Le métier de barman n'était définitivement pas fait pour quelqu'un comme Jagger. Il y avait beaucoup trop de bouteilles d'alcool autour de lui pour qu'il puisse rester sobre une soirée, et pourtant Quentin, un bon ami à lui, lui avait confié cette mission, celle de servir les autres, derrière un bar, sans succomber à la tentation de boire ne serait-ce qu'un petit peu, c'était interdit pendant le service. Jagger se demandait d'ailleurs comment son ami faisait, il n'était pas non plus alcoolique mais c'était assez tentant tout de même, de se servir un petit verre de temps en temps derrière le dos du patron. C'était d'ailleurs pour cette raison que le brun n'avait jamais été barman, il n'avait même pas essayé sachant pertinemment qu'il se ferait virer quelques jours après avoir été embauché. Pour ce soir, il allait essayer de faire un effort, pour son ami qui lui avait bien dit de ne pas se servir dans le bar. Jagger avait acquiescé comme un enfant à qui on venait d'ordonner quelque chose, promettant ainsi à son ami de ne pas faire le con. En début de soirée, tout allait étrangement bien, le jeune homme se prenait même au jeu, s'amusant à mettre l'ambiance comme un idiot, riant tantôt avec quelques filles avec qui il discutait cinq minutes, tantôt avec des garçons qui étaient avec lui à la fac. Il s'étonnait lui-même puis, alors qu'il était beaucoup trop sûr de lui et persuadé qu'il n'allait pas décevoir Quentin, céda à la tentation, poussé par des amis et attrapa une bouteille derrière lui pour se servir un verre. Puis deux, puis trois, puis quatre... puis la dispute, la bronche, arriva. C'était trop prévisible, Jagger n'était pas fait pour rester sobre lorsqu'il était entouré de bouteilles d'alcool, et encore moins fait pour ne pas chercher la merde, le sang blindé d'alcool. Ainsi, alors qu'il discutait, sans gêne, le brun fit une remarque clairement déplacée et moqueuse à l'égard de son interlocuteur. Jagger était franc et tapait souvent dans l'ironie, ce qui expliquait d'ailleurs pourquoi il se retrouvait toujours à se battre. Le jeune homme n'étant pas bien gros, n'avait pas su faire face à son adversaire qui l'avait violemment tiré hors de derrière le bar pour le pousser. Saoul, le pauvre Jagger s'étala par terre et lorsqu'il s'apprêta à se relever pour revenir à la charge, c'est en s'appuyant sur sa main qu'il sentit alors une douleur insupportable au niveau de son poignet. Le jeune homme grimaça tandis que l'espèce de gros lourd qui venait de le pousser riait aux éclats.

Le diagnostic était tombé : Jagger s'était cassé le poignet en tombant. Il n'avait même pas besoin de faire une radio qu'on pouvait clairement voir ce qu'il avait, son poignet avait doublé de volume et il ne pouvait plus le bouger. Jagger s'était retrouvé à l'hôpital, toujours saoul, accompagné par la charmante et trop gentille Jaizlynn. Cette dernière avait eu l'amabilité de l'emmener. Jagger n'avait pas trop compris pourquoi ni même comment, il pouvait juste constater qu'elle était là, avec lui. La situation était d'ailleurs assez étrange, il connaissait la jeune femme grâce à Quentin qui d'ailleurs, allait le tuer, et il s'amusait à lui envoyer des piques à chaque fois qu'il le pouvait, elle ne se privait d'ailleurs pas non plus de son coté pour les lui renvoyer. Jagger resta un long moment silencieux, assis sur une des chaises dans la salle d'attente puis, décidé à rompre le silence, tourna la tête vers Jaizlynn pour dire : « Cache pas ta joie d'être ici avec moi hein, t'auras droit à un BN quand on sortira d'ici pour ta bonne action. »

Cette soirée n'avait pas été la meilleure qui soit. Non seulement le bar était bondé mais j'avais été forcée de passer la soirée avec le pire abruti que la Terre ait porté. Jagger était arrivé quelques heures auparavant - jamais en avance bien entendu, quelle idée d'arriver un peu avant pour se préparer ! - tout sourire, de bien trop bonne humeur pour qu'elle soit contagieuse. Surtout avec moi, si bien que j'avais fini par apprendre à l'ignorer. Ce n'est que lorsqu'il s'était installé au bar qu'il m'avait fait réagir, prétextant une excuse minable pour se mettre à faire le boulot d'un autre. Quentin lui avait demandé de le remplacer. Bien que c'était certainement la chose la plus ridicule qu'on m'ait jamais dite, j'avais remarqué que mon collège et ami ne s'était pas présenté de la journée, ce qui était plutôt rare. Finalement, j'avais été contrainte de laisser Jagger prendre sa place, et depuis lors, ma soirée avait tourné au véritable cauchemar. Parce qu'il faut le voir cet abruti quand il est censé être "au travail". J'ai toujours pensé qu'il n'avait jamais eu la moindre notion de ce mot, et aujourd'hui mes idées se confirmaient. Jagger, bien qu'incapable de mettre en marche le minuscule petit cerveau qu'il possédait pour rendre le compte exact de la monnaie, passait plus de temps à discuter, à draguer et que sais-je encore qu'à servir à proprement dit. Moi, j'étais bien trop occupée de l'autre côté pour le mettre dehors, et puis l'aide qu'il apportait - aussi insignifiante soit-elle - était déjà précieuse. Je ne sais pas ce qu'il a fait du reste de sa soirée, je sais juste que la mienne a empiré au moment où il a été projeté par terre, prêt à se faire mettre en pièce par un Baloo du monde réel. Bien sûr, Jagger se retrouve avec très certainement un poignet cassé et il lui faut donc une âme charitable pour l'accompagner à l'hôpital. Et bien évidemment, c'est de moi particulièrement besoin, moi qui n'ait même pas de voiture et qui doit transporter son corps ivre sur plusieurs rues avec seulement l'aide de mes petits muscles - sans grande ni réelle efficacité, je vous l'accorde. Bref tout ça pour dire, que je suis dans une humeur affreuse, et je suis prête à envoyer sur les roses le premier qui se mettra en travers de mon chemin. Pourtant l'histoire ne s'arrête pas là. Cela fait maintenant plus d'une heure que je suis bien sagement assise sur une chaise aux urgences blindées : il faut bien dire qu'il a choisi le meilleur moment pour se casser un foutu poignet. Je ne sais même pas ce qu'est advenu du bar, n'ayant plus de deux serveuses maintenant que nous étions partis. Jagger lui, semble passer une soirée ordinaire, d'ailleurs il remarque mon air grognon. « Cache pas ta joie d'être ici avec moi hein, t'auras droit à un BN quand on sortira d'ici pour ta bonne action. » Je le foudroie du regard. « Excuse-moi si j'avais d'autres plans ce soir que de finir aux urgences, simplement parce que tu ne sais pas te tenir en société. Tu pourrais au moins être reconnaissant, j'aurais très bien pu te laisser à l'agonie là-bas. Je te signale aussi, que tu n'es pas non plus le poids plume de l'année. » Par-là, je fais référence aux quelques kilomètres que j'ai dû parcourir à pieds, avec lui s'affalant de tout son poids sur mon épaule. Et dire que demain, il ne se souviendra probablement de rien, ça me met dans une rage folle. Foutue soirée.

Jagger ne pensait qu'à sa petite personne, égoïste au possible, il se fichait pas mal de laisser le bar avec uniquement deux serveuses qui d'ailleurs devaient avoir bien du mal à s'occuper de tous les clients dans les temps, avec quatre bras en moins, tout devenait beaucoup plus difficile. Jagger ne semblait pas vraiment s'en préoccuper, bien plus soucieux de son pauvre petit poignet qu'il avait tordu en tombant par terre. Il ne pensait même pas à son ami, Quentin, qui allait sans aucun doute lui en vouloir jusqu'à la fin de sa vie. Ce dernier lui avait fait confiance et comme à chaque fois lorsqu'on lui faisait confiance, Jagger foirait et foutait tout en l'air avec une habilité incroyable, à croire qu'il le faisait exprès, malheureusement non et même s'il ne faisait rien pour arranger les choses, Jagger n'était pas un fouteur de merde de base, il n'avait pas voulu manquer de respect à Quentin en faisant n'importe quoi, pourtant il l'avait fait et évidemment, il n'était pas fautif. Il allait tout simplement expliquer à son ami qu'un espèce de gros lourd lui avait foncé dessus pour le cogner histoire de passer pour la victime de l'histoire. Jagger avait d'ailleurs eu de la chance que sa collègue pour la soirée l'emmène jusqu'à l'hôpital, il aurait sinon eu bien du mal à y parvenir tout seul et il se serait sans doute retrouvé partout sauf à l'endroit désiré. Jaizlynn avait fait preuve de gentillesse, elle avec qui il avait l'habitude de se chamailler pour tout et n'importe quoi, se trouvait à ses cotés aux urgences car il avait encore fait n'importe quoi, ça allait donner une raison de plus à la jeune femme pour détester d'avantage Jagger. Ce dernier, affalé sur une des chaises en plastique de la salle d'attente, sourit niaisement aux paroles de la brune. Elle semblait grognon, lui en voulant clairement d'avoir agit comme un parfait idiot au bar. « Oh mais j'peux être très reconnaissant tu sais... on passe chez moi après ? » rétorqua-t-il en prenant un air pervers. Il ne lui laissa cependant pas le temps de répondre et reprit en riant légèrement : « Humour. Faudra te contenter d'un BN. » Jagger se redressa légèrement en grimaçant, son poignet lui faisait un peu mal, heureusement que l'alcool épongeait un peu la douleur. « Arrête, grâce à moi tu travailles pas et tu passes la meilleure soirée de ta vie. » Ironique, Jagger avait bien conscience d'emmerder la jeune femme, il voyait bien qu'elle n'avait pas du tout envie d'être là.

Soupir, je me demande ce que je peux bien encore faire ici. Parce que c'est vraiment pas ses remarques qui me retiennent. Pas non plus parce que j'apprécie sa compagnie, ou quelque chose comme ça. Mais ça reste une bonne question. Pourquoi suis-je encore ici ? J'aurais pu le déposer à l'hôpital, et repartir. J'aurais pu demander à quelqu'un d'autre de l'accompagner, me débarrasser de lui quand j'en ai eu l'occasion. Je ne demandais qu'une soirée tranquille, et ce que j'ai récolté c'est des heures à côté d'une personne qui m'insupporte plus que tout autre personne. Qui ne me supporte certainement pas non plus, étant donné la nature de notre relation. Pourtant, je suis là. Je suis là depuis maintenant plus d'une heure sur cette foutu chaise à côté de ce mec ivre mort qui ne ferait pas la différence entre une porte de garage et moi. Qui se fiche probablement que je reste ou parte, finalement. Mais je choisis de rester. Parce que je ne suis pas comme lui. Je me soucies des autres. Je suis humaine. Parce qu'en rentrant, je m'inquiéterai probablement toute la nuit. Ca, et aussi le fait que je n'ai pas envie d'avoir sur la conscience son meurtre par un pauvre clochard affamé. Et aussi parce que je n'ai pas envie de rentrer seule, dans la nuit. Oui, finalement, c'est pour ça que je reste. Pour avoir quelqu'un avec qui rentrer, aussi inconscient et insupportable soit-il. A tous les coups, je vais devoir le ramener chez lui sur mon dos. Pauvre mec, il n'a vraiment pas pitié d'une fille comme moi. Et donc, si je reste pour avoir un peu de compagnie, ce n'est certainement pas que j'apprécie cette compagnie. Non non non. Jamais de la vie. Pas même si on me retient de manger pendant une semaine, pas même avec un couteau sous la gorge. Je reste, seulement par pitié pour lui. Voilà, c'est exactement ça. De la compassion, et rien d'autre. « Oh mais j'peux être très reconnaissant tu sais... on passe chez moi après ? » Finalement, je retire tout ce que j'ai dit précédemment. Il n'y a rien à apprécier chez ce type. « Arrête, grâce à moi tu travailles pas et tu passes la meilleure soirée de ta vie. » Perspicace, ce gosse. Il ira loin. « Oh oui Jagger, grâce à toi je passe vraiment une soirée d'enfer. Tu sais très bien que tu es le soleil qui illumine ma vie. » J'ai envie de le frapper. Peut-être bien le casser le deuxième poignet, histoire d'être tranquille un moment. Finalement, je finis par me lever. Nous ne sommes pas prêts de passer, et puis de toute façon, ça m'étonnerait que Jagger réussisse à se lever de son siège. « Attends-moi ici. C'est bon, tu penses y arriver ou c'est une tâche trop compliqué à accomplir pour cet organe qui te sers de cerveau ? » Au point où j'en suis, chaque seconde loin de lui ne pourra m'être d'un grand réconfort. Et je ne compte pas passer la prochaine heure avec lui sans un gramme de café dans le sang. Et Dieu sait que je déteste le café.

Jagger ou comment être insupportable. Il savait bien y faire, autant il savait être gentil mais lorsqu'il savait comme actuellement qu'il était chiant, il ne se gênait pas pour continuer histoire d'embêter encore plus la personne qui le subissait, Jaizlynn ici présente. Elle ne devait pas vraiment le détester dans le fond, elle l'avait tout de même accompagné à l'hôpital, ou alors avait-elle pitié ? Question que le brun ne se posait même pas à vrai dire, pas en état de penser quoi que ce soit, il se souvenait à peine de ce qui s'était passé au bar et la nuit de passée, lorsqu'il se réveillerait, il ne se souviendrait probablement pas non plus de son séjour passé à l'hôpital avec une fille qu'il n'appréciait pas vraiment. Heureusement qu'il était saoul car Jagger n'était absolument pas gêné par la situation, il trouvait tout ça un peu étrange certes, mais il s'en amusait plus qu'autre chose contrairement à la brunette qui lui tenait compagnie qui, elle, avait l'air de ne plus pouvoir le supporter. Le brun trouvait ça drôle, le pire était qu'elle ne partait pas, elle restait, lui tenait compagnie comme si elle avait peur que quelque chose lui arrive. Au final, il lui était plutôt reconnaissant et il allait peut-être faire un peu plus attention à ce qu'il pouvait lui dire à l'avenir, après ce qu'elle venait de faire pour lui, il allait avoir un peu plus d'estime pour elle et essayer de la traiter normalement, diminuer un peu sur les moqueries, sauf si c'était elle qui commençait évidemment, il ne se laisserait pas faire dans ce cas. Le brun hocha alors la tête lorsque Jaizlynn lui répondit ironiquement qu'elle était clairement heureuse de passer sa fin de soirée aux urgences avec lui, comme s'il approuvait ce qu'elle disait, son sourire d'idiot saoul ne le quittant plus. Il posa alors son regard sur un tableau accroché au mur en face de lui, la seule chose qui égaillait un peu la pièce dans laquelle ils attendaient depuis maintenant plus d'une heure, puis Jaizlynn reprit la parole, informant le jeune homme qu'il devait l'attendre ici. « Non me laisse pas ! » dit-il alors comme un gamin qui ne voulait pas être seul en tournant vivement la tête vers elle, il le faisait exprès évidemment, tous les moyens étaient bons pour embêter la jeune femme. Jagger reprit alors un air totalement dégagé puis dit : « Vas-y okay, okay. Tu peux me ramener un truc à manger et à boire alors ? S'il te plaaaaaaît Jaizlynn. » Insupportable et immature, Jagger savait se faire remarquer et c'était pire lorsqu'il était saoul.

« Non me laisse pas ! » Je me retourne vivement. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Comme s'il allait m'empêcher de partir. Mieux encore, comme si j'allais l'emmener avec moi, et perdre notre place aux urgences. Il rêve. Je le regarde, les bras en l'air comme pour lui demander ce qu'il attend. Je soupire, quand enfin, il se décide à parler. « Vas-y okay, okay. Tu peux me ramener un truc à manger et à boire alors ? S'il te plaaaaaaît Jaizlynn. » Bon sang, il est vraiment long à la détente ce gamin. Et puis le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est absolument sûr de lui. J'espère qu'en remarquant son état de sobriété exemplaire, ils décideront de le garder en observation pour la nuit. Oh pitié oui, qu'ils le gardent une nuit, ça lui fera le plus grand bien. C'est surtout que j'aurais payé cher pour voir sa tête, en particulier s'il ne se souvient de rien d'aujourd'hui. « Je vais voir ce que je peux faire. » Non non, je ne prends même pas le risque de lui demander ce qu'il veut parce qu'on risquerait bien d'y passer la nuit et au final, je finirai par prendre ce dont j'aurais envie. Attendez déjà que monsieur réfléchisse pour ce qu'il veut boire, et ensuite manger. Puis en fait non, il s'est trompé, oh et puis finalement il hésite entre deux choix. Vous voyez le genre. Je m'en vais avant qu'il ne change d'avis encore une fois. J'espère qu'il ne trouvera rien d'idiot à faire pendant les quelques minutes où je le laisse seul, parce que ne refais pas toute la queue depuis le début. Je lui remettrai le bras en place moi-même, avec un peu de chance, il ne sentira rien. S'il a mal, il avait qu'à mieux se comporter. Un peu de papier toilette trempé dans l'eau en guise de plâtre et le tour est joué. Je vous le dis, ça lui coûterait tellement moins cher de passer par moi, toute aussi expérimentée qu'un docteur payé trois fois plus. Je m'arrête au distributeur et prends deux cafés, j'achète quelques friandises et quelque chose de plus consistant aussi. Un tour aux toilettes, et je suis de retour quelques minutes plus tard et je retrouve Jagger, qui n'a pas bougé d'une semelle. « Tiens, c'est tout ce que j'ai pu trouver. » Non mais attendez, ce n'est pas normal. Il est immobile. Je le bouscule doucement d'un doigt. Est-ce que cet abruti... dort ?

Jagger sourit, elle allait voir ce qu'elle pouvait faire ce qui signifiait qu'elle allait lui ramener quelque chose à grignoter. L'alcool donnait faim et le brun ne se gênait alors pas pour demander à Jaizlynn de lui trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Elle s'éloigna alors, que faire maintenant qu'il n'avait plus personne à qui parler et surtout plus personne à enquiquiner ? Il y avait bien quelques vieux mais Jagger restait respectueux, il ne voulait pas aller faire le guignol devant des mamies qui risqueraient de faire une crise cardiaque devant la connerie de Jagger. Il resta alors assis sur sa chaise sans trop savoir quoi faire, regardant partout autour de lui en essayant de trouver quelque chose à faire, comme compter les carreaux du plafond mais malheureusement, il n'y en avait pas. Finalement, il posa son attention sur son poignet qui semblait enfler de plus en plus, heureusement qu'il ne sentait pas grand chose à cause de l'alcool qu'il avait ingurgité, sinon il serait sans doute en train d'hurler de douleur. C'était d'ailleurs peut-être pour cette raison que les docteurs ne se pressaient pas pour lui, ils avaient sans doute remarqué que le brun était un peu saoul et se disaient bien qu'il ne devait pas sentir grand chose ainsi, le laisser attendre dix minutes ou deux heures n'allait rien changer pour lui. Il ne se rendait pas vraiment compte du temps non plus, ne pouvant pas dire s'ils attendaient dans la salle d'attente depuis longtemps ou non. Jagger se laissa alors glisser un peu plus sur sa chaise de façon à être presque allongé, ses jambes tendues devant lui, son poignet cassé posé sur son ventre, il ferma les yeux. C'est alors que quelques minutes plus tard, il sentit quelque chose heurter son épaules et il ouvrit les yeux. Il se redressa et regarda Jaizlynn qui revenait avec de quoi manger. « Hein ? Ah ouais... cool. » dit-il en lui prenant des mains ce qu'elle lui avait ramené. Puis, il grimaça en voyant le café puis dit, décidé à l'embêter jusqu'au bout : « Du café ? Mais c'est dégueulasse le café. J'veux du lait avec des Lions. »

je viens de capter qu'on utilise la même couleur de police, c'est ouf quand même

Je vais me le faire. Je vous jure, je vais me le faire. Je prévois déjà sa mort de toutes les façons possibles. Le noyer dans la cuvette des toilettes. L'étouffer avec un piment rouge. Marche sur son poignet cassé. Un accident est si vite arrivé... Ouais mais après, on viendra m'arrêter pour meurtre avec préméditation, je passerai le reste de ma vie dans une petite cellule avec pour seul compagnon de chambre un cafard. L'horreur quoi. Quoi que, pendant les visites que Maya me rendra, elle pourra peut-être m'apporter une lime à ongle et on pourra s'la jouer Michael Scofield. Ouais, c'est pas si bête comme idée. Ou alors elle pourra se faire le gardien, ça revient au même. Après tout, pour sa soeur, elle pourrait au moins mettre son corps à disposition. C'est une idée à creuser. En attendant il est là, et même si l'envie de lui renverser le café brulant sur la tête devient de plus en plus forte, je me contente de le réveille comme n'importe quel être humain le ferait pour ne pas éveiller les soupçons. Ne laisser aucun témoin, vous comprenez. N'empêche qu'on pourrait certainement trouver une médaille à lui décerner. Mis à part pour les raisons premières du genre "abruti de l'année, "teubé en puissance", "insultez-moi je n'attends que ça", il faut reconnaître qu'il est champion quand il est question de s'endormir en si peu de temps. Il est bourré, en même temps, c'est pas si compliqué. A sa place, bourrée, pas bourrée, ça aurait été plutôt compliquée avec cette mamie deux places plus loin qui vous fixe comme si vous auriez fait un très bon dîner. Passons. Il se réveille enfin. « Bonjour princesse. » Il m'énerve. Ses yeux se fixent immédiatement sur ce que j'ai ramené, il ne se prive d'ailleurs pas pour se servir. Typique. Malgré tout, son numéro de petit connard ambulant ne semble jamais se stopper. Je me demande si je n'aurais pas mieux fait de le laisser dormir. Dans tous les cas, je viens de perdre le peu de dignité qu'il me restait devant tous ces gens, sortir avec Jagger ce n'est vraiment pas la tâche la plus facile de l'année. « Du café ? Mais c'est dégueulasse le café. J'veux du lait avec des Lions. » Pitié qu'il se taise. Je lève les yeux au ciel. Il ne manquait plus qu'il fasse son petit capricieux. « Oh ça va, arrête de faire l'enfant. Et laisse moi les bonbons ! » Je reprends le paquet avant qu'il ne réussisse à l'ouvrir - dans l'état où il est, il pourrait très bien en mettre partout. Je fais mine de l'ignorer tandis que j'attaque mon café, la soirée risque d'être trèèèèèès longue.

esh ouais, j'ai vu ça quand tu m'as répondu

Lorsqu'il était chiant, Jagger ne l'était pas à moitié et il l'était encore plus lorsqu'il voyait que ça marchait comme maintenant avec Jaizlynn. Cette dernière semblait clairement péter un câble avec lui, elle devait avoir envie de partir et de le laisser tout seul dans cet hôpital sans personne pour s'occuper de lui, le pauvre serait sans doute perdu si elle le laissait, même s'il ne s'en rendait pas compte, heureusement qu'elle était restée avec lui et qu'elle le surveillait un minimum, Jagger ne savait pas se prendre en mains sans même être saoul, ça aurait été pire en l'étant. Il était comme un gamin, il ne savait pas s'arrêter et il continuait toujours sans s'imposer des limites, pourtant il avait vingt-deux ans, il était sensé être grand et mature et ainsi donc, savoir à quel moment il devait arrêter de boire histoire de ne pas finir complètement arraché, non, Jagger avait la sale habitude de ne jamais s'arrêter pour finir généralement complètement mort, un vrai gamin, il n'avait aucune limite et il finissait toujours dans un état pitoyable. Jusqu'à présent, il ne s'était jamais rien cassé étrangement, pourtant, il s'était déjà battu plusieurs fois, provoquant tout le monde à tout va comme un idiot, la gueule bien grande ouverte à hurler ce qu'il pensait sans gêne, il payait enfin maintenant en se retrouvant à l'hôpital, pas de chance pour Jaizlynn, elle avait été celle qui l'accompagnait et qui devait donc le supporter. Après avoir été réveillé, Jagger se jeta sur les sachets de bonbons et laissa le café, il n'aimait pas et réclama du lait avec des céréales se doutant bien que la brunette n'allait pas lui donner ce qu'il demandait. Il n'insista pas, lui laissant même les bonbons. Il fourra dans sa bouche ce qu'elle avait ramené puis tourna la tête vers elle. « C'est cool que tu sois là, sinon. Merci. » avoua-t-il, sincère. Il avait beau faire l'enfant et jouer au petit garçon capricieux et insupportable dans le but de l'agacer, il tenait tout de même à la remercier. Dire merci, c'était pourtant quelque chose qu'il avait du mal à cracher et il le faisait à présent et en plus, à l'égard d'une fille qu'il n'avait jamais vraiment apprécié jusqu'à présent. Il reprit alors en regardant le sachet de bonbons qu'elle tenait entre ses mains : « File un bonbon. »