Assise derrière le volant, luttant pour ne pas péter un câble, la jolie rousse tentait tant bien que mal de garder toute concentration sur la route. Sa tête lui faisait un horrible mal de chien, elle avait l'impression d'être sur le point d'exploser et ni les comprimés, ni les nombreuses heures de sommeil n'avait changé quelque chose. Arrivée à l’hôpital, Romie ne pu s'empêcher de pousser un lourd soupire. Comme toujours, c'était évidemment remplis. Des gens prétextant des douleurs par-ci ou par-là, en quête d'attention ou encore des imbéciles qui s'étaient enfoncés des crayons dans le nez. C'était d'un ridicule. Prenant bien soin de dérouiller la portière de sa voiture, elle se rendit - d'un pas titubant - vers l'intérieur, la tête lui donnant envie de crever. Balayant la salle d'attente du regard, une moue au visage, la belle se dirigea lourdement vers les bancs, là où d'autres attendaient déjà. Elle prit d'ailleurs place près d'une vieille mégère au visage refait qui, contrairement à beaucoup, semblait réellement souffrir. À bien la regarder, Romie était certaine de l'avoir déjà croisé quelque part. Au bar peut-être, ou à l'épicerie, peu importe. Au bout d'un long moment, un médecin passa finalement près d'eux et c'est d'un geste brusque que la jeune femme s'empara de son bras, au même moment que sa voisine. À croire qu'elles avaient eu la même idée, ou plutôt qu'elles avaient tous les deux un horrible mal et tenaient à être soignés au plus pressant soit-il. Se levant d'un bond, encore suivit de près par l'autre, Romie tenta du mieux qu'elle pouvait d'accaparer tout l'attention du médecin, ne voulant pas passer en deuxième. Son crâne lui brulait, lui mettait presque la larme à l'oeil. C'était atroce elle n'allait certainement pas laisser quelqu'un d'autre passer avant elle. Déjà de nature plutôt égoïste dans la vie de tous les jours, c'était cette fois encore pire. Beaucoup plus pire. « Écoutez .. » Marmonna-t-elle. « C'est invivable d'accord ? J'ai l'impression que mon crâne va exploser alors je vous en supplie donnez-moi un truc, soignez-moi, je sais pas mais aidez-moi, parce que je suis près de commettre un meurtre si ça continue. » Si aux yeux de la belle cette dernière phrase était plus une manière de parler qu'autre chose, aux yeux du médecin ça sembla plutôt sonner comme une menace. « D'accord, vous ne comprenez pas, ça me semble évident. J'ai mal, c'est si dur à comprendre ? J'ai essayer de boire dix shooters d'affilés, j'ai essayé de noyé mon mal dans cette très chère amie que m'est la Vodka et j'ai essayé de me fracasser la tête contre le mur jusqu'à plus rien sentir, mais ça ne change rien. J'ai mal, horriblement mal, putain ! » Comme à chaque fois qu'elle s'emportait, Romie finissait par dire un ramassis de conneries, tous plus débiles les unes que les autres. « Je crois avoir ce qui faut pour vous aider mademoiselle. » C'est d'un pas nonchalant, sourire rassuré aux lèvres que la rouquine suivit finalement le vieil homme. Enfin, sourire rassuré qui ne dura pas longtemps puisque finalement arrivée à destination, elle comprit dans quel pétrin elle venait de se foutre. « Voici votre chambre. Nous aimerions beaucoup vous garder en observation, pour cette nuit du moins. Comptez-vous chanceuse, vous n'êtes pas seule. » Il marqua une pause, devant l'air tétanisé de Romie puis, enchaina presque aussitôt. « Je reviendrai. » Puis, tout en prenant bien soin de refermer la porte derrière lui, il la laissa en plan. « C'est pas vrai. » Tournant la tête, elle aperçu qu'effectivement, elle n'était pas seule. « Hum, salut. » Marmonna-t-elle, peu certaine. Après tout, elle s'était fait enfermée dans une chambre en psychiatrie, elle avait donc de fortes chances d'être coincée avec une débile. Chose qu'elle n’espérait pas, malgré tout.