C'était un soir comme tous les autres, où je n'avais rien à faire. Etant un peu lassé des endroits que je connais depuis longtemps, je me suis décidé à aller aux Guitares Hurlantes, dont j'avais vaguement entendu parler. D'habitude, je n'apprécie pas trop découvrir de nouveaux endroits, préférant mes bonnes vieilles habitudes. J'ai toujours peur de tomber dans un endroit déplaisant et croiser des gens qui le sont tout autant. J'entrai donc dans la première salle, un restaurant plutôt chaleureux où un pseudo groupe de rock'n roll jouait. C'était pas trop mal, étant compliqué niveau goûts musicaux. Je m'assis sur un petit canapé en cuir, à l'écart des couples et autres personnages inintéressants. Je me demandais ce que je foutais ici, regrettant alors l'idée que j'avais eue quelques minutes auparavant. Je me forçai tant bien que mal à rester encore un peu, observant telle une commère les allers et venues de ces petits humains, devinant leurs vies, leurs pensées, leurs passés, ce qui me ramena au mien. Je me demande ce que sont devenus mes parents. Quelque fois, je regrettai ma métamorphose. Je m'en voulais de ne pouvoir leur expliquer la vérité, de les avoir négligés pour qu'ils me détestent. C'était selon moi le seul moyen de les protéger, ayant trop peur de leur faire du mal un jour. Le mal, je l'avais quand même fait au final. J'aurais peut-être dû me faire passer pour mort - ce qui au fond, est vrai, si on estime qu'un vampire n'est pas un être vivant - mais ça me semblait trop douloureux pour moi, surtout de voir ma propre tombe ou que sais-je. Quinze ans que je ne les ai pas vus. Est-ce qu'ils ont refait leurs vies, se sont remariés ? Est-ce possible de se remarier après ce qui s'est passé ? Ont-ils déménagé ? Pensent-ils souvent à moi ?

Un serveur me sortit de mes pensées un peu brutalement. « Vous désirez ? » Je pris un moment à réfléchir alors que je connaissais déjà la réponse. « Une bière, s'il-vous-plaît. » C'était l'une des seules boissons "humaines" que j'aimais encore boire. Je regardais par la vitre la ville quelque peu animée, sans vraiment la regarder en fait. J'étais d'humeur morose, ce soir-là.

Je me sentis observé, et la nuit commençant à tomber, la puissance de mes sens se décuplait. Je trouvai aussitôt le jeune homme juste en face de moi qui m'observait. J'ai d'abord cru rêver. « Camille ?! » Le son n'avait pu sortir de ma bouche. C'est fou comme il lui ressemble ! Je me souvins que mon défunt ami avait eu un fils, et même deux et une fille, qui devait avoir le même âge que son père quand je traînais avec. Nous étions très proches. A vrai dire, dans ma vie d'humain, c'était l'une des seules personnes avec qui je m'entendais aussi bien. On faisait les 400 coups et qu'est-ce qu'on riait ! Tandis que je me perdais dans mes pensées, un sourire s'esquissai sur mon visage. C'était le seul humain qui avait eu vent de ma métamorphose. Malheureusement, j'ai préféré garder mes distances, sa célébrité m'effrayant quelque peu. Désormais, il n'était plus là, il était parti, trop tôt sans aucun doute. Il avait laissé ses enfants face à la célébrité, sans pouvoir la fuir. Est-ce que ça les rendait heureux ? Le garçon était seul, et cela me faisait un peu de peine. J'imagine que son père aurait voulu que j'aille le voir. C'est ce que je fis.

Une bière à la main, je m'approchais du jeune homme, espérant ne pas l'effrayer, si ce n'était pas déjà fait avec mes étranges attitudes.
« Salut. La place est libre ? » Je n'ai jamais réellement su aborder les gens. D'habitude, je suis beaucoup plus à l'aise et ça passe tout seul, mais là, j'avais une sensation bizarre, qui chancelait entre la gêne, la tristesse et la joie de garder un "lien" avec mon passé. De toute façon, il allait m'envoyer balader, c'était certain. La célébrité monte souvent à la tête des gens, ou la peur des autres, ce qui est compréhensible quand on voit tous ces insupportables paparazzis à la recherche de rumeurs alléchantes pour leur porte-feuille.

En m'asseyant, un tas de questions surgirent de mon esprit. Quelle histoire dois-je inventer ? Après tout, je ne pouvais dire que je suis un ami d'enfance de son père, il aurait cru que je me moquais de lui, ayant l'apparence d'un garçon de son âge. Il fallait que je me montre convaincant, mais n'étant pas à mon premier mensonge, je savais déjà que ça allait passer. « Je m'appelle Isaac Adams, vous devez être le fils de Camille Bell-Grazioli ? J'ai entendu parler de vous de nombreuses fois, mes parents étaient amis avec votre père. Désolé si mon approche est incorrect. Je ne sais jamais comment me comporter dans ce genre de situation, haha. » Le rire est un moyen si simple d'entrer en contact avec les gens, et c'est d'ailleurs pour ça que je l'utilise souvent pour communiquer. Malheureusement je n'ai pas de diplôme en blagues, cela m'aurait été bien utile. Je fais donc avec les moyens du bord. « A vrai dire, c'est la première fois que je viens ici. On ne m'en avait dit que du bien, alors je me suis décidé à aller jeter un coup d'oeil. Malheureusement, tous mes amis étaient occupés ce soir, j'ai donc tenu à y aller tout de même. J'essaye de sortir tous les soirs voyez-vous, de profiter de ma jeunesse. Et vous, alors ? » Je riais intérieurement à ces derniers mots. Comme si ma jeunesse n'était pas éternelle... Je me trouvai un peu ridicule en fait. Mais qu'importe, le garçon en s'en apercevra pas. Histoire de m'hydrater un peu la gorge, je posai mes lèvres sur le verre contenant la bière et en bu une lampée.

Il me racontait les détails de sa vie -qui n'en était pas en fait- que je connaissais déjà. Je faisais mine de ne pas avoir été mis au courant. J'avais beau m'être éloigné de mon vieil ami, il n'en restait pas moins que je prenais régulièrement de ses nouvelles, par l'intermédiaire du téléphone ou des magazines. J'avais peut-être du mal à m'attacher aux gens et à conserver les liens, cependant il m'arrivait quelques rares fois de déroger à la règle. Il ne se souvenait pas de moi ? Tant mieux, il ne fallait pas qu'il découvre mon secret. « Par contre votre visage... J'ai l'impression de vous avoir toujours connu. » Je ris jaune. « J'ai un visage semblable à tout autre sans doute, on m'a déjà dit avoir vu des sosies de moi alors plus rien ne m'étonne, haha. » Pourvu que les souvenirs ne reviennent pas. Pour ma part, j'ai toujours eu du mal à me remémorer clairement mon enfance, néanmoins quelques bribes me revenaient lorsque je croisais quelqu'un ou quelque chose qui avait un lien avec. De plus, certaines personnes ont une très bonne mémoire de tout ce qu'il s'est passé depuis leurs premiers pleurs (ou presque). « Ca nous fait quelque chose en commun. » Hmm, sûrement une des rares choses que l'on a en commun... Je gardais le silence, ne sachant que dire, j'avais trop peur de me trahir. Je me suis aussitôt dit qu'il fallait que je réagisse si je ne voulais pas paraître trop introverti. « Une routine, vraiment ? Je pensais que la vie d'une "célébrité" était plus croustillante que ça ! » dis-je en riant. Je n'avais jamais discuté avec quelqu'un de plus ou moins célèbre, en fait. Je ne pouvais donc rien savoir, mais c'était ainsi que je l'imaginais, comme 90% des personnes vivant sur cette Terre, d'ailleurs.

[encore désolée de tout ce retard, j'espère que ça te convient.]

« Quelle cruauté ! Vous m'impressionnez ! » Je riais, écoutant attentivement ce qu'il me racontait. J'étais loin d'être l'exemple même de la gentillesse, alors cela me faisait d'autant plus rire. J'aurais sans doute fait pire à sa place, lui montrant mes crocs étincelants suivi de mon plus beau sourire, elle aurait déguerpi en moins de deux secondes ! « J'ai vraiment horreur des gamins, j'ai beau comme tout le monde en avoir été un, je ne peux pas supporter les autres. Je les trouve toujours source de problèmes. J'espère ne pas vous effrayer par mes idées haha, je perds souvent des amis à ce sujet. » Si tant est que j'en ai eus. Il allait sûrement me prendre pour un asocial et ne plus vouloir me parler. « Je suis pas le genre de mec à enlacer les gens, on dit souvent que je suis sans pitié. Je ferais mieux d'arrêter de parler avant que vous ne décidiez de me fuir, je vous comprendrais, je ne suis pas sûr d'apparaître sous mon meilleur jour haha. » Je crois bien que l'alcool des nombreuses bières que j'avais bu depuis le début commençait à me monter à la tête. Pourtant j'étais un "habitué", si je puis dire. Je sentais que j'allais finir soûl, une fois de plus. Changer mes habitudes n'est vraiment pas mon fort...


[je suis vraiment, vraiment désolée du retard, j'espère que tu ne m'en veux pas trop, en plus mon texte est complètement nul par rapport à ce que tu fais, je me rattraperais, promis ]