Il fait bien plus froid qu'à l'habitude, même si ça n'égalera jamais l'Angleterre, c'est certain. Même si ton appartement est chauffé de partout, que ce soit au sol, aux murs, tu sens le besoin d'enfiler un sweat-shirt. Après tout, quoi de plus agréable que de passer sa journée dans un jean et un sweat-shirt bien confortable ? Rien. Rien n'est meilleur que le petit confort qu'on s'offre à soi-même. Et tes parents ne seront certainement pas là pour te contredire, t'ayant eux-même appris cette façon de vivre. Pas forcément la meilleure éducation, mais qu'importe, tu vis très bien ainsi. Dans ton salon, en train de fumer ta cigarette et de regarder un film sur ton home cinéma tranquillement. Le confort, le luxe. Un confort que pas tout le monde est en capacité de s'offrir. Mais, en bon égoïste, ça t'est égal, parce que ce sont ces moments de simple bonheur dont tu profites sans te soucier des autres. Un moment que tu aurais aimé qu'il ne soit pas interrompu, du moins pas tout de suite. « HOPPER PUTAIN, OUVRE AVANT QUE JE DÉFONCE TA PORTE ! » Un fin sourire se dessine sur tes lèvres. Tu rigoles enfin avant d'écraser ta cigarette dans le cendrier et de te diriger vers la porte d'entrée contre laquelle on continue de s'acharner. Tu te contentes de souffler des petits « chttt, chttt » alors qu'elle ne cesse pas pour autant d'écraser son poing sur la porte. Tu sais déjà de qui il s'agit. Timae. Qui d'autre ? Qui pourrait être autant en colère contre toi ? Bon, peut-être plusieurs personnes, d'accord, mais de toute façon, tu avais reconnu sa voix très clairement. Sa voix qui part dans les aigus quand elle est énervée. Tu le connais bien ce timbre de voix, ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'elle était en colère contre toi, hein. Sans te presser, tu ouvres la porte, lâchant un « Toujours aussi sauvage, Timae. » accompagné d'un petit sourire narquois qui retombe de ton visage aussi vite qu'il était apparu lorsqu'elle a levé vers toi ses yeux plein de larmes. Ces larmes qui te déstabilisent, qui ne te font pas remarquer qu'elle lève déjà sa main avant de l'abattre finalement avec violence sur ta joue en un grand bruit qui résonne dans toute la villa. Ce coup t'a totalement laissé sur le cul, tu t'attendais à te faire gueuler dessus, mais pas te faire gifler, pas encore une fois. Tu pensais que la dernière fois t'avais suffit. Tu pensais qu'elle n'oserait pas te frapper encore une fois. Tu t'étais trompé. Elle risquerait bientôt d'y prendre goût. Tu relèves les yeux vers elle, ta joue te brûle, tu n'y prêtes même plus cas. « Serrer ma putain de sœur ça te suffit pas ? Il faut aussi que tu choppes ma meilleure amie ? Bordel c'est quoi ton problème ? C'est quoi ton but ? Avoir le plus grand tableau de chasse et faire souffrir le plus de monde possible ? Parce que si c'est le cas, t'as bien réussis. T'es content ? Je me sens nulle. Tu mérites même pas ces larmes pourtant elle te sont destinées et si tu veux savoir, j'en ai honte. J'ai honte d'avoir été assez conne pour tomber dans ton piège ! » Une chose est sûre, tu ne t'attendais pas à un tel discours.
Tu l'attrapes par les poignets pour la faire rentrer dans ta maison et fermer la porte. Les voisins n'ont pas besoin de savoir que tu es encore plus un connard que ce dont tu as l'air. Tu l'entraînes dans la cuisine et t'appuie sur le plan de travail. Tu essayes d'assimiler tout ce qu'elle vient de te dire. « Premièrement, tu vas te calmer, j'me suis jamais tapé ta sœur, on s'est jamais touchés, on s'est même jamais embrassés, d'accord !? J'aurais pu, mais non, votre ressemblance m'a .. Enfin bon, peu importe ! Je me la suis pas faite ! » Oui, leur ressemblance bien plus que troublante t'a trop perturbée, elle t'a totalement empêché de la toucher, quand bien même tu en aurais eu l'occasion de nombreuses fois. « Ta meilleure amie ? J'ai choppé ta meilleure amie ? C'est qui ? Putain mais si je devais surveiller de choper aucune meuf de ton entourage je me taperais personne ! » Tu as du mal à comprendre de qui elle peut bien parler, de toutes les filles que tu t'es fait, tu n'as pas le souvenir que l'une d'entre elles t'aies avoué être la meilleure amie de Timae après tout, ou alors tu as déjà oublié .. Tu reprends ton calme, tu souffles, tu respires plus tranquillement. Tu ne comprends pas ce qui a bien pu la pousser à venir te parler subitement alors qu'elle t'évitait clairement depuis plusieurs semaines, qui plus est venir directement chez toi. Ce n'est pas dans l'antre du diable qu'elle aura plus de chances d'éviter la tentation. Mais peut-être ne s'en rend-elle pas compte ? Peut-être est-ce la rage qui l'anime contre toi qui l'a poussée à agir, sans réfléchir. « Écoute Timae .. J'ai jamais voulu te faire souffrir, je veux dire pas intentionnellement, et encore moins te faire pleurer. Pas ça. » Non, jamais intentionnellement. La faire souffrir n'a jamais été ton but. La chopper l'a été, et tu l'as atteint, ce but. L'avoir pour toi tout seul l'a été également, même si celui-ci n'a pas été atteint, pas encore. Dans le fond peut-être est-il encore ton but, après tout, l'avoir pour toi. Ce sentiment étrange que tu ressens en sa présence, vouloir être avec elle, vouloir l'avoir pour toi, ne pas la partager, pourtant tu sais pertinemment que tu ne te sentirais pas bien en étant casé, que tu ne supporterais pas une telle situation, tu le refuserais, même. Mais il y a toujours cette attraction inexplicable qui te rapproche toujours un peu plus d'elle alors qu'elle tente de s'éloigner de toi de toutes ses forces. Mais tu ne peux pas t'en empêcher. Tenter par tous les moyens de l'attirer vers toi, de la tenter, tout en sachant très bien qu'elle est en couple, en couple avec un de tes amis. Mais ça semble te passer au-dessus. Pourtant tu sais bien que lorsque tout ça éclatera, lorsqu'il l'apprendra, tu te feras détruire. Elle aussi sera détruite, et tout comme elle perdra Rush, tu la perdras parce qu'elle refusera alors de t'adresser la parole de nouveau. Tu en es persuadé. « Tu as honte de quoi Timae, honte d'être tombée dans mes bras, ou honte d'avoir trompé ton copain ? Parce que ne va pas me dire que tu te sentirais quand même honteuse même si tu n'avais personne dans ta vie ! Tu aurais beau le dire avec autant de conviction que tu voudrais, je ne te croirais pas, je sais très bien que ce serait faux ! »

Habituellement tu n'es jamais contre une visite à l'improviste d'une nana à ton appartement, peu importe quand. Sauf que là, c'est Timae. Tu as beau désirer sa présence, tu sais que si elle vient jusque chez toi, ce n'est pas pour que tu la fasses grimper aux rideaux. C'est juste qu'elle a un autre truc à t'envoyer à la gueule, à te reprocher. C'est surtout qu'elle est en colère. En plein dans le mille. Elle est même tellement en colère après toi qu'elle se met à pleurer. Ou alors, c'est peut-être parce que tu l'as faite souffrir. c'est à prendre en considération ça aussi. T'as beau ne pas avoir un fond méchant, t'es un connard et maladroit qui plus est. Alors faire pleurer les filles, ça te connaît. T'as l'habitude, depuis que t'es gamin. C'est un peu comme si tu ne savais faire que ça après tout. Les faire pleurer, les regarder pleurer. Rien de plus. Ouais, sauf que d'habitude, ça ne te fait rien de voir les larmes ronger leurs joues, d'habitudes tu t'en fous. Là, non. T'as envie de la consoler, même si tu n'le feras pas parce que ça ne fera qu'empirer les choses. Là, t'as envie d'essuyer ses larmes. T'as envie qu'elle s'arrête de pleurer. T'as envie de comprendre où t'as bien pu merder. Parce que t'avais pas envie de merder, parce que tu sais très bien que si tu veux atteindre ton objectif, si tu veux la faire craquer, faut pas faire de faux pas. Faut pas merder. Mais c'est trop tard. À écouter ce qu'elle dit, t'as couché avec sa meilleure amie. Ouch, la pire couille qu'il puisse t'arriver. T'as mis les deux pieds dans le plat et tu les y as bien enfoncés. T'es dans la merde jusqu'au cou, faut voir si t'arrives à t'en sortir. Pour l'instant t'es quand même plutôt mal barré. Reste à savoir qui est sa meilleure amie. Quoi que, si ça se trouve, elle va te dire son nom, et tu ne t'en souviendras même pas. Si ça se trouve, sa meilleure amie fait simplement partie de ta liste de conquêtes. « Madge. » Perdu. Sa meilleure amie se trouve être ta meilleure amie. Putain, comment t'as fait pour pas t'en douter ? Elle t'a sûrement déjà parlé de Timae plusieurs fois, c'est obligé, mais t'as beau réfléchir tu n'as as aucun souvenir .. « Mais .. » Beup. Mauvais début de phrase. T'as pas de quoi te justifier, alors le "mais" n'est pas très bien placé mais bon .. « Enfin, ça fait des années que je connais Madge et .. ça a toujours été comme ça entre nous .. Tu peux pas tellement me le reprocher .. » Bon, c'est vrai que tu as connu Madge et a commencé à t'envoyer en l'air avant de connaître Timae, mais tu es encore dans le faux, parce que, oui, elle peut te le reprocher. Oh oui. T'as beau lui dire que tu voulais pas lui faire de mal, elle continue de pleurer. Dans le genre nana fontaine, elle fait partie des meilleures que t'aies vu. « Alors tu voulais quoi ? Tu t'es bien raté. » Timae 1 - 0 Jordan. Tu ne trouves pas quoi lui dire. Elle a raison, tu t'es bien raté, et tu ne vois pas comment la contrecarrer. C'est tout bonnement impossible. Tu pourrais bien lui sortir un truc du genre « je voulais te faire craquer, je voulais que tu reviennes vers moi » mais ça serait plutôt mal vu par elle, vu son état actuel. « Au fond, ton problème, c'est que tu ne parviens pas à m'avoir comme les autres. Je ne suis qu'un défis, un pion que tu veux rajouter à tes trophées. Ton problème, c'est que maintenant je te résiste ? Hein, c'est ça ? DIS-MOI ! C'est quoi ton problème ? » Bon bah : Timae 2 - 0 Jordan, hein. Au point où t'en es, ça ne change plus grand chose de toute façon. Debout face à toi, elle plante son regard dans le tien avant de faire demi-tour et de s'apprêter à quitter l'appartement. Tu restes planté là quelques instants, sans broncher, essayant d'assimiler ce qu'elle vient de te balancer à la figure .. en vain. Alors tu te contentes d'attraper sa main doucement pour l'empêcher de partir, sans raison apparente. Tu ouvres la bouche pour prendre la parole, mais la referme immédiatement, ne sachant finalement pas trop quoi dire. La situation t'embarrasse quelque peu. Toi qui a pour habitude de former cette sorte de carapace te permettant de ne dévoiler aucun de tes sentiments, tu n'en as malheureusement pas capable actuellement. C'est étrange pourtant, puisque c'est ce que tu as fait avec Timae en Angleterre. Mais là-bas, c'était ton terrain de jeu, c'était toi qui avait les cartes en mains. Sauf que maintenant, c'est son terrain de jeu à elle, et tu as perdu d'avance. « Mon problème c'est que t'as trop la haine après moi et que ça m'énerve, parce que t'as beau me rejeter la faute entièrement dessus, j'suis pas le seul fautif, et tu le sais très bien. J'vais peut-être te paraître sec, mais tant pis : arrête de te voiler la face Timae, on était deux à coucher que je sache, et t'as autant ta part de responsabilité que moi. Et tu le sais très bien .. » Tu affiches un peu un air désolé. T'as été un peu trop direct, mais il le fallait. Tu te doutes pourtant qu'elle doit être rongée par la culpabilité, constamment. Mais il faut dire qu'elle le mérite à quelque part. « Mais .. T'as raison, si tu préfères vivre dans ton utopie, à faire croire à ton mec parfait que t'es la copine parfaite, continue. Moi tu vois, j'sais qui t'es, j'suis même sûr que j'te connais mieux que lui, et pourtant, c'est lui ton copain, et pourtant, c'est lui qui te laissera tomber quand il apprendra tout. » Tu lui lâches la main et recule d'un pas. Tu ne sais pas trop comment elle va réagir, si elle va pleurer de nouveau, ou te gifler, ou peut-être simplement partir en t'ignorant.

La faire souffrir, c'est loin d'être ton but premier. Vraiment loin. S'il y a bien une chose que tu ne lui as pas souhaité, à elle, c'est ça. Pourtant, tu t'en fiches d'habitude qu'elles souffrent ou pas. D'habitude, tu tires et tu tèjes, sans états d'âme, sans te soucier des conséquences, sans te préoccuper des cœurs que tu peux briser. Mais c'est étrangement différent avec elle. Tu n'arrives même plus à te cerner toi-même, tu ne comprends pas pourquoi tu réagis subitement comme ça. Tu devrais te contrecarrer du fait qu'elle ait un copain, et ce n'est cependant pas le cas. Inconsciemment, tu n'aimes pas savoir qu'elle voit régulièrement un autre type que toi. Sans avoir posé de conditions quelconques, tu la penses tienne. Mais pourquoi le serait-elle ? Et pourquoi conserverais-tu, toi, ta pleine liberté ? Mais tu devrais cesser de ne penser qu'à ta gueule un instant. Elle aussi a droit au bonheur, et tu ne sembles pas t'en rendre compte. Tu es trop égoïste pour vouloir qu'elle soit heureuse avec un autre type que toi, trop égoïste pour accepter qu'elle puisse prendre son pied avec quelqu'un d'autre que toi. Et on aura beau te demander si tu ressens quoi que ce soit pour Timae, ta réponse restera non, éternellement non. Tu te penses incapable de ressentir quelque chose. Ou peut-être préfères-tu plutôt croire que tu sais passer outre les sentiments. Quoi qu'il en soit, à tes yeux, tu es loin de pouvoir ressentir quelque chose, comme si tout dans ton cerveau se passait sans t'avertir, comme si ton cœur était recouvert d'une épaisse couche de béton et que rien ne pouvait la traverser. Du moins, c'est ce que tu penses. Tu es loin de réaliser à quel point c'est le contraire qui se passe en ce moment même. Tu es loin de réaliser à quel point tu as pu t'attacher à elle. Tu deviens cependant froid quand elle te demande, sans doute rhétoriquement, quel est ton problème. Tu ne peux t'empêcher de lui balancer à la figure qu'elle ne vit que dans le faux, que rient de tout ce qu'elle a n'est vrai. Tu ne peux te retenir de lui faire comprendre, une fois de plus, que Noah ne sera plus là quand il saura toute la vérité. Sans doute même essayes-tu de lui dire indirectement que toi, par contre, tu seras bien toujours là pour elle, même quand son propre petit-ami l'aura rejetée, tu seras toujours là pour l'accueillir dans tes bras, quand bien même tu te douterais qu'elle ne viendrait pas. Que de choses sous-entendues. Tu relâches soudainement son bras qui s'écrase lentement le long de ses hanches. Elle est molle. Dépourvue de forces. Presque inerte. « Ne me dis pas ça. S'il te plait. » Presque muette. Ses paroles brisées et quasiment inaudibles te déchirent le cœur. Tu ne sais plus comment réagir face à ses larmes qui se remettent chaudement à couler le long de ses joues de porcelaine. Tu souhaiterais pouvoir lire dans ses yeux ce que tu dois faire pour l'aider, mais elle baisse la tête, elle n'ose plus te regarder en face. Pourtant le monstre, actuellement, c'est bien toi, pas tant elle. Totalement inattendu, ton chien et son énorme fourrure débarquent et se collent contre Timae, sans doute pour la réconforter. Les animaux ont toujours eu un don pour ça. La preuve en est qu'il y arrive mieux que toi visiblement. Gêné, tu te dandines un peu, te craquant légèrement les mains. Tu ne sais pas où te mettre. Tu ne sais pas quoi faire. Tu ne sais même pas si lui tendre un mouchoir serait déplacé. Tu es totalement perdu pour le coup. Tu t'avances pas à pas vers elle, lentement. « Ne pleure pas. » tu chuchotes. Tu te décides enfin à la prendre dans tes bras, oubliant un instant toutes les conséquences qu'il pourrait en ressortir, tu la serres simplement contre toi, dans un simple instinct. « Tu verras, tout va s'arranger. » Tu n'es même pas sûr de ce que tu avances. Et si, par chance pour elle, ça s'arrange, tu te doutes bien que ça ne sera pas à ton avantage.

Alors elle était là, devant toi, telle que tu l'avais attendue. Oui, tu l'avais espérée, désespérément, qu'elle viendrait délibérément à ton appartement. À la seule différence que tu aurais souhaité qu'elle se jette dans tes bras, et non pas qu'elle te crache à la figure. Tout ne se passe visiblement pas comme tu le souhaites. Et tu es totalement impuissant face à la situation. Tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais même pas quoi en penser. Que dire ? La regarder, là, pleurer toutes les larmes de son corps ? Se vider de sa peine, et attendre sagement qu'elle se remette ? Cela semble effectivement une option assez plausible, pourquoi pas tentante. Mais il se trouve que, pour le peu de cœur que tu as, il est encore en marche, et tu es littéralement dans l'incapacité de la laisser dans un tel état. Tu sais pourtant pertinemment qu'elle te repoussera. Oh oui, tu t'en doutes, tu n'es pas naïf tout de même. Peut-être un peu con, comme aime à te le rappeler Madge qui qualifie ton cerveau d'espèce de pois-chiche vide et inutile, ou qui s'amuse encore à dire que ton cerveau se trouve dans tes bras et ta bite. Peut-être a-t-elle raison, dans le fond. Ne serait-ce qu'en partie. Mais là n'est cependant pas la question. Ton manque de matière grise n'est pas le sujet à matière pour le moment, mais bien les erreurs que tu as pu faire auprès de Timae. Les erreurs que vous avez commises ensemble. Et ta principale erreur a été de la traiter comme un vulgaire jouet, comme une de ces filles que tu te tapes sans sentiments et que tu dégages sans aucun regret, sans état d'âme. Pourtant, alors que vous preniez la décision de coucher ensemble quelques mois auparavant, jamais tu n'aurais pensé que tu pourrais t'enticher d'elle, ni même d'une quelconque autre fille, d'ailleurs. Découvrant à peine ta part de sensibilité, croyant jusqu'à présent que tu n'en étais pas doté. Elle est pourtant bien présente, et c'est bien de Timae que tu commences à avoir des sentiments. Des sentiments.. n'est-ce donc pas un bien grand mot ? Un mot peut-être usé à tort et à travers, même ? Ou peut-être serait-il simplement temps que tu ouvres grand tes yeux et que tu réalises vraiment à quel point tu peux tenir à cette fille. À tel point que tu ne peux pas t'empêcher à la prendre dans tes bras pour l'empêcher de pleurer, ou du moins essayer. Chose qui n'est absolument dans tes habitudes, toi qui préfère rester de marbre face à une fille en pleurs, toi qui est plus du côté du mec qui fait pleurer les filles plutôt que du mec qui réconforte les filles qui pleurent. « Ne fais pas ça. Ne me touche pas. Je ne pourrai pas me retenir. Résister est trop dur. Trop. » Tu n'es pas bien sur de comprendre, et pourtant tu ne la lâches pas pour autant, elle ne semble même pas vouloir s'éloigner de toi. En quoi ne pourrait-elle donc pas se retenir ? Se retenir de te frapper ? Se retenir de t'embrasser ? « Tu comprends pas que je ressens tellement de truc pour toi que ça me bouffe. Ça me ronge et je sais plus quoi faire pour t’oublier. Ni même quoi en penser. Prendre de la distance ne suffit pas, l’amour que je peux éprouver pour Noah ne suffit plus non plus. J’en peux plus tu comprends ? Tu me pourris. J’ai l’impression que chaque bouffée d’oxygène qui empli mes poumons est empoissonnée. Ces sentiments me tuent et j’arrive pas à cessé de souffrir, à faire comme si de rien était. Chaque mots qui sort de ta bouche me blessent, chaque geste ou chaque acte que tu peux faire m’enfoncent. Tout est lié à toi, tout me pousse vers toi. T’es un putain de salopard. J’ai bon le savoir, ça me repousse pas. Qu’est-ce que je dois faire à la fin ? J’ai tellement besoin de réponse. J'ai besoin que tu n'existe pas. » C'est trop d'informations d'un coup, une trop grosse claque prise dans la figure, un trop gros pic planté dans ton cœur. Tu ne sais vraiment plus quoi en penser. Tu ne sais pas quelle partie de sa tirade compte le plus. Est-ce le fait qu'elle ressente des sentiments pour toi ? Est-ce le fait qu'elle préférerait que tu n'existes pas ? Tu es complètement partagé entre le désir et la haine. Tiraillé entre l'envie de l'embrasser et l'envie de la chasser de chez toi. Tu ne sais pas quoi faire. Tu aurais sans doute d'une bonne douche froide pour te remettre les idées en place. Tout ce que tu es certain d'avoir envie à l'heure actuelle pourtant, est d'appeler Madge, de tout lui raconter, et tant pis pour les conséquences possibles, tout ce que tu veux, c'est vider ton sac. Pourtant pas du genre sentimental, tu te sens comme brisé, à moindre échelle. Attristé, même si tu tentes de le cacher par ton regard froid et dur. Tu la relâches subitement, rangeant tes mains dans tes poches et recules de quelques pas. « Va-t'en Timae. Ne reste pas, j'risquerais de te gangrener de mon attitude de connard, fais gaffe. » tu lui balances, sans même la regarder, lui montrant juste la porte du menton. « J'ferais en sorte de ne plus être sur ton chemin, t'en fais pas. J'existerais plus, si c'est ce que tu veux. » Même si c'est loin d'être ce que tu veux, toi. Tu te sors une cigarette et commence à te faire un café, comme si elle n'était déjà plus là, ne te retournant même pas pour vérifier sa présence, espérant tout de même au plus profond de toi qu'elle ne parte pas comme ça.