Samedi soir. J'étais tranquillement couchée sur mon lit en train de lire du Rimbaud et boire une boisson sans alcool quand soudain, le père Noël est entré par la fenêtre et m'a apporté de beaux jouets. Mais oui c'est ça. Et il y a aussi un farfadet sous mon lit. Bref, j'étais plutôt en train de me préparer pour une soirée parce que je n'avais que ça à faire. Mes amies mannequins – qu'est-ce que ça fait présomptueux – allaient venir me prendre – d'une manière non sexuelle – dans dix minutes et je devais absolument être habillée, coiffée, maquillée. Sauf que pour l'instant, je me débattais toujours avec ma boucle d'oreille depuis cinq bonnes minutes et je n'avais même pas encore choisie la robe. Pourquoi, ne suis-je pas un homme ? Eux, il suffit qu'ils enfilent un pantalon et une chemise, hop le tour est joué. Nous autres demoiselles, nous devions choisir une robe, un gilet, une paire de collants, des chaussures et encore quand on ne doit pas aussi choisir les sous-vêtements au cas où on ramène quelqu'un chez soi. Depuis combien de temps n'ai-je pas ramené quelqu'un chez moi ? Quatre mois au moins. Je suis abstinente depuis tellement longtemps que j'crois que je sais même plus comment on fait. Quoique c'est comme le vélo, ça s'oublie pas. Il suffit qu'on monte dessus et tout revient en mémoire.

C'était moche ça.
Très moche.

Vingt minutes plus tard, j'étais presque prête quand la sonnette retentit. J'arrive chéri, no stress. Je me rendis jusqu'à la porte pour voir trois nanas, emmitouflés dans des fourrures – pauvres petits animaux sans défense – et me regarder avec des regards de psykokwaks. Levant donc les yeux au ciel, je pris mon manteau, mes clés et mon sac pour sortir, fermer la putain de porte et monter dans la voiture. Il fait froid. Je veux un radiateur, une bouillotte mais là, je sens l'extrémité de mes doigts qui gèlent et congèlent. Puis ma copine mit la gomme et enfin, on arriva au bar – lieu bondé où nous autres homo sapiens sapiens allons pour nous divertir – et me sentir un peu mieux. Je dis à mes amis que j'allais au bar me chercher un verre et c'est avec un mal fou que je parvins à me faufiler pour me placer à côté d'un gars et essayer de héler le barmaid. Ce n'est que quand je me tournais vers mon voisin pour voir s'il avait servi que je pus le regarder.

OH
MY
GOD
QUEL CANON !

Je me sentis rougir avant de baisser la tête pour remettre une mèche de cheveux et lui sourire. « C'est de la folie, n'est-ce pas ? J'me demande si j'serai servie avant Nouvel an. » Imbécile. Niveau conversation, je pourrais repasser parce que je suis clairement une imbécile. Des fois, je devrais fermer ma gueule. Oui, des fois.