La journée se lève sur Montsimpa. Le ciel commence à reprendre des couleurs plus claires et le soleil se lève lentement sur la mer. C'est un spectacle prodigieux pour ceux qui ont la chance de vivre en face de l'eau et pour les personnes matinales. Heureusement pour moi je le suis et j'ai cette chance d'avoir ma villa aussi bien située. C'est aussi pour cela que j'ai décidé de m'installer ici, j'adore regarder la nature s'éveiller ou disparaître sous l'obscurité. Il n'y a rien de plus beau, du moins à mon sens et puis cela m'inspire toujours de voir le soleil se lever ou bien se coucher, du moins d'habitude et pourtant j'ai tout de même décidé de prendre mon courage à deux mains et de remonter mes manches. Il est tant que je me mette sérieusement au travail, il faut absolument que je compose quelque chose avant la fin de la journée et ce n'est pas chez moi, seul que j'y parviendrais. Alors, je m'empare de ma guitare, d'un bloc-note et d'un stylo pour rejoindre la plage. À cette heure de la journée peu de personnes s'y trouvent. J'aurais tout le temps d'observer la nature, de réfléchir et par la suite d'épier les personnes qui m'y rejoindront afin de -je l'espère- trouver l'inspiration. Prenant mes clefs, je ferme donc rapidement ma villa et je descends quelques mètres afin d'être à la plage. L'avantage est que je n'ai pas besoin de polluer et que je me déplace avec mes jambes. Je marche très peu avant de m'arrêter pour continuer à m'émerveiller devant le lever du soleil. Prenant ma guitare, je commence à composer un petit quelque chose qui n'ira nulle part ... il faut croire que mon inspiration c'est fait la belle depuis un petit temps déjà et qu'elle n'est pas prête de revenir ... Passant mes mains dans ma chevelure cuivrée, je soupire exaspérer par ma médiocrité. « T'es qu'un crétin Adam. » Je me dis alors à moi-même en fixant l'horizon. Décidément, depuis un certain temps déjà, rien ne va.

• J'ai toujours été matinal et ça ne changera pas. J'adore débuter une journée avant qu'elle même ne commence. Je me lève généralement avant que le soleil ne se lève afin d'aller, si le temps me le permet, admirer ce magnifique spectacle sur la plage, mon endroit préféré. Été comme hiver, cet endroit naturel me fait un effet monstre. Levée peu avant cinq heures, je me rend dans ma petite salle de sport que j'ai récemment fait aménager chez moi et je fais un peu d'exercice. Garder la ligne est un privilège que peu de femmes ont. Ayant un très mauvais métabolisme, la moindre cochonnerie que j'avale c'est : dix secondes dans le bouche, dix ans sur les hanches. Les gens s'étonnent souvent de ne rien me voir avaler et là, ce n'est pas une question de régime ou autre, c'est juste que la journée, je suis incapable d'avaler quoi que se soit. Je ne mange que le soir, je suis végétarienne, je ne mange que des produits biologiques et le pompom, je ne mange que mes propres produits que je cultive dans mon petit - énorme - potager. C'est peut-être pour ça que je suis toujours célibataire ? Trop compliquée pour un homme. Totalement à jeun, pour pas changer, j'avale tout de même un thé à la menthe, une spécialité iranienne dont je raffole et je file me préparer pour me rendre sur la plage. Fin prête, je me rend au lieu dit et m'installe dans le sable, comme j'ai l'habitude de le faire pour non pas regarder le soleil se coucher mais se lever cette fois-ci. Peu de temps après mon arrivée, un jeune femme prend place non loin de moi. Il a l'air plutôt énervé contre lui-même, ce qui me fait sourire. Ses paroles me font tourner la tête et je répond, sans me soucier du fait que je m'introduis sur un terrain qui n'est pas le mien : Cher Adam, des crétins, j'en ai connu dans ma vie et vous n'avez certainement pas l'air d'en être un. Je les flaires généralement à mille kilomètres à la ronde. Je souris et ajoute, pour briser la glace en quelques sorte : Je m'appelle Elena-Katarina.

Les vagues s'écrasent doucement sur la plage alors que l'astre solaire avance lentement dans le ciel. Bientôt il sera à son apogée, régnant comme toutes les journées au-dessus de nous, simple mortels. Il y a quelque chose de beau mais, de triste dans ce spectacle hebdomadaire. Chaque fois que nous assistons à ce prodigieux changement nous mourrons un peu plus. Chaque nouvelle journée nous rapproche de notre mort certaine. Toutefois, peu de personnes y pensent ou du moins elles dissimulent cette pensée en réfléchissant à d'autres choses. Ce n'est nullement mon cas. Chaque jour, chaque fois que j'assiste à ce nouveau tableau qui se peint devant mes prunelles scintillantes à cause de ce spectacle un sentiment de peine m'envahit. Je le sais, à chaque fois, je meurs un peu plus. Les journées me semblent alors beaucoup trop courtes, à chacun de ces moments j'ai envie de mettre le temps en suspens, ne serait-ce qu'un instant et malheureusement je ne le peux. Alors, je me réfugie dans cette peine qui ne me quitte plus de la journée. J'ai de nombreuses fois essayé d'écrire sur mes plus grandes craintes, sur mes peurs mais, je n'ai jamais réussi à les retranscrire convenablement sur papier. Les mots que je couche ne sont jamais assez forts. Je voudrais trouver les mots juste pour que l'on comprenne ce que je ressens mais, j'ai la nette impression qu'ils n'existent pas ou peut-être suis-je tout simplement limité dans mon vocabulaire.

Je me rends à peine compte qu'une jeune femme s'adresse à moi alors que mes prunelles s'emplissent doucement de larmes. Elles perlent au niveau de mes yeux, un clignement et elles seraient prêtes à dévaler mes joues mais, je préfère tout bonnement les effacer d'un revers de main. Cette mélancolie qui me gagne chaque fois que je rejoins la plage alors que le soleil n'est pas encore levé, je la créé de toute pièce, sachant pertinemment ce que je vais ressentir. D'une certaine façon j'ai besoin que cette tristesse m'assaille pour écrire et composer mais, aujourd'hui comme tous les autres jours je n'y arrive pas. Alors, je fixe la jeune femme qui me parle, je ne la connais absolument pas. « Je crois que je peux vous affirmer que je suis un crétin pourtant. Je provoque ma peine simplement pour écrire et ça ne fonctionne pas ... à moins que nous n'ayons pas la même définition de crétin je pense tout de même que j'en suis un. » Un sourire triste s'étire sur mon visage, mes prunelles me piquent, elles doivent être rouge à cause des larmes. « Enchantée Elena, je me nomme Adam Byron Flowers mais, généralement on me nomme Adam ou Dadam ou bien encore Damdam ou bien Dami, c'est comme vous voulez. » Mon regard se perd quelque part à l'horizon, là où le ciel et l'océan se confondent.