| Sujet: Miroir, mon beau miroir, arrête de me renvoyer mon reflet. の Allia Dim 25 Mar - 20:55 | |
| D'un coup de hanche habile, je refermais la porte de mon appartement. Mes affaires retrouvèrent leur place habituelle, alors que je me dirigeais vers la cuisine. En passant devant mon minuscule salon, je remarquais mon petit frère, Peter, avachis sur le canapé. Je retiens t'en bien que mal un sourire. Au même âge que lui, je passais tout mon temps avec papa, ou avec Clyde. Secouant la tête, j'empêchais la douleur de trop s'insinuer dans mon coeur, les larmes de monter à mes yeux et les souvenirs de venir hanter mon esprit. Après avoir rangé le peu de nourriture que j'avais acheté, je retrouvais le salon. Je me laissais tomber sur le canapé, tenant habilement un verre d'alcool dans ma main droite. Je grognais, remarquant les pieds de mon frère sur le canapé. À la maison, je lui faisais la guerre. Maman ne disait rien. Papa encore moins. Et je savais qu'il se rebellait sans cesse contre les ordres de notre belle-mère.
« Tes pieds de mon canapé ! » « T'es chiante ! » « Je suis chiante, hmm ? Je suis sûre que maman sera ravie de t'entendre jurer comme un char'tier. Et pourquoi t'es venu m'emmerder pendant tes vacances, le mioche ? » « Parce que t'es ma grande soeur préférée et que maman voulait pas que j'aille chez papa ? » « Je suis ta seule ainée, ignare. » Je bousculais mon frère cadet, ce qui le fit grogner. Mon corps fut secouer par un léger soubresaut d'amusement et un soupir rompit le silence de mon appartement. Mon regard se porta vers l'extérieur, et mes yeux fixèrent l'horizon. Tout pourrait être tellement plus simple. Peter n'était pas allé chez papa, pour la simple et bonne raison, qu'il n'était pas à New-York. Ma belle-mère m'avait appelé, complètement paniqué, alors que j'attendais mon petit frère à l'aéroport. Max n'était pas rentré à la maison de la nuit, et elle craignait une mauvaise rencontre. Je l'avais tant bien que mal rassurée, alors que ma propre peur me tordait les boyaux et faisait naître la tant redoutée nausée. Mais, je ne devais pas avoir peur. Bien qu'il s'agissait de mon père, il était tueur à gage et pouvait se débrouiller seul. Il savait se débrouiller seul.
« Bonnie ? » Je tournais la tête vers mon cadet, avalant une gorgée d'alcool. Ce dernier, blotti contre moi, releva son visage à ma hauteur et me dévisagea. Malgré nos cinq ans de différence -bien qu'à présent Peter ait dix-sept ans,- mon petit frère avait toujours eu cette capacité innée de lire en moi. Il savait, mieux que notre frères et soeurs, quand ça n'allait pas, et au contraire, quand ça allait. Il savait exactement quand je lui mentais, et quand je lui disais la vérité. Il était seul, excepté mes parents, à reconnaître un mensonge venant de moi. Je passais ma langue sur mes lèvres et tentais de contrôler le flot de larmes qui menaçait. Le fait qu'il soit là, le mettait quotidiennement en danger. Et j'avais peur. Chaque secondes qui passaient étaient un temps infime de gagné dans sa vie. Ses yeux se baignèrent de larmes, et, mes bras se resserrèrent autour de son corps. Mes propres yeux se remplissaient d'une tristesse et d'une peur trop longtemps contenu. Mon coeur battait douloureusement dans ma cage thoracique. Boum. Boum. Boum. Son visage enfouit dans mes cheveux, il murmura, des sanglots étranglant sa voix.
« Il es où, papa ? » « Je sais pas, Peter … je sais pas ... » « Il va bien, tu crois ? » « J'espère ... » Et malgré que je connaisse mon père, malgré qu'il m'ait demandé de le tuer, malgré notre relation trop ambiguë, malgré les risques qu'il courrait chaque seconde de chaque jours, j'espérais, de tout coeur, qu'il allait bien. Parce que, quoi que j'en disse, quoi qu'il fasse ou qu'il lui arrive, il restait mon papa.
[…]
L'air matinal agressa mon visage. Malgré que le mois de mars soit bien entamé, le matin était toujours un peu trop frais. Un peu trop frisquet. Mon petit frère dormait dans mon lit. Et moi, j'avais eu une insomnie. Encore. Malgré qu'on me dise d'aller consulter, que ce n'était pas normal, que je devais me faire soigner, je ne faisais rien. Je ne connaissais les maux qui me hantaient. Et j'essayais, malgré les années passées, d'en faire le deuil. De cette vie brisée. De ces vies arrachées. De ma liberté retirée. Trenton m'aura pourri jusqu'à la moelle. Et depuis, je le cherchais. Pour qu'il paie. Une fois mort, j'arrêterais. Une fois que la vie aurait quitté ses pupilles, je ne tuerais plus. Mais, je ne le cherchais pas réellement. Dégageant une mèche de devant mon regard, je remarquais une jeune femme sortir d'un immeuble. Un sourire étira mes lèvres. Quelques jours auparavant, j'avais reçu un appel de mon père. Il allait bien, mais ne rentrerait pas encore à la maison. Il m'avait juste demandé de lui chercher quelques informations et de les lui envoyer le plus possible. Et c'est en voyant le profil de la personne, que l'idée avait traversé mon esprit. Malgré que j'ai passé six mois dans la rue, j'oubliais. Et plusieurs fois, je m'étais faite repérer, lors de filatures. Alors, j'allais suivre quelqu'un, le plus discrètement possible, juste pour m'amuser. Et cette jeune femme tombait à pic. Je sautais sur mes pieds, et, enfonçant mes mains dans mes poches, je partis à sa suite, surveillant sa silhouette, cachée derrière mes lunettes de soleil.
- Spoiler:
Désolée pour le retard, et la qualité
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| Sujet: Re: Miroir, mon beau miroir, arrête de me renvoyer mon reflet. の Allia Dim 22 Avr - 17:38 | |
| Les journées étaient douces lorsque j'avais le devoir de me rendre au boulot. En réalité, ce n'était pas exactement ce qu'il représentait pour moi. C'était plus une source de relâchement, de détente. Je sais, pour la plupart des gens, le travail est une source de stress et de conflit. Néanmoins, je n'ai jamais été comme tout le monde et je ne compte pas le devenir de si tôt. J'aime me détacher de la masse, être originale. Je hais ces gens banals qui se complaisent dans une certaine norme incroyablement triste. On proclame haut et fort être tous différents mais égaux. Je ne suis pas d'accord, les gens visent à se ressembler. Je hais cela, je veux marquer ma différence face à tous ces ignares dans un monde matérialiste où seul le fric compte. Je hais ce monde, je hais les gens qui y vivent. Seuls les morts sont dignes d'attention. Au moins, ils font chier personne eux. Calme et tranquillité. C'est ce que j'aime dans mon métier. Ce qui contraste légèrement avec ma vie mouvementée et pour le moins peu commune. Sortir du boulot, c'est comme retourner à une réalité plus virulente, une réalité que je déteste et dont j'ai envie de me débarrasser chaque jour. Avec ce mioche qui me pousse dans le ventre et toujours aucune nouvelle du père coureur de jupon. Je me demande réellement dans quoi je me suis embarquée. Mon lieu de travail n'étant pas très loin de mon logement, je décidai de rentrer à pied, comme la plupart du temps d'ailleurs. Ça me permettais de prendre l'air mais surtout de ne pas devoir remplir le réservoir de ma bagnole d'essence. Super cher et complètement pas écologique. Ben ouais, je fais attention à la nature ! Enfin, ça dépend pour quoi. En arrivant dans ma rue, je m'aperçois qu'une conasse me suit de prêt. Je fais alors ni une ni deux volte-face pour la confronter et me rend compte que c'est moi. Ou plutôt mon sosie. Mes yeux s'écarquillent et les muscles de ma mâchoires se relâchent seuls. Horreur ! Du coup, aucun mot ne sortit directement de ma bouche. J'eus le souffle coupé de rage et de frustration. Des larmes commencèrent à remplir mes yeux mais rien ne coula sur mon visage. Je me ressaisi ensuite. « T'es qui pétasse ? Le clone envoyé pour prendre ma place ou juste une groupie désireuse de me ressembler ? ». Je marquai une pause, l'examinant avec dégout. « Pourquoi tu me suis l'sosie, tu veux un autographe ? ». Mon regard était glacial et si mes yeux avaient été des révolvers, elle serait déjà morte depuis longtemps.
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