Cela ne faisait pas bien longtemps qu'Hayley avait emménagé chez sa sœur (sur un coup de tête), elle n'avait pas compté les jours, mais ça ne faisait pas un mois, ça c'était sûr, mais elle se sentait déjà bien à Montsympa. En plus, les États-Unis étaient un des pays qu'elle avait toujours rêvé de visiter, quelle chance ! Elle avait par chance sa chambre à elle chez Eviahne, qui devait certainement lui servir de chambre d'amis auparavant, qu'importe, elle ne travaillait même pas puisque de toute façon elle n'en avait pas envie et ses parents continuaient tout de même à subvenir à ses besoin financiers. Et après tout, riches comme ils étaient, ils pouvaient bien faire ça pour elle. En bref, elle menait vraiment la belle vie. Puis, en plus de tout cela, les habitants de cette ville-au-drôle-de-nom-mais-néanmoins-bien-porté étaient tous très agréables, souriants, chaleureux, ou du moins pour la plupart. En fait, elle n'avait pas encore fait de mauvaise rencontre, et ce n'était franchement pas plus mal. Après tout, qui a envie de vivre dans une ville où les gens sont désagréables, voyous, où il y a un taux de délinquance anormalement élevé ? Personne, bien sûr. Et même si elle se sentait bien ici, cela lui faisait un drôle de changement comparé à sa vie à Londres. Enfin, qu'importe après tout, maintenant qu'elle était là, il fallait bien qu'elle en profite, rien de plus. Montsympa, la voilà !

Ce jour-là, elle s'était levée plutôt tard, comme les autres jours, profitant de la matinée pour rester au lit à lambiner jusqu'à ce qu'elle ait enfin le courage d'aller prendre sa douche, car on ne change pas les bonnes habitudes, n'est-ce pas ? Onze heures trente, elle se levait enfin. Treize heures, elle était fin prête. Elle sauta le repas du midi, se disait qu'Eviahne ne l'aurait pas attendue de toute façon, et puis elle n'avait même pas faim. Elle n'avait qu'une idée en tête : sortir, rencontrer du monde, et visiter cette grande ville. Il y avait certainement des tas de choses à faire ici, et tout ce qu'elle avait vu jusqu'à présent, c'était le supermarché (sa sœur avait miraculeusement réussi à l'y traîner, de force certes, mais elle avait réussi), le marché de noël et la patinoire, soit pas grand chose sur toute l'étendue de Montsympa. Et aujourd'hui, elle s'était décidée, ce serait au tour de la plage. Oui il fait froid, oui l'eau devait être glacée, non elle ne se baignerait pas, elle voulait juste y faire un tour, et y promener. Cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas été à la plage en fait, parce qu'à Londres, il n'y en a pas (sisi, je vous jure !), alors cet endroit lui tenait vraiment à cœur. Alors elle s'était vêtue d'un pull zadig&voltaire grise chinée qu'elle portait en robe (avec un petit short noir et des collants bien sûr) ainsi que d'un perfecto diesel en cuir noir. A ses pieds, elle portait une paire de docmartens airwair noires mattes, le tout pour un style assez roc'n'roll. Elle n'avait pas prit de sac à main, juste ses clés et son BB qu'elle avait rangés dans ses poches.

Elle était descendue à pieds à la plage, puisqu'elle vivait désormais juste à côté. C'était le rêve. Autant elle la trouvait magnifique de sa fenêtre, que sur place, c'était encore mieux. Elle s'émerveillait devant une telle beauté et commença à s'approcher du bord de l'eau, comme si tout à coup, elle avait eu dix ans de moins. Heureusement pour elle, personne n'était là pour la regarder bizarrement, elle n'aurait pas supporté de moqueries. Elle s'accroupit alors, laissant ses mains effleurer les vagues qui venaient et partaient jusqu'à elle et ferma les yeux. Elle entendait plus précisément le doux son de la mer qui la calma, elle ne pensait plus à rien, elle était sereine. Jamais elle n'aurait pu deviner, ni même imaginer, que non loin derrière elle, Marlon l'observait. Il devait venir d'arriver, elle ne l'avait pas vu en venant. Qui est Marlon ? Marlon, c'était ce garçon pour lequel elle avait immédiatement craqué quand elle l'avait croisé dans les rues de Montsympa et qu'elle avait de suite abordé. Il était son premier caprice des États-Unis, elle le voulait absolument, et plus que tout. Et, comme toujours, elle avait réussi à l'avoir. Puis, entre eux il s'est tissé quelque chose d'étrange, comme un jeu, ils se sont revus quelques fois et tant dis qu'il la fait tourner en bourrique pour s'amuser, elle, lutte pour ne pas criser tout en tentant de l'obtenir, à nouveau.

La plage. Les kilomètres de sable fin et doré. La mer froide et agitée par un vent d'hiver. Les coquillages colorés. Les mouettes qui rient en chœur et volent au-dessus de nos têtes. Les vagues qui s'échouent sur le bord et s'éclatent contre les rochers dans un grand fracas. Cette odeur de sel qui s'engorge dans nos narines et nous vivifie l'esprit. Et cette impression d'être en parfaite harmonie avec la nature. Hayley aimait toutes ces choses là dans la plage. Mais elle ne l'aimait qu'en hiver, que quand il n'y avait ni touristes, ni gens qui se bousculent, ni le soleil qui tape sur la peau et nous éblouit, ni cette odeur insupportable de crème solaire ambiante, ni les mômes qui chouinent et courent dans tous les sens nous envoyant du sable dans la figure. Que la mer naturelle, sans humain pour l'enlaidir, que lorsqu'on peut l'apprécier au calme, lorsque l'on se retrouve seul avec mère Nature. Et c'était en fermant les yeux et en se vidant l'esprit que la petite blonde réussissait à apprécier cet endroit de toute beauté. Sauf que visiblement, quelqu'un semblait en avoir décidé autrement, la surprenant avec un « bouh ». Elle sursauta et tomba en avant, se rattrapant de justesse sur les mains dans le sable trempé. Génial, maintenant, elle en avait plein les doigts, super ! Quand elle se retourna pour voir de qui il s'agissait, elle vit Marlon. Bien évidemment ! Il n'y avait que lui pour faire ce genre de blague même pas marrante. « Pff, t'es con ! » et elle suivit ses paroles en le poussant en arrière. Comme ça, il avait maintenant plein de sable collant sur son t-shirt, bien fait ! Elle sourit à son tour, trouvant le retournement de situation ironique. Elle rinça ses mains dans l'eau et se releva complètement, l'observant en croisant les bras. « Alors, on profite de la vue ? ». Oui, c'était le cas, avant qu'il vienne l'embêter, mais c'était tant mieux, maintenant elle avait une encore meilleure vue. « Tout à fait ! Et quelle belle vue .. » elle lui sourit en coin et le regarda de haut en bas pour accompagner ses paroles. Le charmer, tout en finesse, le draguer sans vulgarité, c'était ça la technique d'Hayley. Faire des sous-entendus pas trop provocateurs, et montrer dès le début ce qu'elle souhaitait. Et s'il le fallait, alors elle passait la vitesse supérieure, mais c'était rare qu'elle ait besoin de le faire. Elle le voulait, et ça, ce n'était pas nouveau. En plus, elle était persuadée qu'elle l'aurait, comme à chaque fois qu'elle désirait quelque chose. A croire que jamais personne n'arrivait à lui résister avec sa petite tête d'ange et son corps de rêve. La seule personne qui ne lui cédait pas tout était sa sœur, mais ça, c'était une autre histoire. « Ferais-tu donc partie de ces garçons romantiques qui aiment les balades au bord de la mer pour te retrouver ici ? Enfin, il me semble que les balades, ça se fait à deux, pas seul .. ». Elle regarda furtivement autour d'eux, pour vérifier qu'il n'allait pas sortir une fille venue de nulle part pour la contredire, mais non, ils étaient bien seuls. Tant mieux. Donc il était vraiment venu seul. Bizarrement, Hayley ne le voyait pas du tout comme un garçon qui aimait le romantisme, même pas un qui le serait dans le fond mais préférerait le cacher. Non non, pas un romantique du tout. Mais elle se demanda alors ce qu'il pouvait bien faire là alors ? Bof, qu'importe, tant qu'il était là et qu'ils étaient seuls, elle pouvait continuer sa mission caprice, c'était tout ce qui comptait.