Charlie s'était levé ce matin-là avec l'envie de jouer de nouvelles chansons. Profitant de ce jour où aucun photo shoot n'était prévu, le blondinet avait décidé de se rendre à la bibliothèque pour emprunter de nouvelles partitions. Il s'était préparé rapidement et à peu près correctement. Il avait enfilé un pull bleu marine en cashemire par dessus une chemise, les manches remontées jusqu'aux coudes, un pantalon beige, style slim sans être efféminé et des tennis blanches. Ce qui était bien c'est que même s'il était parti du cocon famillial et que son père lui en voulait particulièrement, sa mère continuait à lui envoyer de l'argent en cachette. Bien sur le gentil Charlie ne refusait pas (a). Même s'il en dépensait qu'une petite partie, il continuait d'épargner pour plus tard. Et puis on dira ce qu'on voudra mais le mannequinat, ça rapporte! Enfin bref, passons ce moment d'avarice et concentrons-nous sur notre histoire, voulez-vous ? L'Anglais arriva donc à la bibliothèque dans un 4x4 rutillant, cadeau du patron.

Il poussa les portes massives de ce bâtiment qui respirait la connaissance. Il s'approcha de l'accueil et sourit à la jolie hotesse blonde. Il lui demanda s'ils avaient reçu de nouvelles partitions. Elle mit un temps à s'éxecuter, la bouche entrouverte. Bien élevé, Charlie sourit patiemment, et la jeune femme se jeta littéralement sur son clavier, se rendant compte qu'elle venait de gaffer. Elle lui indiqua ce qu'elle avait trouvé, dans quels rayons il devrait aller jeter un coup d'oeil. Il la remercia et se rendit où elle le lui avait montré. Il ouvrit quelques reccueils, parcourant rapidement les portées du regard. On pouvait parfois même le voir pianoter sur des étages des bibliothèques. Il se fichait bien qu'on l'ait vu, au moins ça lui permettait d'éviter d'emprunter des partitions sans intéret. Il en prit quelques unes sous le bras et s'aprêta à repartir à l'accueil...

Il entendit des bruits de pas frénétiques se déplacer dans les rangées de livres désertes, et il put constater que ces pas se rapprochaient de l'endroit où il était; Il se retourna alors et eut seulement le temps de voir une jeune femme tomber. Le gentleman anglais qu'il était se précipita pour l'aider à ramasser ses documents. Élevé dans la bourgeoisie londonienne, les bonnes manières que ses parents lui avaient inculquées étaient devenues des réflexes. Même s'il était parti de chez lui par rébellion, il ne souhaitait pas devenir un bad-boy pour autant, ni rester un fils à papa non plus. Il y avait bien un juste milieu, non ? Il se redressa pratiquement en même temps qu'elle et lui tendit ses livres. Elle était jolie. Bien sur, son style était différent de ce que Charlie avait l'habitude de voir, mais cela restait agréable à regarder. Il détestait tous ces gens qui rejetaient les personnes différentes. Il pouvaient passer à côté de la chance de rencontrer des personnes qui en valaient la peine. Le blond gardait ce sourire chaleureux et charmant qu'il avait l'habitude de prendre,et passa une main derrière sa nuque.

« Eh bien, ce n'est pas conseillé de marcher aussi vite avec de si jolies chaussures ! Je m'appelle Charlie et toi ? »

Bien sur, son accent anglais était audible, et il n'avait pas vraiment envie de le perdre. C'était un peu comme une fierté. Il avait constaté que la femme était plus jeune que lui, en tout cas, c'est ce qu'il pensait, alors il se permit de la tutoyer. Il posa son regard émeraude sur les personnes aux alentours, qui finirent par retourner à leurs livres, le spectacle étant terminé. Chuter en publique n'était jamais agréable, surtout lorsque vous sentez ces regards avides d'humiliation se poser sur vous.

Charlie vit que la jeune fille avait retrouvé le sourire et cela lui fit plaisir. Sourire n'était pas compliqué, seulement parfois, c'était difficile d'y arriver seul. Mais c'est toujours plus agréable de voir quelqu'un d'heureux en face de soi. Charlie avait souvent tendance à être "contaminé" par l'humeur des gens autour de lui. Pourtant, il s'efforçait de répandre la joie autour de lui, pour éviter de s'énerver contre quelqu'un qui était déjà en colère au départ.

Il regarda la jeune fille plus en détail, discrètement. Son regard azur était mis en valeur par son maquillage, les traits de son visage était fin mais gracieux, tout comme le reste de son corps. Charlie avait beau faire partie du milieu du mannequinat, il ne s'y connaissait pas trop, pourtant il se dit qu'elle pourrait faire un joli mannequin, si ça n'était pas déjà le cas. Pour lui, mannequinat n'était qu'un gagne-pain, et peut-être, qui sait, un tremplin pour qu'il puisse accéder à la carrière dont il rêve, celle de musicien.

« Je m'appelle Kalliste, enchanté et encore merci pour les livres, je devrais faire plus attention. »

« Moi de même ! Un prénom original mais joli, il te convient bien... Ne t'en fais pas pour ça, tu sais, ça arrive à tout le monde, moi le premier ! »

Il rit, et remonta machinalement une manche qui venait de glisser sur son avant bras. Il posa son regard l'espace d'une seconde sur les livres qu'elle tenait, et se demanda l'espace d'un instant ce qu'elle aimait lire. Puis il se dit qu'ils allaient finir par avoir l'air idiot à rester plantés là. L’hôtesse d'accueil passa dans les allées, et finit par trouver les deux jeunes pour leur dire de se taire. Charlie s'excusa simplement puis se retourna vers Kalliste.

« Il faudrait peut-être bouger, ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter, je crois. »

Elle n'arrêtait plus de sourire, Charlie ne faisait pas cela pour draguer, il était sincère et ne se permettrait pas de jouer avec le cœur d'une femme. Il savait ce que ça faisait d'être manipulé, il en avait souffert. Mais Charlie était plutôt du genre rancunier, et lorsqu'on le fait souffrir, il peut être très méchant, même s'il donne l'impression du contraire. Surtout que le blondinet est aussi assez têtu, il ne pardonne pas facilement. Kalliste était déjà partie, et cela sorti Charlie de ses pensées.

Il la suivit, elle et sa démarche aérienne, une impression surement accentuée par les flottements de sa jupe. Il paya ses partitions, et senti comme une once de jalousie dans le regard de l’hôtesse, ce qui eut un peu le don de l'amuser. Non pas que des filles se battant pour lui ne l'amuse, mais c'était plutôt le côté ridicule de ce comportement, bien qu'il était lui aussi d'une jalousie assez maladive. On ne peut pas être parfait non plus ! Ils finirent par sortir du bâtiment. Malgré le fait que ça soit l'hiver, il faisait beau, mais froid. Il faisait peut-être froid, mais Charlie était un véritable radiateur ambulant. Il était capable de sortir en T-shirt par des températures négatives...

« Alors ... un café ça te dit ? »

« Bien sur, j'allais le proposer. Hum, ma voiture est garée là-bas, à moins que tu n'aies la tienne... »

Il désigna [Seuls les modérateurs ont le droit de voir ce lien] garé sur le parking, marque anglaise, bien sur ! Il sourit simplement. Il n'aurait pas refusé, décevoir les autres le mettait trop souvent mal à l'aise. Et puis il avait envie d'en savoir plus sur elle. Qui sait, ils pourraient devenir amis, ou au moins se revoir. Charlie était comme cela, il ne cherchait jamais à se mettre les autres à dos, et voulait être ami avec tout le monde. Cette popularité naturelle faisait des envieux, mais Charlie estimait que tout le monde était capable de faire preuve de bonne volonté, au lieu de regarder si l'herbe est plus verte chez le voisin. Il passa naturellement une main dans les cheveux.

« Non, je suis venue à pied. »

Charlie se dit que c'était tant mieux, ils auraient la possibilité de faire connaissance en chemin. Il démarra la voiture puis manœuvra pour sortir de sa place de parking. Puis il prit la route en direction du centre ville, où se trouvaient en général, les bar et autres cafés. Les mains posées sur le volant, il conduisait tranquillement. Kalliste finit par reprendre la parole, au grand soulagement de Charlie qui trouvait que le silence commençait à se faire pesant.

« Alors ... t'es musicien ? »

Il posa son regard sur Kalliste l'espace d'une seconde, puis se concentra à nouveau sur sa route. il était musicien, oui, mais il aurait adoré en faire son métier. Pour l'instant, il n'arrivait pas à savoir comment le devenir, ou pourquoi il n'y arrivait toujours pas. Ça le titillait tous les jours, mais il essayait de ne pas en faire des tonnes. Il avait déjà un métier qui payait plutôt bien, il n'allait pas s'en plaindre non plus.

« On peut dire ça comme ça, oui, mais pour l'instant ça reste un loisir. Je joue pour moi. j'ai fais plusieurs années d'études au conservatoire de Londres, et pourtant je n'arrive toujours pas à percer dans le milieu professionnel. Pour l'instant, je travaille en tant que mannequin. Et toi, quelles-sont tes passsions ? »

Il s’intéressait toujours au passe-temps des gens, et trouvait souvent bizarre les personnes qui n'en avaient pas. Il s'arrêta, car le feu d'un carrefour était rouge. Tapotant le cuir du volant, il fixa le feu puis sourit à Kalliste. Il réfléchissait encore pour savoir où est-ce qu'ils allaient boire un verre.