajouta sa jumelle. Noheyla garda le silence pendant un moment qui lui sembla interminable. Ezra, jaloux? Jaloux de qui, de quoi? Ça ne pouvait pas être de son frère, ou du moins, Noheyla était persuadée que ce n'était pas le cas. Après tout, il lui avait bien fait comprendre que les trucs de couple ce n'était pas pour lui. « Jaloux de quoi? » La jeune fille fronça involontairement les sourcils, en pleine réflexion. Même si elle pensait que le fait qu'il envie Louànn et Isaac était peu probable, elle ne voyait pas de quoi d'autre il pouvait être jaloux, il avait déjà tout... sauf elle.

Spoiler:

Louànn eu un sourire lorsqu’elle entendit sa sœur rire pendant un bref instant. Elle la connaissait trop bien, elle pouvait dire ce qu’elle pensait. Elle lisait en elle comme dans un livre ouvert. Noheyla faisait la même chose avec elle cependant. Des fois, ça pouvait être utile, mais d’autre non. Lou’ lança un regard en biais à sa sœur, tentant d’analyser ce qu’elle pouvait bien penser à cet instant précis. C’était pratiquement certain que ses pensées étaient dirigées vers Ezra, tout comme les siennes étaient dirigées vers Isaac. Avoir su que Noheyla pensait aussi souvent à Ezra, elle aurait fait quelque chose pour l’aider, pour la soutenir comme sa sœur l’avait fait quoi. Lou’ observa sa sœur hausser les épaules, sans ne rien dire d’autre. Elle venait donc de confirmer ce qu’elle venait de dire d’une certaine manière. Lou’ savait que sa sœur se posait des questions à propos d’Ezra depuis quelque temps. Même si elle ne voulait pas vraiment le lui dire, elle le savait. C’était comme ça. Lou se décala légèrement de sa sœur, pour pouvoir s’asseoir face à elle. Ce que la vie était compliquée avec les jumelles, c’était pas croyable quand même. « C'est vrai, mais bon, t'en fais pas pour ça, il t’agressera pas, à moins qu'il ait envie d'avoir affaire à moi, ce dont je doute.» Lou fit un léger sourire à sa sœur. C’est vrai que Noheyla pouvait être épeurante parfois, même un peu dangereuse. Bref, elle pouvait bien faire peur à Isaac ou le confronter si elle le voulait, ça mettrait simplement un peu plus de suspense dans leur vie amoureuse. Louànn devait se l’avouer, Isaac était bizarre. Tout comme elle d’ailleurs. Bordel, elle n’aurait jamais cru avoir une relation aussi compliquée avec un gars, c’était presque insensé. En tout cas, avoir une relation bizarre… c’était pas si pire que ça. Ils se comprenaient tous les deux, c’était déjà bien. Louànn avait de la difficulté à saisir le pourquoi, pourquoi il lui avait infligé ça. C’était horrible, tout simplement. Pourquoi l’aimait-elle autant aussi ? Elle aurait pu en finir là, laisser tomber et trouver quelqu’un d’autre ! Mais non. Son Isaac lui revenait toujours en tête. L’amour, c’était comme une drogue merde. Louànn se mordit la lèvre inférieure aux paroles qu’elle venait de sortir. Elle n’avait jamais eu le droit d’en parler lorsqu’Isaac lui avait dit. Bon, c’était pas correct… de trahir quelqu’un ainsi, mais No’ avait besoin de savoir. Ezra était tellement complexe. Quand Isaac lui avait dit ça, Lou’ avait simplement rigolé avant de s’apercevoir que c’était vrai. Jaloux d’elle, c’était impossible. Elle remarqua que No’ fronça les sourcils, signe qu’elle cherchait de qui il pouvait bien être jaloux. « Jaloux de quoi? » Okay, là, c’était la partie intéressante de la discussion. Lou’ n’aurait jamais dû lui dire, elle le regrettait un peu en c’moment. Elle se racla légèrement la gorge. Comment lui dire qu’Ezra était jaloux d’elle ? Qu’il aurait préféré qu’elle reste à la place de partir… Bref, elle ne pouvait pas lui dire tout ça non plus. Elle haussa légèrement les épaules à sa question. Lou passa une main dans ses cheveux, cherchant bien ses mots avant de répondre. «Enfin, je sais pas trop… Je crois qu’il est jaloux de notre relation… ou de moi. Ou quelque chose du genre. Isaac ne m’en a pas parlé beaucoup non plus mais… Il aurait préféré que tu restes ici au lieu de partir avec moi.» C’était la vérité, du moins. C’est ce qu’elle croyait, c’est ce qu’Isaac lui avait dit en tout cas. Elle eu un petit sourire désolé envers sa sœur. Si leur relation était rendue comme elle l’était, c’était un peu de sa faute dans le fond. «En un sens, c’est de ma faute un peu…» Elle avait cette manie de tout mettre ça sur son dos, ce qui n’était pas toujours le cas. Elle n’avait pas obligé Noheyla à venir, loin de là. Bon dieu que les relations de couple étaient compliquées. Vraiment pénible même.

Spoiler:

C'était difficile de prendre Noheyla par surprise: elle était de ce genre de personnes qui semblaient être programmées pour affronter toute sorte de situations sans paniquer. Elle réfléchissait beaucoup - parfois même trop - avant de se lancer, et par conséquent, si quelque chose ne se passait pas comme elle l'avait prévu, ou que la conversation prenait un tournant qu'elle n'avait pas envisagé, ça voulait dire deux choses: soit elle était bourrée, ce qui amoindrissait à peu près toutes ses facultés, soit la situation était vraiment énorme, impossible, inimaginable. Et honnêtement, elle avait vraiment du mal à pouvoir associer Ezra et jaloux dans une phrase qui parlait d'autre chose que de jeux vidéos. C'était le gars qui n'était génétiquement pas fait pour être jaloux de quelque chose, il y avait toujours un tas d'autres trucs qu'il finirait par trouver plus intéressants. Ou du moins, c'était l'image que Noheyla se faisait de lui, mais sa sœur venait juste d'ébranler ses convictions. «Enfin, je sais pas trop… Je crois qu’il est jaloux de notre relation… ou de moi. Ou quelque chose du genre. Isaac ne m’en a pas parlé beaucoup non plus mais… Il aurait préféré que tu restes ici au lieu de partir avec moi.» Elle jaugea Louànn un moment. Généralement, quand sa sœur perdait ses moyens, c'était parce qu'elle venait de dire quelque chose qui n'aurait jamais dû être partagé... Et qu'elle tentait lamentablement de se rattraper. No' finit par se détourner, et médita sur ses paroles. Elle ne croyait franchement pas qu'Ezra pouvait être jaloux de leur relation, ça ne collait pas, ni avec les évènements passés, ni même avec le personnage. Et il n'aurait pas préféré qu'elle reste à Montsimpa non plus. Impossible. Il le lui aurait dit, sinon. Il ne l'aurait pas laissée partir et ne l'aurait pas laissée sans nouvelles pendant deux ans. Donc, soit sa sœur venait de lui inventer un truc vite fait, ce qui était très, mais alors très peu probable vu que contrairement à elle, elle ne mentait que très peu voire jamais, soit elle avait été très mal informée. Sachant que c'était sans doute Isaac qui lui en avait parlé, cette deuxième hypothèse lui semblait plus pertinente. «En un sens, c’est de ma faute un peu…» ajouta Lou, et Noheyla ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. « Écoute, si ça a foiré entre lui et moi, ce n'est pas de ta faute, ok? Ce n'est de la faute de personne. C'est juste ce crétin de Cupidon qui a dû sécher quelques cours de tir à l'arc. » Elle sourit à sa tentative de plaisanterie. Minable, oui elle le savait, les blagues drôles ça n'avait jamais été sa tasse de thé. « Et euh, c'est d'Ezra qu'on parle. Il n'est pas jaloux de vous. Mais vraiment pas. J'veux dire vous êtes mignons avec Isaac, mais il n'y a pas moyens qu'Ezra ait un jour désiré une relation de ce genre. Et encore moins avec moi. » Elle eut un peu de mal à dire ça, parce qu'elle ne se voilait pas la face, elle espérait toujours qu'un jour ça s'arrangerait. C'était un peu son rêve secret, celui qu'on sait très bien qu'il ne se réalisera jamais, mais qu'on continue toujours d'imaginer. « Et puis, c'est Isaac qui te l'a dit, ça? J'veux pas être vexante, mais faut pas se mentir. Aucun des deux Weaver n'a jamais brillé par ses talents en décryptage du comportement humain. C'est pas lui qui va sortir du lot. » Noheyla ignora la voix dans sa tête qui essayait de la convaincre que sa sœur avait peut-être raison, qu'Ezra était jaloux, et que leur couple lui manquait. Qu'il y avait encore une chance. Elle l'ignora tout simplement parce que deux ans, ça faisait beaucoup. Ça faisait déjà deux ans de trop. Mais pas à cause de sa sœur. Noheyla ne l'avait pas suivie en Angleterre juste parce qu'Ezra ne voulait plus d'elle. Même si ça avait fini par la convaincre, ce n'était pas à cause de ça qu'elle avait voulu partir, au départ. En fait, elle avait déjà pris sa décision avant de voir Ezra pour la dernière fois. Elle savait que Louànn n'avait pouvait se débrouiller sans elle, et elle serait restée à Montsimpa s'il le lui avait explicitement demandé. Autrement, Noheyla aurait pu se contenter d'une relation longue-distance. Après tout, avec Louànn et Isaac ça avait marché... à peu près. Mais bon, elle n'avait eu ni l'un ni l'autre. Elle était juste une pauvre idiote pathétique qui avait eu un peu trop d'ambition et d'espoir. L'espoir, c'était pour les faibles, voilà.

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Louànn devait se l’avouer, c’était plutôt bizarre comme situation. Savoir qu’Ezra avait pu être jaloux de sa propre relation sortait de l’ordinaire. Elle n’aurait jamais cru qu’un Weaver pouvait être jaloux qu’autres choses que ses jeux vidéos. Au début, elle n’avait pas cru Isaac. Fallait se l’avouer, c’était plutôt étrange en un sens… et puis Isaac et l’analyse du comportement humain, c’était deux choses complètement opposées. Le regard que lui lança Noheyla voulait tout dire. Elle savait que sa sœur douterait de ses propos, c’était plus qu’évident même. Qui ne douterait pas ? Lou haussa légèrement les épaules face à son regard et fut soulager lorsqu’elle détourna ses yeux d’elle. Sincèrement, elle comprenait Noheyla de douter de ses paroles. C’était plus qu’irréel, surréaliste même. Bon, Lou’ savait qu’Ezra aimait vraiment sa sœur, il avait seulement de la difficulté à le montrer. Il avait tout foirer depuis qu’elles étaient parties en Angleterre, mais bon. Comme dit plus tôt, les Weaver et le comportement humain, surtout niveau psychologie, ils avaient de la difficulté à gérer. « Écoute, si ça a foiré entre lui et moi, ce n'est pas de ta faute, ok? Ce n'est de la faute de personne. C'est juste ce crétin de Cupidon qui a dû sécher quelques cours de tir à l'arc. » Lou leva les yeux au ciel à son tour. Ouais, il fallait vraiment que les Moore-Cavanaugh renouvelle leurs blagues. Pas que Noheyla n’était pas drôle mais… ses blagues, surtout celle-ci, était loin d’être super drôle. « Et euh, c'est d'Ezra qu'on parle. Il n'est pas jaloux de vous. Mais vraiment pas. J'veux dire vous êtes mignons avec Isaac, mais il n'y a pas moyens qu'Ezra ait un jour désiré une relation de ce genre. Et encore moins avec moi. » Ouch. Non, ça ne faisait pas vraiment mal à Louànn, ce que venait de dire Noheyla. Sa relation avec Isaac était loin d’être enviable mais bon dieu… elle avait tellement peu d’estime pour Ezra et ses sentiments que ça lui faisait de la peine. «Merde No ! Arrête de dire ce genre de choses… Il a quand même été avec toi et à ce que je saches, y’a plus eu personne d’autres après toi.» Bon, c’était sortit tout seul et ça faisait du bien. Il fallait que Noheyla arrête ses pensées négatives envers Ezra bordel. « Et puis, c'est Isaac qui te l'a dit, ça? J'veux pas être vexante, mais faut pas se mentir. Aucun des deux Weaver n'a jamais brillé par ses talents en décryptage du comportement humain. C'est pas lui qui va sortir du lot. » Louànn soupira longuement avant d’observer sa sœur. Elle ne lui avait pas menti, elle lui avait dit ce qu’Isaac savait. Elle se déplaça lentement du lit pour se mettre debout, laissant sa sœur plantée là. La discussion ne mènerait probablement à rien, puisque No ne verrait que la négativité des choses. «Je sais. Je dis pas que les Weaver sont super brillants niveau décryptage mais merde No…» Louànn enleva l’élastique de ses cheveux avant de se pencher pour ramasser ses vêtements de la veille sur le plancher «Isaac et Ezra sont jumeaux, ils se parlent parfois, comme nous on se parle. Il lui a probablement dit. Peut-être que TU ne veux pas accepter le fait qu’il s’ennuie, ça serait à l’encontre de ce que tu as toujours pensé de Weaver.» Louànn fixa sa sœur pendant quelques instants. Elle ne comprenait pas ce qui avait mal tourné entre Ezra et sa sœur. «Accepte le fait qu’il puisse s’ennuyer de toi merde, de votre couple. Et puis sincèrement, j’crois pas qu’Isaac m’ait menti. Il ment tellement mal.» Louànn fit un sourire à ces souvenirs qui remontaient en elle. Bon dieu qu’Isaac pouvait lui manquer. Elle secoua légèrement la tête avant de se tourner pour mettre ses vêtements avec la pile qu’elle avait accumulé depuis que les jours de cours étaient recommencés et se retourna vers sa sœur à nouveau. «Tu n’aurais pas du venir en Angleterre avec moi. Tu serais probablement encore avec Ezra à l’heure qu’il est.» Parole de sage. Non, elle était reconnaissante que sa sœur l’ait suivi, mais en même temps, elle se sentait mal qu’elle ait perdu une des personnes à laquelle elle tenait le plus. À cause d’elle quoi.

Dire que Noheyla était perdue était un euphémisme. Elle était totalement paumée, et avait l'impression d'avoir passé la majorité de son existence à avancer à l'aveuglette dans le noir. Or, quelqu'un venait d'allumer la lumière, et forcément, elle avait perdu tous ses repères. Si elle voulait être honnête, elle ne voulait pas avancer. Elle se complaisait dans son malheur, aimait se faire passer pour la victime. Bien sûr, elle voulait arranger les choses, entre Ezra et elle. Mais c'était compliqué, et Noheyla n'était pas certaine d'avoir suffisamment de courage pour affronter les évènements et pour assumer l'ensemble de ses erreurs. Alors, elle choisissait la facilité, c'est à dire, tenir Ezra pour responsable et se persuader qu'elle n'était définitivement pas assez bien pour lui. Et si elle ne l'était pas assez pour lui, elle ne l'était pour personne... Avec un tel raisonnement, il était étonnant de voir qu'elle n'avait toujours pas sombré dans une dépression nerveuse. «Isaac et Ezra sont jumeaux, ils se parlent parfois, comme nous on se parle. Il lui a probablement dit. Peut-être que TU ne veux pas accepter le fait qu’il s’ennuie, ça serait à l’encontre de ce que tu as toujours pensé de Weaver.» No' garda le silence tout en observant sa sœur ramasser des vêtements qui trainaient par terre. Elle avait raison, et Noheyla le savait très bien. Mais encore une fois, elle était trop bornée et obstinée, trop influencée par la perception qu'elle avait de son couple avec Ezra et d'Ezra lui même. «Accepte le fait qu’il puisse s’ennuyer de toi merde, de votre couple. Et puis sincèrement, j’crois pas qu’Isaac m’ait menti. Il ment tellement mal.» C'était vrai, d'ailleurs, pourquoi ne l'acceptait-elle pas? Elle savait que ça rendrait la situation plus difficile encore si Ezra avait encore des sentiments pour elle... Ou en avait eus un jour. Noheyla s'était convaincue qu'il ne voulait plus d'elle, et voilà que sa sœur revenait sur cette histoire et mettait en péril les convictions qui l'avaient aidée à tenir pendant deux ans. Elle eut un sourire tendre lorsqu'elle vit le visage de Louànn s'illuminer après avoir mentionné les facultés d'Isaac dans le domaine du mensonge. C'était flagrant à quel point elle pouvait être amoureuse de lui, et Isaac ressentait exactement la même chose pour elle. Elle aurait pu affirmer qu'ils avaient de la chance, mais elle savait parfaitement que la chance n'avait rien avoir là-dedans. Louànn avait raison, si seulement elle faisait un effort et ouvrait les yeux, elle pouvait réussir à construire quelque chose de ce genre avec Ezra, ou avec quelqu'un d'autre. C'était plus facile à dire qu'à faire, mais sa sœur jumelle y était arrivée, elle... Lou ajouta les vêtements qu'elle avait ramassés sur une pile de linge sale qui s'accumulait, et Noheyla se retint de faire un commentaire sur la propreté de sa chambre. Sa sœur avait beau avoir changé de look, il y avait des choses chez elle qui ne changeraient jamais, comme son côté bordélique, par exemple. En tant normal, elle ne se serait pas gênée pour lui dire qu'elle ferait bien de ranger une fois de temps en temps, mais le sort avait voulu que Louànn lui coupe la parole. «Tu n’aurais pas du venir en Angleterre avec moi. Tu serais probablement encore avec Ezra à l’heure qu’il est.» L'espace d'un instant, une longue seconde pendant laquelle on aurait pu entendre voler une mouche, le visage de Noheyla n'exprima qu'une pure surprise. Elle ne s'attendait pas à cette réflexion, c'était le cas de le dire. La seconde suivante, elle eut du mal à contenir le flot de paroles qui se bousculaient dans sa bouche. « Mais de quoi est-ce que tu parles? Je suis venue en Angleterre avec toi parce que c'était la meilleure chose à faire, et parce que j'en avais envie... Tu aurais fait la même chose à ma place, et ne le nie pas. » Elle se leva du lit, et commença à faire les cent pas. Elle était trop à fleur de peau pour rester assise, et il fallait dire que ses nerfs étaient mis à rude épreuve. « Je suis... J'étais amoureuse d'Ezra. Voilà, c'est dit. Et je t'assure qu'il n'y a rien de pire que d'aimer quelqu'un et de savoir qu'il ne t'aime pas en retour... Ou du moins, pas comme tu le voudrais. Mon départ avec toi a précipité les choses, c'est vrai, mais ce n'est pas la raison de notre séparation. Ça serait arrivé un jour ou l'autre, c'était inévitable. Alors arrête de penser que c'est de ta faute, ou que tu aurais pu faire quelque chose pour changer les choses, parce que ce n'est pas le cas. » Elle regardait le sol à présent, et se tut pendant un moment, réfléchissant à ce qu'elle pouvait encore dire. Elle ne niait pas qu'elle se sentait mieux, maintenant qu'elle avait dit ce qu'elle avait sur le cœur. « Et je... je sais qu'Ezra pourrait regretter notre couple, je commence à le comprendre. C'est ce que je ressens aussi, je regrette notre couple, mais honnêtement, je ne sais pas quoi faire. » Elle ferma les yeux et après une inspiration, elle reprit. « Vraiment pas. »

Louànn poussa un soupir tout en observant attentivement sa sœur. Elle était si difficile à cerner que s’en était presque impossible. Rien ne transparaissait sur son visage, tout était de marbre. Lou aussi le faisait, régulièrement même. C’était une bonne capacité, de montrer que tout allait bien, de rester de marbre devant l’inconnu et devant ce qui nous effrayait le plus. Lou savait qu’elle avait raison, sur ce qu’elle venait de lui dire. C’était simplement à l’encontre de ce qu’elle avait toujours pensé d’Ezra et changer. Elle savait que sa dernière phrase ferait réagir sa sœur, mais elle ne savait pas de quelle intensité sa prochaine intervention serait. On aurait pu entendre une mouche volée pendant quelques secondes. Le calme avant la tempête, comme plusieurs le disait si bien. « Mais de quoi est-ce que tu parles? Je suis venue en Angleterre avec toi parce que c'était la meilleure chose à faire, et parce que j'en avais envie... Tu aurais fait la même chose à ma place, et ne le nie pas. » Bon, le discours allait probablement suivre. Lou’ s’appuya contre le mu en même temps que Noheyla se leva pour faire les cents pas dans la minuscule chambre. « Je suis... J'étais amoureuse d'Ezra. Voilà, c'est dit. Et je t'assure qu'il n'y a rien de pire que d'aimer quelqu'un et de savoir qu'il ne t'aime pas en retour... Ou du moins, pas comme tu le voudrais. Mon départ avec toi a précipité les choses, c'est vrai, mais ce n'est pas la raison de notre séparation. Ça serait arrivé un jour ou l'autre, c'était inévitable. Alors arrête de penser que c'est de ta faute, ou que tu aurais pu faire quelque chose pour changer les choses, parce que ce n'est pas le cas. » Lou se mordit légèrement la lèvre. Bon ok ok, ce n’était pas totalement de sa faute, mais ce l’était en parti. Oui, car ça avait forcé leur rupture, peut-être même la causer. Ne sait-on jamais. Sans l’Angleterre, elle serait avec Isaac et même chose pour Noheyla avec Ezra. Elle hocha la tête subtilement, simplement pour montrer qu’elle avait compris même si au fond, elle pensait toujours que c’était un brin de sa faute. «Comment tu peux faire pour savoir qu’il ne t’aimait pas comme tu le voudrais ? On parle d’Ezra Noheyla. Déjà que tout est compliqué avec lui. Les jumeaux Weaver sont compliqués en général.» Lou regarda sa sœur baisser la tête, fixer le sol pendant de longues minutes. Elle croisa ses bras sous sa poitrine, attendant de voir ce que sa sœur allait dire encore. « Et je... je sais qu'Ezra pourrait regretter notre couple, je commence à le comprendre. C'est ce que je ressens aussi, je regrette notre couple, mais honnêtement, je ne sais pas quoi faire. » Louànn fit un petit sourire, contente d’entendre ce que sa sœur venait de dire. « Vraiment pas. » Bon bon bon. Que faire officiellement pour remédier à ça ? Louànn se mit à faire les cents pas dans sa chambre elle aussi. «La meilleure option serait de lui parler. Tu le sais, je le sais, tout le monde le sait. C’est difficile mais… tu risques rien Je te comprends totallement No ! Je te donne des conseils que moi-même je devrais faire... mais bon, sérieux. TU dois absolument le faire ! Ezra & toi, vous êtes fait pour être ensemble! Et puis, s'il ne veut pas te parler, on peut toujours organiser un petit quelque chose…» Louànn pris la sortie de sa chambre pour se rendre dans la cuisine et y prendre le téléphone. On prenait les grands moyens maintenant. Sourire quelque peu sadique au visage, elle montra le téléphone à sa chère et tendre moitié. On allait arrêter de bloquer sur ce sujet, fallait passer à l'action maintenant. Si ça ne fonctionnait pas, et bien tant pis pour Ezra ! Malgré tout, Lou savait au fond d'elle même que ça s'arrangerait, c'était évident. «Tu appelles ou je le fais?»

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