Dix heures. QUOI ? Comment ça, dix heures ? Tout me revient en pleine figure. Le bar que j'ai fermé tard hier soir, moi m'écroulant sur le canapé, le réveil qui a bien dû sonner deux heures plus tôt et que j'ai balancé à travers la pièce encombrée. Oui, bon, en fait, je ne peux m'en prendre qu'à moi. Mais dix heures, je suis censée retrouver Suzie dans exactement une demi-heure. Et merde. Je me lève d'une traite, tant pis pour le bordel. Tant pis pour le reste aussi. Je me demande comment ma petite soeur accepte de vie dans un dépotoir pareil. Bon, c'est pas comme si on avait des cafards sur les placards, mais parfois, la tonne de bordel que nous sommes capables d'amasser en une journée m'effraie. Enfin, passons. Un saut dans la douche, quelques couches de mascara plus tard et je suis finalement parée au départ. Ouais, sauf que j'ai absolument rien dans le ventre depuis la vieille et que je suis sur le point de faire une crise de cette-maladie-provoquée-par-la-faim-peu-importe-son-nom. J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim. Dans à peu près vingt-minutes, les passants vont se transformer en ce délicieux poulet rôti dont rêvent les loups affamés dans les dessins animés. Ouais, aucune réflexion sur ma référence, s'il vous plaît. Je regarde les dessins animés de dimanche matin, ET ALORS ? Quand j'ai faim, la folie m'atteint. C'est de notoriété publique maintenant. Un peu comme un état second. Je me dépêche de sortir, et je me déteste de ne pas avoir pensé à m'habiller plus chaudement. Finalement, je n'arrive qu'avec une dizaine de minutes de retard. Lorsque je pousse la porte de ce petit café dans laquel j'ai l'habitude de me rendre, sa chaleur m'enveloppe immédiatement. Le paradis. Je salue le patron d'un joli sourire et d'un signe de main, je crois qu'il s'est habitué à nous voir fourré ici, Suzie et moi. D'ailleurs, en parlant de Suzie, je la remarque déjà présente, assise à notre table. Je m'empresse de me diriger vers elle. « Suzie, je suis vraiment... » Et puis je remarque cette assiette sur la table. « Oh génial, t'as commandé à manger. Je MEURS de faim. » Les excuses sont déjà aux oubliettes, je m'installe rapidement et je pique un morceau. Je n'ai pas eu le temps de voir ce que c'était, mais ce que je remarque, c'est que c'est certainement la meilleure bouffe de toute ma vie. Sérieusement.

same old us

Je me lève avec un sourire aux lèvres. Aujourd'hui, c'est le jour où je retrouve Jaizlynn, comme toujours depuis un bon moment. Une tradition, une habitude. Je prends une douche, j'enfile un jean et un pull, le manque de chauffage se faisant cruellement ressentir, et me voilà partie. J'adresse un sourire au patron avant de m'assoir à notre table habituelle. Depuis le temps qu'on vient ici, c'est presque devenu un rituel. On s'installe toujours à la même table, celle près de la fenêtre, dans le coin. On semble y être à l'abri des regards indiscrets et en même temps, on peut toujours profiter de la luminosité naturelle. Je jette un bref coup d’œil à ma montre qui m'indique déjà dix heures et demi. L'heure précise où je suis supposée retrouver Jaizy. Sauf que bien sur, la ponctualité et elle, ça fait deux. Je décide de commander mon petit-déjeuner sans l'attendre. Une gaufre au nutella. J'ai toujours été attirée par le sucré.

Et voilà finalement Jaiz qui débarque, les cheveux à peine secs, ce qui indique qu'elle vient de sortir de la douche. « Suzie, je suis vraiment... » Elle baisse les yeux et son regard se pose sur l'assiette. « Oh génial, t'as commandé à manger. Je MEURS de faim. » J'éclate de rire. C'est plus fort que moi, Jaizlynn a toujours le don de m'amuser. Ses réactions sont tellement spontanées, naturelles. Elle n'est pas du genre à être obnubilée par les apparences et à garder un contrôle constant sur ses émotions, c'est ce que j'aime chez elle. Elle se laisse tomber sur la chaise en face de moi et se sert dans mon assiette. On se connait depuis assez longtemps pour qu'elle le fasse sans se gêner. Elle a l'air ravie et je devine qu'elle n'exagère certainement pas en disant qu'elle meurt de faim. Je souris et pousse l'assiette vers elle. « Vas-y, je n'ai pas très faim ce matin. » Elle me regarde de ses grands yeux dégoulinants de gratitude. « T'en fais pas, j'ai toujours su que tu avais du mal avec la ponctualité. » Je la regarde manger en réalisant que même inconsciemment, je m'efforce toujours de veiller sur elle. Comme une mère sur son enfant. Bien sur c'est ridicule, sa mère est une mère indigne et elle n'est pas ma fille. Ma fille. Pourrais-je un jour m'occuper de mon propre enfant ? Je commence à en douter. Mais pas question que ces vilaines pensées viennent gâcher ma matinée avec Jaizlynn. Je les repousse et adresse un nouveau sourire à la jeune fille. « Alors, comment tu vas aujourd'hui ? »

La bouche pleine, je ne peux m'empêcher de sourire devant le visage riant de Suzie. Je me rends compte que j'ai l'air d'une gloutonne, à piquer dans l'assiette de mon amie. Je pose la main devant ma bouche en signe d'excuse, je me dépêche d'avaler ma bouchée. Vraiment, je n'en loupe jamais une. « Vas-y, je n'ai pas très faim ce matin. » D'un geste compatissant, elle pousse son assiette devant moi. Je la regarde avec des yeux ronds, parce que dans mon état, se faire entendre dire qu'on a pas faim, c'est comme dire qu'il ne nous reste plus que trois mois à vivre. « Tu es sûre ? Je ne veux pas te voler ton p'tit déj. » Elle aquiesse et finalement, je n'insiste pas, je suis bien trop affamée pour ça. Il ne me faut que quelques minutes pour terminer la gauffre, et puis en commander une autre. Ces gauffres, c'est un peu comme le paradis. C'est en manger une bouchée, et avoir l'impression d'être sur un nuage. Après une de ces gauffres, je vous le dis, vous pourrez mourir sans regrets. Je sens son regard posé sur moi et pourtant, je sais qu'en compagnie de Suzie, je n'ai pas à me modérer, à faire semblant. Son regard ne porte pas le moindre jugement, au contraire, je le sens presque... Protecteur. C'est ça. Je crois que pendant quelques minutes aucune de nous n'ose dire quoi que ce soit - peut-être a-t-elle peut que je m'étouffe ou quelque chose du gerne ? - mais après m'être calmée sur les assiettes, nous pouvons prendre le temps de discuter. D'ailleurs, Suzie semble avoir eu la même idée que moi. « Alors, comment tu vas aujourd'hui ? » Je bois une gorgée de ce fabuleux chocolat chaud - il faut croire qu'une partie de moi n'a jamais grandi parce que je ne supporte pas le café - et lui adresse un sourire rassurant. « Je vais bien. Mieux, après avoir mangé. Et je crois bien que je manque de sommeil, enfin, d'après l'état de mon réveil en miettes. » Mine coupable. « Et toi, tout va bien avec Max ? »

Un grand sourire apparait sur les lèvres de Jaiz lorsqu'elle voit qu'elle me fait rire. « Tu es sûre ? Je ne veux pas te voler ton p'tit déj. » Il suffit de regarder son visage pour voir à quel point elle est étonnée de mon manque d'appétit. Je lui adresse un sourire et hoche la tête. « Bien sur, puisque je te le propose. » Elle n'insiste pas et préfère se jeter sur ma gaufre avant d'en commander une autre, ce qui est particulièrement explicite sur son état d'esprit. « Tu devais vraiment mourir de faim » je m'exclame avec un sourire. Aucune trace de moquerie dans ma voix, ce n'est qu'une constatation amusée. De toute façon, je ne suis pas du genre à me moquer et j'apprécie trop Jaizlynn pour le faire. Pas un mot ne vient troubler son déjeuner et je la regarde en silence. Puis enfin, lorsqu'elle a terminé son assiette, je lui demande comment elle va. Elle avale une gorgée du chocolat qu'elle a commandé et m'offre son grand sourire que j'aime tant. « Je vais bien. Mieux, après avoir mangé. Et je crois bien que je manque de sommeil, enfin, d'après l'état de mon réveil en miettes. » Il suffit de regarder la mine penaude qui vient de s'afficher sur son visage pour comprendre qu'elle s'en veut toujours d'être arrivée en retard. « Et toi, tout va bien avec Max ? » Mon sourire se fane aussitôt. A quelqu'un d'autre j'aurais pu mentir mais c'est de Jaizlynn dont il est question. Elle me connait trop bien pour que je lui fasse l'affront de la prendre pour une idiote et de lui mentir. Mon regard se perd . Je hausse les épaules. « Tout dépend ce que tu entends par bien. » La vérité, c'est que je ne sais pas quoi répondre. On ne peut pas vraiment dire que nous allions mal. Non, ce n'était pas quelque chose d'aussi marqué. Simplement, nous nous détachions. Le silence nous séparait. Max rentrait plus tard du travail, j'avais l'impression qu'il m'évitait. Que pouvions-nous faire quand nous refusions d'en parler ? C'était comme un accord tacite, celui qui restait entre nous, de ne pas évoquer le sujet. « Il veut un enfant. » je lâche finalement, le regard perdu dans le chocolat chaud de Jaizlynn. Je ne veux pas avoir à affronter son regard.

Je devine à son sourire vide que j'ai justement mis les deux pieds dans le plat. Jamais je n'ai vu Suzie dénuée de sa bonne humeur, je comprends que le problème est sans doute plus important. Le genre de problème, qui peut mener un couple à sa perte. « Tout dépend ce que tu entends par bien. » Et soudain, le silence. Je me blâme presque d'avoir seulement posé la question. Pourtant, tout le monde sait que ces choses-là ne doivent pas restées enfouies. Parce qu'elles s'empilent et quand la colère ne peut plus être contenue plus longtemps, il ne reste plus qu'à ramasser les morceaux, à tenter de les reconstituer. Et dans ces cas-là, même la colle la plus efficace du monde ne suffit pas à recoller les morceaux. Tout ce qu'elle fait, c'est prétendre que l'âme va bien. Je stoppe toute action et cherche son regard. Je ne peux pas y croire. Ils sont ma force, ils sont mon pilier. Je refuse d'y croire. Et savoir qu'ils ont des problèmes, je ne peux juste pas me l'imaginer. Ils restent dans mon esprit ceux chez qui je serai toujours la bienvenue, ceux que j'aime le plus taquiner quand ils m’accueillent à bras ouverts. Ils, c'est bien ça le sujet. Pour moi, ils seront toujours deux. Max n'ira jamais qu'avec Suzie, Suzie qu'avec Max, exactement comme un enfant imagine ses parents : ensemble, pour l'éternité. Allez dire à un enfant de six ans que sa famille ne sera plus jamais la même, voyez comme il le prend. Je pousse l'assiette sur le côté, l'invitant à m'en dire plus. « Il veut un enfant. » Soupire compatissant. J'essaie de trouver son regard fuyant, de lui apporter mon soutien. Elle sait que jamais je ne la jugerai. « Et ce n'est pas ce que tu veux. » Ce n'est même pas une question. C'est plutôt une constatation. Ma voix se fait douce, je ne veux surtout pas la brusquer. « Pas vrai ? » C'est la seule solution que je vois face à sa réaction. Il veut un enfant, elle non. Et finalement, je me demande depuis combien de temps l'illusion perdure. Je me demande si depuis tout ce temps, ces rires et ces plaisanteries n'étaient qu'un mirage, ou si ce n'est que la carte cachée dans la manche du magicien : une façade pour s'en sortir indemne.

Elle s'immobilise et je devine qu'elle essaye de lire sur mon visage la gravité de la crise. Je sais qu'elle est ébranlée. Après tout, nous sommes devenus en quelque sorte ses parents de substitution. Elle nous a toujours connus ensemble et je sais à quel point cela doit être dur pour elle de nous imaginer séparés. Ce n'est pas pour rien que nous passons pour le couple parfait, le couple uni, celui indestructible. Elle repousse son assiette. C'est pour signifier le sérieux de la discussion. Elle m'offre un sourire compatissant quand je lui dis que Max veut un enfant. « Et ce n'est pas ce que tu veux. » Ce n'est pas une question, ni une accusation. Simplement une constatation, la conclusion qu'elle a tiré de mes paroles. Je sais qu'elle ne porte aucun jugement, qu'elle ne se positionne pas davantage du côté de Max ou du mien. Elle est neutre, elle est juste là pour moi en tant qu'amie, en tant que fille de substitution. « Pas vrai ? » Sa voix est douce. Elle n'en est pas certaine, elle veut comprendre. Elle veut aider. Alors je me laisse aller, à lui livrer mes sentiments, mes problèmes, mes doutes, mes interrogations. Mon chagrin, surtout. « Je ne sais pas. » Les larmes me montent aux yeux. Je voudrais me montrer forte face à Jaizlynn mais c'est plus fort que moi, je ne parviens pas à contenir ma tristesse. « La vérité, c'est que je n'en ai pas la moindre idée. Je ne dis pas que je n'ai pas envie d'enfants. Parce que je le veux, tu sais, vraiment. C'est juste que, je ne sais pas, j'ai l'impression d'avoir laissé passer ma jeunesse sans vraiment en profiter. J'aurais aimé voyager, tu sais, agir sans me soucier des conséquences. Au lieu de ça, je suis restée ici et j'ai épousé Max. Et aujourd'hui j'ai l'impression que la routine nous a rattrapés, qu'on est devenus comme tout le monde. Je voudrais qu'on profite encore de ces instants sans enfants pour faire des folies, pour partir en vacances sur un coup de tête. Tu sais, si un enfant était la solution, je lui donnerai sans une once d'hésitation. Parce que je l'aime et que je le veux, cet enfant. » Je baisse mes yeux humides. « On essaye, tu sais. Mais je crois que le problème c'est moi. » Une larme dégringole le long de ma joue. « C'est ma faute, Jaiz, tout est ma faute. Max a toujours voulu des enfants, tu sais. Il m'a épousée et maintenant il doit se dire que c'était une stupide erreur. »

La réaction de Suzie changue du tout au tout et je m'en veux d'être la responsable. Nos petites réunions sont censées être joyeuses, c'est plus un moment pour se retrouver et parler des derniers potins qu'une séance de larmes. Je n'aime vraiment pas la voir comme ça, mais si c'est le seul moyen vers sa 'guérison', peut-être qu'il faut en passer par là finalement. « Je ne sais pas. » Je ne comprends pas vraiment. Mais ça, elle semble l'avoir compris, puisqu'elle me déballe tout. Elle me raconte ses problèmes, ses envies. Ses doutes, aussi. Et quelque part, je la comprends. Bien sûr, je suis à des kilomètres d'être dans sa situation, mais je pense que tout le monde a peur de tomber dans la routine. Ca semble si plat, si vide. Et une fois qu'on y est, on a l'impression de ne jamais pouvoir en sortir. Je la comprend parce que j'ai eu les mêmes envies qu'elle, moi aussi. Quand je me suis retrouvée sans personne à qui parler, sans domicile ni aucun repère, j'ai eu envie de changer d'air moi aussi. Et finalement, c'est ce que j'ai fait. C'est ce que j'ai fait pendant un peu plus de deux ans, un peu partout dans le monde. Oh oui Suzie, je te comprends parfaitement. « Tu veux sortir de la routine, Suzie ? Tu veux voyager, eh bien pars ! Prends ton homme, réserve des billets et faites vos bagages. Partez demain. Berlin, Moscou, Pékin ? Qu'est-ce qui t'en empêches ? » Je ne m'en suis pas rendue compte mais je me suis peut-être laissée emporter. Je repense à cette éteincelle dans mes yeux, aux frissons qui m'ont parcouru, à toutes les découvertes. C'était et ça restera incontestablement la meilleure expérience de toute ma vie. Finalement je prends mon calme, j'attrape la main de Suzie comme si ce geste allait sécher ses larmes. « Mais honnêtement Suzie. Peu importe où vous vous trouverez, tu crois vraiment que tous vos problèmes s'envoleront ? » Je tente de paraître réconfortante. La pression dans ma main se fait plus forte, je veux lui montrer que je la soutiens, qu'elle n'est pas toute seule. « Evidemment, je suis sans doute la personne la mois bien placée pour te dire quoi faire, mais... Un bébé, est-ce que l'idée te paraît si horrible que ça ? »

D'une certaine manière, je suis contente d'être là, avec Jaizlynn. Parler de mes problèmes les rend plus réels, j'en ai conscience, mais je crois que ça me soulage aussi, d'une certaine manière. D'autant que je sais que quoi que je dise, Jaiz ne me jugera pas, elle ne choisira pas un camp entre Max et moi. Elle sera là, toujours, quoi qu'il arrive et c'est ce qui est le plus important. « Tu veux sortir de la routine, Suzie ? Tu veux voyager, eh bien pars ! Prends ton homme, réserve des billets et faites vos bagages. Partez demain. Berlin, Moscou, Pékin ? Qu'est-ce qui t'en empêches ? » Je baisse les yeux. Elle a raison. Je pourrais partir, je devrais partir. Qu'est-ce qui m'en empêche ? Je n'ai pas peur de l'avion, j'ai les moyens de le faire. Ce qui m'en empêche, c'est Max, c'est évident. Je sais très bien comment ça va se finir. Max va aller corriger son paquet de copies dans son coin et je vais me retrouver seule à vagabonder. Non pas que cela me gêne particulièrement, non, mais en quoi est-ce censé améliorer notre relation ? Jaiz attrape ma main, je crois qu'elle a compris que ça n'allait vraiment pas. « Mais honnêtement Suzie. Peu importe où vous vous trouverez, tu crois vraiment que tous vos problèmes s'envoleront ? » Je lui adresse un pauvre sourire, un peu faiblard. « Je sais très bien que ça ne passera pas comme ça mais la vérité, c'est que je n'ai aucune idée de la façon dont je dois m'y prendre pour arranger les choses. On a beau essayer de se retrouver, à chaque fois, c'est un désastre. » Oui, malgré tous nos efforts, ça finit toujours en dispute et en crise de larmes. C'est là que je me suis rendue compte que nous avions vraiment évolué depuis le lycée. Notre couple amoureux, si surprenant mais si fort, était devenu ce couple si froid qui semblait ne plus rien avoir à se dire. Et ça devenait de pire en pire. Il fallait que je l'en empêche. « Evidemment, je suis sans doute la personne la moins bien placée pour te dire quoi faire, mais... Un bébé, est-ce que l'idée te paraît si horrible que ça ? » Je sais très bien à quoi elle fait allusion, mais je ne le commente pas. Je sais qu'elle n'aime pas parler de son passé. « Honnêtement, non. Ce n'est pas que je ne veux pas de bébé, c'est juste que, je ne sais pas, je ne suis pas sure d'être prête à devenir mère, tu sais. Et si je suis incapable de m'en occuper ? Et si ça ne nous rapproche pas, tu nous imagines divorcer avec un enfant en bas-âge ? Et si je suis incapable de l'aimer ? Tu y as déjà pensé ? Si je ne suis pas capable d'aimer mon propre enfant. »