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siamaël △ and now we're grown up orphans.

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MessageSujet: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptySam 10 Nov - 13:26




and now we're grown up orphans & we don't belong to no one.
Je déteste le jeudi. A vrai dire, je n'aime aucun jour de la semaine, mais le jeudi, c'est encore pire. C'est un jour qui devrait être interdit, un jour qu'on devrait retirer du calendrier. J'traîne les pieds au beau milieu de la rue où il m'attend, et comme je sais qu'il ne fera rien de sa soirée tant que je ne serai pas passée le voir, je fais demi-tour avant d'y arriver et j'emprunte encore d'autres rues, d'autres sentiers, tout en sachant pertinemment qu'à la fin de la journée, que je le veuille ou non, ma conscience, ma pseudo-culpabilité ou que sais-je finiront par me ramener jusqu'à lui. C'est toujours comme ça. J'recule nos rendez-vous, j'fais semblant d'oublier comment on lit l'heure sur la vieille montre en plastoc que j'avais trouvée dans une brocante à la frontière espagnole quand j'étais gosse. Pépé me l'avait acheté pour trois sous et je ne l'ai plus jamais lâchée. « Tu peux pas faire gaffe, la pouilleuse ? » Je sursaute, trébuche sur le trottoir et me redresse doucement. La pouilleuse. Parfois, j'ai l'impression qu'ça crève les yeux des autres que je suis différente, qu'il me manque une baraque et quelqu'un qui m'attend tous les soirs. Alors j'me frotte le front en espérant que l'étiquette s'en ira. Mais j'ai beau frotter fort, j'me fais quand même bousculer une nouvelle fois cent mètres plus loin. J'ai beau frotter encore et encore, il n'y a quand même jamais personne qui m'attend et ma maison reste la rue.

Finalement, je me décide enfin à arrêter de tourner en rond et je me mets à marcher vers son appartement. Et quand j'y suis enfin, je frappe, juste une fois. Parce que s'il n'entend pas, alors je pourrais partir et dire que je suis quand même passée. Sauf qu'il n'attendait que moi et que la porte s'ouvre malgré moi, malgré lui peut-être aussi. « Salut. » Pas de salut frérot, tu m'as manqué. Pas de j'suis contente de te voir, comment tu vas depuis la dernière fois ? Même pas de sourire complice. Rien. Juste un salut. Un truc que j'aurais pu sortir à n'importe qui, n'importe quand. Et quand j'y pense, quand je m'attarde sur son visage, j'me dis que ce n'est pas si bancal que ça : Nathaël est n'importe qui. Je trouve nos rendez-vous hebdomadaires complètement débiles, comme une tâche de plus sur mes journées déjà bien grises. A quoi ça sert ? Il palpe chaque partie de mon corps, recommence en pensant avoir mis la main sur quelque chose et finit par me dire qu'il n'y a rien. Et puis après, quand on a fini, il me propose de rester un peu et je refuse toujours. La vérité, c'est que si j'suis là, c'est juste parce que pépé me l'a demandé. Même pas de vive voix. Juste sur ce bout de papier qui squatte toujours ma poche arrière de jeans. « Tu comptes me faire entrer ou je dois rester sur le pallier ? » Je soupire. « On pourrait faire ça vite ? S'il te plait. » Je passe à ses côtés sans lui demander la permission et je vais m'installer sur la chaise, un peu plus loin dans la pièce. Je ne dis rien mais étouffe. Je hais cet endroit. Je hais ce canapé qui doit coûter deux mois de salaire. Je hais cet écran géant. Et par dessus tout, c'est lui que je hais, d'avoir eu une vie que je n'arrivais même pas à imaginer dans mes meilleurs rêves.J'ai envie de faire demi-tour et de me barrer en courant. Je n'ai pas envie de faire semblant. D'avoir quelque chose à lui dire. D'avoir quelque chose à entendre. Parce que la seule chose qui me saute aux yeux quand j'regarde les alentours, c'est que je ne devrais pas être ici. Qu'on ne devrait pas être là, tous les deux, à accorder de l'importance à ce sang qui coule dans nos veines, à ce grain de beauté qu'on a tous les deux au niveau de la tempe, à ces yeux qu'on pourrait presque confondre et qui parlent pourtant de deux mondes complètement différents. Voilà, c'est ce qu'on est. Différents. Jusque dans la moelle.


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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptySam 10 Nov - 14:49

so i like to keep my issues strong but it's always darkest before the dawn.
C'est plutôt inhabituel. Un jeudi soir, dans son appartement, lui qui passe toutes ses journées à s'épuiser à l'hôpital. Lui qui fait tout pour éviter de se retrouver dans ce minuscule deux-pièces. Seul, voilà ce qu'il est. Seul avec sa solitude, seul avec ses souvenirs et son ennui. Et pourtant il fait l'effort de rentrer plus tôt, tous les jeudis depuis un mois, pour quelqu'un qui ne veut même pas être là. Et chaque jeudi, c'est la même rengaine. Il l'attend, il se demande si elle viendra. Il sait pourtant qu'elle n'en a pas envie, qu'il préfèrerait être n'importe où ailleurs qu'ici, chez lui. Avec lui. Mais il l'attend quand même. Parce qu'il lui impose ces visites, parce qu'il a recours à sa profession pour pouvoir la voir, s'assurer qu'elle va bien. « Salut. » Siam. Sa soeur. Sa soeur qu'il connait à peine. Sa soeur qui n'était même pas sa soeur il y a quelques mois, mais sa soeur tout de même. Son sang, impur et souillé. C'est ce qui arrive quand le pouvoir et l'argent vous montent à la tête, quand on se croit inébranlable : un gosse vous tombe dessus. C'est ce qui lui est arrivé, à lui. Un gosse lui est tombé dessus, à lui. Lui, son père. Leur père. Un connard comme un autre. Il a parfois du mal à y croire, à croire qu'il ait été capable de foutre en l'air sa famille, son mariage pour un gosse qu'il n'a jamais accepté de revoir et pourtant ça n'étonne même pas Nathaël. Il se demande parfois pourquoi sa mère n'est pas au courant, qu'elle mériterait pourtant de savoir. De savoir à qui elle a promis l'éternité. Et puis il se rend compte que ce n'est même pas à propos d'eux, c'est surtout à propos de cette gosse qu'il a refusé d'avoir dans sa vie. De sa propre gosse qu'il a laissé pourir dans la rue tandis qu'il enchaînait interviews et découvertes scientifiques. Tu parles d'un héros. Il connait suffisamment son père pour savoir de quoi il est capable, et il plaint cette pauvre femme d'être tombée dans le panneau. C'est sûrement un peu par culpabilité qu'il l'attend tous les jeudis, comme si une simple visite médicale allait rattraper des années d'absence, des années de misère. Il se sent responsable, peut-être un peu coupable. Il aurait pu être à sa place, et elle aurait pu être l'enfant Harper, la prodige scientifique. Cette putain de culpabilité qui lui tord l'estomac à chaque fois qu'il aperçoit son visage marqué par la rue. « Tu comptes me faire entrer ou je dois rester sur le pallier ? » Il la dévisage une seconde, peut-être deux avant de revenir à la réalité. Il n'a toujours pas l'habitude de toutes ces cicatrices sur un visage si familier. Destabilisé, Nathaël hoche la tête, incertain puis s'efface pour la laisser passer. « On pourrait faire ça vite ? S'il te plait. » Et tout d'un coup c'est à lui de la retenir, de l'empêcher de faire demi-tour. Il n'a pas l'habitude. Il n'a plus l'habitude de faire autant d'efforts pour quelqu'un qu'il apprécie. « Ca ne prendra pas longtemps. » Alors il se met au travail, palpe son cou, vérifie ses yeux et sa gorge à la recherche d'une quelconque infection. Il s'improvise médecin encore un peu, parce c'est tout ce qu'il leur reste. La médecine, ces visites médicales complètement inutiles pour se voir une heure par semaine. « Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? » Il n'ose pas aborder le sujet, mais il sait. Il sait que sa situation a changé, depuis la semaine dernière. Il suffit de la voir, débraillée, des traces sur le visage et les mains. Il voudrait la garder encore un peu avec lui, et s'ils avaient été à l'hôpital, il aurait facilement pu inventer un symptôme et la garder en observation pour la nuit. Il a tellement de choses à lui dire, tellement de questions à lui poser. Pourtant c'est le silence qui prend place, parce qu'il sait qu'au moindre faux pas c'est elle qui partira. Et cette fois, elle ne reviendra pas.
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptySam 10 Nov - 23:25




and now we're grown up orphans & we don't belong to no one.
« Ca ne prendra pas longtemps. » J'ai du mal à le croire mais je ne réponds rien. Ca ne doit jamais durer longtemps et pourtant, à chaque fois que je passe le pas de sa porte, j'ai l'impression que le monde se met à tourner à l'envers et que le temps oublie de fonctionner. Alors j'me retrouve avec des minutes qui se foutent de ma gueule et squattent au fond de mes baskets. Et moi, j'ai beau foutre des coups de pieds dans le vide, j'arrive pas à les envoyer ailleurs. J'continue quand même, pour m'occuper, pour penser à autre chose qu'à cet endroit auquel je n'appartiendrai jamais. « Pourquoi est-ce que tu lâches pas l'affaire ? » Nathaël est là, debout devant moi, à toucher chaque égratignure, chaque cicatrice comme s'il n'avait jamais vu pareille chose avant. Comme si les malades qu'il croise à longueur de journée à l'hôpital avaient meilleure mine que moi. Comme si j'étais née pour être foutue là où il était né pour briller. Et ça m'fait quelque chose. Un truc peu agréable au beau milieu de ma cage thoracique. Un truc qui m'donne envie de lui hurler arrête Nathaël, arrête de me regarder comme ça parce que tu me secoues, retourne voir tes patients, retourne les voir et donne leur l'espoir que tu cherches à me vendre. Parce que moi j'en ai rien à foutre. Du futur. Des infections que j'pourrais avoir et que celles que je n'aurais jamais. J'en ai rien à foutre de crever demain et j'me fous de ma gueule de misérable, des plaies qu'j'ai jamais pensé à refermer. Faudrait vraiment qu't'arrêtes d'essayer, faudrait qu'tu me vires de chez toi, que tu m'brûles de tes souvenirs parce que moi des souvenirs de toi j'crois bien que j'en aurais jamais.

« Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? » Je serre les dents quand ses doigts effleurent les blessures encore récentes puis je me concentre sur ses dernières vocables. C'est con. Mais ce type me fout mal à l'aise. J'ai l'impression de m'y prendre à deux fois pour parler, à deux fois pour lui répondre et même à deux fois pour lui dire d'aller se faire voir. J'tente de mettre des images sur ses mots mais tout ce que j'arrive à faire, c'est à m'retourner le cerveau. « Plus maintenant. » Le plus troublant, c'est que je ne lui mens pas. Avant, j'aurais eu des tonnes de choses à lui répondre. J'aurais commencé par lui demander un père, par exemple. Puis j'aurais continué en lui parlant d'école. Peut-être même que j'aurais pu finir médecin moi aussi, avec un deux pièces où dormir et un frigo bien rempli. Mais j'ai eu beau regarder le ciel en le suppliant d'me sortir de tout ça, mes souhaits sont toujours morts sur mes lèvres en me laissant seule avec pépé et ses envies d'bout du monde. « C'est complètement con. Que j'sois là. On a bien vécu des années sans se soucier de l'autre. » J’lui lance un vague sourire, un truc qui sort de nulle part et dont j’me fous éperdument. « J’peux m’en griller une ? » demandé-je en désignant du menton le paquet de clopes qui dépasse de ma poche.

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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyDim 11 Nov - 10:30

I know the feeling of finding yourself stuck out on the ledge and there ain't no healing
« Pourquoi est-ce que tu lâches pas l'affaire ? » Et elle met le doigt sur la question qu'il se pose sans arrêt lui aussi. Pourquoi est-ce qu'il ne lâche pas l'affaire ? Il sait très bien qu'elle ne veut pas être là. Et parfois, lui aussi aimerait ne pas être ici. Pourtant ils sont là, tous les deux. Même pas ensemble, chacun de leur côté. Coincés. Pendant une heure, à devoir se raconter des banalités, à éviter de se connaître. Il hausse les épaules, comme si c'était pas le sujet, comme si c'était pas important. « Pourquoi est-ce que tu continues de venir ? » Au fond, il ne sait même pas s'il veut connaître la réponse. Il évite d'avoir à se justifier, parce que lui même cherche encore la réponse. Rien ne les relie, à part peut-être le sang d'un même connard. Mais ça, ce sont que des mots. On est lié si on veut l'être. Sinon, on agit comme si on ne savait pas, comme si tout était mieux que d'avoir quelque chose en commun. « Plus maintenant. » Sa réponse surprend Nathaël, qui s'arrête un moment pour l'observer. Et il s'aperçoit qu'il ne la connait pas. Il ne connait rien de sa vie, à part peut-être ce qui n'a plus d'importance. Il était loin d'imaginer que ça donnerait ça, d'avoir une soeur. D'avoir une soeur qui se fout de tout, jusque d'elle-même. D'avoir une soeur qui ne veut pas être sa soeur, qui ne veut pas le connaître, au point de devoir inventer des prétextes pour passer du temps avec elle. Pathétique. « Où est-ce que tu dors ? » Et soudain il redoute que sa question soit indiscrète, qu'elle prenne ses affaires et s'en aille à nouveau. Plongé à nouveau dans son investigation, il inspecte les cicatrices de la jeune femme sur ses bras, et il se demande comment un corps si menu peut porter autant de traces du passé. Et puis il trouve une plaie béante sur son avant-bras, à peine refermée, et il se demande si elle l'a remarqué elle aussi. En même temps, il ne voit pas d'autre alternative, la douleur doit être lancinante à ce stade. Nathaël se retient de grimacer, après tout, il n'en est plus à son coup d'essai. « Tu vas avoir besoin de points de suture pour celle-ci. » Et le silence à nouveau. Il se retient de lui sortir son grand discours sur l'irresponsabilité, sans compter sur la douleur qu'elle doit subir depuis qu'elle s'est ouverte. Quelques jours plus tard son bras aurait été irrécupérable. Alors il se concentre sur sa tâche, désinfecte, nettoie, prépare la plaie, quand à sa grande surprise, Siam engage la conversation. « C'est complètement con. Que j'sois là. On a bien vécu des années sans se soucier de l'autre. » Elle n'avait pas tord, dans le fond. Et il comprenait bien ce qu'elle voulait dire. Sous prétexte que, soudainement, ils étaient reliés par une sorte de lien insaisissable, ils étaient censé apprendre à se connaître, rattraper le temps perdu. « Est-ce que c'est si terrible que ça ? Moi qui pensais être de bonne compagnie. » Il sourit à son tour, et il ne savait pas tellement pourquoi, mais il avait l'impression que l'atmosphère était moins tendue. « J’peux m’en griller une ? » Il hocha, la tête, surpris, mais ne releva pas. Encore une fois il se faisait avoir, et c'était comme la stupidité de son père qui lui revenait encore et encore comme une grande claque de la gueule : il ne connaissait rien de cette fille, de cette fille, qu'il devait appeler sa soeur parce que son père n'était pas capable de faire les choses comme il faut. Voilà ce qu'il avait créé, au fond. Deux pauvres cons incapables de s'entendre. Ca faisait plusieurs mois déjà, mais rien n'avait vraiment changé ; ils restaient deux parfaits inconnus.
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyDim 11 Nov - 18:13




i don't know the city but it isn't home.
Depuis que j’lui ai demandé pourquoi il continuait de m’attendre chaque jeudi, je tente de deviner quelle sera sa réponse. Quel sera son mensonge. Parce qu’il ne peut s’agir que de cela. D’un mensonge. Comme ce connard de père qu’on n’a même pas partager puisqu’il ne voulait que d’un gosse et que ce n’était pas moi. Y’a pas de réponse à ma question. A part des mensonges à deux balles. A part des j’crois qu’on a un truc à vivre ensemble, j’ai juste envie de savoir qui est ma sœur ou bien j’lâche pas l’affaire parce que je suis sûr que j’peux tirer quelque chose de toi Siam. « Pourquoi est-ce que tu continues de venir ? » Je ne m’attendais pas à ça. Et quelque part, ça m’convient à peu près. Qu’il passe à une autre interrogation. Qu’il laisse la mienne là où elle est, avec toutes les conneries qu’il aurait crachées s’il avait dû me donner une réponse. Avec les j’ai pensé à toi pendant toutes ces années, j’aurais aimé qu’on grandisse ensemble sœurette et les j’aurais préféré être à ta place, j’aurais préféré que tu finisses médecin et moi à la rue. « Parce que pépé me l’a demandé. J’imagine que j’lui dois au moins ça, au vieux. » Et c’est vrai. Si pépé ne m’avait pas demandé dans cette lettre de prendre contact avec lui, j’aurais tracé mon chemin sans m’arrêter devant le numéro de sa boîte au lettres. On aurait été mieux tous les deux, à oublier de se saluer au supermarché, à passer l’un à côté de l’autre sans s’adresser un signe de tête. On n’aurait pas fait semblant, chacun aurait continué son bout d’chemin et on n’aurait pas été obligés de se rencontrer à un carrefour de notre vie. Il ne se serait pas aperçu de mon absence et je n’aurais pas fait gaffe à sa présence. « Où est-ce que tu dors ? » Silence. J’hésite à parler. De toute façon, ça crève les yeux qu’il sait déjà que je pionce sur l’trottoir quand il dort sur un lit deux places confortable. « Un peu plus loin. Près de la station de métro. » Je n’entre pas dans les détails parce que j’ai pas envie de commencer à lui parler de c’que je fous encore dans la rue, de Samson qui m’a foutue à la porte, de pépé qui n’a même pas de vraie tombe et de moi qui ne sais pas lire un mot. J’ai pas envie qu’il m’écoute et, par dessus tout, j’ai pas envie qu’il me raconte la belle vie qu’il a eue, les parents qui l’emmenaient à l’école et qu’j’ai jamais eus.

« Tu vas avoir besoin de points de suture pour celle-ci. » J’ai pas besoin d’points de quoi que ce soit, je n’ai pas envie qu’il se mette à raccommoder mes plaies. Et puis j’ai toujours eu peur des aiguilles. Déjà gamine, j’supportais pas les vaccins et j’me mettais à vider des litres de flotte dès qu’on tentait de me trouer la peau. « C’est bon Nathaël, c’est qu’un petit bobo et puis j’le sens même pas. » Je mens. Parce qu’en réalité, la douleur est presque insoutenable. Il y a des moments où mon bras me fait si mal que je n’ose plus m’en servir. Alors je m’oblige à fumer de la main gauche, à boire de la main gauche. A faire comme si l’autre bras n’avait jamais existé. Comme s’il m’avait toujours manqué un membre. Après avoir eu son autorisation, je sors une cigarette de mon paquet presque vide, je l’allume et je tire longuement dessus. Ca fait du bien bordel. Ca me calme. Un tout petit peu. Mais c’est déjà pas mal vue la situation. « Est-ce que c'est si terrible que ça ? Moi qui pensais être de bonne compagnie. » Je réfléchis. « Ouais. Moi j’trouve ça terrible. » Silence. « J’me suis habituée à l’idée que j’finirais seule. » Je le regarde tandis que ses yeux sonnent l’alarme. Tout à coup, on est là, plus si loin l’un de l’autre, et bientôt, parce qu’il faut toujours que je m’applique à tout gâcher, un fossé nous séparera à nouveau. Un fossé qu’on n’osera même plus affronter, un fossé dans lequel on se jettera et crèvera. « Quand j’étais gamine et que j’me faisais embêter sur les bords de route, je rêvais d’avoir un grand frère rien qu’à moi. Un gars comme toi. Un gars qui leur aurait foutu la misère juste parce qu’ils m’auraient fait trébucher. J’savais pas que t’existais mais j’t’ai quand même attendu. Et comme t’es jamais venu, j’ai fini par apprendre à être une gosse unique. J’ai appris à cracher comme une brute et à leur foutre la misère à ta place. » Soupir. « J’sais que c’est pas de ta faute. Mais j’crois bien que t’arrives trop tard Nathaël. »
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyMer 14 Nov - 10:03

i don't want to hold you if you want to go, i'm not going to make you feel love if you don't, i would rather learn what it feels like to burn that feel nothing at all.
« Ouais. Moi j’trouve ça terrible. » Il s'arrête, surpris. Définitivement pas ce à quoi il s'attendait. C'est peut-être le moment, alors. Le moment de remettre la faute sur l'autre. Ils en ont fini de faire semblant. « Quand j’étais gamine et que j’me faisais embêter sur les bords de route, je rêvais d’avoir un grand frère rien qu’à moi. Un gars comme toi. Un gars qui leur aurait foutu la misère juste parce qu’ils m’auraient fait trébucher. J’savais pas que t’existais mais j’t’ai quand même attendu. Et comme t’es jamais venu, j’ai fini par apprendre à être une gosse unique. J’ai appris à cracher comme une brute et à leur foutre la misère à ta place. » Et puis il réalise. Elle l'a attendu. Depuis toujours, elle l'attend. Elle l'a attendu quand elle ne savait même pas qu'il existait, elle l'a attendu même quand il n'était pas là. Et il n'en a jamais fait de même. Il a toujours appris à vivre seul. Concentré sur son unique but, son unique réalité. Sa haine pour son père a été sa seule motivation pendant tellement longtemps. Et puis il s'est noyé dans la médecine et c'est devenu moins important. Comme tout le reste. Rien n'était aussi important, après ça. Et tout pouvait être reporté à demain, c'est tout ce qu'il avait toujours fait. « J’sais que c’est pas de ta faute. Mais j’crois bien que t’arrives trop tard Nathaël. » Trop tard. Il y a souvent pensé. Il s'est souvent demandé ce que ça aurait fait de grandir avec elle. D'avoir une assiette de plus à table, de dormir dans des lits superposés. C'est trop tard pour tout ça. Et maintenant quoi ? Il déteste cet être qui les a séparé. Il déteste avoir grandi sans elle, il déteste avoir tout eu quand elle n'avait rien. Tout les sépare, sauf peut-être une chose. La fierté d'un père. « Ca n'a pas à l'être. » Il se surprend lui-même. Il n'a pas fait autant d'efforts depuis longtemps. Un instant il lui semble qu'elle l'écoute enfin vraiment alors il se lance. « Je veux dire, y'a toutes ces choses qu'on pourra jamais rattraper. Le temps. Moi qui te pousse sur la balançoire. Ta première gueule de bois. Y'a toutes ces choses qu'on a perdu sans savoir qu'on aurait pu les avoir, et malgré tout t'es quand même là. Alors c'est peut-être pas trop tard. C'est pas trop tard si tu veux pas que ça le soit. » S'il est trop tard pour la complicité, il reste encore du temps pour le reste. Les visites du jeudi, c'est un début. Il pourrait y avoir plus. Il pourrait y avoir un café en sortant du travail, un déjeuner, peut-être. Pour la première fois, il voit de l'espoir. « Maintenant est-ce que tu vas me laisser recoudre ton bras ? » Il a ce sourire indescriptible, quelque part entre la crispation et le soulagement. Il est fatigué d'essayer si fort. Il est fatigué d'essuyer des refus. Il aimerait que tout soit terminé, qu'ils n'aient plus à en discuter. Il a pourtant beau ne pas la connaître depuis très longtemps, il sait au moins qu'elle est pourtant pas du genre à lui foutre la paix si facilement. Alors il passe outre. C'est pas si grave, qu'il se dit. Parce qu'il n'a pas terminé d'essayer.
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyDim 25 Nov - 19:50




have you ever seen the rain ?
J'ai déjà attendu quelqu'un. Une seule fois. Et c'était lui. Avant aujourd'hui, j'avais toujours refusé de l'admettre. Ca semblait si bête d'attendre quelqu'un qui n'existait pas, ça semblait si con de courir après un fantôme. Mais je l'avais quand même fait. Sans m'en rendre compte. En cuisinant pour trois alors qu'il n'y avait toujours eu que pépé et moi, en me retournant toujours une dernière fois avant de prendre la route. Peut-être qu'on oublie quelqu'un j'me disais à l'époque. Sauf que jamais personne ne se pointait et à chaque fois, on reprenait la route à deux. Le vieux qui n'avait plus un cheveu sur le crâne et la gamine qui n'en était pas vraiment une. Y'avait toujours un oreiller de trop dans la bagnole de pépé, toujours un paquet de gâteaux en plus, un livre qu'on ne lisait jamais parce qu'on savait pas faire, un livre qu'il aurait pu nous lire pendant que le vieux conduisait et que je regardais par la fenêtre. Le livre a fini par prendre la poussière, le vieux a fini sous terre et moi, j'ai pris la décision de ne plus rien attendre de personne et je m'y tiens comme d'autres s'accrochent à Dieu. « Ca n'a pas à l'être. » Bien sûr que si. Tout est question de ça. Quand on prend son train avec dix piges de retard, on doit savoir qu'on sera seul à l'arrivée, que la femme, le gosse ou le père qui attendait y'a des années a fini par se barrer. « Je veux dire, y'a toutes ces choses qu'on pourra jamais rattraper. Le temps. Moi qui te pousse sur la balançoire. Ta première gueule de bois. Y'a toutes ces choses qu'on a perdu sans savoir qu'on aurait pu les avoir, et malgré tout t'es quand même là. Alors c'est peut-être pas trop tard. C'est pas trop tard si tu veux pas que ça le soit. » J'me contiens, j'fais mine de me foutre de ce qu'il me raconte mais j'vois bien que ça me fait quelque chose et que c'est pareil pour lui. Est-ce que c'est possible ? Que nos sentiments se croisent alors que nos vies sont bâties sur un mensonge ? Que nos sentiments se croisent alors qu'on n'a jamais eu affaire aux mêmes sensations ? J'crevais de froid et lui de chaud. Mon ventre criait famine et lui avait mal au sien parce qu'il avait trop bouffé. J'rêvais d'aller à l'école et lui devait sûrement rêver d'en finir avec ça. Il ne supportait pas notre père. Moi, j'aurais aimé ne pas le supporter sauf que j'savais même pas à quoi il ressemblait. « Hm. » Je ne trouve rien à lui répondre. Parce que je ne sais pas. Ce qui nous attend dans le futur. Ce qui nous attendait dans le passé. Ce qu'on doit faire là, tout de suite, dans l'instant, parce qu'il n'y a peut-être que ça qui importe, finalement. Tout de suite on est vivant et peut-être bien que dans dix secondes, une bombe nous saccagera et qu'on s'éteindra avec ces choses qu'on n'aura jamais su se dire. « Maintenant est-ce que tu vas me laisser recoudre ton bras ? » Soupir. « J'ai... » J'ai quoi ? J'suis une chochotte, j'ai peur des aiguilles, j'ai peur d'attraper un sale truc qui pourrira mon sang. J'veux pas mourir malade. J'veux mourir parce que je l'aurais choisi, j'veux mourir parce que j'aurais tout vu de la vie et que j'veux pas me faire avoir comme tous les autres. J'veux choisir. Et c'est pour ça que j'ai peur de cette foutue aiguille, de cette foutue plaie, de cette foutue rue qui me fragilise. « En fait, j'ai peur des aiguilles. Mais j'imagine que tu me laisses pas le choix, hein ? Et dire que sans ces deux bâtards, je n'en serais pas là. » C'est ça, le problème avec la rue. On se tabasse entre potes pour un morceau de pain, pour une gorgée de vin qui a un sale goût d'enfer. C'est ça le problème avec la rue, c'est qu'un jour t'es un pote et le lendemain juste un bâtard qui n'en peut plus de ce froid et de ce vide qui te tiraille l'estomac. Je lui tends mon bras et j'attends la sentence. J'attends qu'il fasse un joli noeud avec ma peau. J'attends de ne plus avoir aussi mal même si ça, j'sais bien que c'est pas pour tout de suite, même pas pour demain, p'tet bien pour jamais. « T'as une photo de ton père ? » Son père. Parce que ce qui est sûr, c'est qu'il a plus été son père que le mien. J'ai jamais vu sa gueule, au père. J'ai jamais vu sa gueule et quand j'regarde Nathaël, j'peux pas m'empêcher de me demander qui lui ressemble le plus. Pour la première fois depuis que j'suis assez grande pour dire papa est une ordure, j'ai envie de me retrouver face à ce visage qui ne s'est jamais penché au-dessus du mien pour me dire bonne nuit, pour me raconter une histoire ou bien juste m'embrasser le front. J'suis enfin prête à mettre un visage sur l'absence. Et tant pis si toutes les autres absences, après la sienne, auront cette gueule. Pépé mort aura la tête d'un père absent, Samson qui claque la porte aussi. L'absence s'appellera désormais papa et aura son visage.
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyMar 1 Jan - 19:42

i want to hide the truth, i want to shelter you
but with the beast inside there's nowhere we can hide.
« En fait, j'ai peur des aiguilles. Mais j'imagine que tu me laisses pas le choix, hein ? Et dire que sans ces deux bâtards, je n'en serais pas là. » Il hausse un sourcil, surpris. Il n'avait pas imaginé croiser quelqu'un ayant peur des aiguilles. A vrai dire, il ne savait même pas que le phénomène était possible pour une adulte comme elle. La peur des aiguilles, c'est comme les dents de laits, la varicelle ou l'innocence. Des trucs qu'on attrape quand on est gosse, qu'on finit par perdre un jour ou l'autre quand le temps décide soudainement que vous prendrez vingt centimètres en trois mois et que vous pouvez désormais vous asseoir à l'avant d'une voiture d'après je ne sais quelle convention. « Tu ferais mieux de ne pas regarder alors. » Il sourit doucement. Il sourit à chaque fois qu'il a l'impression que la situation s'améliore, que tout le monde se détend et qu'ils pourront enfin se dire les choses comme elle le sent. Il sourit peut-être une, deux fois avant que le reste ne prenne le dessus. C'est toujours la même chose, quand on pense que les choses s'améliorent, on retourne à la case départ aussi vite qu'on en est parti. Dieu qu'il aimerait ne plus avoir la sensation de marcher sur des oeufs. Il enfile des gants et se met au travail. Être avec Siam c'est comme être avec un enfant. Un enfant qu'on détourne de la douleur, qu'on essaie de rassurer sans jamais savoir si on y finit par y parvenir. « Comment c'est arrivé ? » Sa réponse l'intéresse. Vraiment. Il s'inquiète et pense à tout ce qu'elle doit sûrement traverser. A vrai dire, il ne connait pas grand chose de sa vie, de ce qui la caractérise, des conditions dans lesquelles elle vit. A force de silence, Nathaël a fini par se faire sa propre idée. Une idée pas toujours très réaliste, mais une idée qui s'éclaircit un peu plus chaque jeudi soir, quand elle entre dans son appartement pour la visite hebdomadaire. Mais c'est toujours comme ça de toute façon, plus il veut en savoir et moins elle refuse de lui en donner. Il y aura toujours une excuse, un prétexte. « T'as une photo de ton père ? » Et voilà. Il suffit d'une simple phrase pour qu'ils se renferment à nouveau dans leur mutisme. Son père. Leur père. Est-ce que c'est vraiment le sujet qu'elle souhaite aborder ? C'est en tout cas le dernier sujet dont Nathaël aurait envie de parler maintenant. « Non. » Simple, sec, efficace. Il s'en veut aussitôt et s'adoucit, après tout, Siam n'est pas la cause de toute cette haine. De la haine causée par un père absent, infidèle et manipulateur. Ou peut-être qu'elle l'est, indirectement. Elle n'en est pas responsable, c'est déjà ça. « On ne s'est jamais vraiment entendus, lui et moi. Peut-être parce qu'on est juste trop différents. » Ou trop similaires. C'est tout ce à quoi il arrive à penser ces derniers temps. Quand il repense à son parcours, et qu'il imagine tout à fait son père faire exactement les mêmes erreurs. Quand dans une conversation il croirait presque entendre son père. Quand ses actes, au final, ne sont plus que dérisoires, tout comme ceux de son père. « Qu'est-ce que tu sais de lui ? » On dit que peu importe notre volonté ou notre refus, on finit par ressembler à nos parents. Fuir son père, c'est ce à quoi il a passé toute sa vie. Mais à quel prix ? Il est pourtant devenu médecin, la seule chose qui le définit entièrement, tout comme son paternel. Et s'il persiste à croire que c'est désormais la dernière chose qui les relie, ses pas le mènent fatalement jusqu'aux siens. Tel père, tel fils. Pas vrai ?
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MessageSujet: Re: siamaël △ and now we're grown up orphans. siamaël △ and now we're grown up orphans.   EmptyVen 4 Jan - 14:53




and now we're grown up orphans & we don't belong to no one.
« Tu ferais mieux de ne pas regarder alors. » Je décide de l'écouter et détourne le regard car j'ai pas envie d'matter ce qu'il va faire de son aiguille et d'mon bras. J'suis pas à l'aise et ça m'gêne d'être autre chose que moi-même, j'suis pas à l'aise et j'arrive pas à savoir si l'aiguille dans mon bras ou la présence de mon frère qui m'rend comme ça, qui m'rend pas moi. « Comment c'est arrivé ? » Je ne le regarde pas mais je devine très vite de quoi il parle. Il parle d'ma gueule saccagée, de mon bras presque crevé et des entailles qui m'sillonnent. Il parle de ces brûlures qu'j'éteindrai jamais vraiment, de ces maux qui m'tabassent le crane à longueur de journée. Il parle de cette vie que j'mène mal. Ou alors p'tet que c'est juste elle qui me malmène, p'tet que c'est juste elle qui m'court après et m'shoote dedans. Comme ça. Parce qu'il en fallait un et qu'c'est tombé sur moi. « Crois moi, tu veux pas savoir. » Qu'est-ce que j'pourrais bien lui dire ? Je soupire. C'est con. C'est con parce que j'le connais pas vraiment ce type. J'sais que c'est mon frère et qu'il a réussi sa vie. J'sais aussi comment elle va continuer, sa vie. Il se mariera, aura quelques bambins à qui il prendra le temps de raconter des histoires même après des journées de boulot épuisantes. Il s'acharnera. Pour pas faire comme l'autre vieux qu'a abandonné sa gamine, pour pas qu'un d'ses gosses se retrouve à vingt piges avec une inconnue en guise de soeur. Une inconnue qui sortirait d'nulle part et finirait nulle part. Une inconnue d'mon genre quoi. Le problème dans tout ça, c'est qu'on sait pas comment va s'finir son histoire, s'il va rester marié à sa première épouse ou si deux autres suivront, s'il continuera à gagner dix mille thunes par mois ou s'il sera obligé de voler dans un supermarché pour donner des chocolats à ses gosses. Nathaël ne s'en rend pas compte mais il a d'la chance, il sait pas encore d'quoi il crèvera, il sait pas encore si ce s'ra d'avoir vécu une belle vie ou d'un accident de bagnole. Moi j'sais. Que ce sera bientôt. Alors j'trouve ça con. « Deux types qui m'tombent dessus parce que j'ai fouillé sur leur territoire. Pas d'quoi en faire toute une histoire. »

« On ne s'est jamais vraiment entendus, lui et moi. Peut-être parce qu'on est juste trop différents. » J'me demande si j'me serais entendue avec lui, moi, s'il m'aurait emmenée faire de la balançoire et s'il m'aurait fait ces queues de cheval que font les pères pas très habiles. « Qu'est-ce que tu sais de lui ? » Je hausse les épaules et fais semblant de réfléchir. Parce que j'ai pas envie d'lui avouer qu'en fait, je ne sais rien de lui. J'ai pas envie d'lui dire qu'j'sais même pas comment il s'appelle, quel âge il a et comment il a rencontré ma mère. Et quelque part, j'ai pas non plus envie d'savoir. J'ai pas envie d'me mettre à faire des cauchemars qui ressembleront à papa, j'ai pas envie d'garder en mémoire sa sale gueule et j'ai pas envie d'me regarder dans un miroir pour y voir qu'on est fait du même bois. « Pas grand chose, en fait. Je... » C'est plus fort que moi, j'ai besoin d'respirer, d'sortir de cet espace qui r'devient trop confiné. « J'dois y aller. » J'me lève avec hâte, enfile mon blouson dégueulasse et attrape le peu d'affaires qui m'appartiennent puis j'm'éloigne de Nathaël, des silences, de ce qui se tait et reste enfoui. « Au fait, merci. » Pause. « Pour le bras. » J'ouvre la porte et dévale les escaliers sans un coup d'oeil derrière moi. J'oublie de lui dire à jeudi prochain, j'oublie d'lui dire et même si on s'connait pas bien Nathaël, p'tet bien qu'un jour on aura autre chose que des non-dits à partager, p'tet bien qu'on aura des souvenirs et des rires.

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