Après les nombreux orages et tempêtes qui ont secoués Montsimpa récemment, beaucoup de lieux ont été inondés, il fallait s’y attendre. Et bien sûr, il a fallu que ma maison en fasse partie. En temps normal, ça m’aurait rendu de mauvaise humeur, j’aurais pesté contre tout le monde juste par principe. Mais là, c’était différent. La maison d’Andie – chez qui j’aurais pu rester un peu – est aussi inondée. On avait le choix entre vivre à deux dans un carton au coin d’une rue ou bien trouver quelqu’un prêt à nous accueillir le temps que nos maisons soient remises en état. Et en fait, on n’avait plus de cartons donc Andie a demandé à une amie à elle. Une certaine Olive mais Andie avait oublié de préciser qu’elle était vraiment folle. Enfin ce n’est pas gênant, je me surprends même à me dire que ça a du bon entre Andie et moi. Être presque tout le temps avec une personne extérieure, ça nous évite de nous engueuler – ou moins fort au moins. La cohabitation se passe plutôt bien, personne ne s’y attendait je crois. Entre Andie et moi, on a l’impression d’être sur un petit nuage parfois. Tout n’est pas si parfait mais on se demande pourquoi on n’a pas passé le cap du couple avant. Parce que, même si c’est qu’un mot, ça change tout. Quand on s’engueule, on sait que tant que les mots ‘je te quitte’ ne sont pas prononcés, on reste ensemble, on ne se demande pas quoi faire pendant une semaine. Nous sommes les mêmes et pourtant, tout a changé. Heureux. Je crois que c’est le terme qui nous colle à la peau en ce moment. Mais je reste moi-même, avec mon caractère de merde, Andie aussi. Alors parfois, ça explose mais pas plus. Et puis il y a les moments géniaux comme ce matin en fait. Réveillé avant elle, j’enfile un boxer et un t-shirt et je dépose un baiser dans son cou, repoussant un peu ses cheveux. L’entendant se réveiller un peu, je glisse à son oreille « Je vais à la salle de bain, rejoins-moi… » Je ne sais pas si elle va retomber dans le sommeil ou bien venir dans la salle de bain avec moi, j’aurais la surprise. Bien sûr, je ne ferme pas la porte derrière moi. Et encore une fois, je souris en voyant la salle de bain assez enfantine de la maison. Des jouets posés sur le côté de la baignoire, du papier toilette sudoku et de nombreux autres détails. Quelques minutes plus tard, j’entre dans la baignoire, je pousse le rideau et je commence ma douche, espérant être accompagné bientôt…

La maison d'Olive, c'est un monde à part. J'ai toujours su que cette fille vivait dans une bulle, pas seulement à sa folie plus que flagrante, mais aussi parce que ses choses-là, ça se sent à des kilomètres. Bon d'accord, surtout à cause de sa folie flagrante. Et découvrir son univers, c'est tout juste confirmer toutes mes impressions. Olive c'est pas le genre de filles flippantes qu'on évite à tout prix. Au contraire, je crois que c'est ce petit grain de folie qu'elle a qui la rend si attachante. Même sa chambre d'amis porte ses empruntes. D'ailleurs, la chambre d'amis, c'est un peu notre nouvelle chambre avec Cooper. Parmi les fringues et les vieux cartons, on a réussi à se faire une place. Chacun d'entre nous aurait pu aller chez nos amis respectifs, mais puisqu'Olive acceptait d'héberger Cooper, c'était parfait. Ca nous permettait de profiter de notre toute nouvelle situation. On formait maintenant un couple. Un vrai. Avec tous les mots doux et les niaiseries qui vont avec. J'ai parfois du mal à nous reconnaître, mais c'était un changement nécessaire. On gueule toujours, sinon on ne serait plus Andie et Cooper, mais j'ai l'impression que les choses se sont calmées, qu'elles sont plus stables maintenant. Et pour l'instant, c'est pour le mieux. On se réveille comme aujourd'hui côte à côte et plus rien d'autre semble nous inquiéter. « Je vais à la salle de bain, rejoins-moi… » Et d'un côté, c'est plutôt apaisant. Son souffle me chatouille et finit par me réveiller complètement, mais je le laisse partir tandis que je tente encore de me décider. J'ai aucune idée de l'heure qu'il est, ni même si Olive est encore là où si elle est déjà partie travailler. La vision d'elle en costume d'écrevisse me décroche un sourire et finalement je décide qu'il est temps de se lever. Je traverse le couloir rapidement en tirant sur mon t-shirt trop court. Personne ne semble être à la maison. Je le laisse finalement tomber au sol une fois arrivée dans la salle de bain et rejoint Cooper dans la douche. Et en parlant de costume écrevisse, il est justement pendu derrière la porte, donc logiquement, Olive est encore là. « Bonjour. » Je souris et finis par poser mon regard sur Cooper pour l'embrasser doucement en guise de bonjour. Et je commence à croire que peut-être, après tout, la vie de couple ne nous va pas aussi mal qu'on l'aurait pensé. C'est même plutôt amusant, et je réalise qu'en laissant nos doutes derrière nous, on aurait pu s'éviter tout un tas de disputes.

« Bien dormi ? » Je hoche la tête doucement et laisse ses baisers m'emporter. Ca devrait toujours être comme ça, les réveils en douceur, avoir l'impression de ne pas être complètement éveillé, mais pas complètement endormi non plus. L'eau s'écoule dans mon dos et finalement, c'est comme si je n'avais jamais quitté le lit. Les membres sont toujours engourdis et les rêves pas complètement terminés. Et puis on voudrait pouvoir rester là toute la vie, se contenter de faire couler l'eau sur nos corps et ne jamais se réveiller entièrement. Et pendant un instant, il n'y a plus que nous. Nous dans cette baignoire comme si le reste du monde n'existait pas. On est si bien. Et puis évidemment, il y a le retour à la réalité. Et dans ce cas-là, ça se traduit simplement par la présence de notre hôte dans la salle de bain. « Salut les amoureux ! » Je ne l'ai même pas entendu rentrer. Olive ? Mais qu'est-ce qu'elle fait dans la salle de bain ? Je savais bien qu'elle pouvait pas être au boulot avec son costume encore accroché. En attendant, on se retrouve comme deux cons sans savoir comment réagir. « Olive, tu as oublié quelque chose ? » Je regarde Cooper en espérant qu'il me dise quoi faire mais il me semble tout aussi surpris que moi. Elle ne semble même pas perturbée par la situation. Olive est pas du genre pudique, c'est noté. Je crois qu'on aurait peut-être dû se mettre au point sur plusieurs choses avant de squatter ici. Cooper qui ne connait pas Olive plus que ça doit être ravi. « Mais elle est folle ou quoi ta pote ? » Oops. Peut-petre que j'aurais dû l'avertir un peu plus tôt, mais après tout, c'est pas comme si c'était une grande surprise. Je pose ma main sur la bouche de Cooper en espérant qu'Olive n'ait pas entendu, et je fronce les sourcils en tentant de rester sérieuse, mais ça semble peine perdue. Il ne manquerait plus qu'Olive le prenne mal et nous foute à la porte à poil. « Vous préférez quoi comme chocolat pour le petit déjeuner ? Chocolat Poulain ou le Benco ? » Sérieusement ? On aurait pu parler de ça à n'importe quel moment de la journée, comme, je sais pas moi, en se retrouvant pour déjeuner. En allant faire les courses, ou bien avant de partir au boulot. Mais ouais, dans la salle de bain, ça semble tout aussi bien. « Benco, c'est parfait ! » Je lève la tête comme si ça me permettait de parler plus fort, impatiente. J'espère que c'est tout ce qu'elle avait à demander, et pourtant la porte ne claque pas. Qu'y a-t-il de si important, qui ne puisse pas attendre dix minutes, Olive ?

Dans une série télé ça serait tout à fait le genre de scène à mourir de rire, ou l'un des personnages tape l'incruste pendant que les deux autres sont au moment le moins opportun pour discuter. Sauf que dans la réalité, c'est beaucoup moins drôle. C'est même carrément gênant. Olive est plutôt du genre imprévisible, la preuve. Qui sait ce qu'elle pourrait faire ensuite ? Elle pourrait bien décider qu'elle aussi a besoin d'une douche et carrément nous rejoindre. Enfin, pour le moment, on a l'air tranquille, parce qu'elle veut juste discuter. Pas si tranquille que ça, parce que ça pourrait aussi durer une éternité. On se retrouverait bloqué là, avec Cooper, jusqu'à ce qu'on ait 70 ans, à attendre qu'Olive ait fini de papoter pour sortir. Disons juste qu'il est préférable pour tout le monde que la situation n'évolue pas. Mais voilà que la discussion déviait sur le genre de café qu'Olive avait dans ses placards. Ouais, ça risquait de prendre encore un bout de temps. « Tu sais qu’en vrai, Clooney refuse de dire ‘what else’ quand on le lui demande ? J’étais dégoûté. » Attendez. Attendez. On remonte de deux secondes, et on recommence. Comment ça, George Clooney ? « T'as rencontré George Clooney ? » Bon d'accord, j'avais parlé peut-être un peu plus fort que ce que j'aurais souhaité. Mais quand même. C'était George Clooney, et je ne l'apprenais que maintenant. C'était bizarre, quand on y pensait. C'était la réalité qui nous rattrapais. Cooper avait eu une vie avant qu'on soit ensemble. Et quelle vie. Parfois j'avais encore du mal à croire qu'il avait été célèbre, quand il était encore acteur, même si apparemment, Olive, était loin de l'avoir oublié. Et finalement, c'était pas si mal. C'était même plutôt cool. A vrai dire, c'était comme être une rock star. Sauf que dans son cas, il était une rock star qui avait rencontré George Clooney. Et bien que je mourrais d'envie de lui poser tout un tas de question, Cooper, lui, semblait déjà être passé au sujet suivant, ou bien revenu au précédent, à savoir, la question du petit-déjeuner. « Et sinon le Nespresso m’ira parfaitement. Enfin tu ne comptes pas nous servir le petit déjeuner ici quand même ? » J'en avais presque oublié Olive, de l'autre côté du rideau. Cooper semblait pressé qu'elle parte, à entendre sa question, mais moi j'étais encore bien trop confuse pour parler petit-déj. Ou même pour penser à sortir de cette douche. « Non attendez, on peut pas en revenir au moment où t'as rencontré un dieu vivant ? » Bah quoi ? Ca m'intéressait. J'étais aussi certaine que ça intéressait tout autant Olive. « Olive, t'étais au courant toi ? » Finalement ça n'avait même plus d'importance qu'elle ait fait intrusion dans la salle de bain, ni même qu'elle comptait y rester encore un peu. Après tout, on avait un sujet de la plus haute importance à régler, elle pouvait bien rester encore quelques minutes.

La discussion prenaît un tournant assez inattendu. Il y a deux minutes, Olive faisait intrusion et maintenant c'était comme si on se fichait de sa présence, qu'elle n'était pas plus dérangeante parce qu'on était dans la douche. Enfin, ça ne l'était pas pour moi, surtout depuis qu'on avait mis le sujet Clooney sur le tapis. J'étais étonnée de voir qu'il restait tant de choses à apprendre sur Cooper, moi qui pensais déjà tout connaître de son caractère de cochon. C'était pas plus mal, remarquez. Au moins, il nous restait toujours des sujets pour lesquels on ne s'était pas encore disputé. D'ailleurs, il ne semblait pas ravi qu'on s'éternise sur sa rencontre avec certainement l'un des plus grands acteurs hollywoodiens, ou alors c'était peut-être juste mon enthousisasme et celui d'Olive qui le rendait si aigri. Mais qu'est-ce que j'y pouvais moi, si j'étais certaine que personne ne pouvait resister à son charme grisonnant de la cinquantaine et d'ailleurs je ne semblais pas me tromper puisqu'Olive avait l'air experte sur le sujet. « T'as pas vu les photos sur le blog de Danaé Hawthorne quand elles sont parues ? Andiiiiiiiie mais faut absolument que tu vois ça. Je crois que... Oui, je dois avoir une photo dans le tiroir de mon bureau, je te montrerai.» Ou simplement tout ce qui était relatif à Cooper. J'étais déjà surprise qu'elle soit au courant - même si au fond, plus rien ne m'étonnait vraiment de sa part, mais la seule chose à laquelle je pouvais penser maintenant, c'était à cette photo enfouie dans un tiroir de son bureau, ainsi qu'à tous les autres articles, photos, posters, dvd et autres gadgets certainement collectors qu'elle pouvait avoir de l'époque où Cooper était acteur. « Bordel Coop, elle a une photo de toi dans sa chambre ! » Je murmure en grimaçant à son intention en espérant qu'il soit le seul à l'entendre. D'accord, j'étais au courant de la curiosité d'Olive à propos du star-system, et même à l'attention de Cooper, d'ailleurs je l'imaginais tout à fait comme le genre de personne à lire tous les magazines people et à parcourir internet à la recherche du dernier ragot, mais maintenant que j'étais confrontée au fait et qu'il me touchait (bon d'accord, indirectement), ça semblait beaucoup moins amusant. « Sérieux, Danaé a publié ça sur son blog ? Pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas ? » Qu'est-ce que je disais ? Tout à fait le genre à fouiller les blogs, même celui d'une certaine Danaé. Le nom me dit vaguement quelque chose mais c'est à la réaction de Cooper que je comprends pourquoi. Cooper m'en avait déjà parlé, et tout ce que je sais d'elle, c'est qu'elle a été amie avec Cooper, mais qu'elle ne l'est plus à cause d'un article qu'elle avait posté. Peut-être que c'était celui-là, je n'en sais pas vraiment plus. « Hm, Olive, on regardera ça tout à l'heure, d'accord ? » Même si la perspective d'entrer dans un sanctuaire entièrement dédié à Cooper ne m'enchantait pas vraiment, maintenant que je l'avais lancée sur le sujet, j'étais bien obligée d'assumer. Et puis remettre à plus tard avait certains avantages, comme espérer pour qu'elle ne nous apporte pas la photo maintenant, alors qu'on était toujours dans la douche ou simplement pour qu'elle oublie. Ce qui était bien parti puisqu'Olive venait de relancer Cooper sur le sujet Clooney qui lui semble aux anges. « Bon les filles, c’est pas que je ne trouve pas le sujet passionnant mais quitte à parler de stars, on peut parler de Scarlett Johansson si ça vous dérange pas. » Je grimace et mime une mine boudeuse à l'évocation de la somptueuse blonde à laquelle il fait allusion. « J'ai entendu dire que sa dernière chirurgie esthétique était ratée. Mais demande à Olive, je suis sûre qu'elle doit tout savoir. » Grand sourire vainqueur, parce que non seulement je viens de relancer Olive sur l'un de ses sujets favoris, et donc elle n'est pas prête de sortir de la salle de bain, mais surtout parce que c'est loin d'être celui de Cooper, qui en a encore pour un bout de temps à écouter Olive parler si vite qu'elle en oublie parfois de respirer.

Des groupies, j’en ai déjà croisé pas mal. Certaines ont mon visage imprimé sur le t-shirt, d’autres ont essayé de m’embrasser dans la rue et certaines se sont même introduites chez moi. Mais depuis mon renvoi de la série, je n’ai plus vraiment l’habitude de ce genre de comportement. Déjà avec Andie qui ignorait qui j’étais avant que je le lui dise. Et aussi parce que les gens n’en ont pas grand-chose à faire du mec qui a raté sa carrière. Mais je vis assez bien comme ça, une existence simple avec Andie, sans fan qui me saute dessus. Et puis il y a Olive. Et elle, c’est sûrement la pire des groupies que j’ai pu rencontrer. Mais ça reste inoffensif donc je n’ai pas à me plaindre. Ca choque quand même Andie qu’elle ait une photo de moi dans sa chambre. Sûrement parce que même Andie n’en a pas. Assez ironique comme histoire. Et le sujet passe de Georges Clooney à Scarlett Johansson. Et je ne vais pas m’en plaindre puisque c’est moi qui l’aie demandé. Même si la conversation n’a pas l’air de plaire à Andie, ce qui est assez compréhensif. Ah, tu vois ce que ça fait maintenant ! Ouais, petite vengeance personnelle. « J'ai entendu dire que sa dernière chirurgie esthétique était ratée. Mais demande à Olive, je suis sûre qu'elle doit tout savoir. » Elle n’a même pas de raison d’être jalouse de Scarlett, c’est ça le pire. Mais avant que j’ai le temps de répondre, Olive nous sort un cri à faire éclater nos tympans. Ah ouais, elle doit être sacrément fan. « Mais c'est carrément un canon elle !!! Non mais alloooooo, vous l'avez vu dans "The Avengers" ? Comment qu'elle se tape l'affiche la meuf, truc de dingue. Vous me direz, c'était la seule fille, donc forcément, autant en prendre une sexy. Ok il y a Gwyneth Paltrow j'avoue, mais osef, on la voit pas beaucoup. D'ailleurs, les gens ont beau dire que Natasha et Barton sont pas en couple dans le film, hé oh, il y a un truc pas claire entre eux. Et dans la pub "Dolce & Gabbana", vous l'avez vu la Scarlett ? Sérieux, si à 27 ans je lui ressemble, je pourrais mourir en paix. » Encore un monologue digne d’Olive. Elle doit être fan de Scarlett autant qu’elle l’est de moi. Je suis à peu près sûr qu’elle a vu tout ce dans quoi j’ai tourné, séries, pubs ou films. Mais le sujet Scarlett Johansson me plait bien plus que parler de moi. « Un film sans une histoire d’amour cachée, ça n’existe pas. Et même s’ils sont pas en couple, c’est comme si. Avec leurs regards qu’ils se lancent, comment elle a peur pour lui. De toute façon, on a beau essayé de se convaincre du contraire, il y a toujours un futur couple caché derrière tout ça. » Ouais comme Andie et moi avant en fait. Parler des films comme ça, ça ne me dérange pas. J’en oublierais presque l’endroit où on se trouve. Presque. Parce qu’on est toujours nus dans une salle de bain après tout. Et finalement, alors que la conversation avait failli prendre fin, elle semble repartie pour de bon. Combien de temps on va parler comme ça ? Olive parle de bistouri et je ne relève pas de peur qu’elle nous montre celui qu’elle cache dans sa chambre ou je ne sais où. « T'es pas jalouse de Scarlett quand même Andie ? Non parce que t'as raison, elle a voulu rendre ses lèvres plus pulpeuses avec la chirurgie, mais trop genre quoi, résultat elle ressemble à une ventouse, j'suis sûre. » Ah oui tiens, à parler films j’avais presque oublié qu’Andie nous la jouait jalouse. Heureusement qu’il y a Olive. « C’est vrai que t’es jalouse ? C’est pas ton genre pourtant. » Ouais, c'est plutôt on genre ça. Enfin ça arrive à Andie aussi, j'en ai été temoin. C’est assez dur de faire la conversation à l’une puis à l’autre. Elles ne pourraient pas se parler aussi non ? Mais le sourire sur les lèvres d’Andie n’est plus là. Et ça m’énerve parce que la journée avait bien commencée. « De toute façon, c’est tes lèvres les plus belles. » Comme je sens qu’un baiser ne sera pas forcément bien accueilli, je dépose seulement un doigt sur ses lèvres. Scarlett, ce n’est qu’un fantasme. Andie, c’est la réalité et c’est bien mieux. Je pourrais aussi faire un commentaire sur ses seins qui, d’après moi, sont mieux que ceux de Johansson mais j’ai peur de choquer Olive. Oui, elle est tellement peu mature que je la traite comme si elle était une enfant.

« Mais c'est carrément un canon elle !!! Non mais alloooooo, vous l'avez vu dans "The Avengers" ? Comment qu'elle se tape l'affiche la meuf, truc de dingue. Vous me direz, c'était la seule fille, donc forcément, autant en prendre une sexy. Ok il y a Gwyneth Paltrow j'avoue, mais osef, on la voit pas beaucoup. D'ailleurs, les gens ont beau dire que Natasha et Barton sont pas en couple dans le film, hé oh, il y a un truc pas claire entre eux. Et dans la pub "Dolce & Gabbana", vous l'avez vu la Scarlett ? Sérieux, si à 27 ans je lui ressemble, je pourrais mourir en paix. » Bon d'accord, à vouloir jouer avec le feu, on finit par se brûler. On passera sur les "je te l'avais bien dit" et autre sourire narquois. A vouloir taquiner Cooper, j'avais fini par retourner la situation contre moi. Maintenant, Olive et lui étaient en pleine discussion sur qui était la plus sexy d'Avengers, et moi j'étais totalement à côté de la plaque, simplement parce que je n'avais encore jamais vu le film. Comment ça, c'était impossible, un blasphème, et j'en passe ? Je passais pas non plus ma vie devant la télé. D'ailleurs j'aimais pas tellement regarder la télé, si bien que je n'étais même pas au courant qu'elle avait pu tourner une pub. Et quand je l'allumais, c'était surtout pour regarder ma collection de DVD vue, revue, archi-revue. Entièrement composée de films complètement niais et comédies romantiques en tout genre, qui, si vous le demandez, sont arrivées par pur hasard dans mon salon et ne m'appartiennent absolument pas. « Un film sans une histoire d’amour cachée, ça n’existe pas. Et même s’ils sont pas en couple, c’est comme si. Avec leurs regards qu’ils se lancent, comment elle a peur pour lui. De toute façon, on a beau essayé de se convaincre du contraire, il y a toujours un futur couple caché derrière tout ça. » J'avais beau ne pas y connaître grand chose, au moins, j'étais d'accord sur ce point. « T'es pas jalouse de Scarlett quand même Andie ? Non parce que t'as raison, elle a voulu rendre ses lèvres plus pulpeuses avec la chirurgie, mais trop genre quoi, résultat elle ressemble à une ventouse, j'suis sûre. » Jalouse ? Et puis quoi encore ? Il manquait plus que ça. Et puis merde, qu'est-ce qu'ils avaient tous avec Scarlett ? Elles voulaient toutes lui ressembler, et ils voulaient tous se la faire. Alors bien sûr, on pouvait toutes lui ressembler, avec des tas d'opérations chirurgicales, nos seins x25460 et un peu de botox. Mettez quelques touches de photoshop et tous les bassins s'enflamment, de toute façon. « Jalouuuuuuse, moi ? N'importe quoi. » Oh mon dieu Andie, arrête-toi là. Arrête-toi là, tu t'enfonces. Tu t'enfonces parce qu'ils n'y croient pas une seconde, parce que tu peux presque entendre Olive rire derrière le rideau et aussi parce que tu sens le regard de Coop braqué sur toi. « C’est vrai que t’es jalouse ? C’est pas ton genre pourtant. » Et voilà, va te sortir de cette galère maintenant. Je hausse les épaules nonchalamment, de toute façon, je crois que c'est trop tard pour rattraper le coup. Et puis ça lui ferait bien trop plaisir, à Cooper, et que je n'ai pas envie de lui offrir ce plaisir. Parce que la jalousie c'est nul, parce que la jalousie c'est faible. « Je ne suis pas jalouse, je vous jure ! » Je secoue la tête alors qu'il vient effleurer mes lèvres de son doigt, ce qui finit tout de même par me décrocher un sourire. « Et puis si je l'étais, j'aurais plus qu'à me coller une ventouse sur le visage. » Sourire malicieux alors que je finis par m'éloigner au possible de l'eau qui coule pour tendre une main à travers le rideau. « Tu peux me passer une serviette Olive ? » Finalement quand je la rejoins de l'autre côté de la salle de bain, la serviette autour de moi, je la trouve assise en tailleur sur l'un des meubles. Je me demande comment elle survit quand ses colocataires et elle doivent partager la salle de bain en même temps, la salle de bain n'est pas très spacieuse. Pourtant, quand on se dit que c'est un excellent moyen pour tout avoir à portée de main, je me retrouve à chercher des yeux quelque chose pour relever mes cheveux, c'est que finalement, une petite salle de bain, ça peut parfois très vite tourner au cauchemar. Je pose mon regard sur Olive à travers le miroir après y avoir effacé la buée et me lance. « Dis Olive, ça t'embête si j'emmène Oscar faire une balade aujourd'hui ? » Oscar, le petit cochon d'Olive. Et on peut dire ce qu'on veut sur les cochons, mais Oscar est juste trop mignon.

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« Euh, je sais pas trop, normalement Nicholas doit passer avec Marcel pour qu'il fasse du rodéo sur Oscar. » C'était compréhensif. Et puis connaissant Olive, je n'imaginais pas un instant que ça puisse être une excuse pour ne pas que je m'approche d'Oscar. Oui, quand on connaissait rien qu'un peu Olive, la possibilité d'une après-midi rodéo sur un cochon miniature semblait tout à fait plausible. Et j'aurais bien aimé voir ça. Mais d'un autre côté, je n'avais pas envie de rester cloîtrée dans la maison toute la journée, à traîner dans les pattes d'Olive et ses colocataires. Après tout, je crois qu'on s'étalait déjà assez comme ça. Peut-être était-ce tout simplement l'impression de ne plus avoir de vie privée, peut-être était-ce juste le besoin de s'éloigner. Je ne pouvais pas dire combien j'étais reconnaissante envers Olive, mais je crois qu'il était vraiment temps que je retrouve mon appartement. D'ailleurs, je n'avais aucune nouvelle du propriétaire, à tel point que je ne savais même pas si (et le plus important, quand) je pourrais le réintégrer. « Bon, tant pis. Une prochaine fois. » Je soupirais et haussais les épaules, un peu déçue. Bien sûr, n'importe qui croisant la petite bouille d'Oscar ne pouvait qu'être déçu de ne pas l'avoir à portée de main. « Mais bon, il m'a peut-être menti, les gens aiment bien me mentir, je crois. Donc tu peux aller en balade avec Oscar. » J'observais la mine triste d'Olive à travers le miroir alors qu'un silence planait dans la salle de bain. Je crois que Cooper ne savait pas trop quoi répondre. Moi non plus, je n'avais rien à répondre, à part que c'était regrettable. De toute façon, aussi loin que je me souvienne, les plus puissants s'en étaient toujours pris aux plus insouciants, aux plus naïfs, et c'était peut-être le cas d'Olive. J'étais néanmoins contente de pouvoir réaliser mes plans, finalement. Et Oscar allait être ravi. « Et si tu veux le nourrir, tu peux lui donner des pommes à manger, beaucoup de pommes. Aeron m'a raconté qu'un type était devenu célèbre après qu'une pomme lui soit tombée sur la tête. Alors imagine si ça arrivait avec Oscar ? On aurait le premier cochon savant de toute l'histoire de l'humanité, c'est trop cool ! Je vais lui créer sa page wikipédia, je reviens. » J'hochais la tête énergiquement. Olive semblait avoir tout un tas d'amis, mais s'ils devaient avoir une similarité, ce serait certainement la folie. Je n'en connaissais pas beaucoup mais le peu que j'avais rencontré étaient tout aussi fous qu'elle l'était. Et je reconnaissais bien là l'humour d'Aeron. Quoi qu'il avait raison. Un type était bel et bien devenu célèbre après qu'une pomme lui soit tombée sur la tête. « Plein de pommes. Compris. » Je notais le régime particulier du petit animal dans un coin de ma tête alors qu'Olive filait soudainement. Alors elle allait vraiment lui créer sa page Wikipédia ? Au moins, ça nous laissait quelques secondes de répit, et c'était aussi l'occasion pour Cooper de sortir de la douche. « Elle est vraiment partie ? Ou bien tu crois qu'elle attend derrière la porte pour me sauter dessus dès que je sors ? » Je me tournais vers lui en riant en constatant son air inquiet. Bien sûr que non, qu'elle ne l'attendrait pas derrière la porte. Olive doit avoir bien trop de choses à dire sur son nouvel animal de compagnie. D'ailleurs, je ne serais pas étonnée qu'elle ait sorti les albums photos et souvenirs des visites chez le vétérinaire pour compléter sa page internet du mieux qu'elle le pouvait. Qui sait, Oscar serait peut-être la star de demain grâce à tout ça. « Tu vas vraiment me laisser tout seul avec elle ? J'ai pas envie qu'elle me montre sa collection de photos et d'interviews de moi. » C'est vrai que sous cet angle, c'était carrément flippant. Mais Olive était un peu plus perspicace que ça, après tout elle allait certainement trouver une excuse et en profiter pour lui donner un stylo et lui demander de signer chacune de ses copies. Et puis s'il se sentait harcelé, il pouvait toujours taper l'incruste avec ses colocataires, bien qu'on les voyait rarement. « Je ne serai pas longue, promis. » Je glisse dans un sourire alors qu'il termine de s'habiller. Je remarque que mes fringues à moi sont restés dans la chambre qu'on occupe. Résultat, je dois remettre le t-shirt qui me servait de pyjama et prier pour que personne ne passe à ce moment-là pour retourner me changer. « Et soit gentil avec elle, d'accord ? » Je lui vole un dernier baiser avant de sortir de la salle de bain. Je ne sais pas pourquoi l'idée qu'il se retrouve avec Olive m'amuse. C'est peut-être pour ça que je ne lui propose pas de venir avec Oscar et moi. Parce que deux personnes que j'apprécie doivent aussi s'apprécier, c'est la règle. Enfin sauf pour Dean, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Et parce que de toute façon, on ne peut pas ne pas aimer Olive. Et qu'Olive aime tout le monde, alors c'est une combinaison parfaite. Et puis il faut bien que quelqu'un martyrise Cooper, si je ne peux plus le faire.

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