Chauffard !!!

Utopia avait encore repoussé le réveil d'un geste sec et ferme, ce qui entraina la chute de l'objet sur le sol et un bruit de fracas, lui indiquant qu'elle venait encore de briser une énième machine de torture! Ce qu'elle affectionnait beaucoup ces derniers temps surtout en ces temps hivernaux, ce fut les grasses matinées dont elle n'avait le loisir d'en obtenir que rarement. Surtout que la veille, la jolie blondinette était sortie avec plusieurs amis pour fêter dignement les fêtes de fin d'années. Ce matin là, un mal de crane atroce tambourinait sa pauvre tête et son lit l’accaparait si bien qu'elle se rendormit encore une heure pour se réveiller en sursaut sur son lit. Elle savait pertinemment qu'elle n'aurait pas dû abuser des coupes de champagne offertes ! Mais elle voulait en profiter avant de reprendre son train-train quotidien entre le stage qu'elle effectuait dans un cabinet au sein de la ville et ses cours à l'université.

Elle bondit alors de son lit en hâte, courant vers la salle de bain pour prendre une douche rapidement. Elle savait qu'elle n'aurait pas le temps de prendre un petit déjeuner. Mais elle regrettait de ne pas pouvoir boire un café pour être d'aplomb. Stressée à l'idée de se faire encore sermonner par la patronne, Utopia tenta d'imaginer les divers mensonges qu'elle pourrait lui dire tout en enfilant son tailleur. Une fois son chignon fait et ses chaussures à talon aiguille enfilées; elle jeta un coup d'oeil dans son grand miroir et eut un mouvement de recul.

- Picasso n'aurait pas mieux fait ! Interjeta-t-elle, en tâtant son visage.

Attrapant sa trousse de maquillage, elle sortit en trombe de son appartement espérant que sa colocataire ne lui fasse pas une crise pour le chantier qu'elle avait gracieusement installé dans toutes les pièces. Après un dernier haussement d'épaules, elle s'engouffra dehors tandis qu'un froid glacial lui caressa la nuque déclenchant des frissons sur tout son corps. Après plusieurs minutes de pas rapides, elle parvint à sa voiture et enclencha le chauffage, soupirant d'extase lorsque la chaleur se répercuta sur son corps.

Autant dire, qu'elle ne roula pas avec prudence tout au long de la route, souhaitant parvenir à son lieu de travail à temps ou du moins avec le moins de retard possible, pour ne pas être renvoyée et perdre son job, mal rémunéré mais quasi vitale pour payer son loyer ! Son compteur avoisina les soixante dix kilomètres heures lors-qu’ouvrant son petit sac de maquillage, elle percuta violemment une voiture. Tout le capot était enfoncé et une épaisse fumée blanche s'échappait dans les airs ne révélant rien de bon ...pour elle et son compte en banque. Excédée bien qu'elle savait être totalement en tord, notre chère blondie ouvrit la portière en ronchonnant tout en se dirigeant vers le chauffeur.

- Non mais vous ne pouviez pas faire attention ! Clamait-elle, de mauvaise foi alors qu'elle avait bien dépassé, largement, la vitesse autorisée en ville. Sur les nerfs, elle regarda la portière du conducteur s'ouvrir, lentement, prête à rejeter la faute sur ce dernier. Cependant, lorsque l'homme en question s'extrayait de son véhicule, sa colère s'apaisa subitement. Il faut dire que le jeune homme était charmant, grand, brun avec de sublimes yeux bleus azur et avouons-le, c'était elle qui avait commis l'infraction !

- Bon pour cette fois-ci, je vais être sympa, je ne vous imposerais pas de faire un constat ! Il faut dire que j'ai peu de temps pour le faire et il faut bien faire oeuvre de charité pour les fêtes de nöel ! N'est-ce pas?

A vrai dire, elle disait un peu cela plus pour convaincre cet homme que pour elle-même. Espérant qu'il mordrait à l'hameçon, elle se déplaça a nouveau vers son auto pour prendre son portable et appeler une dépanneuse y compris sa boite.

Utopia n'avait même pas remarqué la sublime voiture que conduisait le jeune homme qu'elle avait percuté. C'était exactement le type d'automobile qu'elle voulait dans ses rêves les plus fous. Le portable dans la main elle contempla sidérée le sinistre. Combien cela allait-il lui coûter ? Elle se sentait mal et honteuse sur le coup ! Puis de nombreuses questions la torturaient telles que : quel métier faisait ce dernier pour conduire un tel boïde ? C'était de plus la voiture idéale, grise comme elle les appréciait ! Elle écarquillait les yeux comme une enfant, zieutant l'homme qui lui faisait face. Non seulement il était séduisant mais en plus il devait être fortuné. Elle en oubliait même l'appel qu'elle avait composé avec son téléphone duquel une petite voix résonnait. Ce devait être la secrétaire du cabinet dans lequel elle travaillait. Raccrochant sans même répondre, elle se dirigea vers lui.


Oui, c'est bien, vrai, mais tu viens de me couté une voiture de plus de 100 000$ quand même, compte toi heureuse que je t'en fait pas un. Mais bref, j'espère bien que mes assurances payeront les dégâts, disons j'en aurais pour une petite fortune malheureusement..

Lui répondit-il. La honte teinta ses joues d'une couleur rougeatre. Elle s'en voulait désormais ne sachant quoi répondre. Sans oublier qu'un énorme embouteillage était en train de se créer juste derrière eux. De nombreux klaxons furent audibles ce qui l'embrouillaient un peu plus.

-Hum... Je suis vraiment désolé, dit-elle, en baissant la tête. Changement d'attitude totale face à lui. Je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner. Mais sachez que je peux discuter avec votre compagnie d'assurance pour trouver une conciliation. Je travaille pour un cabinet d'avocat et je suis sur que je peux vous aider pour votre... voiture.

Elle enfouit sa main dans son sac à main pour attraper sa carte offerte par le cabinet, afin de le tendre à l'homme qui lui faisait face.

-Tenez, vous avez mon nom ainsi que celle de la société, vous pouvez me contacter s'il y a le moindre soucis pour un remboursement. Je suis vraiment navrée.

Reprenant un peu ses esprits, il faut dire qu'elle avait eu tout de même un choc face a cet accident, elle repoussa ses cheveux, et eut un petit sourire en pensant à ce qu'elle allait lui demander.

- Pour me faire pardonner, est ce que je peux vous proposer un café ?

Bon certes cela faisait un peu "rencard" et cela la mettait un peu mal à l'aise mais c'était la moindre des choses qu'elle pouvait faire pour se rattraper, n'est-ce pas ?

-Enfin après avoir bougé nos véhicules. Un second sourire s'affichait sur son visage. Il faut dire que les automobilistes coincés derrière eux commençaient sérieusement à jurer. Et puis si vous avez le temps aussi...

Bon certes, elle aurait du être à l'heure pour son travail y compris que les cours à la faculté allaient commencer dans deux heures ! Mais après tout elle ne voulait pas passer outre une si charmante rencontre.