J’étais dans un de mes jours de grande flemme aujourd’hui. J’avais passé la journée sur facebook, à regarder des émissions débiles sur le câble ou encore, à jouer aux sims ! Toute la journée, je suis resté en jogging avec les cheveux dans tous les sens et une tête à faire peur. Je n’avais pas réussi, encore une fois, à fermer l’œil de la nuit alors ma motivation était à 0%. Le soir était tombé très vite. Quand j’ai remarqué qu’il faisait noir, il était déjà 22h30 et c’est là que je me suis rendu compte que je n’avais même pas vu la lumière du jour aujourd’hui vu que je n’avais pas retiré mes rideaux de la journée.
Ce soir là, vers minuit, j’eu soudainement une folle envie de chips. La dernière fois que j’en ai mangé, ça doit faire au moins 2 ans. Après avoir fait mentalement une liste de pour et de contre, mon envie prit le dessus. J’ai enfilé une écharpe, mon manteaux, mes espèces de bottes pantoufles et je suis partie à la recherche d’un magasin qui serait encore ouvert à cette heure-ci, mais en vin. Y’a pas un seul night qui ne ferme pas à minuit pile en semaine ! J’étais complètement déçue. Mes chips …
Sur le chemin du retour, je suis passée devant l’esplanade papillon. La fontaine était éclairée et avec toutes les fleurs au tour, de là où j’étais, c’était magnifique à voir. Toutes ses couleurs m’ont attirée et je suis donc rentré dans le dôme. Je me suis assise sur le rebord de la fontaine et j’ai aperçu un couple de vielles personnes assissent sur un banc un peu plus loin. Je trouvais cette image tellement belle. Vieillir au côté de celui ou celle qu’on aime sans que les sentiments ne disparaissent ou qu’il change. Quel beau rêve ..
Au bout d’un moment, ils sont partis, me laissant seul dans cet endroit immense. Malgré tout, je m’y sentais bien. Mes sentiments étaient mélangés entre de la tristesse, du bien-être et de la colère. C’était vraiment bizarre. Encore une fois, j’ai été surprise en entendent des bruits de pas. Quand je réfléchis, je me déconnecte complètement de l’extérieur. J’ai commencé à paniquer. Après tout, se n’était peut-être pas très intelligent de ma part d’être dans un lieu public toute seule à 1 heure du matin. J’ai rassemblé mes affaires et je me mis à marcher assez vite pour sortir du dôme. J’avais l’impression que les pas venaient de derrière moi. Tout en avançant, je me retournais tout le temps entre quelques pas pour au bout d’un moment crier : « Y’a quelqu’un ? »

J'ai jamais été doué pour supporter ce que la vie avait fait de moi, j'ai jamais été vraiment doué pour assumer cette part d'ombre qui me hante depuis plusieurs années à présent. Je n'suis pas à l'aise dans mes bottes. Malgré tout, je pense réussir à camoufler ma véritable nature de manière assez convenable. Jusqu'à présent, personne ne s'est jamais interrogé sur l'homme que j'étais, personne sinon Chya mais là encore, j'arrivais à taire mes secrets, même les plus honteux. Lui-même, que je considère aujourd'hui comme mon meilleur ami, n'est pas au courant de ce que je suis devenu. S'il le savait, s'il l'apprenait, peut-être même ne m'approcherait-il plus du tout… après tout, ce n'est pas forcément une bonne chose que de fréquenter un vampire. Car vampire, même si le terme me déplaît, c'est ce que je suis, aujourd'hui. Je ne chasse pas, je ne me nourris pas autrement que comme les humains, sinon qu'il y a dans mon frigidaire une réserve inépuisable de plasmafruit. Je ne suis pas un prédateur, tout juste un mec qui cherche sa place dans un cimetière, c'est tout ! J'affronte chaque journée comme un nouveau combat, je ne dors plus que quelques heures -variant entre deux ou trois- par journée. Je ne m'expose que très rarement au soleil, ma profession excusant plutôt bien l'obscurité dans laquelle j'évolue. Aujourd'hui, comme tous les jours depuis l'accident, je me lève avec les premiers rayons du soleil. Je ne dors que très rarement, et lorsque je ferme les yeux, généralement, je ne parviens pas à trouver le sommeil. La journée s'efface lentement derrière une tonne de paperasse qui traine sur mon bureau. Je travaille fréquemment à domicile, plus facilement qu'à l'extérieur. Lorsque je suis en mission -entendez par là que je transporte un corps inerte dans mon corbillard ou simplement que je suis mandaté pour aller chercher un nouveau décès à la morgue-, le plus souvent, je reste cloîtré dans mon véhicule, vitre teintée, pour éviter la clarté du soleil. Je ne l'affronte que très rarement et encore, lorsque ses rayons touchent ma peau nue, j'ai l'impression que mille et un couteaux me transpercent l'épiderme. Aujourd'hui, comme à l'accoutumée, je reste enfermé chez moi. Je n'ai que très peu de contact avec le monde extérieur et très peu d'amis. Je ne m'en suis jamais plaint, au fond, j'ai toujours respecté une certaine distance entre les autres et moi, même avant que je devienne vampire. Je ne suis pas quelqu'un de très sociable, au fond, je préfère rester seul et ne m'encombrer que de mes problèmes. Les autres ne sont, en règle générale, que sources d'ennuis supplémentaires à gérer, et je ne peux pas vraiment me le permettre. Mes tensions animales me sont encore quelque peu étrangère et j'ai parfois peur de succomber à quelques tentations. Dans l'ensemble, je ne m'accorde aucune relation stable et amicale, dans le but d'éviter de blesser qui que ce soit. Je n'accepte pas vraiment l'isolement mais je ne le vis pas comme un fardeau. Avec le temps, je me suis habitué et adapté à la solitude.

Ma journée s'efface derrières les heures d'office, je ne me préoccupe de rien sinon d'exécuter mon travail de la meilleure façon qu'il soit. Il n'est que dix-neuf heures lorsque je décide que ma journée est terminée. Je me prépare quelque chose à grignoter et puis, j'écarte les lamelles de mes stores, jusqu'à présent fermés. Dehors, la nuit se lève, l'heure pour moi de sortir prendre l'air. Il est peine vingt-heures lorsque je sens le vent caresser mon visage, esquissant un faible sourire. La nuit est mon domaine, la nuit est mon unique loi. En solitaire, comme bien souvent, je me surprends à emprunter les mêmes chemins, les mêmes parcours. Je m'offre un verre dans un bar miteux, y rencontre quelques personnes et flirte même un peu, faibles plaisirs que j'aime m'octroyer de temps à autre. Je suis tributaire d'une routine qui parfois m'exaspère mais qui, la plupart du temps, me suffit, me satisfait. Je ne suis pas quelqu'un d'exigeant, je me contente d'avancer sans regarder en arrière. Lorsque je quitte le bar dans lequel j'ai passé ma soirée, il est près d'une heure du matin. Les mains dans les poches, cette nuit, je rentre seul. Le vent ne m'agresse pas, au contraire, il me berce, me porte ! Pour rentrer chez moi, je m'offre une traversée rapide de l'esplanade papillon -un lieu que j'ai toujours énormément apprécié tant pour sa beauté que pour sa magie-. Surpris d'y croiser encore âme qui vive… Le parfum d'une jeune femme me titille les narines tandis que mes yeux se posent sur une silhouette, dans le lointain. Comme envoûté, je courbe l'échine et me camoufle derrière un arbuste. J'observe… ça n'a rien de pervers. Je sens bouillir en moi comme une tranquille obsession, une enivrante obsession ! Lorsque la jeune femme se décide à marche, je me mets à la suivre, discrètement. Peut-être pas suffisamment puisqu'elle semble me remarquer. Lorsqu'elle se retourne dans ma direction, investigatrice, je me décide à sortir de l'ombre. Telle une ombre, mon visage passe subitement dans la lumière, éclairant mes pupilles étrangement dilatées et mon teint blafard. Veste en cuir, pantalon sombre, je m'avance vers elle, sans l'ombre d'un sourire, juste une expression neutre et effrayante. « Excuse moi, nul était dans mon intention de t'effrayer… » ma voix est neutre, longiligne. Ma carrure est imposante, mes muscles sont crispés, légèrement. Je la regarde et, après quelques secondes de silence, je lui adresse un premier sourire. « Je suis juste étonné de croiser encore quelqu'un debout, à une heure aussi avancée de la nuit. »