« Et c’est ainsi que Pobo retrouva sa maman. La morale de l’histoire est claire : ne laissez jamais tomber un stylo au zoo. » Un dernier sourire avant de lancer le générique et Reese pouvait relâcher sa mâchoire crispée. Il se passait si peu de choses dans cette ville qu’on en était rendus à parler d’un pauvre singe perdu. Elle avait beau aimer son travail, la brune avait du mal à accepter l’image que les gens devaient garder d’elle : la grande comique qui se tapait les pires sujets de l’audimat. Elle rangeait ses fiches alors que son patron accourait vers elle, visiblement tout excité. « Qu’est-ce qu’il se passe Jackson ? » « J’ai une promotion pour toi Reese, une belle promotion, tu pourrais passer aux infos du soir ! » Elle n’en croyait pas ses oreilles. Elle et son boss sautillaient sur le plateau -normal- mais il l’arrêta. « Attends. Ils ont confiance en toi, tu sais, les costards cravates de l’échelle sociale, mais tu dois encore leur prouver que tu es faite pour ce job. » Ses paroles lui paraissaient à des kilomètres, elle ferait ce qu’ils attendaient d’elle, peu importe ce que c’était. Passer aux infos du soir, ça valait bien une petite compensation. Elle demanda rapidement ce qu’ils attendaient d’elle, tout en rangeant ses affaires, un large sourire aux lèvres. Il paraissait hésitant mais il vendu la mèche. « Ils veulent que tu fasses un reportage sur Cooper Tate-Applewood. » Elle se crispa à l’énonciation de ce nom. Un reportage ? Elle avait entendue dire qu’il n’adressait pas la parole à un seul journaliste, alors à elle, c’était déjà peine perdue. Elle allait refuser l’offre mais les mots restaient coincées dans sa gorge. Non. Elle n’allait pas laisser passer une telle occasion pour un mec comme lui. Peu importe qu’il ne veuille pas lui parler, peu importe qu’il lui claque la porte au nez, elle ne pouvait pas résumer sa vie à Cooper. Finalement, elle serra la main de son producteur avant de quitter le boulot, bien décidée à relever le défis. Elle serait la première journaliste à avoir interroger le célèbre Cooper Tate-Applewood, le roi des cons au pays des enfoirés.
Après avoir interroger plusieurs proches de Cooper pour savoir où il pouvait bien se trouver cet après-midi là, elle fut étonnée de l’accueil qu’on lui portait. Elle connaissait bien tous ces gens, ils avaient été ses proches à elle aussi pendant qu’elle sortait avec Cooper. Mais malgré le fait qu’elle ait été celle qui l’avait quitté, ils décidèrent tous de l’aider. Ils n’avaient aucune idée d’où il était, mais elle savait. Elle prit sa vieille voiture jusqu’au grand large, la gara sur le bas côté et descendit les escaliers jusqu’à une grande crique déjà peuplée de dizaines de touristes malgré l’air frais de juin. Elle le repéra un peu plus en autour, éloigné de tous, en dessous d’un des arbres où ils avaient l’habitude d’installer leurs serviettes. Elle marcha dans sa direction, se doutant bien qu’elle n’arborait pas une mine très chaleureuse. Heureuse de le voir ? Comme elle pouvait l’être de ramasser les merdes de son chien.

« On va vérifier tout ça. » En fait, je sais très bien qu’elle est vraiment là. Je ne vois aucune raison pour que je rêve d’elle. C’est pas parce qu’elle est mon premier amour que je dois penser à elle jusqu’à la fin de mes jours, l’imaginer à mes côtés et tout le tralala. Et c’est confirmé par la tape qu’elle me donne sur le nez. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Le hasard, ça n’existe pas. Elle est venue vers moi mais elle ne semble pas vraiment prête à être gentille. C’est peut-être parce que j’ai commencé les hostilités directement. « Si je me souviens bien, regarder mon cul à longueur de journée te plaisait assez. » Je ne peux retenir un léger sourire face à sa vantardise. Elle a gagné en répartie après quelques années, tant mieux. « C’était avant ça chérie. Ton corps a changé depuis ces temps-là. » Ma phrase n’indique pas si c’est en bien ou en mal. En fait, elle est restée canon mais hors de question de l’avouer. Et le temps où je regardais son corps est révolu. « Je suis aussi ravie de te revoir, Coop. » Ironie quand tu nous tiens. Ce surnom, elle aimait déjà l’utiliser quand nous étions ensemble et elle continue encore aujourd’hui. A se demander ce qu’elle attend de moi, pourquoi elle est là. Si elle espère que je suis redevenu l’adolescent con que j’étais à l’époque, elle est vraiment pleine d’illusions la pauvre. « J’ai vraiment l’air heureux alors que tu me déranges en pleine sieste Lawford ? » La bonne humeur légendaire de Cooper, elle connait. Elle l’a pas mal subie, elle réussissait même parfois à la supporter. Mais ça, c’était quand on était en couple. Je suis à peu près sûr que ça l’horripile aujourd’hui. Et c’est bien mon objectif. « Ne te réjouis pas trop vite, je ne viens pas te voir par plaisir -ce serait contraire à tous mes principes-, et aussi étrange que cela puisse paraitre, j’ai besoin de ta présence dans ma vie une toute dernière fois. » Une dernière demande ? Elle avait réussi à attiser ma curiosité. Moi qui pensais qu’elle avait fait un trait définitif sur moi, la voilà qui attendait quelque chose de moi, encore une fois. « Laisse-moi deviner. Tu es mourante et tu veux partager ta dernière nuit sur Terre avec le seul homme que tu as vraiment aimé ? » Le sourire affiché sur mes lèvres est là pour la faire enrager. Quoiqu’elle veuille de moi, ça sera compliqué pour elle. Je la regarde sortir quelques affaires de son sac avant de finalement prononcer ces mots « Tu vas me donner une interview. » Si je m’attendais à ça ! J’ignorais même qu’elle était journaliste. « T’es sûre que t’es pas mourante ? Parce que ce serait moins compliqué pour toi de me faire coucher avec toi plutôt que de réussir à m’interviewer. » Bien sûr, je ne compte pas réellement coucher avec elle. Non pas que ça me dérangerait mais elle risquerait de croire qu’on partage plus que ça. Et malgré tout ce qu’on a traversé, je ne souhaite pas la faire souffrir encore une fois. « Aucune journaliste – aussi déterminée ou sexy qu’elle soit – n’a réussi à obtenir une interview de moi. Qu’est-ce qui te fait croire que toi, tu vas y parvenir ? »

« C’était avant ça chérie. Ton corps a changé depuis ces temps-là. » Si il pensait l'atteindre avec ce genre de banalités. Elle n'était plus la femme qu'il avait connu bien des années auparavant. Elle n'avait jamais été fragile, susceptible d'être blessée par quelques paroles, mais quand il s'agissait de Cooper, elle ne s'était jamais pardonné son angoisse face à son jugement. Il avait été le seul pour qui un avis était important. Elle avait l'habitude d'observer la moindre réaction à une annonce, et avait su déchiffrer chacune de ses expressions si bien qu'elle aurait bu en écrire un livre. "Comment déchiffrer Super Connard", elle se ferait un paquet de fric. Si il ne cédait pas à sa demande, elle pourrait toujours publier ça. Peut-être pas, non. Dans tous les cas, son corps comme son cul n'avait pas pris une ride, malgré ce qu'il voulait lui faire penser. « Ferme la bouche tu baves, chéri. » Torture torture. Elle détestait se retrouver ici, comme si le fantôme de leur relation les regardait de là-bas, riant de l’ironie de la situation. Aujourd’hui, le fossé qui les séparait était bien visible, et Reese n’allait certainement pas l’enjambé. Elle restait à une distance raisonnable, se disant qu’ainsi, il l’atteindrait moins. Il y aurait moins de dégâts, dirons-nous. Il en avait déjà suffisamment fait. Elle se demandait même comment il pouvait la regarder avec ce dédain insupportable après ce qu’il avait fait. N’importe quel être normalement constitué aurait l’indulgence de baisser les yeux, même quelques secondes. Mais Cooper était Cooper, elle n’avait pas su le changer, elle n’y était pas parvenu. Lui, pourtant, avait su la mener là où il voulait qu’elle aille. Elle l’avait laissé la changer des années durant. Elle devait être plus comme ça, moins ainsi. Il avait pris de petits morceaux d’elle, si petits qu’elle n’avait pas fait attention. Il l’avait rendu autre, une autre Reese, froide et ambitieuse, une femme moins souriante, moins ouverte. Il l’avait privé d’histoires simples à la suite de leur rupture, elle était incapable de faire confiance. Elle n’en était pas sortie indemne, mais handicapée par la vie à deux, et ça ne lui donnait même pas le droit à des places réservées au parking. « Laisse-moi deviner. Tu es mourante et tu veux partager ta dernière nuit sur Terre avec le seul homme que tu as vraiment aimé ? » Elle se retint de l’étrangler. L’indécence même, Cooper Tate-Applewood. Il savait qu’un rien pouvait la faire éclater. Le sang chaud des Lawford, l’incapacité même à intériorisé dans toute sorte de situation. Elle se crispa avant de se détendre en un beau sourire hypocrite, elle voulait lui prouver que la vie sans lui n’avait pas eut que des mauvais côtés. « Navrée, sur cette liste tu es le dernier, juste après un manchot. » Ça te la coupe, hein ? Elle ne voulait pas reconnaitre que ce match de tennis l’amusait un peu, ce serait lui donner trop d’importance. Dans quelques minutes, elle pourrait enfin déguerpir d’ici, ne plus revoir sa tête d’idiot béate et prendre un bon bain antiseptique. « T’es sûre que t’es pas mourante ? Parce que ce serait moins compliqué pour toi de me faire coucher avec toi plutôt que de réussir à m’interviewer. » « Challenge accepted. » Elle se surprit elle même à sourire. C’était un vieux jeu entre eux, se lancer des défis qui n’était jamais vraiment formulés. Elle retrouva son visage de glace et détourna les yeux, soufflant bruyamment. Ca n’allait pas être simple, les rumeurs disaient vrai, Cooper avait le don de décourager tous ceux qui tentaient de l’approcher. Finalement il reprit. « Aucune journaliste – aussi déterminée ou sexy qu’elle soit – n’a réussi à obtenir une interview de moi. Qu’est-ce qui te fait croire que toi, tu vas y parvenir ? » « Parce que tu me dois bien ça, Coop. » Elle n’attendit même pas qu’il termine sa phrase pour lui balancer cette phrase facile mais qui parfois faisait son petite effet. Elle décidait de jouer la carte de la fille encore blessée par leur histoire -c’était totalement faux, évidemment-, soit, si ça fonctionnait elle n’aurait pas eut trop à insister. Voyant arriver un petit ricanement, elle haussa la voix, consciente que quelques personnes les écoutaient. « Claudia, Leen, Olivia, Ellen, Tara, Drew, Camille, Joanne, Val, Sadie. Et tu savais que je regardais. Dis-moi, combien de temps elles ont mis à comprendre que te sucer ne suffirait pas pour rester dans le jeu ? » Sérieusement, ça l’intéressait.

« Ferme la bouche tu baves, chéri. » Les petits surnoms qu’on se donne depuis qu’elle est arrivée ne trompent personne. Ce sont des rappels du passé, une ironie incroyable vu la situation. Elle avait été très claire quand on avait rompus, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi. Et ce n’était pas du tout un problème pour moi. J’avais déjà abandonné notre relation bien avant qu’elle ne le fasse ou même me voit à la télé avec une autre. La plupart des autres hommes dans ma situation – ou même dans une situation moins pire – aurait sûrement honte en se retrouvant face à la femme qu’ils ont trompée et humiliée. Mais pas moi bizarrement. Alors que j’avais quand même vraiment aimé Reese à une époque. Faut croire que tout finit par s’oublier. « Ne prends pas tes rêves pour des réalités mon amour. » Sourire de connard, elle le mérite bien. Faudrait pas qu’elle prenne la grosse tête en plus. D’accord, son cul est sûrement resté le même, toujours aussi canon mais qu’elle ne compte pas sur moi pour lui faire des compliments. Ce n’est pas le boulot de l’ex ça. L’ex, c’est là pour te pourrir la vie, normal quoi. Et ça, je le fais à merveille. Même si la belle brune se défend bien. « Navrée, sur cette liste tu es le dernier, juste après un manchot. » Je me doute bien qu’elle a connu d’autres hommes après moi, elle n’allait pas attendre mon retour en restant seule dans son lit, à manger des tonnes de glaces devant les épisodes de Friends. Mais tout le monde sait que le premier amour, c’est celui qui compte le plus, celui qu’on n’oublie jamais et qui n’est jamais égalé par aucun autre homme. Enfin c’est pour les filles en tout cas. Et je sais bien que Reese est comme les autres, même si elle voudrait bien être différente, sortir du lot et tout ça. La vérité, c’est qu’aux yeux des mecs, la plupart des femmes sont juste comme les autres. Faut vraiment être très originale pour se faire repérer. Et me dire qu’elle a couché avec un manchot, on a vu mieux quand même. « Content d’apprendre que tu n’as trouvé que la zoophilie pour te remettre de notre rupture. » La vérité, c’est qu’on éprouve toujours un malin plaisir à rabaisser une personne qu’on a aimé. J’ignore pourquoi, c’est juste comme ça. Et quand la personne en face de vous fait la même chose que vous, il n’y a plus aucune raison de se priver. « Challenge accepted. » Elle en faisait un jeu, son nouveau défi de la semaine, celui qui est censé l’aidée à aller mieux. Sauf qu’elle va perdre lamentablement et en ressortir encore pire qu’elle ne l’est maintenant. Qu’elle ne vienne pas se plaindre après, c’est son idée après tout. Elle doit être assez folle quand même pour s’infliger ça. Ou bien elle a assez confiance en elle pour avoir la folie de penser qu’elle peut réussir. Dans tous les cas, elle est folle. « Game on ! » Un regard entendu pour confirmer le pari. Elle veut jouer, on va jouer. Tous les coups sont permis, ce ne serait pas assez divertissant sinon. « Parce que tu me dois bien ça, Coop. » Elle attaque directement la petite. A croire qu’elle n’a pas de temps à perdre. Mais ça, elle peut être sûre que je vais lui en faire perdre du temps. Jusqu’à mon dernier souffle, je la ferais patienter, juste histoire de la voir rager encore un peu plus. Parce que je ne lui dois rien du tout et elle le sait. « Claudia, Leen, Olivia, Ellen, Tara, Drew, Camille, Joanne, Val, Sadie. Et tu savais que je regardais. Dis-moi, combien de temps elles ont mis à comprendre que te sucer ne suffirait pas pour rester dans le jeu ? » Je l’écoute énumérer des prénoms dont je me souviens à peine. La Reese jalouse, il n’y pas mieux. Parce que la jalousie est une faiblesse et pourtant, elle s’y laisse aller. A me parler des filles avec qui j’ai pu la tromper. Même si je ne crois pas avoir couché avec toutes. « C’est drôle, tu te souviens de leurs prénoms mieux que moi, tu devais être sacrément fan de l’émission non ? Dis-moi, juste comme ça, c’était laquelle ta préférée ? En toute objectivité bien sûr, sans prendre en compte ta jalousie maladive. » Elle sait bien qu’elle va devoir subir tout ça si elle peut espérer avoir son interview – non pas qu’elle ait une chance. Cette question stupide, ce n’est que le début. Le début de sa défaite. « Et, au fait, elles ne couchaient pas avec moi pour avoir une chance de gagner, mais par envie. Et ne prétends pas que tu ne comprends pas, tu sais très bien ce que ça fait. » Prétendre que j’ai couché avec toutes, c’est sûrement la meilleure façon de la faire rager. Parce que ça fait quand même une sacrée liste de filles avec lesquelles je l’ai faite cocue. Surtout qu’elle ne sait rien d’autre que ce qu’elle a vu à la télé, en direct avec toute la population des Etats-Unis. « Mais ne fais pas la tête, j’avais aussi du mal à te résister à l’époque… »

« Tu es parfait, mais je suis débordée à essayer de coller ma vie avec du scotch et de la glue. »Cooper était un sacré connard, fallait bien se l'avouer. Elle se demandait même si, lorsqu'ils étaient en couple, elle ne s'était pas légèrement voilé la face sur sa véritable nature. Il y avait bien eut quelques diners ratés, de belles engueulades, sûrement des dérapages mais il savait comment se faire pardonner. Pire, il savait qu'elle lui pardonnait tout. Une fille amoureuse est une fille bête. Elle devait sacrément l'aimer à l'époque, ou alors il était devenu quelqu'un d'autre. Il n'y avait plus aucune proximité entre eux, aucun regard, aucune excuse. Il n'y avait que rancoeur et amère déception, malgré le lieu qui se prêtait aux souvenirs heureux. Elle ne pensait plus aux bons moments, elle était bien trop occupée à se défendre face aux piques acerbes d'un Cooper que l'on sentait encore blessé d'avoir été lâchée par une femme. D'habitude, c'était l'inverse. Mais elle n'aurait jamais attendu qu'il rentre un soir faire ses valises, non, leur relation avait une limite, et il l'avait franchi pieds joints. Elle se rappelait de sa surprise quand elle le fichu à la porte, ce qui l'avait énervée encore un peu plus. Quoi ? Elle aurait du rester sans rien dire, et ils auraient repris là où ils s'étaient arrêtés ? Dude, ça, c'était le siècle dernier. « Content d’apprendre que tu n’as trouvé que la zoophilie pour te remettre de notre rupture. » Elle hausse les sourcils, faussement étonnée de sa remarque. « Mais, Coop, j’ai connu la zoophilie en sortant avec toi. » Sa voix trahissait l’innocence même, mélangée à un air hautain propre à Reese. C’était son moyen de défense, il avait bien fallu qu’elle se débrouille seule toutes ces années, et elle servait aujourd’hui à Cooper sa deuxième peau, « l’autre Reese » auxquels les inconnus ou mauvaises connaissances avaient le droit. Elle ne l’avait encore jamais utilisé contre Cooper mais mieux vaut tard que jamais. « Game on ! » Le pari est lancé. Elle voit dans son regard qu’il la prend pour une conne. Il croit qu’elle n’a que ça à faire, oui, venir le voir, c’est bien connu, Reese est maso. Être ici n’était pas une partie de plaisir, mais elle devait bien avouer que cela lui faisait un bien fou. Pour une fois, elle n’était au boulot sur une affaire de chewing-gum empoisonné, elle était ici pour une grande affaire, sa vie pouvait basculer. Le seul obstacle, c’était que celui qui ferait basculer sa vie en bien ou en mal, c’était encore une fois Cooper, sur un tout autre statut que l’année dernière. « C’est drôle, tu te souviens de leurs prénoms mieux que moi, tu devais être sacrément fan de l’émission non ? Dis-moi, juste comme ça, c’était laquelle ta préférée ? En toute objectivité bien sûr, sans prendre en compte ta jalousie maladive. » « Fallait bien que je mesure à quel point t’étais en manque de sexe, mais si tu changeais de pute aussi souvent, c’est qu’aucune n’arrivait à te satisfaire autant que moi. » Elle imitait une balance avec ses mains, alors qu’elle arborait une grimace indéchiffrable. « Olivia était plutôt jolie, blonde -dans tous les sens du terme- mais jolie, celle-la j’aurais pu te la pardonner. Camille, à mon avis, c’était les seins, je voyais que ça pour que tu t’intéresses à elle. Drew ressemblait à une travestie, rien que le prénom aurait du t’avertir. » Elle avait prit cet air de professeur qu’elle savait insupportable, surtout pour Cooper. Elle savait ce qui le titillait, et le plus souvent, c’était qu’elle n’en avait rien à foutre de ce qu’il faisait de sa vie. « Et puis, pour les autres, tu devrais être sacrément en rut. » Elle clôtura en posant lourdement ses coudes derrière elle dans le sable, prenant une position de bronzage alors que le ciel était couvert. « Et, au fait, elles ne couchaient pas avec moi pour avoir une chance de gagner, mais par envie. Et ne prétends pas que tu ne comprends pas, tu sais très bien ce que ça fait. » Pour seule réponse, elle lui lança un rire court, presque une exclamation. Il avait sûrement prit la grosse tête également, mais ça, il l’avait toujours eut. « Depuis le temps, j’ai eut l’occasion de comprendre que tu n’étais pas le meilleur coup à tirer. » Elle choisissait sagement chacun de ses mots, pour parvenir à le blesser à coup sûr. En une phrase, elle lui transmettait plusieurs choses : elle avait tourner la page, elle avait coucher avec d’autres, d’autres l’avaient touchée, et peut-être, si il y pensait, qu’elle s’était posée avec quelqu’un. Il avait beau avoir été son premier, il n’avait pas été le dernier. « Mais ne fais pas la tête, j’avais aussi du mal à te résister à l’époque… » Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Reese, un sourire franc, accompagnée d’un regard en direction de Cooper. Le premier, peut-être, depuis son arrivée. Ils en étaient arrivé là, en fin de compte. À se battre comme des chiens pour prouver qui était le plus fort, le plus faible des deux. Et elle ne comptait certainement pas finir à la deuxième place. « Le passé c’est le passé Darling, ça parasite le présent. »

« as you can see, i survived without you. » Combien de temps resterait-elle là à le supporter ? Elle bouillonnait de colère mais il était incapable de le voir depuis qu’elle avait compris que la vie vous réussissait plus lorsque les gens vous prenaient pour quelqu’un d’autre. Ce n’était pas vraiment une carapace, non, ça c’était trop faible ; mais plutôt une sorte de self-control, elle ne cillait pas alors que la troisième guerre mondiale se déroulait à ce moment même dans sa tête. Elle le voyait partout : sur un piquet, au bout d’une corde, devant un flingue. Il la rendait folle. Evidemment, ce n’était pas la même folie que celle qui animait leur relation passée, mais bien de la folie pure ; il était insupportable. Il parlait, parlait, tentait encore de gagner une bataille en lui faisant croire qu’il lisait parfaitement en elle. Mais Cooper, tu oublies que tu ne vaux pas mieux qu’elle. Après tout, de quoi pourrait-il bien se sentir supérieur ? Il n’était qu’un raté de la télévision, un mec que les téléspectateurs avaient oublié en deux semaines et qui réapparaitrait des années plus tard dans une émission consacrée à ceux qui, comme lui, ont tenté une percée dans la gloire. Et au final, les gens diront « Ah mais oui, c’est machin qui a joué dans truc. » Il ne valait rien, mais il n’en semblait pas convaincu. Ou bien comme elle, il avait su se voiler la face des années et des années, et encore aujourd’hui. Elle en avait marre d’être ici, marre de voir son sourire suffisant, ses yeux moqueurs, car oui, les mots blessaient. Elle pouvait encaisser, elle encaissait sans cesse, mais voir toute la colère dans ses yeux suffisait à la convaincre qu’être venue ici n’avait pas été une bonne idée, pour tous les deux. Elle n’obtiendrait sûrement rien de lui aujourd’hui et il était bien décidé à la pousser à bout. Mais il n’y arriverait pas, elle ne lui en laisserait pas l’occasion. « Pourtant, c’est toi qui est là aujourd’hui et qui parasite mon présent. » Il se rallonge et ferme les yeux comme si elle n’existait déjà plus, comme si elle était partie. Non, c’était trop facile. Ce ne sont pas les règles du jeu, et malheureusement, ce n’était pas lui qui les inventait. Elle le laisse un instant dans son fantasme même si elle sait pertinemment qu’il tend l’oreille pour voir où elle en est. Elle aurait pu se lever et le planter là mais ça aurait été lui faire un trop grand plaisir. Au lieu de quoi elle se coucha juste à côté de lui –ce qu’elle aimait l’emmerder, c’était plus fort qu’elle - et ferma les yeux à son tour. Elle savait que sa présence le dérangeait plus que tout, alors si il voulait la pousser à bout, elle ferait de même. « Allons Cooper, tu ne pensais quand même pas te débarrasser de moi aussi facilement. » Elle aurait cette interview, il ne restait plus qu’à trouver un moyen de le faire céder. « Je t’ai connu plus joueur que ça. Qu’est-ce qui te fait peur à ce point ? Je pensais que tu voulais être célèbre. » Il ne parlait pas mais elle savait qu’il écoutait. Il faisait son malin, mais elle aurait le dernier mot. « Viens dans mon émission et tout le monde saura mettre un nom sur ta tête d’abruti. C’est donnant donnant. » Elle était d'humeur généreuse aujourd'hui.

Spoiler:

Je me demande ce que Reese ne comprend pas au terme de ‘rupture’. Quand nous avons rompu, il n’y a pas eu ‘restons amis’, rien de tout ça. Juste de la haine pure et simple. Ce qui est généralement le cas lorsqu’un des deux est trompé par l’autre. Ne plus jamais la revoir – ou bien seulement la croiser sans lui parler – me convenait très bien. C’était le contrat implicite entre nous. Ne plus interférer dans la vie de l’autre. Laisser notre histoire au passé. Un beau souvenir, si on oublie la fin de tout ça. Elle resterait toujours la première femme que j’avais aimée, c’était un fait. Mais ce n’est pas pour autant que ça doit encore signifier quelque chose aujourd’hui. Il n’y a pas de photo de nous deux affichée chez moi, je ne pense pas à elle – à part quand elle m’impose sa présence. Le passé tout simplement. Alors je ferme les yeux, espérant qu’elle va partir. Mais il faut croire que j’espère trop d’elle. Ou bien pas assez. Je l’imagine moins forte. J’imagine qu’elle va profiter de l’opportunité que je lui laisse pour fuir. Mais elle a gagné en détermination, ça c’est sûr. Je l’entends se coucher à côté de moi et je soupire. Je n’ouvre pas les yeux pour autant, gardant un faible espoir qu’elle parte. « Allons Cooper, tu ne pensais quand même pas te débarrasser de moi aussi facilement. » Elle veut la guerre, elle l’aura. Elle me cherche, sans savoir ce qu’elle fait. Elle va le regretter, elle ne le sait juste pas encore. Elle pense gagner cette bataille, elle se trompe lourdement. Elle n’a aucune chance de me blesser mais elle y croit pourtant encore. Je ne réponds rien, lui prouvant par mon silence que oui, j’espérais me débarrasser d’elle ainsi. Mais ça ne l’empêche pas de continuer. « Je t’ai connu plus joueur que ça. Qu’est-ce qui te fait peur à ce point ? Je pensais que tu voulais être célèbre. » Elle essaye de toucher les points sensibles sans se douter que je m’y attends. Elle pense me connaître, elle ne connait que l’ancien Cooper. Celui qui n’a pas vécu ces dernières années. Celui qui n’a pas connu la célébrité, la drogue et la chute. Elle pense savoir comment j’ai réagi à tout ça, elle n’en a aucune idée en fait. « Viens dans mon émission et tout le monde saura mettre un nom sur ta tête d’abruti. C’est donnant donnant. » Je ne peux m’empêcher de rire. Elle croit vraiment que je vais croire ça ? Dans son histoire, il n’y a qu’elle qui y gagne, c’est pourquoi c’est un défi pour elle de me faire accepter. « Oh come on, tu ne penses pas sérieusement m’avoir comme ça n’est-ce pas ? » Elle n’est quand même pas si naïve. Elle sait qu’elle risque de galérer, en vain, pendant longtemps si elle y tient à cette interview. Moi, je n’ai aucune raison qui me pousse à la faire et ce n’est sûrement pas pour lui faire plaisir que j’accepterais. « De plus, je n’ai rien contre l’anonymat, c’est plutôt cool. Enfin je ne suis pas un inconnu pour le grand public et le fait que tu veuilles une interview de moi le prouve. On me reconnait souvent dans la rue, on me demande des autographes. Limite, je voudrais bien être anonyme en fait. Donc je refuse et je ne suis même pas désolé. » Pourquoi le serais-je ? Elle n’a rien fait qui mériterait un service de ma part. Elle croit que, parce que nous avons une histoire, elle a plus de chance que les autres journalistes d’avoir une interview de moi. Mais en fait, une inconnue pourrait sûrement mieux réussir. « Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je dois aller retrouver quelqu’un. » C’est complètement faux mais comment le saurait-elle ? Je me lève et ramasse ma serviette, sans faire attention au sable qui s’en détache et tombe sur Reese. « Ce fut un réel déplaisir de te revoir Lawford. » C’est réciproque, je le sais. Mais pourquoi serais-je poli ? Elle a gâché mon après-midi à la plage après tout.