Tu en avais marre de vivre avec un bon à rien, même si tu appréciais particulièrement ce dernier. Bien que la communication fût quelque chose de très difficile à instaurer pour vous deux, vous faisiez du mieux que vous pouviez pour vous comprendre. Tu aimais beaucoup voir ce visage familier dans le décor de ton appartement, mais tu le détestais tout de suite beaucoup plus quand il finissait la boite de cookie ou qu’il osait carboniser tes pâtes à la bolognaise. Nan mais allo quoi, c’était tes cookies et l’air de rien ça  te prenait un temps fou de mettre la sauce bolognaise achetée toute faite dans le microonde.  Surtout que cela t’obligeais à sortir le nez de ta caverne pour t’aventurer dans la zone dangereuse qu’était le supermarché. C’était toujours la même histoire, te perdre dans le labyrinthe qu’était les rayons d’aliments, pour finir par attendre derrière une vieille mémé tapant la causette à la caissière pendant que son affreux petit fis jouait avec tes cheveux. L’enfer sur terre. Tu allais devoir enfiler ta combinaison de super héros pour rentrer en vie. Mais bon tu n’avais pas d’autres choix, surtout que monsieur Saad avait osé débrancher ta connexion internet pour pas que tu puisses commander en ligne. T’avais pas besoin de faire vingt minutes de marche pour être en forme, grossir sur ta chaise en ne faisant aucun effort physique t’allais très bien comme fin de vie. C’était que des balivernes. Après un grand verre d’eau tu avais pris ton courage à deux mains, comme la grande personne adulte et mature que tu étais. Arrivant au rayon poissonnerie tu attrapas des croustilbats, les petits poissons panés pour les enfants. Etant donné que tu connaissais très bien  la capacité de Saad à se comporter comme un vrai gamin, tu trouvas l’allusion rigolote. Tu hésitais à prendre des moules simplement parce que tu savais qu’il n’aimait pas ça. Non tu n’étais pas méchante à ce point. Le fourrant dans ton cadi, tu t’élanças à la recherche des cookies.  Tu ne savais pas si c’était dû à l’éclairage vampirique du magasin, où à ton imagination plus que débordante, mais tu étais certaine de voir les gens autour de toi devenir plus petit.

ps: vous pouvez venir me rejoindre les gens si vous voulez   Je lancerais le dé pour mes effets secondaires dans mon prochain poste, c'est parti mon kiki   
Les mots imposés étaient combinaison, moules, carboniser.

imiter, chipie, bidet.

Putain, je gueule. J'sautille sur mon pied droit tout en me frottant les orteils du gauche. J'dois avoir l'air malin comme ça, j'dois ressembler à un lémurien qui danse. Mais c'est ce putain de bidet contre lequel j'me suis cogné en voulant sortir vite de la douche. Qu'est-ce qu'il foutait là ce bidet, d'abord. Quelle idée d'foutre un bidet. J'croyais que c'était un truc qu'on faisait plus, moi. Y'a pas ça à la maison à Rio, y'a pas ça et y'aura jamais. J'm'y oppose formellement. Bordel bordel bordel, j'sens les larmes monter à mes yeux. Souffle Elio, j'me dis. J'sais pas si c'est le fait de me concentrer sur ma respiration, mais la douleur se fait un peu moins lancinante. Dire que tout ça partait d'une bonne intention. J'voulais aller me faire un jogging tranquilou en ville avant d'aller bronzer à la plage. J'soupire et après un instant de pause je finis enfin de me préparer. J'crois que Nora est en cours, j'l'ai pas vue depuis ce matin. J'continue de faire le tour de la maison mais pas de trace de vie. Et Bamba alors, elle est passée où cette chipie de Bamba ? Chipie, ce mot m'fait marrer parce que c'était l'nom de mon chat à la maison. Avant qu'il se fasse écraser par un motard. J'me mords la lèvre un instant avant d'remplir une bouteille d'eau du robinet. Qui dit jogging dit hydratation. J'branche mon casque, j'resserre une dernière fois le noeud d'mes nike et je claque la porte derrière moi. J'aime courir, ça me libère, ça m'fait du bien. J'sais pas combien de temps j'cours, j'sais juste qu'à un moment j'me sens vaciller. J'réalise que j'ai rien mangé depuis hier midi   et j'me sens un peu con. J'vois une petite dame qui s'assoit sur un banc et je décide de l'imiter le temps de reprendre mon souffle. Une gorgée d'eau, deux, trois et j'me cale un instant contre le dossier. Ca fait du bien, ça fait sacrément du bien d'se poser. Y'a cette petite supérette là, pas très loin. J'me dis qu'ça serait pas mal de manger un truc, n'importe quoi du moment qu'c'est sucré. J'me passe une main sur le visage et j'm'ébouriffe les cheveux avant de trottiner vers la boutique. Comme un automate mes pas me guident vers le rayon des sucreries. J'attrape un snickers et un paquet d'biscuit quand j'vois cette fille qui me reluque bizarrement. Elle a l'air de chercher un truc mais elle m'semble surtout pas très fraîche. " euh ça va ? " j'murmure un sourire aux lèvres " tu veux que j't'aide à attraper un truc ? ", ouais, j'me dis qu'peut-être le rayon est trop haut pour elle. J'sais pas moi, j'essaie juste d'être sympa.

Spoiler:

Tu te tenais fermement à ton cadi, tel une bouée de sauvetage. Purée t’avais l’impression d’être aussi beurré qu’un petit lu.  Tout était terriblement trouble autour de toi.  Voilà, à force de rester toute la journée plantée devant ton écran d’ordinateur le moindre effort physique te donnait des nausées. Enfin, tu jouais à Wii Sport de temps en temps quand même.  Puis finir comme Susan Boyle t’allais très bien et bizarrement ne t’effrayais pas le moins du monde. Sad Life . Si un de tes amis du Scooby Gang avait été dans le coin, ils n’auraient pas manqué de faire une petite boutade sur le sujet. Être une no life n’était clairement pas facile tous les jours. Tu déambulais dans les rayons à la recherche de ton paquet de cookie. Tu marchais, encore et encore. Purée t’étais perdue. Ce n’était pas possible d’avoir un sens de l’orientation aussi pourrave qu’une betterave. Tu avais l’air d’un bébé otarie en détresse sur la banquise à la recherche de sa môman. Tu regardais les panneaux autour de toi à la recherche d’un indice, réalisant que tu te trouvais au rayon charcuterie tu soupiras. T’avais presque envie de pleurer. Si ça se trouve c’était un signe du destin, genre si tu mangeais un cookie t’allait t’étrangler avec une pépite de chocolat et mourir.  Même si t’étais du genre intelligente et terre à terre,  c’est que tu prenais tout de même vraiment au sérieux ce genre de chose. Par contre tu ne comprenais vraiment pas pourquoi le destin t’envoyait au rayon des knackis. Ouai ça c’était louche.  Ayant regardé durant toute ton enfance koh lanta tu savais très bien comment réussir à survivre dans cet environnement hostile, suivre les mioches pleins d’acnés. Eux c’est genre inscris dans leurs gênes, ils savent toujours où se trouve le rayon des sucreries, TOUJOURS. C’est que t’étais pas débile comme fille. Suivant un gamin de six ans qui pleurnichait pour avoir des kinders bueno, tu atteignis en quelque seconde le graal. L’abandonnant du regard, tu recherchas tes gourmandises préférées. Alors que tu te demandais si tu avais vraiiiment vue le petit bon homme des haribos te faire un clin d’œil coquin, une voix te sorti de ta rêverie. Affichant ta figure de killeuse de zombie, tu le détaillas du regard.  « Ouaip j’pète la forme & toi ? » demandas-tu légèrement sceptique en te tenant bien à ton chariot. Ouai parce que si tu le lâchais t’allais te casser la gueule et fini ton éventuel carrière en tant que mannequin pour le visage. Après tu serais bonne qu’à être le sosie de Michael Jordan.  « Cookie. Cookie » dis-tu légèrement comme une folle en tendant ton doigt désireux en direction des petits gâteaux aux chocolats. Tu regardais l'inconnu les yeux pleins d'espoir.

Spoiler:

 

Ma main glisse sur le rayon de sucreries. J'me demande c'que j'veux. J'veux tout, j'me dis. J'ai la dalle. D'un coup là, comme ça, bam, une dalle comme jamais. J'me dis que c'est peut-être ça qu'elle ressentent les femmes enceintes, ou alors quand elles approchent de la ménopause. C'est terrible, j'me dis, complètement terrible. Moi j'ressens ça parce que j'ai pas mangé depuis au moins vingt heures. J'me demande pourquoi j'ai pas mangé, tout m'semble assez flou. Et quand tout m'semble assez flou y'a qu'une raison d'possible : j'ai craqué. J'me suis laissé entraîner par l'appel de la drogue et j'ai joué au con. J'soupire. Putain j'me sens bizarre. C'est le sport, sans doute. J'étais pas prêt. Snickers, donc. Ca ira mieux après, j'me dis. Ouais Elio, ça ira mieux. J'avale une nouvelle gorgée d'eau tandis que ma vision commence à s'embrumer. Woula, j'cligne des yeux. Lumières vives. Trop vives. Jaune, vert. Putain c'est le drapeau du Brésil ou quoi. J'reluque la fille qui me reluque bizarrement. Peut-être que y'a un truc qui cloche sur ma gueule. J'passe mon casque autour de mon cou, trop d'musique. Trop d'sons. J'me sens comme Jeanne D'arc. " ouais euh bah ouais tranquille " j'réponds, un peu surpris par sa spontanéité. J'ouvre mon snickers et je mords dedans avec envie, sans pour autant la lâcher du regard. J'crois qu'elle cherche à communiquer. Mon regard suit son geste et j'attrape la boîte de cookies avant de la lui tendre. Ca m'fait marrer cinq secondes jusqu'à être à nouveau pris d'une sensation de malaise. Putain mais qu'est-ce qu'il se passe, ça devrait aller mieux pourtant avec le sucre. J'vais pour m'excuser et déguerpir sauf que j'entends à nouveau une voix. J'me demande si c'est elle, dont j'connais toujours pas le nom. Ca parle de vif d'or, je crois. J'hallucine. T'hallucines, mon pauvre Elio. T'hallucines, j'me répète. Qu'est-ce qu'ils ont foutu dans ces drogues hier, pour qu'elles m'aient explosé le cerveau à ce point. " t'as dit quoi ? " j'demande, un peu dans les vapes. Non parce que quitte à halluciner autant en avoir le coeur net. Wolla, j'me sens fumé, c'est vraiment bizarre c't'histoire. " et d'ailleurs c'est quoi ton nom ? "

Spoiler:

« Tranquille toi-même ouaaai » répétas-tu bêtement en tombant maladroitement comme une sdf sur le sol. T’avais pas mal, ça faisait pas mal, ça faisait jamais mal de tomber. Tu te relevas gauchement, faisant tomber par la même occasion différente boites de gâteaux. Tu décidas avec la plus grande logique du monde que tu n’allais pas les ramasser, parce que ouai les pigeons ermite qui vivaient dans le magasin allaient les bouffer. C’était bien connu. Tu ignoras complètement le regard outré du gamin de deux ans qui passait par là, avec sa casquette télétubies qui se la pétaient dans sa poussette. Gros nul. Tu avais la tête qui tournait tellement, c’était chaud patate cette histoire. Si ça continuais ainsi, ça allait partir en cacahuète.
Tu reportas ton attention sur ton nouvel ami qui attrapait ta boite de cookie. Ouai tu communiquais un peu à la Tarzan là, mais il t’avait compris. De toute façon cookie c’était un mot universel, que tout le monde comprenait…c’était comme doigt de pied ou pizza, ça parle à tout le monde. Le remerciant avec un grand sourire de psychopathe, tu attrapas la boite de friandise. Puis naturellement, tu fourras un des petits gâteaux dans ta bouche. C’était bon. Trop bon. Mais bizarrement ça ne te satisfaisait pas, tu souhaitais autre chose. Tu voulais un truc rond comme un cookie, mais be aucoup plus petit et doré. Le vif d’or. Cette illumination frappa tellement ton petit cerveau et tu te mis à rire machiavéliquement. « J’aaadooooore le vif d’ooor, j’vaiiiis le trouuuuver pour leeee friiiire et le maaaanger çaaa va être mon petit trééésooor » commenças-tu à chantonner en pétant ton cable, revigorante d’énergie. D’ailleurs t’étais pas la seule à perdre le contrôle, l’inconnu semblait aussi ramolli que de la compote de pomme. Ouai à tous les coups il allait te dégueuler dessus, ça allait être moche. « Je m’appelle Harry. Harry Potter. » dis-tu un graaand sourire aux lèvres. « Harryette pour les intimes & toi ? D'ailleurs tu serais pas un proche de petit biscuit? J'trouve que tu le ressemble» ajoutas-tu en plissant les yeux.

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