Toutes les histoires ont un début et une fin. Certaines sont plus heureuses que d’autres. Certaines sont plus enrichies que d’autres. Mais une chose est sûre, chacun d’entre nous a un passé, un présent et un futur. Je n’ai jamais cru au Destin alors je pars du principe que les choix que j’ai fait et que je ferais détermineront petit à petit la personne que je deviendrais. Je m’appelle Pippà-Miyah Olivia Westfield. On me surnomme Pimmy depuis ma plus tendre enfance. A l’heure où je vous parle, j’ai vingt et un ans. Voici mon histoire.

Je suis née à Moonlight Falls. Ma mère est tombée enceinte de moi alors qu’elle n’avait que seize ans. Mon père, je ne l’ai pas connu. Ou en tous cas pas pendant les six premières années de ma vie. Il ignorait que j’existais. Lui, il a simplement fait sa vie comme il l’entendait. Ma mère était serveuse dans un bar. Autrement dit, je n’ai pas connu les plus beaux quartiers de Moonlight Falls. Certes, j’étais issue d’un quartier modeste. Pas trop pauvre, mais pas aisé non plus. J’étais dans la moyenne et pourtant, j’ai toujours eu des goûts de luxe. Ma mère essayait de me contenter mais j’ai toujours été super exigeante envers elle. Il m’arrivait souvent de lui demander où était mon père mais elle ne me répondait pas. Peut-être qu’elle ne savait pas où il était. Peut-être qu’elle ne voulait pas me le dire. Une chose est sûre, elle n’a jamais voulu faire rentrer d’autres hommes dans sa vie. C’était souvent certains de ces clients qu’elle ramenait le soir à la maison et qu’elle virait de sa chambre le lendemain matin. Moi ça m’allait plutôt bien. Je ne voulais pas qu’un parfait inconnu vienne s’installer chez nous. Et ça, je pense que ma mère l’avait compris. A l’école, je ne suis pas une flèche. Je déteste les cours simplement. Si je vais à l’école c’est plus pour voir mes amies qu’autre chose. Je ne fais pratiquement jamais mes devoirs. Moi ce qui me passionne c’est le théâtre. Ma mère m’a payé des cours, surtout pour que j’ai une activité le mercredi après-midi mais il s’avère que c’est devenue une vraie passion.

Les années passent. J’ai six ans lorsque mon père biologique réapparaît. Ma mère a réussi à le retrouver et elle veut le faire revenir parmi nous. Elle veut qu’il quitte sa femme et les deux enfants qu’il a eues avec elle pour qu’il soit parmi nous. Elle fait tout pour le faire craquer. Elle m’a même demandé de faire certaines choses pour que ses plans marchent bien. Seulement rien n’y faisait. Il était beaucoup trop attaché à sa petite famille et à son petit confort. Il a néanmoins réussit à obtenir la garde partagée. Un week-end sur deux, j’allais à Bridgeport, chez lui. J’adorais mon père. Même s’il n’a jamais été là pendantes six premières années de ma vie. Je ne pouvais pas réellement lui en vouloir. En revanche, je détestais ma belle-mère et mes demi-frères. Ils ne faisaient pas partis de ma famille, je partais du principe que je n’avais aucuns comptes à leur rendre. Lorsque j’allais les week-ends chez eux, je jouais les hypocrites devant mon père. Mais dès qu’il avait le dos tourné, j’en profitais pour faire souffrir ma belle-famille. C’est peut-être à partir de ce moment-là que les choses ont commencé à dérapé dans ma vie. J’avais à peine sept ans lorsque ma mère est tombée malade. Les médecins ont tout fait pour la soigner. Moi, je voulais paraître forte mais il m’arrivait souvent de pleurer le soir dans ma chambre. Ma mère est morte en cinq mois de temps. Ca ne devrait pas être permis de perdre sa mère aussi jeune. Je gardais néanmoins la tête haute. C’est mon père qui a finalement obtenu ma garde. C’était le seul parent qu’il me restait. A part les grands-parents du côté de ma mère mais la justice a pensé que ça serait beaucoup plus simple pour moi d’avoir des enfants de mon âge dans mon entourage.

Deux longues années passent durant lesquelles, je n’ai pas cessé de faire souffrir ma belle-mère. Les relations avec mon demi-frère ce sont quelque peu arrangées. Mais c’est ma belle-mère que je ne supporte pas. Elle passe plus de temps à me disputer avec elle qu’autre chose. Je la manipule pour que mon père se retourne contre elle. Ca marche. Pendant un temps seulement. J’ai neuf ans lorsque les services sociaux viennent me chercher. Non pas parce que je suis une enfant battu mais plutôt parce que je deviens ingérable. Je suis alors placée dans une famille d’accueil de Bridgeport. Le juge a précisé que je devais rester proche de mon père. C’est pour ça qu’ils ne m’ont pas fait déménager dans une autre famille. D’ailleurs, je ne supporte pas ma nouvelle famille. Personne ne comprend à quel point je vais mal. Personne ne voit que celle que je veux vraiment c’est ma mère. Mais je ne pourrais jamais la revoir et ça, ça me fait mal. Pourtant, je préfère m’en prendre à n’importe qui plus que d’extérioriser cette souffrance. Je ne veux pas qu’on me voit faible. Je veux être forte quoi qu’il arrive. La vie ne fait pas de cadeaux, je l’ai appris à mes dépends.

Les années collège et lycée sont sans doute les meilleures années pour moi mais les pires pour ma famille d’accueil et pour mon père. Même si je ne vis plus chez lui, il s’inquiète pour moi. Au collège, je commence à sécher les cours, je ne fais pas mes devoirs. Je commence à fumer à l’âge de treize ans pour me donner un genre. Je veux paraître plus âgée que mes camarades. A quatorze ans, je m’habille comme les filles qui s’approchent de la vingtaine. Je mets des talons, je sors des décolletés assez plongeants. Et surtout, je commence à sortir et faire la fête. Je comprends rapidement que faire la fête chez moi signifie se mettre dans des états pas possible. J’enfreins les règles. Je cris haut et fort à qui veut l’entendre que je profite de ma jeunesse. Dans le fond, je suis simplement irresponsable. Je test un peu mes limites. Parfois, je les dépasse. Je ne calcule plus le nombre de soirée dont je n’ai aucuns souvenirs. Je les enchaîne, sans penser aux conséquences. Au lycée, je suis la fille la plus populaire. Celle de qui certains rêveraient d’être l’amie et aussi celle qu’on déteste de par son statut. Malgré le fait que je passe plus de temps en dehors des cours qu’assise derrière un bureau à écouter mes professeurs, j’obtiens mon diplôme.

J’ai dix-huit ans lorsque je pars à l’université. J’intègre celle de Sunset Valley. Ce que je veux faire de ma vie plus tard ? Devenir actrice, être connue et reconnue. Seulement rien ne se passe comme prévu. Certes, j’ai de bonnes notes en cours pour la première fois de ma vie mais en rentrant d’une soirée, j’ai eu un accident de voiture avec l’une de mes amis. C’était il y a quelques semaines. J’avais un peu bu, il faut bien l’avouer mais j’étais apte à conduire. Enfin, ça c’est ce que je prétends en tout cas. Je me suis réveillée à l’hôpital et j’ai vu des gens que je ne semblais pas connaître à mon chevet. La plupart était des amis à moi. Sauf que je n’avais aucuns souvenirs d’eux. En effet, suite à l’accident, je suis devenu amnésique. Il y a un peu plus d’un an de ma vie dont je ne me souviens pas et ça fait un drôle d’effet. Cela fait quelques semaines que je suis sortie de l’hôpital et j’ai l’impression que le monde à changer.