Le froid me gèle davantage le coeur, les astres se foutent de ma gueule en dégorgeant leur alléchante lueur dans ce ciel dégueulasse. J'vois presque le smog se mettre au devant de la scène, au devant la lune. Saloperie de ville, tu caches bien ton jeu. T'es belle en journée, avec des beaux gens, puis tes beaux habits ensoleillés. La nuit, tu te déshabille et tu dévoiles tout des dessous festifs. Franchement, si j'suis heureux de vivre ici, c'es pendant la nuit. Généralement, ce n'sont pas les bourges qui viennent se dévergonder la nuit. A part Lita, mais c'est autre chose. Ce soir, j'ai eu la chance de croiser plusieurs riches au bon coeur, ce qui est assez rares, dans les restaurants du coin qui m'ont acheté quelques roses. Roses pourries, mais j'ai quand même gagné assez d'fric pour me faire plaisir avec mes propres moyens Puis comme d'habitude, quand je gagne un peu plus que les autres jours, je sais pas quoi en faire alors je vais tout dépenser chez Ogan. Et quelques heures après mes dépenses, le fric se transforme en vomi. Ce qui va se passer ce soir. J'entre dans la boîte comme si j'étais la plus connue des célébrités. Tout l'monde me connait parce que j'viens souvent et que je dépense beaucoup en bière, vodka, filles et autres drogues. Puis je me fait passer pour un type très riche et que j'en ai l’attitude. Je passe la porte, le regard haut et la marche décidée. Je passe entre les gens collés et mouillés sans un regard pour personne. Les filles qui ondulent seules en gueulant presque "pitié, j'ai besoin de sexe" à tout ceux/celles qui se trouvent ici m'font pitié, c'est franchement pas ça qui me fait envie. Puis le mec avec sa voix veloutée et son regard de braise au piano me dégoûte. Tout le monde ici me dégoûte, sauf le barman. Je m'assied devant lui et commande immédiatement cinq verres de Jack Dacks. J'me vante souvent que je bois vite, donc après cinq minutes, j'ai tout avalé. J'ai compris que l'ivresse ne m'aimait pas du tout, il m'en faut plus pour être complètement bourré. Je fais mine de fouiller dans ma poche pour sortir une clope, mais je ne fais que chercher des billets que je n'ai plus. J'aurai cru avoir plus d'argent que ça mais comme je suis censé être affreusement riche, il faut que j'achète plus. C'est là qu'je tombe amoureux de Lita. La fille qui dégueule du fric. Une mine d'or, d'argent, de sexe, de folie, de chaleur puis de crises. C'est une saloperie pleine d'allégresse et de désillusion, elle est difficile à gérer et tout. Mais l'argent, le sexe, les relations sociales, c'est une merveille. Je sors mon l'Iphone qu'elle m'a payé sans le vouloir et compose son numéro. Si elle est avec n'importe qui, n'importe où et qu'elle ne répond pas, je vais la chercher moi même. Elle décroche, heureusement. Bordel, Lita, viens vite chez Ogan. J'ai un truc à te montrer, tu va m'aimer encore plus. Voilà. Chose faite. Je reprends mon air dégoûté et allume la clope que j'ai en main. Qu'elle bouge son cul siliconé.

Journée de merde, j'en peux plus. J'en ai franchement marre de faire la plonge dans ce putain de restaurant. Heureusement que je fais ça que le matin, parce que sinon, c'est clair que j'aurais démissionné depuis longtemps. Et puis, comme si le fait que ce boulot soit pourri ne suffisait pas, mon patron est un sale gros pervers dégueulasse qui me matte le cul et les seins à longueur de temps comme s'il espérait que je ne le remarquerais pas. Sinistre con. De toute façon, d'ici deux semaines j'aurais fini et je trouverai autre chose, c'est pas plus mal. Alors du coup, vu que ma journée a été pourrie, j'ai décidé de me divertir un peu en fin de soirée. Sortie de la douche, je me plante devant mon placard, nue, et je fouille, jusqu'à enfin trouver quelque chose de bien à me mettre. Un jean skinny et un débardeur gris chiné qui laisse amplement entrevoir ma poitrine tout en laissant place à l'imagination feront l'affaire. J'enfile rapidement une faire de bottines noires à talons hauts et c'est parti. J'attrape rapidement mon perfecto en cuir noir avant de sortir de mon appartement que je ferme à clé. Je marche dans la rue, réfléchissant à l'endroit dans lequel je pourrais bien passer ma soirée de débauche quand je remarque qu'un homme me fixe -ou plutôt fixe mes seins- pendant que j'avance. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder de travers et de me mettre à l'insulter de vive voix. « Gros porc. ». Tiens, bien fait pour lui, il s'est tapé la honte en public, ça lui apprendra à mater les nanas. Je continue de remonter la rue, passant devant diverses boîtes de nuit, restaurants, bars, je n'arrive décidément pas à faire mon choix. Allez, au pif, je choisis boîte de nuit. Au moins, j'aurais tout avec moi, la musique, l'alcool, la drogue et le sexe. C'est parfait. Je me mets donc en route vers la boîte la plus proche quand mon htc sensation se met à sonner. Et merde. Je le sors de la poche de mon blouson et vois qu'il s'agit de Love. Putain, qu'est-ce qu'il me veut celui-là encore ? Je n'aurais jamais dû lui filer mon numéro de téléphone. « Bordel, Lita, viens vite chez Hogan. J'ai un truc à te montrer, tu vas m'aimer encore plus. ». Ok, ça, ça veut dire qu'il a besoin de fric. Quel chieur ce mec. « Putain de merde Love, tu fais chier ! Tu peux pas te débrouiller tout seul pour une fois, non ? ». J'allais continuer à lui gueuler dessus pendant encore quelques minutes quand je me rends compte qu'il a déjà raccroché. Quel enfoiré. Et sans savoir pourquoi, je me dirige vers le bar de chez Hogan. Fait chier. Je pousse alors la porte du bar et j'observe tous ces gens désespérément pitoyables que je me mets à regarder de haut. Non, vraiment, ils font pitié. Tous ces mecs quasiment au garde à vous rien qu'à la vue d'une paire de seins et toutes ces meufs habillées comme des putains -je vous jure qu'à côté, je suis habillée décemment- qui sont en chaleur et où il est écrit en gros sur leur front "c'est portes ouvertes mon coco". J'avance, la tête haute, le pas gracieux -tellement que des visages se retournent sur mon passage-, jusqu'à Love, ses cheveux blonds me font le remarquer de loin. Il est assis au comptoir, et visiblement, il n'en est pas à son premier verre, pourtant il reste assez frais, d'apparence du moins. Je m’assois et commande directement une tequila. Allez, autant bien commencer. Sans même me retourner vers l'abruti qui est assis à côté de moi, je soupire. « Qu'est-ce que tu me veux encore ? ». J'attrape sa cigarette et me mets à la fumer. Tant pis pour lui, maintenant elle est à moi.

Putain de merde Love, tu fais chier ! Tu peux pas te débrouiller tout seul pour une fois, non ? La conne, elle s'la joue mais elle va quand même venir. De toute façon, je suis sûr qu'elle culpabiliserai si elle ne fait pas ce que je lui dis une fois. Elle a juste l'attitude d'la salope, mais elle n'est pas vraiment comme ça. Je crois. Pas besoin de répondre à sa gueulante, je raccroche. Qu'elle dégage sa voix criarde de mon iphone, parce que je l'ai trop entendu gueuler. Elle gueule trop, d'ailleurs, je vais lui dire. Elle gueule trop au lit, elle gueule trop la nuit, elle gueule trop au téléphone, elle gueule trop quand elle parle, elle gueule trop sur les gens. Elle est vraiment pas parfaite, comme fille. Elle gueule bien quand même. J'ai mal au crâne, qu'elle se dépêche. Et qu'elle ai beaucoup sur elle, j'aurai surement envie de plus que l'alcool. Alors que je continue à noyau mes poumons dans le goudron, il y a léger mouvement de foule derrière. Elle a l'art d'entrer quelque part, celle-là. Je déteste tout ceux qui s'retournent quand elle passe. Ils sont cette façon dégueulasses de croire qu'ils pourront prendre une fille qui appartient à quelqu'un comme moi. Les cons. Lita, elle ferait bander un gay eunuque et aveugle. Je la déteste pour ça. Elle se pointe fièrement entre les gens avec son air de connasse sûre d'elle parce que le monde entier sais qu'elle est friquée au possible et qu'elle est sûre que son décolleté fait effet. Elle s'assied à côté et commande un verre. Je la regarde de travers quelques secondes, jusqu'à ce qu'elle recommence à gueuler. Qu'est-ce que tu me veux encore ? Elle m'arrache la clope des mains alors que je l'ai à peine entamée. Elle a assez d'argent pour s'acheter toutes les gitanes qu'elle veut, je vois pas pourquoi je devrais subir ses vols à longueur de temps. Je ne relève pas et allume immédiatement une autre cigarette. Arrête de gueuler tout le temps, bordel. Tu serais vachement mieux si t'arrêtais ça. Nan, je pense pas mais peut être que si on lui dit avec douceur, elle va se calmer. Je lui jette un sourire faux et commande un autre verre. J'avais envie d'toi. De ton fric. Puis je suis sûr que, comme d'habitude, tu n'avais rien d'autre à foutre. D'ailleurs, tu me paiera ce verre là. Ce verre que j'avale d'un coup. J'en commande un autre et lui passe. Elle a tendance à se comporter encore plus comme une pétasse quand elle est bourrée, et je préfère cette facette d'elle. Merde, je suis peut être masochiste. Nan, tout ce qui me ressemble ne peut qu'être bon, théorie réelle. De toute façon, je crois qu'il en faut beaucoup pour la bourrer. Au fait, j'aime pas comment t'es sapée aujourd'hui.

De toute façon, c'est chaque fois pareil, peu importe où je suis, peu importe quand, peu importe avec qui, peu importe ma tenue, ils bavent tous. Je vais pas dire que je vais m'en plaindre parce que je kiffe ça de voir les mecs baver en me voyant, mais bon, des fois c'est chiant quand même. Même maintenant que je suis assise, je suis certaine que si je me retournais, ils seraient en train de mater mon cul. S'ils s'imaginent qu'ils vont pouvoir me sauter, ils se foutent le doigt dans l’œil, jusqu'au coude. « Arrête de gueuler tout le temps, bordel. Tu serais vachement mieux si t'arrêtais ça. ». Je me renfrogne. De quel droit il m'envoie ça à la gueule, lui ? Il veut que je me casse ou quoi ? « Je t'emmerde. Si t'en as marre de m'entendre gueuler, va voir ailleurs. ». C'est du bluff. Je sais, et suis persuadée qu'il n'ira pas voir une autre. Pas en me laissant tomber. Premièrement parce que je suis trop bonne et qu'il n’peut pas se passer de moi et deuxièmement parce qu'il a besoin de mon fric ce con. Il me sourit, moi pas. Il me prend vraiment pour une idiote. N'empêche que même si je me retiens, son sourire angélique me fait craquer et rien que pour ça j'ai envie de lui sauter dessus. C'est chiant. « J'avais envie d'toi. De ton fric. Puis je suis sûr que, comme d'habitude, tu n'avais rien d'autre à foutre. D'ailleurs tu me paieras ce verre-là. ». Ben tiens, je l'aurais parié ! Mon fric, mon fric, il n'en a qu'après ça. J'ai envie de lui balancer que je ne suis pas un pigeon, mais bizarrement je préfère me taire sur ce point-là. Peut-être parce qu'avec son "j'avais envie d'toi" je n'ai entendu le reste de la phrase qu'à moitié. « Figure-toi que j'avais prévu quelque chose, mais ça, tu n'en as rien à foutre. ». Une fois de plus, je sais que j'ai raison. Enfin, pour le coup, n'importe quelle personne qui connaît un minimum Love peut dire qu'il se fiche royalement de ce que je peux prévoir, tant qu'il est servi. Il ne voit que dans son propre intérêt. Ça m'énerve, mais je fais la même chose, donc bon. Il me tend un verre que j'attrape et bois cul-sec. Quitte à payer l'alcool, autant en profiter ma toi. Et j'en commande un autre, encore. Je ne bois pas vraiment souvent, mais que je m'y mets, je ne m'arrête plus. « Au faut, j'aime pas comment t'es sapée aujourd'hui. ». Là, pour le coup, je ne comprends pas. Je suis habillée tout ce qu'il y a de plus simple, même si, je l'accorde, c'est aguicheur. Alors deux "solutions" s'imposent à moi : soit il n'apprécie pas que je sois habillée comme ça parce que d'autres bandent devant moi, soit il dit ça pour me foutre en rogne. Soit peut-être même les deux, avec lui ce ne serait pas étonnant. Je ne sais pas trop. Enfin, à mon avis, la deuxième est plus probable. Et le pire, c'est que ça marche. « Va te faire voir. Je n'me fringue pas pour toi. ». M'ouais, c'est sûr, pour lui je les enlève mes fringues, enfin bon .. « Si tu faisais la mendicité t'aurais plus de fric qu'avec tes roses merdiques et t'aurais pas besoin de moi. ». J'écrase la cigarette dans le cendrier face à moi et en sors une de mon propre paquet. Les siennes sont dégueulasses.