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Je n'avais pas pour habitude de m’empiffrer de tout et n'importe quoi, non, loin de là seulement, à Harvard j'avais pris l'habitude de manger un peu n'importe quand.
Alors que je revenais d'un petit jogging dans le parc de Montsimpa, je mourrais littéralement de faim et la maison étant encore assez loin et sachant qu'à 2h de l'après-midi il n'y aurait rien que je ne pourrais y manger, j'entrais machinalement dans le premier magasin que je trouvais sur mon chemin, directement en sortant du parc, comme les choses tombaient à pic ...

La supérette était drôlement organisée et j'avais un peu de mal à trouver ce que je cherchais, je m'arrêtais en plus à tous les rayons, observant les produits, les étudiant, regardant leurs prix, constatant ainsi qu'à Boston on devait certainement nous prendre pour les fils cachés de Bill Gates étand donné que tous les aliments ou presque étaient supérieur d'environ 2$ aux produits disponibles ici. Je me mis donc à penser à ce que je serais entrain de faire si j'étais à Boston là, tout de suite maintenant et je réalisais que ce mois-ci tout Harvard était en partiel, je serais donc entrain de me triturer les méninges, enchainant les cafés, essayant de dormir moins de 3 heures par nuits ... Bref, alors que je tenais sans m'en rendre compte un paquet de serviettes hygiéniques dans les mains, je réalisais que j'étais bien mieux ici, à faire des courses pour combler ma petite faim plutôt que d'être là-bas au bord du suicide bien qu'ici tout n'était pas si rose et que l'état de ma mère était loin de s'améliorer ...

Alors que je continuais à "naviguer" entre les rayons, je sentis une main me tapoter l'épaule, je me concentrais sur les paroles tout en déposant ce que je tenais entre les mains et en me retournant.

« Oui sans problème, il vous faut quoi ? »

La jeune fille montrait du doigt un packet de farine, je l'attrapais en tendant un peu le bras et le lui remis mais restais quelques secondes planté là à la regardé avant de lancer un banal :

« Hum, votre visage m'est familier, on ne se connaitrait pas de quelque part dites moi ? »

Alors que je déposais le paquet dans les main, je scrutais son visage afin de déterminer d'où je pouvais bien la connaitre mais en vain ...

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« Je travaille à la rate sacrée. Peut-être que l'on s'est croisé là-bas ? Votre visage m'est tout aussi familier. Vous êtes ? »

Ces mots raisonnèrent dans ma tête et c'est alors que je réalisais qui elle était. Cette jeune fille travaillait à l'hopital où ma mère avait été hospitalisée je ne sais combien de temps avoir de pouvoir enfin revenir à la maison mais devrait certainement y retourner. Si je ne m'étais pas du tout entendu avec l'un de ses médecins ou infirmière – je ne sais plus trop -, il me semble que cette demoiselle qui me dévisageais était l'une des plus gentille du service et que ma mère l'avait beaucoup aimé, pour ma part, je ne l'avais qu'entrecroisé s'il s'agissait de la bonne personne …

« Hum … Ma mère y a été hospitalisée un long moment … Elisabeth, Elisabeth Mac Hamon … Enfin elle est certainement rentrée sous le nom d'Elisabeth Samuels, ça vous dit quelque chose ?! »

Je ne m'étais pas trompé, il s'agissait là de la bonne personne. Nous parlâmes dix bonnes minutes dans le rayon avant que je lui propose de reprendre nos courses. Nous avons donc déambulé pendant une demie heure dans le magasin, sommes passés à la caisse et sommes sortis en continuant à parler …
Ayant visiblement beaucoup de choses à nous dire, je trouvais ça stupide de rester planter là, portant nos courses à bout de bras … Je proposais donc à la jeune fille de lui payer une glace ou ce qu'elle voulait. Pas très motivée au départ, je fini par la convaincre – malgré moi – lorsque mon sac lâcha et que la bouteille de jus de fruits en verre que je venais d'acheter se brisa violemment au sol. Elle rigola et nous nous sommes dirigez vers la petite glacerie au bout de la rue pour que je puisse aller aux toilettes essuyer tout ce jus de fruit qui allait finir par coller et également pour manger – but premier de mes achats -.
Je commandais une glace à l'italienne – vous savez, ces glaces onctueuses qu'on ne trouve que dans les glaceries et jamais dans les bacs à glaces de supermarché et qu'on déguste toujours à 25 ans comme si on en avait encore 6 ?! - à la fraise et au citron et lui payait la sienne bien qu'elle émit là encore une certaine résistance.
Il faisait bien trop beau pour rester à l'intérieur et les tables installées à l'extérieur étaient complètes, nous sommes donc allés nous asseoir sur un banc du parc à quelques metres d'ici ce qui nous permit de déposer nos sacs – oui parce que je lui avais en plus proposé de porter quelques uns de ses sacs ^^ - ...

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Depuis tout petit s'il y avait bien une chose dont je raffolais, c'était les glaces … J'avais toujours adoré ça ! Ma mère qui tenait ça de sa mère à elle avait le don pour faire de délicieuses glaces maisons. Loin de ses sorbets sans goût que l'on goutte dans les autres maisons, leurs glaces avaient du goût, étaient consistantes et pas gorgées d'eau, bref, elles faisaient ça comme des pros !
Chaque fois que je mangeais un de ces délices sucrés, je me retrouvais automatiquement replongé en enfance, me revoyant entrain de courir dans notre petit jardin avec mon cône à la main qui finissait au moins une fois sur deux par-terre, me retournant instinctivement vers ma mère en pleurant, quelques secondes plus tard le mal était réparé et je me retrouvais avec une boule de glace à manger. En grandissant, j'avais même appris à jouer avec ça pour en avoir plus (malin le singe …) et plus tard, je me servais moi même dans le congélateur, toujours approvisionné en une multitude de parfums !
Ma glace d'aujourd'hui était à ma grande surprise bien meilleure que celle de ma mère ou de grand'ma et pourtant j'avais du mal à apprécier celles faites par les autres mais il fallait bien reconnaître que celle-ci était divine ! Je regardais ma voisine dont je connaissait maintenant le prénom : Isaiah, celle-ci semblait aussi conquise que je ne l'étais pas cette glace, je lançais alors :

« Je vois que c'était donc une bonne idée cette glace » enchaînant tout de suite avec la réponse à la question qu'elle avait posé quasiment en même temps …
« A l'origine, je voulais simplement caller ma petite faim mais ma grand-mère m'a appelé quand j'étais dedans et elle avait besoin de quelques trucs pour le repas de ce soir … C'est une ancienne cuisinière et elle aime faire à manger pour sa famille et ses amis et ce soir, c'est restau-home comme elle l'appelle … Elle attend son club de lecture donc vu qu'elle était déjà en cuisine, fallait que quelqu'un d'autre se charge des courses manquantes …

Désolé, je parle trop, et toi, tu as à manger pour un régiment là-dedans dis moi …. »

Je souriais en faisant allusion à ses paquets bien garnis dont mes bras se souvenaient encore tellement ils m'avaient engourdis les muscles.

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Isa eut fini sa glace avant même que je n'arrive à la moitié de la mienne. Elle m'expliqua que ça résultait entre autres de son amour ou plutôt, de sa passion pour le chocolat. Je la laissais la dévorer en souriant, alors que pour ma part j'avais toujours préféré les manger lentement et savourer les arômes. J'ai toujours été habitué à la bonne cuisine et j'aimais donc profiter des bonnes choses aussi longtemps que possible à vrai dire et ça, j'avais envie d'en profiter ! Non seulement de la glace, mais aussi de cet instant ... Nous étions au calme, dans ce parc, plus question de penser à ma mère & le fait d'en parler ne me mettais pour une fois pas la boule au ventre. Mon jogging de tout à l'heure avait certainement fait ses preuves et puis il fallait bien avouer que de voir une nouvelle tête ne pouvait me faire que du bien. Elle avait beau travaillé à l'hopital, je sentais qu'elle n'était pas du genre à vouloir parler de son travail à tout prix et pour le coup, je m'en sentais soulagé.
Lorsque je commençais à parler du comment du pourquoi j'étais ici avec mes sacs de courses elle sembla intriguée par l'évocation de ma grand-mère. Elle me regardait avec une drôle de tête, s'était arrêtée de mâcher quelques secondes et n'attendait qu'une seule chose c'était d'en connaitre plus à ce sujet. Je la regardais en souriant, faisant durer le suspens quelques secondes après qu'elle eut posé sa question - mais rien de bien méchant - puis enchainait :

« Oui en fait depuis que ma mère est malade elle est retourné habiter chez eux et du coup ... moi aussi ... vu qu'à l'origine je suis encore à l'université, j'ai rien d'autre comme toit ici ... » Je la regardais avec une tête de boseigne quelques secondes avant de sourire et de montrer que non, je n'étais pas tant à plaindre que ça, après-tout, ma chambre faisait 60m² sans compter la salle de bain et la pièce qui me servait de "dressing" ...
Je souriais à son annonce ... Moi aussi ça me prenait souvent de vouloir faire des choses pour satisfaire les gens alors que je n'y connaissais rien ... Écrire de la poésie par exemple .. Une de mes ex adorait ça, je l'ai fait une fois pour la St Valentin pour lui faire plaisir ... Croyez-moi, m'être fait allumé pour ne pas savoir ce qu'était un alexandrin avait suffit à me gâcher la soirée et avait été une raison valable pour rompre nos 3 et quelques semaines de relations ... Une perte dont je me remis rapidement !

« Tu me fais rire ...
Avec ce que tu as acheté ça devrait pas être difficile de faire un truc succulent ... Rien que quelques patates avec une bonne sauce et un poisson bien cuit, bien assaisonné et tu verras, elle se roulera par terre ! »