Timae & Rousvelt
Samedi après-midi,
Dans une rue peu fréquentée de Montsimpa

Rousvelt, elle se pavane. Elle est comme ça. Fraichement débarquée dans un bled qu’elle connaît pas, elle a posé ses bagages et a utilisé le fric du dernier couillon qu’elle a plumé pour se payer un appart’ plus ou moins correcte. Rousvelt, c’est le genre de fille qu’on remarque direct. Y a un truc chez elle qui attire les regards. C’est pas qu’elle est canon. Enfin, si, elle est définitivement canon, mais ça a foutrement rien avoir avec ça. Elle a ce petit quelque chose, c’est dans sa façon d’être, de bouger, de se fringuer, parfois même de parler. Elle est vulgaire, mais ça choque pas spécialement, parce c’est le genre de fille authentique. C’est pas quelque chose qui s’explique, c’est simplement là. C’est détestable. Elle est détestable. Mais elle a ce p*tain de truc, qui attire le regard, qui obsède complètement. Puis finalement, ça te retombe sur la gueule. Tu te rends compte qu’elle s’est complètement foutue de ta gueule. Mais c’est trop tard, t’es complètement accroc à elle, parce que cette fille, elle sait y faire et tu ne peux plus te la sortir de la tête. Elle est tout ce que tu détestes. Elle est comme ça. Elle joue, avec ses propres règles, elle en a rien à foutre de faire souffrir, au contraire, c’est jouissif. Combien de fois elle s’est pas tapé des potes, juste pour les voir se déchirer pour elle. Elle joue, ça fait longtemps qu’elle joue, sans jamais se bruler les ailes. Elle joue pour ne pas perdre et jusque-là, ça lui a plutôt bien réussi. Elle a beaucoup trop confiance en elle, elle a de l’assurance. Rousvelt s’adosse contre le mur. Elle toise les alentours, nonchalante. Sa langue se glisse contre ses lèvres pour les humidifier. Ses cheveux sont rejetés en arrière, ce qui n’empêche pas de voir l’hématome bleuté qui se dessine sur le haut de son front. Avec une légère plaie en prime. Ses mains se glissent dans les poches de sa veste en jeans. Elle est vêtue d’une robe verte, simple, moulante et plutôt courte, ça met ses jambes en valeur. Elle a pas besoin de talons, elle est plutôt grande et ses jambes, suffisamment longues et fines. Elle scrute les gens, sans la moindre gène, un peu sauvage et indomptable. Puis soudain, son regard s’immobilise sur un gars. Banal ? Non, plutôt canon, dans le genre torturé. C’est totalement le genre de mec sur lequel elle pourrait craquer et potentiellement utilisé. Mais lui, c’est déjà fait. Elle devrait se sentir mal à l’aise ? Peut-être, mais elle, elle est pas le genre à éprouver des regrets. Elle se contente de le toiser, alors qu’il s’approche. Il a une de ses dégaines. Ça la fait rire. Allez, Tim, tu entends ce p*tain de rire qui te hante ? Elle est là, juste à quelques pas de toi, elle te fixe avec ce regard que tu connais trop bien, et ce sourire exécrable que tu as appris à détester. Tu pourrais presque croire qu’elle t’attend, mais c’est pas le cas. C’est juste le hasard. Oui, il fait plutôt mal les choses. Enfin, ça dépend des points de vue, elle, ça l’amuse plus qu’autre chose. T’façon, elle retombera sur ses pattes, c’est ce qu’elle fait toujours. Elle attend qu’une seule chose, que tu te fasses violence, que tu laisses la rage que tu éprouves à son égard lui exploser en pleine tronche, parce qu’au fond, elle adore quand t’es comme ça, quand tu contrôles plus rien, que t’es à la limite de lui cogner dessus, que tu réponds à un instinct primitif et animal. Elle est peut-être malade, mais des comme elle, on en fait plus. Tu le sais, non ?