Je m’imaginais la bibliothécaire entrain de me sucer derrière une de ces étagères et la vision était juste affreuse ! Pour faire débander un mec, il n’y a rien de mieux. Cette femme était juste affreuse, c’est un cliché ou quoi de faire les bibliothécaires horribles ? Non c’est pas qu’un cliché, c’est juste la vérité je pense. Pour preuve, faut juste aller voir la mienne et tout le monde a compris. « Si je demande à cette femme de me tailler une pipe, toi tu peux directement aller au couvant pour demander d’y être ! » Je lui fis un large sourire taquin tout en lui tapotant le haut de son crâne en rigolant. Elle aime mon chien, non ? Bah pour la faire chier, j’me comporte avec elle parfois comme avec Wag. « Tu sais ma belle, ça fait déjà longtemps que je ne peux plus me passer de toi, c’est juste que je n’osais jamais te l’avouer tellement je suis un sensible, vois tu ? » Mon sourire restait encore sur mon visage, avec cette fille c’était impossible d’être triste. Elle était en quelque sorte mon petit rayon de soleil et rien que d’être avec elle, mes soucis s’envolèrent. D’ailleurs j’en avais presque oublié le comment du pourquoi de ma venue ici, mais elle me fit redescendre sur terre avec sa question. « Oh longue histoire, vaut mieux pas savoir parfois. Tu comptes déjà me laisser dans cet affreux endroit que je ne connais guère ? » Guère ? J’ai osé dire guère ? Bah ouais apparemment. Je m’épate parfois, mais c’est juste pour montrer mon côté mélo-dramatique et donc l’exagération de ma connerie. En la voyant déposer son livre, j’avais juste envie de la suivre et de pas aller voir ce putain de doyen. Qu’est-ce qu’il me voulait après tout ? S’il est pas content, qu’il appelle ma grand-mère et qui me vire. Car ouais, quitter Montsimpa c’est pas ça qui allait m’attrister. J’y étais juste depuis mars, oui, je m’étais attaché à des gens, mais de là à pleurer comme une merde et à qu’ils me manquent une fois revenu à NYC non. C’est peut être méchant de dire ça, mais je suis venu ici contre mon grés, donc les personnes qui y sont n’ont pas à 100% mon attention et mon affection même si parfois mes gestes ou paroles laissent à comprendre le contraire. Je les détestais pas, c’était déjà ça, mais je pouvais vivre sans eux quoi.

J’étais entourée de gosses. C’était presque comme si je réalisais mon plus grand rêve. J’aimais les enfants plus que tout, et encore plus depuis que j’avais mis au monde mon petit trésor Bonnie. Je me sentais plus que proche de ces petits êtres encore trop innocents, sans aucune idée sur la réalité de la vie. C’était probablement pour ça, que j’avais choisi ce métier. Je me replongeais en enfance, le temps d’un livre et j’avais une imagination des plus débordantes comme toujours. Impressionnant pour une jeune adulte comme moi qui sortait à peine de l’adolescence. Les parents des gamins étaient auprès d’eux, en ayant presque envie de se barrer. Pourtant, c’était eux qui racontaient les histoires ils étaient bien censés aimer non ? Bref, je me vidais la tête avant de m’installer à la table. Des multitudes de bouquins étaient posés dessus, au cas où certains n’en avaient pas. Bien évidemment, ils étaient payants mais au moins l’autographe était dedans. Je signais quelques livres avant de voir un homme, assez âgé ou du moins plus vieux que moi, gêné visiblement de se tenir devant moi. Je détestais voir les gens mal à l’aise, tout ça parce que j’étais célèbre. J’étais avant tout une personne comme les autres. Je tendais ma main naturellement pour le saluer. Une personne normale, oui. Je lui prenais l’exemplaire du livre des mains pour signer dans le bouquin : Pour Genesis, continuez à rêver, Blaine Fawkes dans un gribouilli. Je me demandais si c’était pour son enfant ou pour lui-même. Les adultes étaient rares à se présenter à ma table. Autant dire que j’étais presque étonnée de le voir devant moi. « C’est pour votre enfant ? » disais-je, en souriant. J’aurai pratiquement pu parié que c’était le contraire.

:nolan:


Soudain, ce fut comme si la dispute n’avait jamais eu lieu. Ce fut également comme si toutes ces années sans passion n’avaient pas existé. Comme s’ils avaient à nouveau vingt ans et s’aimaient au premier jour. Dès l’instant où leurs lèvres entrèrent en contact, ils furent projetés six ans plus tôt, sous les milliers de pétales de fleurs et de grains de riz qui leur tombaient dessus alors qu’ils célébraient officiellement leur union. Jude repensa à leur nuit de noces, la plus belle nuit de sa vie. Il repensa au petit déjeuner qu’ils prirent le lendemain de leur mariage, sur une plage de sable blanc, se regardant et s’embrassant bien plus qu’ils ne mangèrent. Il repensa aux bains de minuit qu’ils avaient pris pendant leur lune de miel, à la douceur de la peau de Billie sous la sienne, à la passion qui illuminait son regard à chaque fois qu’elle le regardait… Qu’était-il arrivé à tout cela ? Pourquoi vivaient-ils désormais presque en permanence comme deux étrangers qui avaient le malheur de partager une maison ? Comme un couple marié depuis vingt-cinq ans, qui se contentait d’une bise rapide avant de partir le matin au travail ? Quand au juste le feu de leur passion s’était-il éteint pour ne laisser qu’un tas de cendres routinières et sans intérêt ? Jude ne savait pas s’il voulait réellement connaître la réponse à ces questions. Car en vérité, il se savait coupable, au fond de lui, de tout le mal qui secouait le couple, ou presque. Mais pour rien au monde il ne l’envisagerait consciemment et encore moins pourrait-il l’admettre à voix haute. Alors, il se contentait de saisir les moments comme celui-ci au vol, s’émerveillant de la passion qu’ils parvenaient à raviver l’espace de quelques moments, avant de replonger de plus belle dans une relation absurde et absolument pas à la hauteur de tout ce qu’ils avaient déjà vécu. Et alors que Jude avait toujours trouvé Billie la plus belle femme du monde, aucune de ces courtes prises de conscience ne suffisaient à le faire cesser ses infidélités répétées.

Mais peu importait tout cela. Car maintenant, il s’agissait de profiter, de s’abandonner à cette ardeur qui les assaillit. Lorsque Billie lui rendit son baiser, en quémandant ensuite un nouveau, enlaçant Jude, celui-ci sut que tout était arrangé. Les baisers se firent plus ardents, leur respiration plus heurtée. D’un coup de pied, Jude envoya la porte se fermer, avant de soulever Billie sous le cuisses, picorant tantôt son cou, tantôt ses lèvres de baisers fougueux. Il les conduisit rapidement dans le salon et déposa Billie sur le large canapé, Il se laissa tirer en avant et resta collé à la jeune femme, qui refusait visiblement d’interrompre leurs baisers pendant plus de cinq secondes. D’une main habile, Jude défit le ruban qui maintenait le peignoir de Billie fermé et ouvrit celui-ci, contemplant son corps frêle et gracieux comme si c’était la première fois qu’il la voyait réellement. Picorant chaque centimètre carré de sa peau de baisers, Julian sentit la jeune femme lui retirer chemise et pantalon. Jude n’interrompit leurs gestes qu’à un moment, souriant avec tendresse à Billie, et lui murmura d’une voix rauque : « Je t’aime. »

Il se réveilla alors qu’à travers la fenêtre, le soleil trônait tout en haut du ciel, témoignant de l’heure déjà bien avancée. Il sentit le corps nu de Billie contre le sien et l’étreignit un peu plus fort du bras qui lui avait entouré la taille pendant toute la nuit. La tête encore endormie de la jeune femme était nichée dans le creux du cou de Jude, qui parsema ses cheveux et son visages de légers baisers, veillant à ne pas la réveiller. Des moments de tendresse, ils en connaissaient encore régulièrement, et heureusement, car ils restaient un couple. Mais des moments comme celui-ci, en revanche, étaient bien plus rares. Des moments de sérénité, de plaisir et de bonheur authentiques, où Julian avait l’impression qu’il ne voulait jamais partir. Il se sentait alors enfin chez lui, auprès d’elle, comme au premier jour, alors qu’aujourd’hui, il ne restait plus grand-chose de leur amour d’alors. Julian ne savait toujours pas ce qui l’avait plongé dans cet état d’esprit. Mais pour l’instant, tout ce qui comptait, c’était l’ange endormi qui se reposait dans ses bras.

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