► je suis née dans une famille nombreuse, 3 grands frères et une grande soeur. une grande cour de récréation partout dans la maison avec des parents qui ont du mal à gérer tout ça. ► bébé prématuré, j'ai commencé par passer deux mois dans une boîte en plastique qui me nourrissait parce que personne ne pouvait toucher ce petit être encore trop fragile. ► j'avais une peluche en forme de Snoopy quand j'étais gamine, je l'ai tellement trainé partout qu'il a fini avec une patte en moins et une oreille mal en point. Mais je l'ai toujours posé sur une étagère chez moi. ► à l'école primaire, j'étais une vraie peste, règnant sur la cour avec mes amies qui avaient l'honneur d'être mes princesses. Pas de roi à l'époque parce que les garçons, ça craaaaint. ► le jour de mes dix ans, mes parents avaient amené toute la famille dans un parc d'attraction pour fêter ça. Seulement, la journée ne tourna pas bien et je perdais connaissance en plein au milieu du grand-huit que mon frère m'avait forcé à faire. ► back in the hospital, les médecins ne comprennent pas pourquoi je suis si faible, ils font des examens jusqu'à découvrir que j'ai une leucémie quelques jours plus tard. ► putain de maladie qui m'a enlevé mon adolescence, qui a détruit toute ma famille et qui a bien failli me tuer. ► J'ai onze ans quand mes parents divorcent, en ayant marre de se disputer sans cesse, de cette pression qui repose sur leurs épaules à propos de ma maladie. Ma mère part à l'autre bout du pays, laissant mon père et mes frères et soeurs seuls avec moi. ► A l'époque, j'étais froide, dépressive et surtout sans espoir. Je ne pensais pas au futur, je savais juste que je pouvais mourir du jour au lendemain. ► J'étais sans arrêt à l'hôpital, le Seattle Grace. Dr Sheperd ? Je le connais très bien, il m'a déjà opérée. Ma vie se résumait à dormir chez moi et venir faire des tests et séances à l'hôpital. ► J'ai été chauve à cause de la chimio mais je ne voulais pas que ça se sache alors je portais toutes sortes de perruques, changeant de couleur comme j'en avais envie. ► Ma famille n'était pas si présente que ça pour moi, ne sachant pas comment agir avec ma mauvaise humeur chronique. On ne parlait pas de ma maladie tout simplement. ► C'est lors d'une séance à l'hôpital que je le rencontrais pour la première fois. Lui, m'avait déjà vue mais n'avait encore jamais eu le courage de me parler. La première chose qu'il me dit fut « T'as vraiment les cheveux roses ? » ► Matthias, celui qui changea ma vie. Il était comme moi, souffrait autant mais restait positif. Il m'a redonné l'envie de vivre, me faisant sourire comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps. Il était le seul à me dire à quel point je pouvais être belle sans aucune perruque. ► Il ne fallut pas longtemps pour que je tombe amoureuse de lui et de son sourire. Pour la première fois, j'étais vraiment heureuse. Il me comprenait, savait quoi dire, qu'il ne fallait pas avoir pitié mais accepter la vérité. J'avais quatorze ans et je vivais les meilleurs moments de ma vie. ► Mon père n'approuvait pas cette histoire, il disait que je risquais de perdre plus que d'y gagner quelque chose. Mais rien n'aurait pu me faire changer d'avis. J'étais heureuse et je vivais ma vie pleinement avant de mourir. ► On parlait souvent de la mort avec Matthias. Il n'en avait pas peur car il croyait en Dieu, il était prêt à partir s'il le fallait. Et il était toujours prêt à prendre tous les risques pour des opérations et tout. ► Ce fut dans un lit d'hôpital que je passais ma première nuit avec lui. Magique tout simplement. Nous étions les mêmes, meant to be comme on dit. ► Alors que les médecins ne nous promettaient qu'une ou deux années à vivre, il faut croire que notre bonne humeur a aidé la maladie à partir loin de nous. Il avait déjà vingt-et-un ans et moi, vingt et nous étions encore là, toujours malades mais toujours vivants. ► Le 24 juin 2009, on m'annonça que mon cancer était en rémission, que je l'avais battu et qu'il avait de faibles chances de revenir. A peine sortie du bureau du médecin, j'appelais Matthias pour le lui annoncer. Aucune réponse. ► Deux jours plus tard, j'appris par sa famille qu'il était à l'hôpital, qu'il avait fait une rechute et qu'il allait mal. Moi qui croyais être enfin débarrassée des nuits dans les hôpitaux, je me retrouvais à rester une semaine à son chevet, tentant de lui remonter le moral comme il l'avait fait pour moi quelques années avant. ► le 3 juillet, j'étais avec lui quand il partit pour l'opération qui devait lui sauver la vie mais qui pouvait aussi le tuer. Il me fit jurer de continuer à vivre qu'importe la suite mais je ne voulais pas y croire. Pourtant, une heure plus tard seulement, un chirurgien m'annonça sa mort. ► S'ensuivit une longue période de dépression, de solitude. J'étais guérie et pourtant, je ne voulais plus vivre. Pourquoi avais-je survécu et pas lui ? Nous étions censés rester ensemble jusqu'au bout. De nombreuses fois, j'hésitais à sauter du pont mais chaque fois, la promesse que j'avais faite à Matthias me revenait à l'esprit. ► En décembre, je me fis faire un tatouage pour qu'il reste avec moi pour toujours. Un petit ange mignon dans le creux des reins le représentant. Je devais faire mon deuil sans pour autant l'oublier. ► Je finis par déménager un an après sa mort, quittant le peu qui me restait pour aller dans un lieu totalement inconnu. J'avais vingt-et-un ans et je débarquais dans une ville inconnue, Montsimpa. ► Je n'avais presque plus aucun contact avec ma famille, juste ma grand-mère maternelle qui m'adorait et était touchée par mon histoire qui me donne pas mal d'argent du coup. Heureusement parce que, vu que je n'ai jamais fini le lycée ou même le collège, je n'ai aucun diplôme. ► Après ma guérison miracle, mon docteur m'a dit de continuer à prendre mes médicaments pour éviter que la maladie revienne. J'ai obéi et j'ai même été trop loin. Aujourd'hui, ces médicaments sont devenus une façon d'oublier, une drogue en fait. J'en prends bien trop et pas que ça. ► Boire, fumer et m'amuser, la meilleure combinaison pour oublier cette souffrance qui me bouffe de l'intérieur. J'ai beau avoir un futur désormais, je vis au jour le jour, laissant la vie me passer devant sans m'en occuper. ► Je ne vis que pour l'espoir de ressentir quelque chose. Pas d'amour, juste du plaisir. Il est loin le temps où j'étais éperdumment amoureuse d'un fantôme, je ne ressens plus rien désormais à part de la souffrance. La seule façon d'échapper à ça, c'est la drogue, partir loin de la terre, ne plus vraiment vivre. ► On me dit souvent que trop prendre de drogue pourrait faire revenir mon cancer mais je m'en fiche. Je n'aurais pas dû survivre la première fois, j'aurais dû partir avec lui donc si le cancer doit revenir, qu'il revienne.