Le matin avait commencé depuis quelques heures déjà. Le soleil était largement levé, il était dix heures. Colleen, elle, n'était pas levée, et c'était assez normal puisqu'elle ne s'était pas couché. Travail oblige, elle avait passé sa nuit au bar. Une fois le service fini, il avait fallu fermer et tout nettoyer. Elle avait fini en buvant un verre avec les collègues présents avec elle. Ils avaient longtemps parlé. Et voilà qu'il était dix heures lorsqu'elle était sortie du bar. Le propriétaire ferma la porte juste derrière elle. Elle ne travaillait pas le lendemain, mais de toute façon, elle était habituée à ce rythme complètement renversé. Elle aurait pu être sur les nerfs après une si longue soirée, mais son métier lui plaisait. Ce contact avec les gens, le fait qu'elle se faisait de l'argent, parfois même plus que prévu grâce aux pourboires des garçons un peu dragueurs. Oui, car il ne fallait pas rêver, ce n'était pas les femmes qui lui donnaient des pourboires, surtout vu la tenue dans laquelle elle servait. Malgré l'hiver, c'était un léger top qu'elle portait, vu la chaleur dans le bar. Un décolleté y était présent, plaisant à ces messieurs, mais moins aux jeunes femmes venues avec leur conjoint. Cela faisait rire Colleen qui avait presque envie de leur dire qu'elles l'avaient cherché, et qu'elles n'avaient qu'à faire comme elle : préférer le célibat et les petits plaisirs qui peuvent aller avec, sans pour autant négliger une relation, mais pour plus tard seulement. Heureusement que ces filles-là, folles de stabilité, n'avaient pas vu son pantalon noir en cuir assez moulant. Tant pis, les passants dans la rue le verraient. Les rues étaient d'ailleurs calmes à cette heure-là comparé à la veille, dans la soirée. Trop tard, elle n'aurait pas dû penser ça. En effet, quelques secondes à peine après s'être dit que Montsimpa était bien silencieux à cette heure-là, elle entendit un jeune garçon crier dans toute la rue "Maman, Maman". Elle leva les yeux vers le bout de la rue où elle vit que le petit garçon la regardait elle en criant cela. Elle le vit alors se mettre à courir pour lui sauter dessus. Après un sourire compatissant, elle comprit rapidement que l'enfant resterait collé un moment. Un regard de désespoir se tourna alors vers l'homme qui avait été à ses côtés, espérant qu'il l'aiderait au maximum.

« Putain, mais calme toi, sale gosse ! » Septime lâcha un soupir en fusillant son fils du regard, tentant de paraître le plus excédé possible, histoire de faire comprendre à l'enfant de rester sage. L'enfant le fixa avec des grands yeux brillants, annonce d'une déferlante de larme sur la pente de ses joues rebondies. Il ne pouvait pas pleurer, pas encore. Se mordillant la lèvre, Septime s'approcha de l'enfant et laissa glisser son doigt sur sa joue en guise de caresse. Aussitôt, le bambin se saisit de son pouce et le mis dans sa bouche, lâchant des gazouillements enjoués. Esquissant un sourire qui se voulait affectueux, il détourna un instant la tête avant de sentir la petite tête du bébé se déposer tendrement sur son bras, fermant progressivement les yeux jusqu'à ce que sa respiration se stabilise et devienne plus sereine. Il dormait. Septime soupira avant de se saisir d'un coussin pour le glisser sous la tête de l'enfant assoupi, libérant son bras. Fixant le bébé dormir paisiblement, légèrement agité par moments avant de replonger dans un léthargie profonde. Il dormait, comme si rien n'était important, comme si tous les problèmes s'étaient évaporés de son esprit ensommeillé. Comme si cet autre monde dans lequel il reposait l'extirpait de la réalité, le laissant seul face à un pays formé de rêves. Mais aussi de cauchemars, desquels il se réveillait des larmes aux coins des yeux, avant de s'agripper à quelque chose, se rattachant au monde réel. Septime lâcha un léger soupir de satisfaction et s'avachit dans son siège, tentant de rattraper quelques heures de sommeil qu'il avait dépensée à courir en travers de la ville, vêtu de son magnifique habit de livreur de pizza. Malgré tout, il n'était pas des plus fatigué, il lui était très souvent arrivé de passer des nuits blanches, pour maintes et maintes raisons. La principale restait à cause de son tout autre métier, qui l'obligeait à agir uniquement la nuit, consistant à s'introduire chez les gens durant leur sommeil où leur absence et se servir dans leurs réserves de choses qui pourraient l'aider à survivre. Voler, en somme. Contrairement à la plupart des gens qui s'adonnaient à cette pratique, lui était obligé, faute de revenus. Simplement pour son fils, qui ressemblait plus à un mendiant au vu de ses vêtements. Soupirant, il songeant qu'il avait laissé la portière entrouverte, et se retourna pour la verrouiller. Échappant un gloussement de surprise, il constata bien vite que l'enfant s'était volatilisé. Septime sentit la panique l'envaillir tandis qu'il tournait vivement la tête, cherchant la petite silhouette de son fils hors du véhicule. Finalement, il le trouva agrippé à une blonde, assez attirante en passant, mais il se sentait plus remonté contre son fils que d'humeur joueuse. Se précipitant en direction de son fils, il haussa un sourcil en comprenant les mots qu'il s'efforçait de beugler. Maman ? Septime planta ses yeux dans ceux de la blonde, reconnaissant qu'il existait une ressemblance assez frappante, mais tout de même. Attrapa l'enfant, il le pris dans ses bras, le plaquant contre son torse en observant la jeune femme d'un air désolé. « Oh merde, je suis vraiment désolé. Je comprends pas ce qu'il lui a pris, je... » Repoussant du mieux qu'il le pouvait une multitude de souvenirs de son passé tumultueux, il repris en respirant avec peine. « C'est juste qu'il n'a pas de mère, vous comprenez. » Il lui était très rarement arrivé de prononcer ce mot, en parlant de son fils. Simplement parce qu'il avait tiré un trait sur cette personne, comme elle avait tiré un trait sur ses responsabilités de mère, laissant Septime avec cet enfant turbulent qui semblait bien décidé à combler le vide qu'avait crée sa mère.

Les enfants, ce n'était vraiment pas le truc de Colleen. Elle n'avait jamais pensé à en avoir, et honnêtement, si elle y avait pensé, la réponse aurait été rapide. Devoir avoir des responsabilités telles que celles-là, en plus, devoir utiliser de l'argent pour s'en occuper, sans pouvoir s'occuper de soi en priorité, non elle ne voulait pas. En plus, cela voulait dire devoir avoir à faire avec un père. Elle préférait autant avoir des parties de jambes en l'air sans aucune conséquence après. Quand elle voyait des jeunes couples avec des enfants, elle avait souvent l'envie de les prendre en pitié. Les pauvres se privaient certainement de sexe car l'enfant est dans la chambre à côté, si ce n'est la chambre même. Elle aimait vraiment sa situation dans ces cas-là, et elle aimait encore plus son mode de vie. Le bar, les soirées quand elle était de repos, les hommes, jour après jour, ne rien ressentir, et ne pas souffrir. Juste se faire plaisir. Quand et où elle veut. Elle ne comprenait pas pourquoi les gens cherchaient plus compliqué, en voulant une famille, l'amour ou même tout simplement le calme. A l'heure où elle était dans cette rue, marchant, clope à la main, elle était complètement calme. L'euphorie d'une soirée de travail qui venait d'ailleurs de se terminer retombait, la rendant sereine. C'était comme ça à chaque fois, et c'était grâce à cela qu'elle savait que c'était le métier qui lui correspondait. Elle aimait chaque aspect de son travail, sauf peut-être le fait qu'elle n'était pas riche avec son salaire. Elle aimerait avoir plus d'argent. Son rêve ultime. Celui d'une vie entière. Mais elle fut sortie de sa rêverie par des cris d'enfants. Elle y était habituée, malheureusement les enfants criaient toujours assez forts que même sans être près d'eux, comme c'était toujours le cas de Colleen, ils étaient audibles de trèèèèès très loin. Se faire sauter dessus ne la dérangeait pourtant pas en général, mais le fait que ce soit un enfant et non pas un beau garçon fut quand même un peu trop choquant. Okay, elle était sexy, mais un enfant de cet âge tout de même ! Ils étaient de plus en plus précoces ces jeunes. En général, ceux qui l'appelaient maman étaient des pervers qui aimaient faire des jeux bizarres au lit, mais elle s'en foutait tant qu'ils lui faisaient ce qu'elle voulait après. Mais là, elle savait que si l'enfant lui disait cela, il y avait forcément une couille dans le paté. Elle laissa le garçon lui sauter dessus sans vraiment savoir comment réagir et observa ce qui semblait être son père pour qu'il vienne l'aider. Elle était vraiment pas contre un peu d'aide de sa part... Il était pas mal en plus. Bref. Elle écouta ce qu'il lui dit et un sourire gentil, un vrai sisi, arriva sur son visage. Elle ne devint pas gaga non plus, mais elle regarda le ptit gars avec un sourire. "- C'est pas grave, pas de soucis. Il a l'air assez mignon après tout." Inutile de vous dire ce qu'elle pensait à ce moment-là du père. Fils mignon, père canon quoi. Le jeune enfant avait compris par l'attitude de son père sa faute et fut genre tout triste. Cela fit rire un peu Colleen qui s'approcha de son visage "- Ne boude pas, c'est pas bien de bouder, faut s'affirmer dans la vie p'tit bonhomme !" Bon, certes, c'était pas cool de dire ça face à son père, mais bon c'était surtout pour rire. "- Vous vous en occupez seul alors ?" Elle qui trouvait les gens complètement fous de vouloir et d'avoir des enfants se disait que là le pauvre et sexy père n'avait peut-être rien demandé. Surtout si la mère était absente, quel qu'en soit la raison. Colleen gentille ? Nan, juste Colleen compréhensive, sisi, ça lui arrive.

Les questions entraînées par l'idée d'obtenir un enfant ne s'étaient jamais présentée à Septime, il n'avait pas eu le temps de se poser la moindre question. Tout s'était bousculé, sans qu'il n'ait le temps d'agir. Il en avait longuement voulu à la mère de son fils de ne pas l'avoir informé de sa grossesse, mais après maintes et maintes questions qui s'étaient enchevêtrées dans sa tête, il avait compris. Compris l'affolement qu'elle avait dut ressentir, la peur de s'attirer les foudres de Septime en lui annonçant une telle chose. De plus, elle n'avait jamais été plus qu'un coup d'une nuit, rien de plus, et c'était probablement réciproque. Il avait cependant été trop naïf, pensant qu'ils auraient put tisser des liens afin d'élever un enfant sans trop de problèmes, avant de percuter la vérité, cette fille était une garce. Et jamais elle n'avait songé aux soucis qu'avaient engendré son départ, l'équilibre financier précaire dans lequel elle avait mis Septime. Il s'en sortait, et peu à peu, il arrivait à oublier et en fin de compte, lorsqu'il plongeait son regard dans celui de son fils, il s'estimait heureux de l'avoir. De toutes manières, il ne pouvait plus revenir en arrière, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner. Malgré tout, le jeune enfant ne portait toujours pas de prénom, bien que cela n'accable pas vraiment Septime, après tout il avait le temps ; et il avait toujours rêvé pouvoir choisir lui-même son prénom, peut-être qu'il aurait le choix. Mais pour l'instant, l'idée enfleurait pas le moins du monde son esprit, il s'occupait simplement de nourrir et empêcher de pleurer le bambin. Les yeux rivés sur le visage de la blonde, il échappa un rictus légèrement surpris en voyant un sourire étirer ses lèvres. Est-ce que ce monstre l'attendrissait ? « C'est pas grave, pas de soucis. Il a l'air assez mignon après tout. » Septime tenta de sourire lui aussi, masquant tant bien que mal la peur qui lui avait serré le coeur dès qu'il avait perdu de vue sa petite tête brune. Serrant toujours l'enfant contre lui, il échappa un regard vers lui, comme pour s'assurer qu'il ne s'était pas encore échappé pour harceler sur la première jeune fille qu'il croiserait, même si Septime devait avouer qu'il avait bien fait son choix, sur le coup. « Il est très mignon, c'est de famille je crois. Réjouissez-vous qu'il vous ait choisi, c'est plutôt un compliment. » A son tour, le brun lui sourit légèrement, tentant de détendre l'atmosphère et de dissiper ces quelques souvenirs qui menaçaient d'émerger. Faisant abstraction de l'enfant qui s'était lancé dans un jeu qui semblait passionnant, mordillant chacun de ses doigts tour à tour. Lâchant une moue assez surprise dès qu'il sentait les petites dents de son fils contre la peau sensible de ses doigts, il repoussa d'un coup assez sec le visage du bébé, inconscient de la violence du geste pour un si jeune enfant. Ses yeux s'embuèrent lentement, jusqu'à ce qu'il réprime un sanglot, ses larmes salées dévalant la pente de ses joues. Echappant un juron, Septime ne sachant trop que faire remua légèrement le bébé, tentant de le berçer pour qu'il se calme, sans grand succès. Tiltant sur les questions de la belle blonde, il jeta un regard désemparé vers elle, troublé par les pleurs de son fils. « Oui, tout seul... Dîtes, vous pourriez m'aider, il me semble qu'il vous apprécie bien, vu qu'il ne s'est pas gêné pour vous grimper dessus... »

Le silence pèse parfois sur chacun de nos pas. Une existence peut nous sembler vide de sens lorsque la solitude l'assaille. Être seul, et ne pas aimer cette sensation, ne plus vouloir la sentir davantage. La solitude est pourtant différente d'une personne à l'autre. Certains voient la solitude dans le manque de liens affectifs, d'autres juste dans l'absence de présences autour d'eux autant d'amis que d'inconnus. Colleen, si touchée par une peur de la solitude, ne pouvait l'être que de la deuxième. Elle aimait beaucoup être dans un milieu avec pleins de gens. Elle aimait se sentir immergée dans une foule, dans une ambiance qui pouvait la faire vibrer, et ce souvent jusqu'au bout de la nuit. Mais elle n'avait pas peur de la solitude. Elle ne comprenait pas les gens qui ne supportaient pas avoir un moment de tranquillité, de vide imposant la réflexion et le repos. A cet instant-là, marchant dans cette rue vide, du moins comparée au soir quand elle s'animait jusqu'aux premières heures du jour, elle se reposait l'esprit, posant simplement un pied devant l'autre, et laissant la fumée de sa cigarette libérer son esprit du travail qu'elle avait dû accomplir toute la nuit. Mais son élan de repos avait été coupé par des cris d'enfant. Ce même enfant lui avait sauté dessus. Le père s'était ensuite approché pour s'excuser de l'attitude de son fils. Elle l'avait pris avec le sourire, grâce à la satisfaction qui lui avait apporté sa soirée et nuit entière. Il y avait des jours comme cela où elle était assez calme, et presque gentille. Elle avait laissé sa bonne humeur effacer la méchanceté dont elle savait d'habitude faire preuve avec les enfants. Elle ne le faisait pas souvent, mais le fait que cet enfant l'avait appelé maman lui faisait comprendre qu'elle était assez canon pour faire croire à un enfant qu'elle pouvait en être la mère. Après tout, on idolâtre toujours sa mère pendant son enfance. Puis, le père avait expliqué la situation en une simple phrase, et elle avait donc porté avec brio l'image de la fille compréhensive. Elle avait même dit que l'enfant était mignon. Elle qui d'habitude les trouvait juste emmerdants, oui oui, emmerdants, pas ennuyants, qui n'est pas assez fort. La phrase qu'avait répondu le jeune père la fit sourire différemment. Ce n'était plus un sourire envers le fils, mais envers le père désormais, et c'était évidemment un sourire un peu moins bête. "- Le complexe d'Oedipe le fait aller voir les jolies filles pour en faire sa mère puis plus si affinités ?" Elle rit d'un rire sincère, et non pas le rire jaune qu'elle faisait parfois. Elle fut témoin ensuite du geste un peu violent envers l'enfant. Elle en fut étonnée, mais pas plus que ça. Elle-même manquant de patience, elle comprenait le fait qu'il n'avait pas su en faire preuve lui non plus. Voyant qu'il semblait gêner par les larmes de son fils, Colleen décida d'aider le père en s'approchant du petit et en lui essuyant les larmes en lui faisant un grand sourire. Puis elle se tourna vers son père pour lui faire un clin d'oeil, réponse à sa demande d'aide. L'enfant semblait en effet apprécier la jeune femme. Elle n'avait pourtant jamais eu la moindre facilité avec les enfants, mais bon, ça devait un bon petit gars. En temps normal, elle aurait peut-être fait un double-sens sur la fin de la phrase du jeune homme histoire de le draguer, mais elle ne dit absolument rien sur le fait que l'enfant lui avait "grimpé dessus". Elle aurait pu dire qu'elle était habituée, mais non, tout de même. "- Tu sais que pleurer c'est pas joli p'tit bonhomme ? Souris, sinon je ne te fais pas de bisou !" A ce moment-là, elle espérait presque que l'enfant pleure de plus belle, elle ne l'aurait même pas mal pris, au contraire. Mais elle dut faire un grand effort pour lui faire un bisou quand il se mit à faire un sourire. Elle se tourna vers le père et dit d'un ton assez fier. "- Ah, bah je savais mon talent envers les pères de jeunes enfants, mais pas envers les jeunes enfants eux-mêmes. Mais bon, c'est juste parce qu'il est craquant hein que je lui fais cet honneur." Bon okay, cette fois, il y avait un gros sous entendu de drague. Bah ouais, en général, elle n'essayait pas de refréner les larmes d'un père, mais plutôt d’accélérer ses envies. Autant faire comprendre à un beau gosse qu'elle aimait bien draguer quoi, tant qu'à faire.

« Le complexe d'Oedipe le fait aller voir les jolies filles pour en faire sa mère puis plus si affinités ? » Septime esquissa un sourire, l'observant rire. Serrant toujours son fils contre lui, il passa sa main dans la chevelure de l'enfant, pris d'un élan de tendresse. Il n'avait jamais vu en son fils un atout majeur pour charmer, mais apparemment c'était plutôt une bonne idée, bien qu'il ne soit pas vraiment d'humeur pour. Finalement, il ne lui servait pas à rien. Finalement, il repoussa plutôt violemment l'enfant, tandis que les larmes embuaient déjà ses yeux. Merde, il détestait observer son fils pleurer, d'autant plus lorsqu'il était le principal acteur du geste dirigé contre le bambin, premièrement destiné à lui faire comprendre de stopper ses gestes. Encore une fois, le brun n'était pas conscient de la fragilité du petit être, trop peu familiarisé avec lui. Jetant un regard troublé vers la blonde, elle s'approcha de l'enfant en lui souriant doucement et essuya tendrement ses larmes. Bizarrement, les sanglots qui secouaient sa poitrine se stoppèrent instinctivement après le geste de compassion à son égard. Septime observait la scène, le genre de choses qu'il ne faisait jamais avec lui. Apparemment, l'enfant avait plutôt bien dirigé son choix, et il semblait beaucoup l'apprécier, au point de se calmer brusquement. Septime lâcha un petit soupir, persuadé que les choses serraient bien plus simples s'il avait une mère à lui donner. Malgré tout, il n'était pas sûr de pouvoir 'partager' son fils avec quelqu'un d'autre, de peur de le perdre. Il avait peur, peur qu'on lui arrache ce petit être qu'il aimait tant. Septime fut extirpé de ses pensées par le clin d'oeil qu'elle lui adressa, auquel il répondit d'un petit sourire accompagné d'une « Merci. » presque inaudible. « Tu sais que pleurer c'est pas joli p'tit bonhomme ? Souris, sinon je ne te fais pas de bisou ! » Septime pencha la tête vers l'enfant qui semblait songeur, même s'il ne devait probablement pas réfléchir. Elle semblait à l'aise avec les enfants, contrairement à lui qui ne savait jamais comment rassurer son fils, ni même se faire obéir. Il ne pouvait se résoudre à le frapper, ni même à hausser le ton avec lui. Pourtant, il était parfois obligé, pour que l'enfant ne lui cause pas trop de soucis. En général, il l'abandonnait chez sa baby sitter le temps d'une soirée, histoire de trouver un échappatoire dans cette vie lourde de responsabilités. Mais il s'en voulait toujours de le laisser, de ne pas s'occuper de lui comme le ferait n'importe quel père. Il comprenait les personnes qui ne souhaitaient pas avoir d'enfants, persuadés qu'ils ne pourraient s'occuper de lui convenablement. Septime n'avait pas eût lle choix, il lui avait fallu s'immerger dans ce milieu qu'il avait tant haït. Malgré tout il ne pouvait se résoudre à tirer un trait sur sa vie faîte de plaisirs éphémères, de relations sans lendemain, de soirée interminables. Non, il voulait encore profiter. Il rejetait ses responsabilités, se répugnant lui-même. « Tu ne vas tout de même pas refuser un bisou, hein ? » Lui-même n'aurait put refuser, après tout. Il ne souhaitait pas se replonger dans des pensées aussi sombres, remettant son statut de père en cause. Il n'avait pas l'intention de gâcher cet instant qu'il partageait avec une personne plutôt très plaisante, et de ce côté là il se sentait redevable à son fils. « Ah, bah je savais mon talent envers les pères de jeunes enfants, mais pas envers les jeunes enfants eux-mêmes. Mais bon, c'est juste parce qu'il est craquant hein que je lui fais cet honneur. » Septime l'écouta parler, lui offrant un regard empli de sous-entendus. Elle souhaitait le charmer ? Au moins, il était bien tombé, c'était indéniable. La fixant avec intensité, il sentit son fils revenir contre lui, agrippé à jambe avec force. Tant mieux, il avait terminé de pleurer. « Les pères ? Vous me paraissez bien confiante... » Dire qu'elle ne lui plaisait pas était forcément faux, mais Septime ne pût s'empêcher de lui offrir un regard appuyé, intense.

Pendant l'enfance, l'innocence et l'illusion tiennent les rênes de nos pensées. On pense être libres, découvrir un monde où l'horizon est la seule limite, et encore. On rit, on pleure pour un rien, pensant tout comprendre à la vie. Puis les années avancent et on découvre une à une les vérités de la vie. Les douleurs, les peines, mais aussi les joies intenses et le véritable chemin vers le bonheur, si éphémère puisse-t-il être. Colleen était une des rares personnes qui ne souhaitaient pas revenir dans l'enfance, mais voulaient au contraire rester dans une vie d'adultes où l'on peut contrôler ses choix, les assumer, et les vivre jusqu'au bout. Ainsi, elle n'avait pas peur de faire la fête la moitié du temps et travailler l'autre. Pas plus qu'elle n'avait peur de coucher avec des hommes différents chaque soir. Mais elle savait aussi qu'avoir un enfant menait aux mêmes problèmes qu'être enfant. Les responsabilités de l'éducation ramenait à ne pas pouvoir vraiment entrer dans le monde adulte sans oublier la part d'enfant qui réside à vos côtés. Elle se n'imaginait d'autant plus pas tomber enceinte. Elle ne comprenait pas la beauté que les gens trouvaient dans cela. Avoir mal pendant neuf mois, souffrir pour accoucher, et finalement devoir avoir des responsabilités, des problèmes et surtout des hurlements dans toute la maison. Et puis ça coûtait de l'argent. On ne touche pas au sacré, on laisse l'argent pour les envies de luxe. Tout ça pour dire que Colleen aimait sa vie qu'on pouvait peut-être qualifiée comme étant de débauche. Elle considérait juste sa vie comme étant une vraie part de liberté dont elle comptait prendre chaque jour avec profit. La présence de cet enfant ne la dérangea pas dans le sens où, d'abord son père était pas mal, certes, mais aussi où elle aimait l'originalité de cette scène. Elle était comment habillée peut-être un peu trop sexy pour faire genre mère calme que les enfants adorent et avec qui ils se promènent dans la rue. Mais bon, la situation pouvait être marrante. Et puis, son père était pas mal. Hein, déjà dit ? Tant pis. Détendue, elle demeurait calme et presque patiente face à cet enfant. Elle avait fait une petite réflexion sur le complexe d'Oedipe. Puis les pleurs de l'enfant s'étaient mis à résonner à cause du mauvais geste de son père. Elle s'était alors mise à essayer de consoler l'enfant. Elle lui avait d'ailleurs proposé un bisou contre son calme. La phrase que rajouta son père sur le fait qu'on ne refusait pas un bisou la fit le regarder un instant pour lui sourire. Le calme de l'enfant fit alors que Colleen exécuta sa promesse, faisant un bisou sur la joue de celui-ci après avoir dit "- Tu as rempli ta part du marché, alors je remplis la mienne." Ce fut quelques secondes après que le sujet arriva sur le fait implicite qu'elle aimait draguer. Le regard qu'ils échangèrent à ce moment-là pouvait dire beaucoup. Sa réponse la fit rire. "- Oui, bon d'accord, à part les pères mariés et bien rangés. Mais sinon, je pense pouvoir dire que j'ai la côte. Ils sont plus faciles à amadouer que leurs enfants, je me trompe ?" Ce n'était pas facile à deviner que sa véritable question était : je suis assez plaisante pour les hommes, non ? Après tout, le jeune homme était pas mal. Quoi, je me répète ? Encore tant pis. Quelques secondes après, elle entendit un nouveau maman qui résonnait de la bouche du petit, alors elle se tourna vers l'enfant alors que juste avant, son regard était tourné vers le père. "- Je ne suis pas ta maman tu sais ! Je ne sais même pas ton prénom d'ailleurs, tu t'appelles comment ?" Elle ne se doutait pas que c'était LA question piège.

Septime n'avait jamais souhaité, ni même espéré une progéniture. Il avait d'ailleurs toujours eût du mal à comprendre les familles qui s'évertuaient à obtenir un enfant, qui pour le brun ne représentait qu'une intarissable source de problèmes. Pourquoi vouloir un enfant ? Mis à part lorsque la vie de couple devenait trop plate, et sans rebondissements. Pourquoi se priver d'amusements, de soirées pour changer des couches, aider pour les devoirs, avoir peur à chaque fois que votre enfant s'éloigne de quelques mètres de vous ? Totalement incompréhensible, de plus la plupart des enfants étaient turbulents, criaient et pleuraient sans cesse, vous achevant le moral. C'est mignon un bébé, certes, mais uniquement lorsqu'il dort, et encore... En bref, Septime estimait qu'un enfant vers 20 ans était trop jeune, il ne se savait pas près. Tout simplement, il n'avait pas même nommé son fils. Pas de prénom, pas d'appellation. Un gosse sans nom, sans mère. Quelle classe. Après tout, il ne souhaitait pas faire fausse route, lui donner un prénom qui lui vaudrait des railleries. Lui même n'était pas satisfait de son prénom, trop original. Mais en même temps, il n'aurait pas voulu avoir un prénom trop commun, Alexandre, Pierre, Matthieu. D'un côté, il savait que son père avait aidé à choisir le prénom, première source de son dégout. Il ne souhaitait pas garder la moindre trace de lui, de sa présence, de son lien de parenté. Non. Malgré tout, il ne souhaitait pas que Sansnom éprouve une même haine pour lui. Il avait peur de faire un mauvais pas, de se fourvoyer sur quelque chose, et il était seul maître de ses choix, il n'avait pas de « femme » pour le contredire dans ses choix, le conseiller où même approuver son idée vis à vis de leur fils. Personne, il était seule face à la difficulté. Devait-il donner le gamin à quelqu'un ayant plus de moyens que lui ? Devait-il lui donner un prénom, et lequel ? Septime doutait, toujours et encore. La seule habitation qu'il pouvait lui offrir était une simple voiture, tandis qu'il préférait dépenser son argent en boisson, en hôtel pour lui et une fille qui l'aiderait à s'amuser. Il avait tout de même réussit à lui trouver une Nounou, même si la première chose qui l'avait intéressé n'était pas la garde de son fils. En bref, il s'en voulait continuellement de placer son fils en second choix, alors qu'il devrait être la chose la plus importante, même si ses remords ne changeaient rien à ses agissements. Et même dans l'instant présent, il ne songeait pas à son fils qui étaient pourtant la première cause de leur rencontre, mais il pensait plutôt à la belle blonde qui lui faisait face, et à ses sous-entendus qu'elle plaçait intentionnellement dans ses phrases en le confortant dans son idée qu'elle était totalement son genre. L'enfant s'était peut-être déjà évaporé, même s'il sentait toujours la pression exercée contre son genou, ça ne changerait rien aux regards qu'ils échangeaient. « Tu as rempli ta part du marché, alors je remplis la mienne. » Septime soupire en l'observant déposer un baiser sur la joue rebondie et mouillée de larme de son fils, tandis que celui-là échappait un large sourire béat. Septime avait beau être légèrement troublé par les évènements précédents, il savait toujours dénicher les sous entendus, et il avait bien vite compris qu'elle adorait draguer. Tant mieux, il n'avait probablement se plaindre. D'habitude, c'était lui qui jouait le jeu du charme, mais apparemment le courant était rapidement passé entres eux, et il la laissait agir comme bon lui semblait, n'empêchant pas des regards compréhensifs. Immédiatement, son fils lui était sorti de l'esprit, tandis qu'il reportait son regard sur son interlocutrice, sans abandonner ce sourire en coin. « Oui, bon d'accord, à part les pères mariés et bien rangés. Mais sinon, je pense pouvoir dire que j'ai la côte. Ils sont plus faciles à amadouer que leurs enfants, je me trompe ? » Il n'y avait pas confusion possible, Septime avait bien compris le message. Malgré tout, il hésitait à passer directement aux compliments, d'autant plus qu'il ne trouvait pas vraiment tout ceci très nécessaire, voire pas du tout. Sans répondre il haussa les épaules en se rapprochant d'elle, détaillant d'autant plus son visage, sans laisser glisser ses yeux un peu plus bas de manière peu discrète. S'il avait bien réussit à la comprendre, il savait qu'elle prendrait ce regard indiscret comme un compliment, tout du moins il pensait. Après tout, il ne lui parlait que depuis quelques minutes, et elle devait probablement avoir d'autres facettes. « Peut être, il ne tient qu'à vous de me le prouver... » Il esquissa un nouveau sourire, persuadé qu'elle aurait parfaitement compris le message. En même temps, Septime n'aurait probablement pas engagé la discussion de cette même manière avec une personne totalement différente, et par dessus tout, désagréable à regarder. Le brun préférait de loin bien s'entourer. Brusquement, mini Septime lâcha la jambe de son père en fichant ses yeux dans ceux de la blonde, un nouveau 'Maman' s'échappant de ses lèvres. Septime soupira, excédé par ce stupide comportement. « Je ne suis pas ta maman tu sais ! Je ne sais même pas ton prénom d'ailleurs, tu t'appelles comment ? » Oh, merde. Septime se mordilla la lèvre inférieure, brouillé par les solutions qui se présentaient à son esprit. Comment dire. ' Mon fils n'a pas de prénom, amusant non ? ' Non, il ne pouvait décemment pas paraître aussi négligé vis à vis de son fils. Mais il ne pouvait non plus lui mentir, et lui inventer un prénom de dernière minute. Quoique, il pouvait quand même mentir, mais à moitié. « Il s'appelle, euhm. En faite je n'aime pas son prénom, il me rappelle trop sa mère. » Septime afficha un petit sourire faussement gêné avant de caresser doucement la tête de son fils, pressant légèrement ses doigts contre les tempes de celui-ci. Il faudrait bien qu'il le nomme, la situation devenait urgente.

Le temps passait et ne cessait d'avancer. Le futur devenait chaque jour un présent dont on décidait les traits. Colleen avait choisi depuis bien longtemps la légèreté et la simplicité dans ses choix. Elle avait fait le maximum pour esquiver les responsabilités superflues, telles que les enfants ou l'amour, et elle ne comptait pas changer ce choix-là. La simplicité d'une rencontre, le lien qui peut se créer en quelques minutes, avant de se défaire quelques jours maximum plus tard, oubliant ainsi les comment d'un futur si incertain. Quand elle pensait au futur, la seule valeur qui la raccrochait à un bonheur possible était la richesse qu'elle rêvait d'avoir. Elle ne voulait pas démordre de cette idée de réussir à s'enrichir, jusqu'à avoir son propre bar d'ici quelques années. Elle n'avait pas peur de faire son maximum d'ici là. Et elle avait passé sa nuit au bar où elle n'était qu'employée pour avoir de quoi vivre et faire du shopping pour le moment. Un sourire assez satisfait était incrusté sur son visage avant de passer à l'étonnement quand le petit lui avait sauté dessus, littéralement. La bonne soirée qu'elle avait passé l'avait fait devenir assez tendre avec l'enfant qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Bon ok, c'était aussi pour avoir une possibilité avec le père. Ok, ok, pas "aussi" mais surtout pour avoir une possibilité avec le père. Bien qu'appréciée de l'enfant, Colleen espérait surtout marquer des points auprès de son jeune père, tandis qu'elle l'aidait à faire calmer l'enfant en lui donnant un bisou. Le rapprochement qu'ils eurent et les regards qu'ils échangeaient ne laissait aucun doute se faufiler au milieu, ils se draguaient. Seul l'enfant ne devait pas comprendre, mais c'est assez normal à son âge. Colleen avait compris que le père n'avait absolument rien contre cette situation, bien au contraire, et elle était plutôt ravie de comment semblait se faire les choses. Au début, Colleen se disait que se faire sauter dessus par un enfant n'était pas aussi agréable que se faire sauter dessus par un adulte, mais en fait, ça finissait par mener au même, à son plus grand bonheur. La phrase que prononça le jeune homme fit transformé son sourire tendre dirigé vers l'enfant en un sourire en coin pleins de sous-entendus envers le père. Puis l'enfant se remit à appeler notre blonde internationale Maman, ce à quoi elle répondit gentiment, lui demandant également son prénom. La réponse fut donnée par son père, et semblait bizarre, mais n'alerta pas Colleen qui comprit. Elle hocha la tête doucement avec un petit sourire compatissant, avant de dire. "- Ah d'accord. Au fait, moi c'est Colleen." Un petit air aguicheur s'était glissé sur ses traits lors de cette phrase. Elle ne perdait jamais le nord quand il s'agissait de draguer. Elle regarda à nouveau l'enfant devant lequel elle était agenouillée, et elle lui dit dans un grand sourire "- Tu m'as l'air assez sage comme enfant, c'est une bonne chose. Tu vas à l'école ?" Il fallait toujours faire style de s'intéresser à tout quand il y avait une chose en particulier que l'on voulait avoir. Ne pas trop montrer le choix, pour ne pas faire de jaloux aussi.

La journée commençait plutôt bien, mis à part le petit incident qu'avait causé son fils. Enfin, commençait, pas tellement. Il lui arrivait parfois de prendre son fils avec lui, mais simplement par manque d'autre solutions, mais apparemment sa tête blonde semblait lui être plutôt de bonne aide pour bien terminer la journée, en bonne compagnie. Lui qui semblait s'être accablé de sentiments inutiles et de remords, il avait simplement tiré un trait sur les quelques résolutions qu'il s'était donné, et merde pour le gosse. Il ne pouvait pas la repousser simplement par principe « familial », surtout si elle lui plaisait, ce qui en général était plutôt rare. De plus, elle semblait tout de même s'occuper légèrement de l'enfant, histoire de ne pas totalement le mettre sur la touche, même si Septime savait que ce serait bien plus simple sans lui, tentant toujours de reporter l'attention sur lui. Si seulement il pouvait le laisser tout seul dans la voiture, mais non, tout de même pas. C'était bien trop irresponsable, et il souhaitait garder la garde de son fils. Au pire, il trouvait bien une sollution, sans pour autant le laisser seul. Septime ne comptait pas la laisser partir, dans tout les cas. Il avait tout de même besoin de se changer un peu les idées, légèrement excédé de la nuit blanche qu'il avait passée à sillonner les rues de Montsimpa en tentant de faire dormir son fils, qui ne semblait pas résolu à fermer l’œil. Bien évidemment, il avait dut enfiler la casquette de livreur dès que Sansnom s'était endormi, en bref il n'avait pas vraiment eut le temps de se reposer. Il n'était pas pour autant fatigué, simplement plus nerveux et tendu que la normale, et rien que de voir les sourires pleins de sous-entendus que lui lançait la belle blonde le faisait se sentir mieux. Septime fût assez pris au dépourvu par sa question, ne sachant trop comment répondre convenablement. Mentir ? Raconter la vérité ? Déformer la vérité ? Parfait, le choix semblait le plus judicieux. Prétextant un simple problème de souvenirs plus que foireux, il fut assez rassuré en voyant qu'elle n'en demandait pas plus. Il avait bien l'occasion de lui trouver de nombreux pseudonymes, tous plus affectueux les uns que les autres, bien sûr. « Ah d'accord. Au fait, moi c'est Colleen. » Septime répondit au sourire aguicheur qu'elle lui avait directement offert, ne perdant apparemment pas le nord. Malgré tout, il ne comptait pas s'en plaindre. Au contraire, il n'avait même plus à craindre de tomber sur une coincée, dont il ne pourrait pas tirer profil. « Septime. Enchanté. » Lui offrant un nouveau sourire, il saisit la main de Colleen, pour venir déposer ses lèvres contre, la lachant aussitôt. Les yeux rivés dans les siens, le brun déglutit légèrement, l'observant toujours avec autant d'intensité, ignorant le reste, jusqu'à son fils ne sachant trop que faire. Brusquement, elle rompit le contact en s'agenouillant pour reporter son attention sur l'enfant qui paraissait légèrement décontenancé. « Tu m'as l'air assez sage comme enfant, c'est une bonne chose. Tu vas à l'école ? » Sage ? Probablement pas, voire absolument pas. Ce gosse lui pourrissait littéralement la vie, sans lui il aurait simplement trouvé un endroit plus " agréable " pour poursuivre avec Colleen. Exactement comme il aurait terminé la soirée en si bonne compagnie. Mais non, il fallait forcément qu'il soit là, qu'il l'empêche d'agir comme il le souhaitait. Observer ainsi la blonde sans pouvoir rien faire était plus que frustrant, et il savait que ce sentiment était probablement réciproque. Pourtant, toutes ses pensées s'embrouillèrent à la suite de sa question. Elle était adressée au bambin, mais Septime savait pertinemment qu'il était de son devoir d'y apporter une réponse. Mais, encore une fois, quelles réponses se présentaient à lui ? Merde, une fois de plus le doute envahit sa tête. L'école ? Le brun n'avait pas même une seule fois songé à l'y envoyer, et dans tout les cas, il n'avait pas les moyens, pas le temps. Et rien que la pensée d'être séparé constamment de lui faisait naître en lui un sentiment d'affolement. Non, il ne voulait pas qu'il s'éloigne autant de lui, il ne souhaitait pas le perdre. Se forçant à sourire, il secoua la tête négativement. Il n'avait pas de raisons à offrir, pas qui puisse sembler coïncider sans qu'elle soupçonne le pétrin dans lequel était Septime. Cherchant une contenance il détourna la tête un instant. « Non, je préfère le garder avec moi. Et puis, il n'a pas non plus de prénom, je n'ai aucune idée. » Surpris par une telle franchise de sa part, il lâcha un soupir, cherchant un moyen de rattraper de corriger ses dires. Que penserait-elle de lui ? Elle ne devait probablement pas y porter trop attention, voir pas du tout. Se rapprochant doucement d'elle, il se remit à l'observer avec un regard appuyé, sentant presque son souffle contre son visage. « Mais quelle importance, au fond ? »

La définition d'une vie commence toujours par son enfance. On la dénigre souvent, on la pense inutile et faite uniquement d'innocence, mais chaque jour passé de l'enfance a une incidence sur la manière d'être de l'adulte. On oublie souvent cet aspect-là. On ne voit dans l'enfance que des souvenirs, alors que c'est la période même de l'influence, du détail qui peut tout changer. Rendre bon ou mauvais. Timide ou caché derrière un bouclier. On oublie toujours cela. On se croit invincible parce qu'on est adultes, parce que l'enfance ne devient que de vagues traits dont on tente de se souvenir pour se donner genre d'avoir aimé chacun de ses moments. L'enfance est peut-être la fragilité avant même d'être l'innocence. On aimerait pleurer pour aussi peu qu'un enfant, mais en fait, pleurer pour si peu serait ne voir dans chaque moment de bonheur que la petite nuance de douleur cachée derrière. Il faut avancer vers l'âge adulte, se donner les moyens de sourire. Colleen avait trouvé cela dans le monde de la nuit. Chaque jour, elle se laissait emporter dans son monde qu'on croyait souvent dévastateur, mais qui ne l'était pas quand on savait flirter avec les limites. Découvrir l'inconnu, savoir l'approcher sans craindre que ce soit lui qui ne vienne modifier votre réalité était sa manière de vivre. Elle draguait, elle n'avait pas peur de le dire, et le faisait même avec ce père de famille, dont elle finit par savoir le prénom. Elle le laissa baiser sa main tel un gentleman et lui fit un sourire en coin. Elle n'avait parfois pas besoin de sexe pour se sentir bien. Je veux dire, le simple fait de draguer et de sentir que l'autre apprécie cela lui donnait la sensation d'être belle, ce qu'elle savait être et dont elle aimait profiter. Elle laissait donc son attention se tourner entre Septime, le père sexy, et son fils. Après tout, il ne fallait pas pour autant oublier le petit, même si, okay, elle préférait largement son père et toutes les possibilités qu'ils auraient eu s'ils avaient été seuls. Elle écouta les dires du jeune homme sur le fait qu'il gardait l'enfant avec lui et qu'il n'avait pas de nom, elle hocha simplement la tête. "- Je comprends. Ca doit pas être facile de devoir trouver un nom qui puisse aller à un enfant jusqu'à la fin de sa vie. Vous avez quelques idées ? Et pour l'école, ce n'est pas trop dur de devoir vous occupez de votre fils toute la journée ?" Face aux responsabilités, elle comprenait la difficulté que rencontrait le jeune homme. Elle se savait elle-même incapable de faire face à tout cela, et c'est pour cela qu'elle se protégeait toujours au max d'ailleurs. Elle n'était pas pour autant compatissante envers cet homme, elle détestait la compassion. Elle le trouvait juste courageux et rajoutait cet adjectif à la liste de points positifs que possédait le jeune homme.

« Je comprends. Ça doit pas être facile de devoir trouver un nom qui puisse aller à un enfant jusqu'à la fin de sa vie. Vous avez quelques idées ? Et pour l'école, ce n'est pas trop dur de devoir vous occupez de votre fils toute la journée ? » Septime haussa les épaules. Effectivement, il n'avait pas le moins du monde envie de faire une erreur pour son prénom, qu'il estimait être plutôt important. Disons qu'il était persuadé qu'un Claude vivrait moins longtemps qu'un Logan, par exemple. Enfin, il ne s'agissait que d'une supposition, il n'avait jamais connu de Claude, ni de Logan, il supposait simplement. Il avait lui-même trois prénoms, il avait plus que l'embarras du choix, même s'il était réticent à porter des prénoms si peu répandus. Pacôme, Septime, Aydin. Il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà fait la connaissance d'une personne portant l'un de ces prénoms. Et tant mieux, de toutes manières les gens ne s'en rappelaient pas en général, où le déformait. Chose dont il avait horreur, forcément. Sextime, sixtine. Quelle horreur. En bref, il ne tenait absolument pas à infliger ce genre de choses à son fils, déjà qu'il rendait sa vie bien plus dure ainsi. Avait-il une idée pour son prénom ? Non, pas vraiment. Il ne savait même pas si l'enfant le retiendrait, étant donné son âge déjà bien avancé. Sansnom, quel magnifique prénom, tout de même. En même temps, quelle piste suivre ? Il n'avait aucune idée, il lui fallait probablement de l'aide. Même s'il était légèrement suspicieux, sachant bien qu'il devait lui trouver un prénom. Mais lequel ? « J'avais pensé à Kinder. » Septime sourit, échappant un rire. Non, il n'avait pas d'idées, elle devait probablement l'avoir compris, après tout. « Pour l'école ? Non, je le supporte, à force. » Dans tous les cas, il ne pouvait pas l'y mettre. Il ne pouvait pas payer les fournitures, la cantine, et il ne pouvait se résoudre à l'abandonner toute une journée. Il était tellement proche de lui, c'en devenait presque étrange. Septime savait qu'il était égoïste à l'empêcher de vivre normalement, à défaut de le garder toujours avec lui. Mais comment deviendrait-il, plus tard ? Comment pourrait-il se débrouiller sans la moindre éducation solide ? Il était obligé de l'envoyer à l'école, mais il n'en avait pas les moyens. Dire que parler de ses problèmes à une personne qu'il ne connaissait pratiquement lui paraissait légèrement étrange. Et il ne pouvait pas vraiment faire plus « ample connaissance », avec le gosse dans les parages. Chienne de vie. Dans tous les cas, il ne comptait pas la laisser partir comme ça, sans par exemple prendre son numéro. Ce serait stupide, après tout, pourquoi ne pas en profiter ?

Spoiler:

Il y a des apparences qui sont trompeuses. Des gens dont on pense deviner la vie et la façon d'être. Et qui sont l'inverse. Si elle avait rencontré Septime seul, Colleen ne l'aurait certainement pas deviner père peu sûr de lui, mais plutôt beau gosse uniquement dragueur. Ce pouvait être intéressant, même si à ce moment-là, elle aurait aimé uniquement connaître son côté dragueur. Mais pourtant, pour une fois, la présence d'un enfant ne la dérangeait pas complètement. Peut-être parce qu'il avait été flatteur en sautant sur elle et l'appelant maman. On sait tous ce que représente une mère pour un enfant. Septime était vraiment différent. Il avait l'air sûr de lui quand il draguait, mais quand il s'agissait de son fils, cela semblait tout autre chose. C'était presque touchant. Bon, okay, ça avait pas mal aider Septime pour plaire à notre jeune blonde qu'est Colleen. Elle avait presque envie d'essayer de lui donner de l'assurance. Le consoler. Lui faire passer un bon moment. Elle ne perdait jamais le nord en fait. Quand il proposa le prénom Kinder, elle sourit et dit, amusée, cette blague "- J'avoue qu'il donne envie de le croquer, mais vu qu'il n'est pas le seul de la famille dans ce cas, ça pourrait porter à confusion." Tiens, ça avait manqué ce genre d'allusions pour le draguer un peu plus. Elle n'était pas prête de changer, vraiment pas. Elle continuerait certainement jusque la fin de la conversation. Son regard tourné vers lui faisant encore davantage comprendre son côté dragueur. Elle souriait grandement, passant un bon moment, malgré la présence enfantine qui changeait beaucoup la donne. Elle savait parler aux hommes, elle savait les attirer, mais elle n'avait vraiment pas l'habitude d'avoir à faire à un enfant entre elle et l'homme. Ce n'était qu'un obstacle de plus qu'elle tenterait de franchir. Elle écouta sa phrase pour l'école, et elle sourit à nouveau. "- Vous avez bien du courage alors ! Moi ça aurait été l'inverse, je pense qu'à force j'aurais de moins en moins supporter. Vous ne devez pas voir grand monde j'imagine." Alors qu'elle regardait l'enfant avec un sourire, elle se rapprochait délicatement pour encore mieux aguicher le jeune homme. Il pourrait peut-être avoir un ami pour garder son fils, ou elle ne savait quoi. Elle changeait de regard d'un instant à l'autre, selon si elle regardait l'enfant, avec tendresse, ou le père, avec intensité. L'enfant semblait être bien plus calme qu'au début, quand il lui avait sauté dessus, et ça l'arrangeait vu qu'elle pouvait parler à Septime en toute tranquillité, pouvant échanger un peu avec lui et apprendre à connaître celui avec qui elle semblait avoir une possibilité. Elle était désormais plus proche physiquement de Septime que de Sansnom, et elle espérait qu'il comprenait bien le message, bien qu'il semblait l'avoir compris depuis le début. L'enfant la regardait et elle lui sourit donc. On aurait dit qu'il voulait savoir qui elle était, la détaillant d'un regard tout innocent qui la fit sourire de plus en plus.

Septime avait plutôt rarement eût l’occasion de rencontrer une personne dans la rue grâce à son fils. D’autant plus si celui-ci l’avait premièrement confondu avec sa probable mère. Mais le brun ignorait toujours le pourquoi de cette confusion, après tout il n’avait eut que quelques occasions de voir sa mère, probablement trois, voir quatre fois. Mais ces moments semblaient si loin, et en même temps si proches. Mais Septime devait bien avouer qu’il subsistait une ressemblance entre les deux femmes, bien qu’il doive se forcer pour se remémorer le visage de la mère de Sansnom. Ce même visage qu’il avait tenté d’oublier, et voilà qu’il tentait d’en revoir les moindres détails. Rien que le fait qu’elle soit blonde était en soin un point assez important, l’une des choses dont il se souvenait sans problèmes. Et son visage, sa bouche peut-être. Puis qu’effectivement, il s’agissait d’une des seules choses sur laquelle il pouvait se baser, son visage. Il ne savait rien d’elle, de sa vie. Et disons qu’il n’avait pas une vue totale de son corps, bien qu’il ne se ferait pas prier pour le voir entièrement. Mais est-ce que cette ressemblance stoppait Septime ? Rien que le fait de lui parler de son fils, de lui semblait étrange. Après tout, ce ne serait certainement pas la première chose qu’il ferrait s’il retombait sur elle. Lui parler de l’enfant qu’elle avait lâchement abandonné à Septime. Peut-être en avait-elle eut un autre, plusieurs même, avec un homme avec qui elle avait désiré avoir une famille, peut-être qu’elle ne se rappelait même plus du brun. Elle était peut-être morte, mais Septime s’en contre fichait, il ne voulait plus rien savoir à son sujet, il l’avait rayé de sa vie comme elle l’avait fait. Et c’était bien mieux ainsi. « - J'avoue qu'il donne envie de le croquer, mais vu qu'il n'est pas le seul de la famille dans ce cas, ça pourrait porter à confusion. » Et décidément, cette Colleen lui plaisait de plus en plus, rien que par sa manière plus où moins subtile de le draguer. Après tout, il ne pouvait pas nier que ce genre de discussion avec une si charmante personne n’était pas la pire des choses qui pouvait lui arriver. Ce n’était pas non plus le mieux, et Septime savait parfaitement qu’il ne se serait pas contenté de la charmer par le biais de ses paroles si son fils n’avait pas été là. Ils seraient probablement déjà chez l’un où chez l’autre, mais certainement pas ici à discuter calmement. Et Septime en était bien conscient, faisant grandir l’envie de déposer son fils quelque part pour conclure plus rapidement. Malheureusement, ce n’était ni raisonnable, si réalisable. Il ne pouvait pas laisser son fils livré à lui même tandis qu’il prenait du bon temps. Ce serait bien trop simple, forcément. Il pouvait toujours demander de l’aide à quelqu’un, mais le soucis restait le même, il ne pouvait pas se débarrasser ainsi de lui. Après tout, peut-être que l’école faciliterait les choses. Pourquoi mettre son enfant à l’école ? Pour pouvoir pécho tranquillement, bien sûr. Non, il était certes irresponsable et faisait en général passer les filles avant quelques instants avec son fils, il ne pouvait pas décemment lui faire ceci. Quand il serait plus grand, pour se débrouiller tout seul et s’occuper lui même, tout serait plus simple. Mais à l’instant, le problème restait le même. Il ne pouvait pas laisser son fils seul, mais il ne pouvait pas non plus la laisser partir comme ça. « - C’est de famille, apparemment. Ce n’est pas pour rien qu’il vous a pris pour sa mère, je suppose. » Le brun lui offrit un nouveau sourire, l’observant toujours avec cette même intensité. Elle n’était certainement pas stupide. Forcément, tout le monde sait que les blondes ne sont jamais stupides –n’est-ce pas ?-. Septime devait s’estimer plutôt heureux, il n’était pas tombé sur n’importe qui, et Colleen se révélait de plus en plus intéressante à mesure qu’il commençait à un peu mieux la connaître. De la toucher, aussi. Mais pour l'instant, il ne pouvait pas vraiment, disons que l'endroit était légèrement peu propice pour ce genre de choses. Il n’avait pas vraiment rencontré ce genre d’embûches pour passer du bon temps avec une personne. Ils trouveraient bien une solution, dans tous les cas. Il savait néanmoins déjà que le pire des cas serait de lui demander un moyen de la joindre pour s’amuser avec elle plus tard, pendant un moment où il pourrait faire garder son fils. Le soir en général, il se débrouillait avec sa baby-sitter, mais la journée restait assez complexe à passer seul, enfin seul, sans son fils. Il ne tenait jamais à garder le moindre contact, en général. Dans le plupart des cas il ne revoyait jamais la personne, et parfois ils repassaient ensemble quelques nuits, mais rien de plus. Septime estimait donc que demander son numéro à Colleen était légèrement contraire à ses principes, mais ils n’en étaient pas là. « - Vous avez bien du courage alors ! Moi ça aurait été l'inverse, je pense qu'à force j'aurais de moins en moins supporter. Vous ne devez pas voir grand monde j'imagine. » Le sujet déviait encore sur son fils, bien que Septime sache qu’il ne s’agissait que d’un prétexte comme un autre. Au fond, elle devait probablement avoir raison. Peut-être qu’il ne supportait plus son fils, et que la simple idée de paraître trop peu chaleureux avec lui l’insupportait. Après tout, quel père normal laisserait son fils ? Mais ce n’était pas vraiment un cas de figure tout à fait normal, disons qu’il n’avait personne d’autre sur qui se reposer et élever son fils. Un mère, en quelques sortes. Un simple ami ne suffisait pas vraiment à garder son fils, il ne faisait pas vraiment confiance aux gens, même à ses proches suite à ses problèmes. Il ne souhaitait pas qu’il arrive quelque chose à l’enfant, où pas par la faute de quelqu’un d’autre. Théoriquement, il voulait tout de même s’en débarrasser, sa vie serait tout de même bien moins compliquée, bien qu’il craigne de se laisser aller une fois la vie de son fils sur les épaules. Haussant les épaules, Septime afficha un air désintéressé, persuadé que son côté père inquiété ne l’intéressait pas, quoique. « - On s’y habitue. De toutes manières, je ne vois pas vraiment d’autres moyens que de le garder avec moi. » Il avait d’autres solutions, de nombreuses même. « - Non, je suis seul au monde. Vous pensez pouvoir me tenir un peu compagnie ? » Où comment dévier la conversation sans trop offrir de réponses. Septime se rapprocha à nouveau d’elle, collant presque son front contre le sien en lui murmurant à l’oreille. « - Nous pourrions faire plus ample connaissance, non ? »

Être au bon endroit au bon moment. Voir le hasard se présenter sur une seconde. Ils n'auraient pu jamais se parler, jamais se rencontrer. Mais pourtant, l'enfant lui avait sauté dessus. Il l'avait appelé maman, nécessitant une explication. Et la drague avait commencé, surpassant la présence enfantine pour restant dans la pensée qu'ils pouvaient se passer entre les deux adultes. Cependant, l'enfant changeait les choses. Ce qui aurait une approche rapide pour coucher ensemble devenait un instant où ils se cherchaient, par des regards, des mots et des attitudes, qu'ils n'auraient pas pris le temps de faire. Colleen ne devait pas chercher à attirer le jeune homme, mais à l'attirer assez pour qu'il trouve un moyen pour qu'ils ne soient plus que tous les deux. Ce n'était pas forcément chose facile, il s'agit quand même de séparer un père de son enfant en bas âge, bien que c'était pas pour la vie, seulement pour un bon moment. Après, le temps précis dépendait du jeune homme et de ses compétences, mais ils n'en étaient pas vraiment là. Ils parlaient d'ailleurs de l'enfant qu'elle venait de définir comme étant à croquer, tout comme son père. Chacune des paroles qu'ils disaient était une manière de faire un pas vers l'autre. Des petits pas sur le chemin du charme. Des grands pas pour l'humanité. Le pauvre enfant ne devait pas comprendre le sens de leurs phrases, et d'un côté, c'était tant mieux. Quand Septime lui renvoya la balle en lui disant que ce n'était pas pour rien que Sansnom, appelons-le comme ça, l'avait prise pour sa mère si le côté à croquer était de famille. Elle comprenait chacune des perches qu'il lui tendait, et lui en tendait tout autant, sans crainte d'aller trop loin. Elle choisissait ses mots avec réflexion pour ne pas faire de gaffes devant l'enfant. "- C'est peut-être juste qu'il connait vos goûts ça ou qu'il sait ce qui peut vous convenir, non ?" Une nouvelle perche, comme pour lui faire dire que oui, elle était à son goût. Pourtant, elle l'avait compris depuis quasiment le début de la conversation, mais rien ne valait mieux que de se l'entendre dire. Ce genre de mots avait toujours été une caresse qui passait par votre oreille et finissait par toucher votre égo, le vivifiant l'histoire de quelques secondes, jusqu'à finalement atteindre le miracle du désir, de l'attirance, transformant une simple phrase en un atout majeur de séduction. Cette obligation de repousser le moment où ils pourraient enfin céder à la tentation qui naissait attirait encore plus Colleen vers le jeune Septime. Elle n'avait jamais eu peur des obstacles. Elle n'y voyait que des barrières qu'il fallait savoir ouvrir pour continuer à avancer. Et elle avancerait. Coûte que coûte. Elle oserait. Que risquait-elle après tout ? De ne jamais le revoir et de le froisser ? Au pire, qu'ils couchent ensemble ou pas, elle savait très bien que cela finirait de cette manière. Tout comme les mots qu'elle employait, la jeune blonde utilisait ses yeux, tels deux diamants dont la lueur montrait les facettes, les possibilités qu'il avait avec elle. Son sourire, tel un miroir, reflétait l'image de ce qu'ils pourraient faire pendant quelques heures, sous l'air dragueur qu'elle lui donnait. "- Vous n'avez vraiment personne pour vous aider ?" Puis, elle entendit sa réponse suivante, et son sourire se fit encore plus en coin. Elle hocha silencieusement la tête, le regardant dans les yeux, le laissant s'approcher de plus en plus avec un sourire de plus en plus malicieux en réponse à ces mots avant de finir par dire, dans un souffle assez sensuel "- En effet, nous pourrions... mais nous sommes un peu trop non ?" C'était sa manière de dire qu'il faudrait ne pas avoir l'enfant avec eux pour être plus tranquilles.