oh mais foutez-moi la paix, merde. tu cries de toutes tes forces et quittes le bar, furieuse. d'habitude, tu n'aurais pas été gênée par leur présence étant donné que tu t'y es tout simplement habituée. cependant, aujourd'hui, c'était différent. aujourd'hui, t'étais de très mauvaise humeur à cause de ton père et tu n'avais en aucun point besoin de photographes idiots pour foutre en l'air ta journée. ton père - ton stupide paternel trop conservateur - a ajouté quelques dispositions concernant ton futur héritage. remarquant que tu te comportais comme bon te semblait, il avait tenu bon à ce que le fait que tu sois mariée soit une condition obligatoire pour que tu obtiennes ton héritage. dégoûtée, tu quittes le restaurant, furieuse. oh oui. tu devrai pourtant être en deuil. cela fait à peine une semaine que ton père est parti - pour toujours. mais bizarrement - ou pas - ça ne te fait ni chaud ni froid. tu t'en fous. impassible, insensible, bordel. reine de glace, tu ne ressens absolument rien. ni joie, ni peine. le néant. le pire, c'est que cela ne te dérange pas ! habitude, c'est sûrement cela. ce qui t'importe le plus maintenant c'est de trouver une solution à ce bordel que ton cher géniteur à foutu avant de quitter cette putain de vie. et là. signe du destin; il te fonce dessus et tu éclates en une série de jurons, comme à ton habitude. et là tu croises l'homme qui va changer ta vie, pour toujours. excusez-moi mademoiselle. j'espère que vous n'avez rien. tu marques une pause pour admirer ses traits dessinés à la perfection. tu te perds, t'égares dans son regard. et là tu te rends compte - petite sotte hypocrite et narcissique - que tu vas te perdre pour toujours dans ses yeux bleus de beau parleur. [...] qui est-ce qui l'aurait cru ? qui est-ce qui aurait cru que ce serait terminé aussi rapidement ? qui est-ce qui aurait cru qu'un gars pourrait un jour te briser le coeur - toi qui n'en a pas. ?! brisée, effondrée, meurtrie. tu n'arrives pas à bouger. tu souris, tu grimaces, tu pleures, tu soupires. tu ne sais comment te comporter face à tous ces sentiments contradictoires et nouveaux à la fois. tu n'arrives pas à réaliser que cet imbécile t'a brisé le coeur et s'est cassé avec une bonne partie de ton fric. mais l'argent tu t'en fous. tu t'en fous de ce ptain d'héritage qu'est la cause de tous tes soucis. c'est de cameron que tu te soucis. c'est de cet imbécile qui a osé te faire tomber amoureuse de lui; qui a osé t'apprendre à parler, respirer; bref à vivre et ensuite te tuer aussi facilement et cruellement. il est parti sans te prévenir, il est parti pour toujours. pas de lettres, pas de mots, pas d'explications. rien. il est juste parti t'abandonnant avec comme seul souvenir de lui: son enfant. [...] ne la touchez pas ! je veux voir mon bébé. tu cries de toutes tes forces. tu essaies de te lever pour quitter la pièce mais tu n'y arrives pas. tu as mal. tu as mal de partout. tu sais pourtant qu'ils programment quelque chose. tu sais qu'ils comptent te prendre ton bébé, pour toujours. instinct maternel ? dites ce que vous voulez. ce qui t'importe cependant c'est d'avoir ton bébé dans tes bras, en sécurité. tu cries à nouveau. tu appelles le prénom de l'infirmière mais cette dernière refuse de venir te voir. c'est vingt minutes après, qu'elle entend tes cris désespérés et te lâche en pleine figure la phrase qui va changer ta vie, à nouveau: on a perdu votre bébé. [...] tu peux rester, tu sais ? tu grimaces. tu soupires et cherches une clope dans ton sac jeté par terre au pied du lit. première erreur. il ne faut jamais te demander de rester. ne comprend-il pas que tu n'es pas sa petite amie ? que tu n'es pas sa maîtresse, sa copine bref sa propriété. ne comprend-il pas qu'il ne pourra jamais t'avoir lui ou qui que ce soit d'autre ? ne comprend-il pas que tu n'as plus d'âme ? que tu vagabondes comme ça sans vraiment respirer; vivre ?! tu soupires et aspires une bonne bouffée de ta clope en l'ignorant. il bégaie. il est perdu et se sent intimidé par ta confiance en toi; par le fait que tu n'éprouves aucune gêne quant à l'activité que tu exerces. il t'embrasse le cou. tu ricanes. ton rire cristallin brise le silence de cette grande chambre d'hôtel et la terre s'arrête alors pour t'écouter. j'ai un autre rendez-vous. mon argent ! tu te lèves rapidement et enfiles la robe jetée sur le fauteuil le plus proche. tu croises les bras attendant qu'il bouge et te cherche ce que tu attends; ton offrande. créature mesquine. bourgeoise pathétique à pimenter sa misérable vie avec des illégalités. petite sotte croyant pouvoir tout oublier en baisant tous les bourges du quartier. tu souris - un sourire froid et triste et il s'avance pour déposer un baiser sur ta bouche de putain.

mais quelle bombe.