Installé dans le siège de ta voiture, pied au plancher, tu es de mauvaise humeur et ça se ressent dans ta conduite. Tu es brusque, tu coupes la route à tout le monde, et tu es bien au-dessus du seuil de vitesse autorisé. Mais qu’importe, tu as besoin de changer d’air, tu es à bout de nerfs. Tu te retrouves, sans savoir comment, sur une vieille route de campagne très peu fréquentée, tu ne fais même pas attention au paysage, ni au compteur. Tu ne regardes que l’asphalte que tu écrases sous la pression de tes roues, fermant de temps à autre les yeux pour apprécier cette douce montée d’adrénaline. C’est comme ça que tu ne t’es pas rendu compte de l’obstacle face à toi. Tu l’as percuté, et avec la vitesse tu as complètement décollé du sol, faisant tourner ton véhicule dans les airs, tu as finalement atterri plafond au sol, sonné et ensanglanté. Tu es alors tombé dans un profond sommeil, presque comateux. On dit que, quand on est à deux doigts de mourir, on voit une lumière blanche et toute notre vie défile devant nos yeux, mais jusqu’à présent, personne n’avait pu dire si c’était vrai ou pas, puisqu’ils étaient tous morts. Toi, par contre, qui a survécu à ton coma, tu nous prouves que c’est vrai. Oui, tu as vu ta vie entière défiler devant tes yeux.

FLASH • Tu as six ans. Tu as toujours vécu avec ta mère, droguée et alcoolique, sans emploi et seule, n’ayant jamais vécu avec ton père, tu ne l’avais jamais connu, même si tu savais qu’il était en vie, jusqu’à ce jour-là justement. Après un trop plein d’alcool, de drogue et de nervosité, ta mère a pris la voiture, vous êtes partis de Madrid et elle t’a emmené à Barcelone. Toutes tes affaires jusqu’au moindre jouet étaient dans le coffre, tu ne comprenais pas. Tu t’es retrouvé chez cet homme, un certain Ricardo Delgado, ton père. Tu as mis un certain temps avant de comprendre que ta mère t’avait abandonné auprès d’un père qui t’était inconnu. Pour toi, la seule chose que vous partagiez était votre sang et votre nom de famille, rien de plus. Cependant tu avais exactement le même ressenti avec ta mère. Alors tu ne savais plus vraiment quoi penser. « Sebastian, c’est ça ? » Tu as levé tes petits yeux vers lui. « Louis Sebastian Delgado, oui. » « LSD, ça ne m’étonne pas de ta mère. » « Je ne comprends pas. » « C’est pas grave, va. »
FLASH • Tu as dix ans. Cela fait quatre ans que tu vis avec ton père à Barcelone et tu t’entends plutôt bien avec lui, mis à part quelques disputes au sujet de ta mère. « Je la déteste ! » « Seb, ne dis pas ça. » « Et pourquoi ? Elle m’a laissé tomber comme une vieille chaussette, alors je dis ce que je veux d’elle ! Je la hais ! » « Sebastian, ta mère est morte. » Tu es resté figé, tu n’as pas tellement su comment réagir. Mais finalement tu ne l’as pas mal pris comme s’y attendait ton père, tu n’as même pas cessé de la haïr. « Ça va aller ? » « Si tu crois que j’vais être atteint par la mort d’une inconnue .. » Ton père te regarde, blasé, presque choqué de ta réaction, puis il retourne à ses activités. Il est pilote de rallye, bien qu’il ne soit pas trop connu parce qu’il ne fait pas de grandes courses. Mais ça fait que tu es, tout comme lui, passionné par les voitures, constamment le nez dedans. Freins à disque, joints de culasse, pistons, et autres, tout ça n’a plus aucun secret pour toi. Tu comptes même en faire ton métier.
FLASH • Tu as douze ans. À l’école, les autres enfants se moquent de toi, ils n’ont aucune pitié. Tout ça pour quoi ? Pour ce fameux LSD. C’est là que tu as d’ailleurs compris pourquoi ton père disait que ça ne l’étonnait pas de ta mère. Rien que pour ça tu la hais encore plus. « LSD, c’est vraiment pourri ! » « Ta gueule ! » Oui, déjà à douze ans tu étais vulgaire. « Ta mère c’est une junkie ou quoi ? » « Parle pas d’ma mère, toi ! » « Tu finiras comme elle, drogué dans un caniveau ! » La hargne s’empare de toi, tu te retournes vers lui et le cognes. Tu le cognes sans t’arrêter, c’est finalement un des surveillants qui vient vous séparer. Tu les détestes tous, tous autant qu’ils sont. Suite à cette bagarre, ton père te change de collège, par chance ça a été mieux dans le suivant.
FLASH • Tu as seize ans. Tu as passé tout l’été avec une américaine de ton âge, Game, qui était ici en vacances. Vous vous entendez bien, vous faites plein de conneries, vous parlez, aussi. Au fil des conversations tu te rends compte que c’est une fille fragile. Elle ne te parle jamais de sa famille, tu ne sais pas pourquoi, mais dans le fond ça ne t’intéresse pas vraiment. Et tu profites de sa fragilité, après avoir bien bu. Tu l’entraînes avec toi jusqu’à un grand hangar. « On est où ? » « Là où je bosse bébé, le garage de mon père ! » Tu allumes les lumières et à vos yeux se découvrent plusieurs voitures avec ou sans moteur en pleine construction. Tu as réussi, tu bosses comme mécano, tu fais enfin ce que tu veux. Tu l’embrasses et la plaque contre un mur, vous vous déshabillez rapidement, et elle te coupe en disant que tu es son premier. Tu t’en fiches, mais elle n’a pas l’air du même avis que toi. Le lendemain, tu te rhabilles comme si de rien était. Tu remarques peu à peu que, sans non plus tomber amoureuse de toi, elle s’est attachée. Heureusement tu as rapidement mis le oh la, lui expliquant rapidement que tu n’en as rien à faire d’elle, tu voulais juste la sauter, rien de plus. Et à la fin de l’été, après ne plus t’avoir adressé la parole depuis cette fois-là, elle rentre chez elle, avec l’amer regret d’avoir perdu sa virginité avec une enflure comme toi. Tu traites déjà les femmes comme des jouets. Tu es un parfait salaud, le total opposé de ce que ton père veut que tu sois. Dans le fond, même si tu ne l’avoueras jamais, tu agis de la sorte parce que tu as été blessé que ta mère t’abandonne, et tu as fait d’elle une généralité, les croyant toutes salopes, alors tu te venges sur chacune d’entre elle que tu rencontres. Mais finalement, si tu fais ça, c’est surtout parce que tu as peur de t’attacher et de les perdre ensuite.
FLASH • Tu as dix-huit ans. « Papa, je pars aux Etats-Unis. » « Tu as trouvé un boulot ? » « Ouaip, un gérant d’un garage qui retape et customise les voitures m’offre un emploi, et bien payé. » « Super. Mais n’oublie pas que tu n’es pas majeur là-bas. » « Comme si les lois me faisaient peur. » Il a souri et t’a promis de t’envoyer régulièrement de l’argent pour t’aider à t’en sortir. Tes affaires étaient déjà prêtes. Tu as pris un taxi direction l’aéroport, puis hop dans l’avion, direction Los Angeles. Petit appart’ sympa, boulot passionnant et bon nombre de filles défilant dans ton lit. La belle vie en somme. Tu t’es fait un nom dans le milieu, tout le monde te connaît à force, mais sous le pseudonyme de LSD. Personne ne connait vraiment tes prénoms et ton nom de famille. Tu as réussi à tirer profit de tes initiales. À tel point que la seule drogue que tu consommes est l’acide en cachets. « Louis, j’ai un truc à te proposer. » « Il me reste des cachets, merci quand même. » « Non Louis, j’ai un truc beaucoup plus grand à te proposer. Il y a bond d’argent à la clé. » « Je t’écoute. » Après cette petite conversation avec ton patron, tu apprends qu’il se déroule des courses clandestines, et tu y es convié, voire même attendu.
FLASH • Tu as vingt ans. Le ciel est noir, les étoiles apparaissent. Il est tard dans la nuit, la plupart des gens dorment à cette heure-ci. Oui, la plupart, mais pas tes connaissances. Tu montes dans ta mitsubishi eclipse. Elle est retapée à tel point qu’elle pourrait sortir tout droit d’un film hollywoodien. Tu arpentes les rues, la ville est déserte. Arrivé au point de rendez-vous, plusieurs voitures sont déjà alignées, toutes prêtes à courser avec toi. Les courses clandestines sont désormais ton domaine de prédilection. Tu as participé à plusieurs d’entre elles, tu les a presque toutes gagnées et tu ne t’es jamais fait attrapé. En deux ans seulement que tu cours, tu es bien connu. Les moteurs vrombissent, la gomme des pneus crisse sur l’asphalte brûlant. Vous démarrez en trombe, vous battant pour la première place. Au final, et comme toujours, tu as atteint le premier la ligne d’arrivée, alors que certains ne l’ont même pas du tout atteint. Acclamé par la foule, tu récupères l’argent parié par tous les participants et après avoir entraîné une des jeunes femmes dans ta voiture, tu rentres chez toi avec ta nouvelle conquête.
FLASH • Tu as vingt-et-un ans. Tu as quitté ton boulot et Los Angeles pour aller t’installer à Montsimpa où tu as trouvé un boulot comme mécano. Tu continues bien évidemment toujours les courses clandestines, celles qui te permettent de vivre. Celia, la fille de ton patron, qui a ton âge, a complètement flashé sur toi. Vous avez couché ensemble, à plusieurs reprises, mais rien n’y fait, elle semble complètement éprise de toi. Tu as beau la traiter comme une moins-que-rien, comme la dernière des connes, elle n’en démord pas. Et continuer de coucher avec elle ne fait que la renforcer dans son idée de se caser avec toi, bien que tu ne veuilles pas. Mais elle ne t’a pas tellement laissé le choix. Parce qu’elle n’est pas bête la petite Celia, non, elle a carrément annoncé à son père que vous étiez ensemble. Ouais, sauf que vu que son père, c’est ton patron, ça ne se fait pas de la « plaquer », alors tu t’es mis dans une sorte de relation libre avec elle. Devant le boss tu te comportes comme le parfait petit ami, mais dès qu’il a le dos tourné, tu la trompes. Elle le sait parfaitement, mais c’est à croire que cette situation lui convient.

Tu te réveilles en sursaut dans un lit d’hôpital, il te faut quelques minutes avant de te souvenir de ce qu’il t’est arrivé auparavant. « Ah, tu es réveillé ! Tu te sens bien, ça va ? Ton père a appris ce qu’il t’est arrivé, il est inquiet, il veut prendre l’avion pour venir te voir. » Tu regardes la jeune femme à tes côtés qui vient de tout sortir d’un coup. « Dis-lui que tout va bien, il va venir pour rien. » « D’accord. » « Celia, je suis ici depuis combien de temps ? » « Tu m’as fait peur, tu es sûr que tout va bien ? » « Putain Celia, ta gueule. Combien de temps ? » « Euh, trois jours. » Tu te lèves du lit, en furie et à moitié nu. Tu arraches les perfusions dans tes bras et enlèves cette robe de chambre immonde pour te retrouver en caleçon. « Qu’est-ce que tu fais Seb ? Tu n’es pas autorisé à sortir. » Tu enfiles un jean et un t-shirt, attrapes tes affaires et te retournes vers elle. « T’as quand même pas cru que j’allais rester ? »