Là, j'en ai marre. J'avais franchement oublié ces derniers temps à quel point mon frigo est petit, et donc, à quelle fréquence il faut que j'aille faire les courses. Sérieusement, c'est insupportable. Se retrouver dans ce supermarché à acheter le strict de nécessaire en frais et surgelé parce que, ma foi, il n'y aura pas la place sinon, c'est lourd. Mais bon, si je veux pouvoir me nourrir, je crois que je n'ai pas tellement le choix .. Alors je quitte l'appartement, habillée en mode estrasse, soit mon jean déchiré et un pull un peu trop large, qui me rend quand même sexy. J'enfile mes authentic de Vans et sors. Heureusement pour moi, ma voiture m'attend en bas. Parce que déjà que je n'ai pas envie d'aller faire les courses, ce serait certainement pire si je devais tout faire à pied. Pf, j'ai la flemme rien que d'y penser.

J'arrive au supermarché et parcoure les rayons sans même vraiment faire gaffe à ce qui est placé, je suis trop fatiguée pour faire attention à quoi que ce soit. Je m'arrête alors en plein milieu du rayon frais et l'air froid ambiant me réveille, comme un coup de fouet. Mes yeux se rouvrent alors grandement et je me rends compte qu'une veille me regarde bizarrement. Non mais pour qui elle se prend celle-là, elle a jamais été fatiguée ou quoi ? Je la regarde de travers et elle continue alors son chemin. Les vieux, qu'est-ce qu'ils peuvent être cons des fois. Je continue à avancer dans les rayons, prenant au fur à mesure les deux-trois trucs qui me seront utiles pour me nourrir quand je me mets en tête de trouver du maïs grillé à faire exploser : le popcorn, mon pêché mignon. Sauf qu'une personne me coupe court quand je sens qu'on fonce dans mon charriot. Bon d'accord, on n'a pas vraiment foncé dans mon charriot, disons plutôt que je ne regardais pas où j'allais et que j'ai percuté quelqu'un, mais bon, le résultat est le même, j'ai été stoppée net dans ma quête. « Vous pouvez pas faire gaffe, non !? ». Je regarde la tête de la personne percutée et reconnais son visage, enfin, elle me dit quelque chose. D'ailleurs, si mes souvenirs sont bon elle s'appelle .. bon, non, je n'me souviens plus de son prénom, c'est un truc en “k”, c'est tout ce que je sais .. En fait, ce dont je me rappelle, c'est que je lui en ai fait baver à cette fille quand on était petites, oh ça oui ! Elle venait en vacances à Chicago avec ses parents, à côté de chez moi, et elle a été mon souffre-douleur, pauvre gamine. Je crois que je me souviendrais toute ma vie du jour où j'avais mit un chewing-gum dans ses cheveux en disant que je n'avais pas fait exprès (mensonge) et en lui faisant ensuite croire que je pourrais le faire partir en mettant du miel et en les lavant ensuite au savon de marseille, et cette quiche m'avait crue. Elle s'était finalement retrouvée avec des espèces de dread-locks croisées avec une toile d'araignée et ses parents avaient du lui couper tout très court, comme un garçon. Ce jour-là fut vraiment magique. N'empêche que maintenant, elle a vraiment changé, enfin, c'est pas comme si j'allais l'apprécier pour autant. Si ça se trouve elle va même pas me reconnaître, enfin, j'espère ..

Combien de chance ils y a pour que deux personnes qui ne se sont pas beaucoup aimé étant petites (voire même détestées) se retrouvent dans la même ville plus de dix ans plus tard ? M'oui, les chances sont très, très faibles, je vous l'accorde. Et bien moi, ça m'arrive, forcément. En un sens, on peut dire que je ne suis pas chanceuse, mais dans un autre, au contraire, je le suis. Et c'est plutôt elle qui ne l'est pas, la pauvre. C'est pas comme si elle m'en avait fait bavé, au contraire, même. Tellement faible qu'elle n'avait jamais été capable de riposter. En plus, elle avait quand même eu l'espoir de croire que j'étais une gentille petite fille. Quelle âme innocente. J'espère pour elle qu'elle a compris par la suite quand même que je n'étais pas du tout ça .. Je suis, comment on dit déjà ? Ha oui, je suis Satan.

Bien sûr, je la croise aujourd'hui dans le supermarché. Ça aurait au moins pu tomber un jour où j'étais plus en forme pour qu'elle s'en prenne plus dans la gueule. Enfin bon, ça va, j'étais pas k.o non plus. Et comme d'habitude, je lui envoie une réflexion et elle ne réagit pas. Elle préfère se taire et continuer son chemin. Soumise, va. Je vais la tester, je suis curieuse de voir jusqu'à quel point elle peut me supporter sans craquer. Alors, par quoi commencer ? Je la suis donc dans le rayon dans lequel elle va. Je passe devant elle, lentement, histoire de l'empêcher d'aller vite si elle était pressée et j'en profite pour lui souffler un : « Tu fais pitié ma vieille. ». Ah, ça fait du bien de se lâcher un peu. C'est tellement bon d'être méchante et garce des fois. Puis, au fur à mesure que j'avance à mon pas d'escargot, elle derrière moi, je remarque le rayon dans lequel on se trouve : celui du miel. De très bons souvenirs me remontent et un sourire sadique vient s'imposer à mes lèvres. Je prends un pot de miel en main, m'arrête et me retourne vers elle, toujours avec ce sourire. « Hum, le miel. C'est trop bon, bien sucré, collant .. Le soucis, c'est quand on s'en retrouve avec plein dans les cheveux .. ». J'espérais au plus profond de moi que ça lui fasse mal. Oui, je suis une pétasse, et je l'assume.

Spoiler:

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Je suis plantée là, devant cette fille, un sourire sournois aux lèvres, en plein milieu du rayon. À nous deux on doit certainement empêcher les gens de passer, mais je m'en fiche. Ah, si seulement elle avait idée de tout ce qu'il me passait en tête la concernant, de toutes les horreurs que j'avais envie de lui faire subir .. Mais non, tout cela est tellement tortueux qu'elle ne pourrait jamais trouver avec sa cervelle de moineau Pauvre chérie. « Va te faire foutre Lita, t'es toujours aussi pathétique à ce que je vois. » J'éclate de rire. Décidément, la répartie ce n'est pas son truc. Comme si elle me faisait peur. J'attrape mon pot de miel et lui ressasse nos heureux souvenirs du passé, du moins heureux pour moi, certainement moins pour elle. Et je vois alors son visage se transformer (merci perle de lait), elle n'a plus du tout la même tête, je vois bien qu'elle n'est plus trop rassurée. Et bien évidemment, la meilleure des défenses, c'est l'attaque. Tout le monde le sait, et même elle, je ne l'aurais jamais cru. Et pour cause, j'ai pu lire la colère sur son visage et elle lâcha un pot de miel à mes pieds. Salope ! Mes Vans ! Elle me les a niquées ! J'essaye de garder mon calme. « Trouve quelqu'un d'autre qui sera apprécier tes blagues de merde, j'ai plus douze ans. Pétasse. » Là, elle va trop loin. Elle a l'air d'avoir oublié à qui elle a affaire, elle ne sait vraiment pas ce qu'il l'attend. Et encore une fois, je vais lui faire regretter d'être née. « C'est tout ce que t'as en réserve ? Ouaw. » Un nouveau rictus apparaît sur mes lèvres. Je m'approche d'elle et attrape ses cheveux “gentiment” avant de les tirer d'un coup sec vers le bas. Elle va comprendre sa douleur celle-là. J'ai toujours, dans l'autre main, mon pot de miel liquide que je pourrais lui verser aisément dans les cheveux, mais c'est trop facile et déjà fait. Rébarbatif, donc moins amusant. Je préfère la lâcher et reposer mon pot sur l'étagère. « Pauvre fille. Bizarrement, tu n'as pas tellement évolué depuis le temps .. Je dois bien avouer que je suis déçue .. C'est tellement facile maintenant de t'en faire baver. » Mon sourire s'agrandit alors que je lui attrape les poignets et la met rapidement à terre. Qu'est-ce que je disais, trop facile. Elle n'a rien vu venir. Je sors mon briquet de mon sac et l'allume pour vérifier qu'il me reste du gaz. J'ai envie de tenter une petite expérience. Il paraît qu'un vrai jean ne brûle pas. On aura beau laisser la flamme autant de temps que l'on voudra sur la matière, ça chauffera mais ne prendra pas feu. Le mien par exemple ne prendra pas feu. Mais je veux savoir si le sien est un vrai ou non .. Je m'accroupis et approche le briquet de sa jambe. Je ne veux en aucun cas la tuer, juste lui faire un peu peur et lui faire comprendre que si elle riposte, elle subira pire encore. J'allume le briquet et attends sa réaction, je ne l'approche pas encore d'elle.

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