« Ah non mais non hein, il y a aucun Monroe qui vit ici. » répondit Olive en secouant la tête de droite à gauche, sa brosse à dent dans une main, une béquille dans l'autre. Le facteur regarda a nouveau le reçu et haussa les épaules. « Désolé mademoiselle mais le nom qui est... » Sans lui laisser un minimum de temps pour relire la feuille que Olive lui pris des mains pour la lire elle-même. Visiblement le livreur n'était pas très doué. Bon évidemment si on lui indiquait une mauvaise adresse avec le mauvais nom. « J'ai la tête de quelqu'un qui se nomme Geffroy-Barth peut-être ? » répliqua-t-elle en se pointant le visage du doigt. « Les prénoms mixtes vous savez... » Pas mixte du tout ouais !

Rue du Bois était sans aucun doute le quartier résidentiel le plus huppé de la ville. C'est par ici que l'on pouvait admirer les plus belles demeures et les plus grandes propriétés privées. Résider dans cette partie de la ville était un privilège et souvent la fortune des propriétaires parlait d'elle-même. Tout le monde savait que pour loger dans ce beau quartier, il fallait posséder le compte en banque de Crésus. Or Crésus ne faisait pas parti actuellement des amis proches de Olive. Celle-ci avançait difficilement – même très difficilement – vers la maison de Geffroy-Barth. Depuis la veille, Olive devait marcher avec des béquilles et éviter de toucher à sa jambe gauche. Du retour des achats de Noël, Olive avait eu l'idée folle de grimper sur le toit de la voiture de Athénaïs, en chaussette. Si bien qu'elle avait fini par tomber du toit et se casser la jambe. Alors s'est armée de ses béquilles que la jeune femme se dirigeait vers la maison d'un certain Geffroy-Barth Monroe. Elle avait mis le colis dans un sac en bandoulière afin de lui faciliter la tâche pour marcher, mais avouons-le, ce n'était franchement pas très pratique. Chaque pas était une épreuve à surmonter, Olive priait intérieurement tous les saints et tous les dieux afin qu'elle ne tombe pas. Et en attendant, même si la jeune femme vivait à Montsimpa depuis plus d'une vingtaine d'années, lorsqu'elle mettait les pieds (ou LE pieds dans le cas présent) dans ce quartier, il lui semblait qu'elle le redécouvrait. Olive ne mettait jamais les pieds par ici. Ça transpirait l'argent dans cette rue-ci.
Quand enfin elle supposa avoir trouvé la maison de Geffroy-Barth elle s'avança et gravit à nouveau avec difficulté, les marches menant au perron.
La demeure était somptueuse, le genre de maison qui fait rêver, que tout le monde souhaite mais que finalement on obtient jamais. Ce n’est qu’une fois arrivée devant la porte d’entrée que Olive connut son premier moment de véritable hésitation. Les doigts resserrés autour de ses béquilles, la main libre devant la sonnette, elle réfléchissait pour la première fois à ce qu’elle allait faire. Puis finalement elle appuya sur le bouton de la sonnette attendant patiemment que le propriétaire des lieux daigne lui ouvrir.
Lorsqu'enfin elle entendit des bruits de pas derrière la porte et que celle-ci s'ouvrit, Olive adressa un grand sourire à l'homme se trouvant en face d'elle. « Bonjour voisin. » le salua-t-elle en souriant. « Je suis désolée de vous déranger. » s'excusa Olive, gênée tout de même de l'embêter ainsi. A en juger par sa tenue, on aurait pu croire qu'elle venait lui soutirer de l'argent. « J'ai reçu par erreur un colis qui vous appartient. Enfin, si c'est bien vous Monsieur Monroe ?! »