16h30. Je sors de la morgue, mon premier boulot. J'ai juste le temps de repasser chez moi pour me changer un peu et pour prendre une douche. Oui parce que le formol, c'est une odeur que j'aime mais elle n'est pas agréable pour tout le monde. Je rentre à pied chez moi, pas besoin de voiture, ça pollue et en plus c'est cher ! Au passage, je fais un petit détour par le cimetière, non loin du funérarium, logique. J'y déblaie quelques tombes, je ferme les yeux et je m'envoute de l'atmosphère, de l'âme de mes clients. J'aimais plus les morts que les vivants. Au moins eux, ils ne font jamais chier personne ! Leurs dernières volontés sont souvent simples et faciles à respecter et même si ce n'est pas fait tout à fait comme il l'aurait souhaiter, ils ne viendront pas se plaindre après. C'était ça qui me plaisait tant dans ce job, la paix ! Bon parfois, il y avait l'autre emmerdeur, c'est-à-dire mon patron, qui venait me tourner autour pour inspecter mon travail et me faire des remarques déplaisantes avant de s'enfuir en courant parce qu'il n'aimait pas l'odeur qu'ils dégageait. Ce gros connard avait décidé de tenir une morgue parce que c'était rentable ! Un jour, je suis sure et certaine, il le payera ! Les morts se vengeront et là, il fera moins le malin ! Un jour, un esprit entera sa maison et il criera au secours ! Seulement, il ne faudra pas se plaindre, il l'aura fortement mériter ! Bref, après ce qui me sembla durer deux minutes, je m'éloignai du cimetière pour regagner ma demeure. En entrant dans la cuisine, mon micro-onde qui marchait à pile - oui parce que le courant n'avait toujours pas été rétabli - indiquait encore et toujours la mauvaise heure. J'avais été incapable de le régler et puis dans une once d'originalité, quand je recevais des invités, ce qui était rare, je leur racontait que c'était l'heure d'un autre pays. Alors qu'en fait... ce n'était pas vraiment le cas. Bref, tout ça pour dire que je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était. Je haussai les épaules parce qu'en fait, j'en avais rien à foutre. Je pris ma douche à mon aise puis enfilai une tenue turquoise et rose barbie, une robe plus exactement, ce qui était relativement rare. Cependant, mon employeur étant légèrement séduit par mes charmes, dans l'espoir qu'il m'augmente, je mettais des choses courtes et qui me mettait en valeur. Parce que d'habitude, j'étais plutôt dans le style garçon manqué. Mais toujours avec une certaine excentricité. Je ne pouvais m'empêcher d'aimer les choses originales, ce n'était pas de ma faute quand même ! Je me maquillai également, chose encore plus rare ! Si bien que j'étais presque méconnaissable. Je ne m'aimais pas dans cette tenue et maquillée comme une poupée mais cela m'aiderait peut-être... Qui sait ? Je ressortis de chez moi en oubliant pas les courses du jour et me rendis à pied denouveau chez Keegan pour lui faire la cuisine, mon deuxième boulot. Il fallait que je paye mes folies... Je sonnai à la porte d'entrée et attendis sur le perron qu'il daigne m'ouvrir...

Je n'attendis pas longtemps. Avec lui je n'attendais jamais longtemps, à croire qu'il était contente de me voir. Après tout, cela pouvait se comprendre. J'aimerais aussi qu'on me fasse la cuisine de temps en temps. Seulement, je suis très difficile à satisfaire et je crois que le joue où j'emploie un cuisinier, il aura démissionner avant même d'avoir terminer son plat. Il faut dire que je m'y connais un peu mais aussi que j'ai des goût assez spécial. « C'est que tu t'es faite belle pour moi... ». Je souris, au moins, il me trouvait jolie, je n'avais donc pas complètement rater mon coup... « Si je te répond oui, tu m'augmentes ? ». Je lui fis l'un de mes regards malicieux. Il m'invita à entrer, refuser aurait été débile, je ne me fis donc pas prier pour entrer dans sa demeure. C'était plutôt joli, simple et avec un manque d'originalité effarant mais tout de même joli. A l'image du personnage en somme. Il était toujours habillé de manière sobre mais élégante. Il mariait bien ses deux aspects et je l'admirais pour cela car de mon côtés, pour s'habiller classe et original, c'était quelque peu difficile... J'entrai directement dans la cuisine, pas de chichi, j'avais déjà fait le tour du propriétaire la première fois que je m'étais présentée chez lui. J'avais même visiter sa chambre... Ok, il ne se gênait pas pour me draguer mais dans ce cadre-là, ça ne me dérangeait guère. J'ignorais pourquoi. Peut-être parce qu'il était, bien qu'il soit mon "patron" et que je n'aimais pas vraiment les gars dans son genre, plutôt envoutant. J'étalai mes courses sur le comptoir de la cuisine. Tandis que l'autre fade s'affalai sur l'une des chaises de la cuisine, comme d'habitude, prêt à me regarder. Le côté macho ne me déplaisait pas et qu'on me regarde non plus d'ailleurs... « Tu vas bien ? ». « Oui, merci et toi ? ». Il prit un paquet de cigarette derrière lui, je poussai un soupir, cela faisait partie des choses que je détestais ! Non seulement ça polluait mais ça puait ! Sans compter que la fumée de cigarette me faisait tousser. Je fermai cependant ma gueule pour une fois et me contentai d'ouvrir la fenêtre. Je pris également une bougie pour y voir un peu plus clair. Je savais où tout était ranger, j'en avais pris l'habitude, à force... Je faisais un peu comme si j'étais chez moi en fait. J'allumai cette bougie te je déballai mes sachets. « Tartiflette au menu... De toute façon si ça ne te plait pas, j'ai rien d'autre en magasin ! ». Je commençais à éplucher les pommes de terre. « Tu ne t'ennuies pas à force de ne rien faire et de rester là à me reluquer ? ». Je lui tendis une perche énorme, des fois qu'il lui prendrait de m'aider. Car en fait, je m'ennuyais, cette routine m'ennuyais ! J'avais besoin de faire constamment changer les choses...

Avant que je n'entre dans sa demeure, il répondit à mon ironie par un non de la tête. Et merde, j'avais loupé mon coup... Au moins j'avais essayé et puis la soirée n'était pas terminée, peut-être arriverais-je finalement à mes fins ? Je n'étais pas vraiment une manipulatrice dans l'âme pourtant. Je n'aimais pas que l'on m'aide et préférais me morfondre dans mon coin. D'un autre côté, je me fichais pas mal de la tronche des gens alors franchement, les manipulés de temps en temps les rendait utile et par conséquent, je ne voyais pas le mal. Honnêtement ma relation avec Keegan était en quelque sorte basée sur ce principe. Je me fichais royalement de sa gueule et ce même s'il en avait une pas trop mal. Ce qui n'importait, c'était l'argent qu'il me donnait après chaque repas effectuer. De temps en temps, et même quasiment à chaque repas, nous nous lancions des piques ou des sarcasmes. Pourquoi ? Parce que je n'étais pas prête de me laisser faire et que lui non plus. C'était comme ça, nous étions deux forts caractères. La seule différence notoire dans notre relation c'est qu'il me draguait presqu'à longueur de temps tandis que moi, je me gardais bien de cela même si je rentrais dans son jeu. Après tout, s'il me virait, ça me ferait chier de devoir me casser le cul pour trouver un autre blaireau qui ne sait pas cuisiner. « Oui ça peux aller, rien de prévue en particulier, journée tranquille.. ». « Y'en a qui ont de la chance... ». Et oui, moi j'étais en train de travailler. La vie d'étudiante était relativement cool sauf quand on aime pas faire la fête et qu'étudier nous emmerde profondément, comme dans mon cas... C'est pour ça que je n'ai pas fait d'étude, parce que je n'en vois pas tellement l'intérêt. Et puis en quoi un médecin serait-il plus intelligent qu'une croc mort, hein ? Il commençait à fumer et j'essayai de tousser discrètement lorsque la fumée parvint jusqu'à moi. J'étais allergique, et ouais. Je continuais tant bien que mal à éplucher ces pauvres pomme de terre. « Tu me connais, j'aime tout ce que tu prépare petit cordon-bleu.. ». Je souris, ça remarque me fit plaisir et ce même si je n'aimais pas vraiment les flatteries. « Et toi tu n'arrêtes jamais de râle ? Tu te plains encore plus que tu respires. Ca doit être fatiguant.. » « Je ne râle pas débile ! Je te propose de m'aider. A force de rien foutre, tes fesses vont finir par devenir énorme et ton charme rikiki ! ». Les pommes de terre étaient épluchées, je les coupai en lamelles et les disposait au fond du plat en verre ovale que j'avais dénicher quelques instants dans un placard, j'avais du m'abaisser et tirer sur ma robe au passage pour qu'elle ne remonte pas de trop. Lorsque je l'aperçus en train d'écraser sa cigarette, je crus au paradis, finit de cracher !

Il pouvait toujours pousser des soupirs, je m'en fichais royalement. Mon allergie face à sa désinvolture l'emportait facilement, ses états d'âme m'importait peu. D'autant plus que fumer est non seulement nocif pour soi, pour la planète mais en plus, ça coûte une fortune. Franchement, le joue où je gagne les élections présidentielles, j'ordonne qu'on cesse de produire les cigarettes, comme ça, plus de fumeurs et une sacrée pollution en moins. La chose qui m'énervait au plus haut point, ce n'était pas tellement qu'il fume, il faisait ce qu'il voulait de sa vie, mais c'est qu'il fume alors que je suis juste à côté et que je ne fume pas moi ! Il m'encrasse les poumons alors que je me suis donnée la peine de m'abstenir de fumer et de refuser les méchantes clopes qu'on me proposait. Oui je sais, je suis un vrai petit ange. Le fainéant avait bouger de sa chaise, on avait là un progrès notoire. Je souris, ça ça me faisait réellement plaisir. Même si bon, en général, je préfère les machos, un coup de main de temps en temps, ce n'est pas de refus. Et puis autant rendre le moment agréable, non ? « Si tu veux mais je ne vais pas pouvoir t'aider pour grand chose, si je dois payer quelqu'un pour me faire a manger a vingt-cinq ans, c'est qu'il y a une raison Allia ». Je levai les yeux au ciel et poussai un soupir de désespoir. « Je me doute, tu sais. Justement, c'est l'occasion d'apprendre mon grand ! ». Je lui fis un clin d'œil. Les patates épluchée, en toute logique, il fallait les mettre cuire légèrement afin qu'elles ne soient pas croquante une fois la tartiflette terminée.« Et en ce qui concerne mon cul, je constate qu'il va bien a chaque fois que quelqu'un me le mate dans la rue ». « Pour l'instant je le reconnais mais tu verras dans vingt ans... ». Je balayai sa remarque de mes pensées, j'étais préoccupée par autre chose. On avait pas d'électricité pour chauffer les taques de cuisson. Je me creusai la tête quand je vu dans une des armoires vitrée un truc qu'on met en dessous des fondue fromage. Parfait, il y avait encore de la pâte à bruler dedans. J'attrapai donc une boite d'allumette, une petite casserole de quoi cuire mes quelques pomme de terre dans laquelle je mis de l'eau salée et les pomme de terre. « Tiens, pour commencer, tu pourrais par exemple tenir la casserole au-dessus de ce machin-là. Normalement ça doit cuire une vingtaine de minutes... Ca devrait pas poser de problème à monsieur muscle, n'est-ce pas ? ». Je lui fis un grand sourire, contente de lui avoir trouver une tâche digne de lui. Et puis ça me ferait bien rire de le voir en train de tenir cette casserole comme un con parce que ce que je ne lui avais pas dit, c'est qu'il y avait un socle sur lequel on était censé mettre le caquelon remplit de fromage... Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'il s'exécuta. Allait-il comprendre ? C'était une autre question... Ouf, j'en avais mal aux zygomatiques. Je commençai à éplucher et trancher les oignons et ce fut encore pire puisque je me mis à pleurer. Décidément, rien n'arrangerait l'affaire. J'avais une furieuse envie de le prendre en photo, seulement, je n'avais aucune idée de la manière dont il fallait s'y prendre avec mon portable pour effectuer une telle tâche...

Je ne connaissais pas bien Monsieur Keegan-Noël Fitz. Comment connaissais-je donc son au complet ? Et bien simplement parce que quelque part nous avions du signer un contrat que j'avais fait l'effort de lire. Je ne faisais aucun commentaire sur son prénom, je ne l'aimais pas spécialement mais après tout, le mien n'était pas à tomber par terre non plus. Il était original, il était vrai. On ne croise pas des Allia Indy à tous les coins de rue mais je ne le trouvais pas tellement harmonieux à vrai dire. C'est sans doute ce qui en faisait son originalité. Soit. Tout ça pour dire qu'à part son nom, je ne connaissais pas grand chose de cet homme. Certes, il n'avait pas un physique désagréable même s'il n'était pas totalement mon type d'homme. Il était bien trop propre sur lui pour me convenir. Rien que le fait qu'il choisisse ses tenues de manière à ce qu'elles aillent un minimum ensemble me déplaisait. Oui je sais, j'étais spécial et j'aimais le revendiquer. C'est ce qui me différenciait des autres maintenant que mon double avait rappliquer en ville... A cette pensée, je devins de mauvaise humeur, qu'est-ce qu'elle pouvait me gonfler celle-là ! Si j'avais l'occasion de la tuer un jour, je sauterais sur l'occasion sans aucune hésitation. Elle était tellement banale, tellement simple, tellement blonde, tellement pas digne de porter les mêmes traits que les miens ! Lorsque je songeais à ce détail insignifiant de cette planète à savoir Lylith, je pouvais devenir rouge de rage tellement je la haïssais d'être moi, du moins en partie. J'essayai de balayer ses idées noires avant qu'elles ne m'atteignent complètement et que je me mette à devenir désagréable. « J'espère que tu est une bonne prof' dans ce cas car tu vas devoir recommencer tout a zéro. ». Sa remarque m'aida à oublier et je souris timidement. Non parce que j'étais gênée mais parce que cette imbécile me trottait toujours un peu dans la tête et que j'avais encore son goût amer aux bords des lèvres. J'avais d'ailleurs un sale tic avec celles-ci, je ne cessai des les pincées lorsque quelque chose me contrariait ou lorsque j'étais profondément enfoncée dans mes pensées. D'ailleurs, je ne pouvais m'empêcher de le faire en ce moment. « Qui vivra verra... ». Sans doute oui. J'ai toujours cru que je mourrais jeune. J'en ignore la raison. Peut-être une intuition ou juste la peur de vieillir ? Je ne sais pas trop. A vrai dire, j'ai beaucoup de mal à m'imaginer à soixante ans. Surtout avec le mode de vie que j'avais pour l'instant. J'adorais être libre comme l'air, papillonner de garçon en garçon sans engagement ni obligation. C'était pratique, simple et au moins, j'étais certaine de ne jamais souffrir. « Pas le moins du monde. ». Je souris malicieusement. Les machos, on les a toujours de cette manière, je fus heureuse de voir que je savais y faire, même avec Keegan pour obtenir ce dont j'avais envie. C'était presque trop facile à vrai dire. Keegan en train de tenir une casserole au dessus du machin à bruler, c'était à mourir de rire. Il ne se rendait pas compte de sa bêtise et c'était ça le plus intelligent. Quand il lâcha : « Et je suis sensé faire ça longtemps ? C'est pas que c'est chiant mais... enfin si, ça l'est vraiment beaucoup. ». Je ne pus plus me retenir et éclatai de rire. Il me fallut un moment pour me ravoir et puis, je partis à la conquête du socle qui retenait d'ordinaire la casserole et mis la main dessus au bout de cinq minutes de recherche environ. C'est là que je lui dis en rigolant, ce qui me donna une voix d'hystérique : « Avec ça, ce sera plus facile ! ». Et sur ce, je repartis de plus belle. Quel imbécile ! « Disons que ce sera officiellement ton baptême en cuisine. », ajoutai-je toujours en rigolant. Si seulement j'avais su comment faire des photos avec ce fichu portable ! Après un certain temps, les oignons furent enfin hachés et je cessai de pleurer et par la même occasion de rigoler. Il faudrait bientôt retirer les pommes de terre du feu. Après, je pourrais cuire les oignons. Ce à quoi je n'avais pas penser, c'était que sans four, j'allais avoir du mal à faire gratiner le reblochon... Un chalumeau peut-être ? On verrai plus tard... « Bien maintenant, je pense que tu peux retirer les pommes de terre du feu... Tu te sens capable de faire des lamelles pendant que je cuit un peu les oignons ou ? »

« Très drôle. ». Effectivement, je l'avais trouver. Je n'avais d'ailleurs pas compris comment il n'avait pas capter plus tôt la supercherie. C'était pourtant tellement évident, comme s'il n'avait jamais fait de fondue. Même un piètre cuisinier dans son style aurait pu se faire facilement une fondue fromage. La recette se réduisait à : tapez le fromage dans la casserole, laissez-le fondre puis mettez le résultat sur le socle de l'appareil à fondue. En somme, même le roi des imbécile pouvait le faire les doigts dans le nez mais apparemment pas Keegan. J'avais une furieuse envie de me foutre de sa gueule pendant toute la soirée. Seulement, j'avais toujours cette retenue, cette peur de me faire licenciée. A la morgue, je n'avais pas ce problème, le patron n'était quasiment jamais là et puis il avait réellement besoin de moi, les crocs-morts, ça ne court par les rues. Ce qui me poussait à me faire mes propres horaires et à enfreindre ses interdictions quotidiennement. Ainsi, j'avais plusieurs fois emprunter le corbillard sans autorisation de même y toucher lorsqu'il ne transportait pas de mort, j'avais quitter le travail parce que j'en avais marre et que les morts reposaient déjà en paix,... Bref, je m'autorisais un peu tout et n'importe quoi. Ici, c'était différent. Keegan était toujours à proximité, je n'avais donc jamais la paix et puis je ne me serais pas permise de commencer à faire n'importe quoi. J'en ignore la raison... Une sorte de respect peut-être ? Peu probable... En déposant très délicatement - c'est ironique bien entendu - le caquelon sur le socle, il faillit me m'ébouillanter. En effet, des gouttes d'eau bouillante atteignirent mes mains. Je poussai un cris de surpise. « Mais quel con ! Mais quel imbécile ! Non mais oh, si tu me brûles les mains, je fais comment pour cuisine moi, hein ? Espèce d'idiot ! ». Je plaçai mes mains sous l'eau pour éviter que la brulure ne s'intensifie tout en continuant à l'insulter. Je sais bien que normalement, on doit les laisser une vingtaine de minutes sous l'eau mais en tant que grande impatiente, je ne pus me maintenir en place que deux minutes maximum. Après quoi, en colère, je vidai l'eau précipitamment dans l'évier, éclaboussant ma tenue au passage et versant malencontreusement les pommes de terre avec. Pas grave, l'évier n'était pas dégoutant, je les repêchai donc du bout des doigts pour éviter de me rebruler. « Je te déteste ! ». Après quoi, je les coupai en lamelles et commençai à faire revenir les lardons et les oignons dans une poêle tant bien que mal sur le bruleur. Je vus Keegan attraper son paquet de clope, mes espoirs étaient vains, il ne m'aiderait pas le moins du monde. C'était pourtant pas faute d'avoir essayer, je poussai un long soupir avec le regard pleins de reproches et de désespoir. Avec ça, j'eus droit à un bisou sur le front, comme si j'étais une gosse, j'avais horreur de ça ! « Tu ne comptes tout de même pas me faire faire ton boulot ? ... Je ne peut pas m'auto-payer, je peux juste te faire la discussion ... sur le balcon ? ». Et tout ça en m'agitant sous le nez son paquet de cigarette, je ne pus m'empêcher d'afficher une mine de dégoût. « Tu ne fais pas d'effort, très bien, moi non plus. » Je sortis un élastique de mon sac à main et attachait mes cheveux. J'enlevai mes talons et les envoyai valser à travers la pièce de séjour. Je ne pouvais par contre décemment pas enlever ma robe... « Je voulais juste rendre la chose plus agréable et honnêtement tu m'emmerdes à fumer et aussi à me regarder comme ça à longueur de temps. Et si tu as le malheur de me refaire un bisou comme celui-là, je te jure que je te fous mon poing où je pense. Capito ? Maintenant vire moi si tu veux mais les bonnes manières j'en ai ma claque, je suis pas comme ça et faire semblant ça m'horripile. ». Oui, j'étais sujette à m'emporter facilement. Si bien que j'en oubliai presque les lardons et les oignons. J'ajoutai de l'ail nerveusement à mon mélange en l'ayant couper au préalable. Mes bas me dérangeaient. Je les enlevai eux aussi et les fourrait négligemment dans mon sac. J'aurais voulu enlever cette tonne de maquillage mais je n'avais pas emporter mon démaquillant avec alors tant pis. Je remuais nerveusement le contenu de la poêle en ruminant dans ma barbe, toujours furieuse après l'autre imbécile.

J'étais déjà énervé et il fallut qu'il en rajoute une couche. « si tu le dis. », non mais au lieu de s'excuser ? Il m'avait blessé physiquement et la seule chose qu'il trouvait à dire c'est : si tu le dis ! J'avais une méchante envie de gâter le repas de quelque manière que ça soit pour qu'il en soit malade ! De toute façon, lui qui était étudiant en médecine, il s'en remettrai vite, non ? Puisqu'il était si fort et si intelligent. J'étais en rogne et s'il ne s'était pas retirer si rapidement de ma vue, je lui en aurais collé une juste pour lui montrer qu'on a rien sans rien. Le pire fut que j'avais l'impression de parler dans le vent, il ne m'écoutai pas, trop concentrer sur son paquet de cigarette et sur le fait d'ouvrir la baie vitrée. Qui, au passage, laissa s'engouffrer de l'air frais. Je fus alors parcourue de frissons et bizarrement, ils m'adoucirent. « Déstresse, pète un coup tu va nous faire une crise. Je ne t'ai jamais demander de t'habiller comme ça ou de jouer un rôle, tout ce que je veux c'est manger.». Seulement cette phrase eut le don de me faire repartir de plus belle. Aurait-il un aliment avarié dans son frigo ? Je me dirigeai vers celui-ci mais à l'intérieur, il n'y avait pas grand chose, pas de quoi le rendre malade en tout cas, je soupirai, ma vengeance devrait attendre un peu. Je retirai les lardons, les oignons et l'ail de la poêle et les disposais inégalement au dessus des pommes de terres en rondelles. Puis, je fis chauffer la crème avec un poil de vin blanc dans la même poêle pour ne pas salir trop de choses. Quand elle commença à bouillir et donc à épaissir, je la versai sur le contenu du plat. Ensuite, je coupai le reblochon dans la longueur et le disposai de manière à recouvrir le plat. Ce n'est qu'à ce moment, parce que j'étais quelque peu calmée, que je daignais lui adresser à nouveau la parole. Je l'avais complètement ignorer pendant les dix dernières minutes parce que sinon, je l'aurais bien fait tomber du balcon. « T’aurais un chalumeau ou quelque chose pour faire gratiner le fromage ? ». J'attendis sa réponse, en espérant qu'il soit plus clément, moins chiant et qu'il m'accorde un peu d'attention. Parce oui, c'était le réel problème, je détestais me sentir transparente. J'étais à nouveau d'humeur disons normale, la sauce était redescendue.

Spoiler:

Keegan entra enfin dans la cuisine. Je déteste être seule bien que je hais les gens et que je ne sois absolument pas douée avec les animaux ou les enfants. D'ailleurs je hais les enfants, ces choses qui courent partout en criant et qui ne s'arrêtent jamais. Et pourtant, je tourne en rond lorsque je suis seule, c'est vrai. Etant plutôt hyperactive, je déteste ne rien faire de ma journée ! Or, lorsque personne mis à part moi est impliqué dans ce que je fais, il est rare que je m'amuse énormément. Venir faire la cuisine ici était un moyen de rester active même si parfois j'avais des envies de meurtre. Keegan n'était donc qu'un bouche trou... Enfin en quelque sorte. « Essaye les tiroirs du haut, je crois que je dois avoir ça. ». Les tiroirs du haut... Je les fouillais tous sans résultat. Je le regardais et haussai les épaules en levant les mains. Pas de chalumeau par là... Il faudrait chercher ailleurs. « Une autre idée ? ». Comme par enchantement, l'électricité fut rétablie, les lampes s'allumèrent et les appareils genre micro-onde et four affichèrent une heure non réglée c'est-à-dire --:-- . « Ne me demande pas de régler l'heure ! ». J'en étais simplement incapable. La technologie et moi, ça faisait deux. Je savais à peine me servir d'une télécommande alors... Comme je n'avais désormais plus besoin du chalumeau, je préchauffais le four, seule chose décente que je savais encore faire. En attendant que celui-ci soit chaud, il fallait patienter. C'était l'histoire d'un quart d'heure, vingt minutes au plus. Sauf que je me voyais mal attendre sans rien faire. « Alors, euuuh... tu comptes devenir médecin ? ». Ok, pourri comme démarrage de conversation mais bon, sur le moment, c'est la seule chose qui me soit venue à l'esprit...