Ta journée ? Une des plus horribles que tu aies jamais vécues. Tes clientes étaient tout bonnement horribles comparées à celles de d’habitude et en plus une d’entre elles t’a fait subir certaines pratiques assez étranges que tu n’aimerais jamais recommencer. En fin de soirée, tu rentres enfin chez toi, épuisé et en colère. Par chance Sucker n’est pas là, et heureusement parce que tu es bien assez énervé pour aujourd’hui. Tu vas te coucher sans même prendre la peine de manger, tout ça t’a coupé l’appétit pour le moment. Et tu t’endors sans plus attendre. Tu dors à poings fermés, comme un bébé que rien ne pourrait réveiller .. sauf, la faim. Eh oui, il fallait bien que ton estomac crie famine un beau jour. Alors tu te lèves, complètement nu, parce que c’est comme ça que tu te sens le plus à l’aise pour dormir, et, d’un pas lent et saccadé, tu te diriges vers la cuisine à la recherche de quoi que ce soit de comestible. Tu ouvres le frigo et, bingo ! tu y découvres une pastabox. Le truc parfait parce qu’en trois minutes au four à micro-ondes c’est prêt et qu’en plus c’est trop bon. Quelle technologie ! Tu vas t’installer au rebord de ta fenêtre, toujours nu, et tu manges. Dehors il fait nuit noir, la seule lumière est celle de quelques lampadaires encore en état de marche. C’est d’ailleurs grâce à eux que tu te rends compte que ta voiture n’est plus là. En furie, tu attrapes ton portable et appelle Sucker. Tu regardes l’horloge, il est trois heures du matin. Qu’elle soit seule ou avec un client, il vaudra mieux pour elle qu’elle réponde. En fait, tu es certain que c’est elle qui te l’a « empruntée », elle a dû rentrer sans faire de bruit pendant que tu dormais et te prendre les clés. Elle décroche. « Sale pute ! » « Ta gueule enfoiré, qu'est-ce que tu me veux toi ! » Cette fille te fait tourner en bourrique, tu n’en peux plus, tu ne la supportes plus. Tu l’insultes, tu la traites de tous les noms, elle ne mérite que ça de toute façon. Mais là, c’est le drame, elle met la cerise sur le gâteau : « Putain t'es né pour faire chier ! Tes hurlements n'ont eu aucun effet ta voiture est tellement une grosse merde, qu'elle vient de ce caler. Merci » Ta voiture a lâché, ouais, autant dire qu’elle l’a cassée quoi. « Putain, t’es où bordel ? » Mais avant que tu aies pu avoir ta réponse, l’appelle coupe, elle a raccroché. « Garce ! Quand je vais la retrouver elle va prendre cher ! » Mais il faut avant tout que tu réfléchisses à où elle pourrait se trouver, et comment y aller. Bon, comment y aller ? Tu penses alors à Rafaëlle, qui va certainement te pourrir de la déranger à cette heure-ci mais qui acceptera, contre un autre service, de te mener là où tu veux aller. Du moins tu l’espères. Lui demander un service revient à signer un pacte avec le diable, mais il s’agit de ta voiture qui se trouve entre les mains de l’autre tarée, alors le diable, tu l’emmerdes. Ah mais, où tu veux aller, déjà ? Premier endroit où elle pourrait se trouver qui te passe par la tête : un bar hors de la ville. Tu appelles donc immédiatement Rafaëlle « J’ai besoin que tu me rendes un service, poses pas de questions, j’te rendrai la pareille t’en fais pas. » Elle accepte, tu en es d’ailleurs très étonné. Tu n’oses même pas imaginer ce qu’elle va aller inventer pour se venger, mais soit. Elle arrive en bas de chez toi « Je te mène où ? » « Hors de la ville, passe par la route 718, ça va plus vite. » Sans broncher, elle démarre. Décidemment elle t’étonne de plus en plus. Elle a l’air sereine, tu ne veux surtout pas savoir ce qu’il se passe de tordu dans sa tête. Alors que vous roulez sur la 718 complètement déserte, elle s’arrête subitement et te regarde, un sourire machiavélique aux lèvres. « Et maintenant, tu descends. » « On n’est pas arrivés. T’es pas sérieuse là ? » « Si, j’suis sérieuse, t’as qu’à faire le reste à pieds. Et n’oublie pas, tu m’es redevable ! » Tu descends de la voiture encore plus énervé qu’avant. Mais qu’est-ce qu’elles ont toutes à te faire des crasses comme ça ? Sans avoir d’autre choix, tu continues de marcher vers la sortie de la ville. Au loin tu aperçois une voiture, à l’arrêt. Et au fur à mesure que tu avances, tu reconnais ta titine, ta pauvre opel corsa. Tu accélères le pas et tu atteins enfin le but. Tu ouvres la portière conducteur, en colère et fatigué. « Conasse ! Dégage de ma bagnole putain ! T’es conne ! »

Les gens normaux, en plein milieu de la nuit, ils dorment, baisent ou font la fête. Ils sont de bonne humeur, ou trop high et n'ont pas d'humeur réellement fixée. Les gens normaux, ils ne s'insultent pas de tous les noms pour rien. Mais tu ne fais pas partie des gens normaux. Elle non plus d'ailleurs. Et vous n'en ferez sans doute même jamais partie. En furie, tu ouvres la portière brutalement. Un peu plus et tu la sortais de ses gonds, hop plus de portière. Enfin, heureusement tu t'es un minimum retenu. Peaple sort de la voiture, claque la portière. Elle est autant énervée que toi. Il faut dire que, l'un comme l'autre, vous avez vos raisons. Face à toi, tu soutiens son regard. Une fraction de seconde plus tard tu te retrouves plaqué contre la carrosserie de ta voiture, tes burnes entre ses doigts. Mais pas de façon gentille. La garce. « J’suis peut-être une putain mais tu t’es vu dans le genre ? » Elle marque un point. Mais tu ne l'avoueras pas. Tu ne fais pas ça par plaisir contrairement à elle. Tu la chopes à la mâchoire. Jamais on n'avait pu te mettre aussi en colère qu'elle avait réussi à le faire en quelques minutes seulement. « Petit con. » Tu la relâches. Ça ne sert à rien de t'attarder sur elle, elle n'en vaut pas la peine. Immédiatement elle fait le tour et repart s'asseoir côté passager, tant dis que tu défoules tes nerfs par un bon coup de pied dans le pneu de ta voiture. Totalement inutile, mais soit. Et maintenant, vous faites comment ? Deux boulets perdus au milieu de nulle part, sans moyen de locomotion, et avec des téléphones qui vous seront inutiles puisqu'aucun service de remorquage ne sera ouvert avec le petit matin. Tout ce qu'il vous reste à faire, c'est attendre patiemment. Mais la patience, ça ne te connaît pas vraiment, pas avec elle. Et vice-versa. « PUTAIN ! » T'as besoin de faire ressortir ta rage, accentuée par la fatigue. Tu irais bien t'installer dans la voiture toi aussi, mais rien que parce qu'elle y est, tu n'iras pas. Immaturité, quand tu nous tiens. tu te sors une cigarette, jetant par la suite le paquet sur le siège conducteur et va t'installer sur le capot. Essaye de faire marcher tes méninges, tu vas bien finir par trouver une solution. Tu reprends ton calme peu à peu, et lui parle assez fort pour qu'elle t'entende : « Déjà, j'peux savoir c'que tu foutais avec ma voiture dans un coin paumé en pleine nuit, hm ? »