" Où est ce fichu collier ? " Je m'empare d'une paire d'escarpins noirs et les enfile machinalement. Du regard je fouille ma chambre au complet. Les vêtements s'entassent dans un coin de la pièce, tandis que les cours se sont renversés sur le bureau. L'ordinateur au milieu semble poussiéreux. Les vacances sont passés par là. Pire, Jamie est passé par là. Son parfum trône encore dans la pièce, et fait ressurgir en moi les sensations qu'il m'a procurait quelques jours auparavant lorsqu'il a renversé ma silhouette sur le bureau et a dévoré ma poitrine du bout de ses lèvres. Je me souviens de l'excitation qui m'a alors envahit à cet instant là, mes seins ont durcis, mon coeur battait à grande allure, mon entrejambe se liquifiait sous ses coups de langue sur mon corps. Un bruit me tire de mes songes, une porte a claqué. La résidence est toujours très animé, c'est ce qui m'a poussé à y prendre une chambre. J'aime cette ambiance, être toujours entourée, ne jamais sombrer dans la solitude. Je ne pourrais plus y faire face. J'ouvre la boîte à bijoux sur une des étagères encombrées, et farfouille dedans, toujours à la recherche du collier noir qui s'accorde parfaitement avec la robe beige que j'ai enfilé quelques instants auparavant. Ce n'est pas la bonne boîte à bijoux. Je m'en serai rendue compte immédiatement si je n'avais pas été chamboulée par des souvenirs stupides. Maintenant il est trop tard pour reculer. Ma main en retire une magnifique bague en or dans laquelle sont incrustés deux petits diamants. Je n'ai pas besoin de la retourner pour savoir qu'au dos sont gravés deux initiales. V et D. Je la fixe sans pouvoir m'en détacher. Ma vision se trouble, une perle salée ruisselle sur ma joue, et je me souviens alors de ce jour particulier, ce jour qui a fait basculé ma vie a tout jamais. Ce jour là, j'ai grandit. Je suis passée de l'adolescence à l'âge adulte. Je n'étais qu'une enfant. Je suis devenue une femme, sa femme.

Certaines personnes sont prédestinées à se rencontrer, à s'aimer, à être unis par les liens sacrés de l'amour, et du mariage. Ce n'était pas du tout notre cas. Pour commencer, nous étions issus de milieux totalement différents. Je suis née à New York, en plein coeur de Mannathan, ma mère dépensait la fortune colossale de mon père lorsqu'elle ne posait pas en tant que mannequin pour de grandes marques. Mon père lui avait épousé la nouvelle égèrie de la marque de vêtements qu'il avait repris, sur les traces de son paternel. Ils s'aimaient profondément, tant qu'ils mirent au monde une petite fille. Je n'ai jamais manqué de quoi que ce soit, ni d'amour, ni d'argent. Mes parents malgré leurs emplois du temps chargés m'ont élevés ensemble, et ne m'ont jamais laissés m'épanouir seule. Ils m'ont dorlotés, m'ont poussés sur le chemin de la réussite. Nous vivions en Amérique, mais passions la moitié de l'Année en Europe, en France ou bien en Angleterre, terres de leur naissance. C'est ainsi que j'ai appris à parler français, que j'ai appris à jouer du piano avec ma grand mère paternelle et à cuisiner avec ma grand mère maternelle. J'étais une enfant pleine de vie, une adolescente douce, joyeuse, clairement destinée à un grand avenir. Lui venait d'un quartier mal famé de Californie. L'un de ceux où les voitures brûlent plus souvent que les gens ne font de barbecue. Il n'aimait pas autant la vie que moi, il n'avait jamais été réellement heureux, sa famille avait vécut dans la pauvreté, dans la maltraitance. Son père, violent ne se privait jamais de se venger sur sa femme, et ses trois fils. Il était écorché vif, mais sa carapace n'en dévoilait rien. Il se concentrait sur ses études, pour s'en sortir. Deux mondes différents, deux cultures, pire, deux religions se sont rencontrés lorsque nos yeux se sont vus pour la première fois. J'étais dans une période plutôt étrange. Je voulais connaître de nouvelles expériences, c'était ma première année à l'université. Le champagne était ma principale préoccupation suivie de près par la cocaïne et les hommes. Il a vu en moi un ange perdu a t-il toujours dit. Il n'était pas de ceux là, il buvait modéremment et semblait être l'homme idéal. Cultivé, doux, attentionné, tout ce qui pouvait me plaire, et surtout combler ma vie. Je n'ai eut aucun effort à renoncer à mes stupides soirées nocturnes pour lui, en quelques sortes, il m'a aidé à reprendre une vie calme, sereine. Nous avons vécus une passion forte, parfois nous vivions sur un nuage de bonheur, parfois nous nous déchirions comme jamais. J'ai ressentit durant ces mois d'amour des sentiments si opposés. Mais malgré tout, cet amour semblait indestructible. Alors nous avons voulut vivre ensemble, seulement un an après notre rencontre. Nous étions heureux. Sa famille m'aimait bien, la mienne le tolérait. Vis à vis de sa famille, pour vivre ensemble, nous devions passer devant le maire. Nous l'avons fait. Un comité restreint, juste pour officialiser tout cela au niveau de sa culture. La grande cérémonie serait pour plus tard. C'était prévu ainsi tout du moins. Les jours passaient, le bonheur de cette union se faisait ressentir, mais tout a basculé très vite. Pas assez présente, j'avais eut le malheur de garder mon cercle d'amis. Je parlais à des hommes. Je sortais seule. Je ne demandais pas la permission à chaque instant pour acheter quelque chose, dépenser mon propre argent. Je ne lui obéissais pas au doigt et à l'oeil. Au début, ce fut de grandes disputes, puis il a commencé à devenir blessant dans ses paroles, menaçant et même violent. Il venait s'excuser après ses coups, je fermais les yeux, par amour. A dix huit ans on veut y croire encore, on est pleine d'espoir. Mais les mois ont passés, ses coups sont devenus fréquents, habituels. Il ne prenait plus la peine de s'excuser. Il frappait, criait, dès que les choses n'étaient pas comme il le souhaitait, dès que je ne disais pas amen à tout. Jusqu'au jour où mes parents ont du venir me chercher à l'hôpital et où le médecin n'a plus crut en mes mensonges. Ce jour là fut le premier jour d'une longue procédure de divorce que mon père a engagé, pour ma survie a t-il dit.

Dans un geste de protection je jette la bague dans la boîte à bijoux et l'y enferme définitivement. Malgré les années qui sont passés, les souvenirs sont toujours douloureux. J'ai quitté New York à la suite de notre histoire, j'ai emménagé ici, pour y commencer ma deuxième année d'études en Littératures et je n'arrive pas à me dire que c'était une erreur. Ici, j'ai de nouveau put sortir sans avoir peur qu'il ne me retrouve. Il a très mal supporté la procédure de divorce, il n'a jamais voulut que je m'en ailles, il m'a menacé et a fait naître chez mon père une colère indescriptible qui aurait sans doute put le conduire au meurtre. Il était évident qu'il fallait que je m'en aille, définitivement. Je me laisse tomber sur le matelas et fixe le plafond. Les larmes se sont arrêtés. C'est ce qui prouve que le temps cicatrise tout, au début, je n'aurai put m'arrêter si rapidement de pleurer. Mainteant, la douleur est vive un instant puis elle passe. Une mélodie retentit, je me relève brusquement et m'empare de mon blackberry. 'Jamie' sont les quelques lettres que je peux lire sur l'écran, sous sa photo. Je décroche. " T'es où ? On devait pas s'envoyer en l'air au bord de la plage cette après midi ? " Je souris malgré moi. Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui sont si francs et pourtant, c'est auprès d'eux que je me sens le mieux. Ceux qui ne désirent pas s'attacher, ceux qui me laissent ma liberté, ceux qui ne m'effraient pas tout simplement. " J'ai changé d'avis. " Dis je tout simplement comme si cela n'avait aucune importance. "D'accord. Appelle moi quand tu veux me revoir. " Répond il simplement avant de raccrocher.