Une semaine. 7 jours. Tel était le temps écoulé depuis l'arrivée impromptue de mon frère. Monsieur s'était pointé du jour au lendemain à ma porte, comme si de rien n'était, et souhaitait renouer avec moi. Il semblait oublier une chose : voilà 11 putains d'années qu'il m'avait abandonnée. Qu'il s'était barré à des milliers de kilomètres. Et maintenant quoi ? Il espérait que je l’accueille à bras ouvert, et qu'on fonde à nouveau une famille ? Enfin en admettant qu'on en ai déjà été une. Quel incroyable culot ! Il avait beau se montrer le plus gentil et serviable possible, ça ne changeait rien. Comme si jouer le parfait homme d'intérieur ou le babysitter allait marcher ! La seule raison pour laquelle j'avais accepté de l'héberger chez moi, c'était parce que j'avais un cœur. Il venait de perdre sa femme et sa fille. Je n'étais pas complètement insensible. Mais croyez moi, que sans ça, je ne l'aurais jamais accepté en ces lieux ! Dans le fond j'étais heureuse de son retour, n'était ce pas ce que j'avais toujours désiré ? En plus de cela il apportait une présence masculine pour mon fils. Pour autant je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir terriblement. Et je doute que ce sentiment s'estompe de si tôt. En tout cas il me faudra bien plus que quelques jours pour ça. On vivait peut être sous le même toit, mais nous étions comme deux étrangers. Il ne me connaissait pas, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'était devenue ma vie depuis son départ. Et vice versa.
19h. Je venais tout juste de finir ma dernière visite. J'étais crevée, il ne me tardait que d'une chose : rentrer chez moi retrouver mon fils. Son oncle qui le gardait, puisque monsieur s'était proposé. Lorsque j'ouvris la porte de ma maison, une douce odeur de nourriture me monta aux narines. La table était mise. Je retrouvais Tim aux fourneaux, et mon fils non loin, en train de jouer dans son parc. « Je suis rentrée » lachais je sèchement. Sans me préoccuper de mon frère, je me dirigeai directement vers mon bout de chou. Dès qu'il m'aperçut il me fit un grand sourire et me tendit les bras. Je le pris aussitôt dans mes bras. « Maman est enfin là. T'as passé une bonne journée mon chéri ? » Contrairement à la phrase adressée à mon frère, je parlais d'une voix chaleureuse. Evidemment je ne m'attendais pas à ce que mon fils me réponde, il était trop petit. Je me tournai alors vers mon frérot, pour lui accorder enfin de l'attention. « Tout s'est bien passé avec Lukas ? »