with quentin ஐ deux âmes perdues en mer inconnue.

«M'attend pas trop ce soir, je bosse tard. A demain ma belle.» lui avait-il soufflé avant de l'embrasser sur le front. En guise de réponse, elle avait simplement souris, d'un sourire un peu vague, incertain, les yeux fixés au sol. A peine avait-elle eu le temps de relever son regard que l'échos de ses pas sur le parquet du palier finit de s'évanouir dans l'air. Elle allait encore passer un samedi soir sur le sofa, dans son pyjamas en soie pourpre, emmitouflée dans le sweat que lui avait donné son colocataire, allongée avec un vieux bouquin calé entre elle et l'oreiller, la télévision allumée pour ne pas être plongée dans le silence total. Elle souffla devant cette perspective devenue habituelle, répétée maintes et maintes fois. Mais la demoiselle s'en accommodait malgré tout. Elle n'aimait pas vraiment sortir, faire la fête, boire pour le simple plaisirs de boire, la plupart du temps c'est qu'elle se laissait entraîner, docilement. La blondinette jeta un regard furtif à l'horloge qui était accrochée au mur, les aiguilles affichaient à peine vingt heures et vu la lumière dont était encore baignée l'appartement, la nuit n'allait pas tomber de si tôt. Elle se posta devant la fenêtre qui donnait sur la route, au loin, on distinguait, entre les arbres et les maisons, la mer bleue qui bordait une rive de Montsimpa. Dans un geste rapide et brusque, elle ouvrit la fenêtre pour se laisser transporter par l'air doux qui s'engouffrait dans la pièce. Elle voulait aller respirer l'air maritime. Soudainement, elle referma la fenêtre et s'élança vers la porte d'entrée, elle ne pris même pas la peine de prendre son sac. Elle referma la porte avant de déposer son unique clé sous le paillasson et descendit les escaliers d'un pas léger, sautant les deux dernières marches. Elle était en train de passer le pas de la porte, quand elle fit volte-face et attrapa par le guidon le vélo de Milo qu'il laissait trainer là, et qui lui arrivait d'emprunter. Elle sortit de l'immeuble, mains fermement cramponnées au guidon et entreprit de monter dessus malgré sa hauteur. Elle plissa délicatement sa longue robe afin qu'elle épouse les contours de ses fesses et s'accrocha au guidon pour escalader le vélo. [...]
Elle déposa le vélo près du truc-où-on-dépose-les-vélos et jeta un coup d'oeil aux alentours. Les habitants étaient étrangement absents, les badauds étaient rares et seulement quelques voitures peuplaient la route. Elle haussa les épaules. Foulant le pavé qui menait à la plage, elle ne quittait pas des yeux l'étendue bleue qui s'offrait à elle. L'air qui lui frôlait les épaules était légèrement plus froid, mais c'était une sensation qui lui était plutôt agréable, alors. Après quelques pas, elle sentit le sable chaud et sec qui s'infiltrait dans ses ballerines, elle se pencha afin de les retirer. Au fur des secondes, elle s'approcha du rivage, là où les vagues venaient s'échouer, l'eau était glaciale, certes, mais la demoiselle aurait assuré qu'elle est plutôt fraiche selon elle. Elle leva les yeux vers le ciel, il commençait sagement à rougir vers l'horizon, des teintes de bleus mêlées à des nuances de roses et d'orangers. Elle se retourna vers la mer, comme nostalgique. Elle pensait à l'autre bout de cette même mer, là où elle avait vécu son enfance. Combien s'était-elle rendue dans ce bout de plage caché derrière les hautes herbes et les buissons épineux ? S'imaginant une vie de pirate abandonné sur une île déserte... A la seule remémoration de sa vie passé, son coeur se serra, son regard se fit plus grave, plus triste, l'eau calme en surface et agitée au loin se reflétant dans ses grands yeux bleus-verts. «Je ne savais pas que toi aussi t'aimait venir ici, à cette heure.»