« ON BOIT EN L'HONNEUR DE ... DE ... ALLEZ, POUR LES ARACHIDES SALÉS PARCE QU'ILS SONT TROP BONS C'SOIR ! » Et nos verres à shooter tintèrent ensemble. J'avalai cul-sec la vodka avant de mordre dans une tranche de citron, mes yeux plissés comme une asiatique. Pour mieux faire passer la gorgée, j'attrapai une poignée d'arachides qui étaient au centre de la table et je la fourrai dans ma bouche d'un seul coup. Une fois la bouchée avalée, j'ingurgitai quelques gorgées de mon soda italien alcoolisé. Vous comprendrez donc que c'était un cercle vicieux entre les arachides et l'alcool. Et c'était comme ça depuis deux heures déjà. Lindz avait un rythme assez similaire au mien. « Attends ... Arachide, c'est féminin ou masculin ? » Mon regard se perdit alors dans le vague alors que je répétais : « Un arachide, une arachide ... » Lindz donna finalement une réponse à ma question, et je pu me concentrer de nouveau sur lui, sur moi, sur nous, sur notre soirée. J'eus un petit sourire moqueur avec des yeux espiègles. « Viens danser. » Avec lui, c'était toujours pareil. On se bourrait comme si nous n'avions pas de fond, nous avions la tête qui tournait jusqu'aux petites heures du matin, et on recommençait le lendemain. Entre tout ça, on passait souvent chez Macdonald pour satisfaire nos envies alimentaires. Ça ou bien dévaliser la seule épicerie ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la ville. Et je mangeais des cœurs de palmier en abondance. Ce soir, nous allions probablement fermer le bar, comme à notre habitude les samedi soir. Peut-être allais-je aussi le supplier d'aller lancer des œufs sur la maison des parents chiants de mes patients - des petits bouts de chou adorables. Je ne savais pas encore quels étaient nos plans pour l'après-bar. Lindz rentrait parfois chez lui et moi chez moi. Ce soir je n'avais pas vraiment envie de rentrer seule. Je ne voulais pas dire là que je voulais coucher avec lui - quoiqu'il était canon, on ne se le cachera pas - mais j'ignorais s'il pouvait être partant. Puis j'étais trop gênée pour tenter quoi que ce soit, par peur de le perdre probablement. Notre amitié était si éclatante. « Viens danser ou j'te teins en roux dans ton sommeil. » Le menaçais-je en voyant son hésitation.

Effectivement, Lindz et moi n'avions jamais eu de bonne raison pour boire. Enfin, si, nous venions souvent fêter. Mais nous célébrions autant de fois que nous ne buvions que pour le plaisir. C'était tout aussi plaisant, sinon plus. Bref, quand mon ami commanda une nouvelle tournée, je fermai les yeux un moment, la tête reposant dans une de mes mains. Putain, j'allais avoir un de ces mal de tête. Tant pis, nous serions dimanche. Pas de client. Des corvées ménagères certes, mais elles pourraient attendre la fin de l'après-midi. Je ferais le ménage tout en faisant cuire mon repas. Bref, quand Lindz répondit à ma question philosophique sur le sexe des arachides, il me proposa plutôt un synonyme. « Des cacahuètes ? » Je levai les yeux au ciel. Lindz avait le don de venir compliquer les choses sans s'en rendre compte. « Mais alors, on dit un ou une cacahuète ? Un cacahuète, une cacahuète, les deux sonnent très bien selon moi ! » Il commençait à être exaspéré par ma stupidité, c'est pourquoi le sujet ne tarda pas à tomber en poussières. J'oubliai après trente secondes cette réflexion, alors que je lui demandais de venir danser avec moi. Il hésita, mais suite à mes menaces, sa main ne tarda pas à venir se présenter à moi. Je l'attrapai en souriant, refermant mes doigts entre les siens, aux anges. Nous marchâmes jusqu'à la piste et lorsque nous fûmes au milieu de celle-ci, il se colla légèrement à moi afin de démarrer la danse. Je suivis ses pas ; il dansait plutôt bien, même en tant que meneur. Lindz se pencha à mon oreille. « J'espère que ta pause 'danse' n'est pas un plan machiavélique pour freiner mes envies de passer une trèèèès bonne soirée. » Je reculai ma tête, un sourcil haussé, l'autre froncé. « Lindz, est-ce que t'es en train de me faire des avances là ? » Demandais-je moqueusement, sournoisement. Si sa réponse était positive, alors je savais dans quel lit je terminerais ma soirée. Si c'était non, alors j'allais dire quelque chose genre "ouf" ou "heureusement" afin de ne pas perdre la face devant lui. Après tout, j'étais complètement bourrée, alors toute excuse était acceptée.