Les vagues s'échouaient le long de la plage. Les cris des mouettes résonnaient, tandis que le soleil montrait le bout de son nez. Hazel avait pris l'habitude de venir observer ce lever de soleil, posé contre un rocher, a l'écart des autres. La solitude faisait partie de son quotidien. Ces véritables amis se comptaient sur les doigts de la main. Depuis la mort de sa mère, elle ne faisait confiance qu'à très peu de personnes. Sa vie se résumait à une longue période de tristesse et de souffrance. Contrairement à certains enfants, elle n'a pas eu la chance de vivre une enfance paisible, entourer de deux parents aimants. Elle a dû apprendre à se débrouiller seule et ne faire confiance qu'à ses proches. Seule la musique arrivait à lui remonter le moral. Le piano, plus précisément. Plus qu'un simple hobby, c'était devenu une véritable passion. Elle composait elle-même ses chansons et passait pas moins de trois heures poser sur un tabouret à jouer diverses compositions. Hazel quitta un instant son cahier des yeux et laissa son regard se perdre dans l'immensité de l'océan. Elle était vêtue d'un jeans, d'un t-shirt blanc et d'une veste en laine grise. Le tout, composer d'une paire de ballerines noir et d'un petit sac a main où se trouvait son portable, ses clefs et autres babioles sans le moindre intérêt. La rouquine observa un instant les alentours. La plage était déserte. Pas le moindre bruit, mis a part les cris des oiseaux. Elle reposa alors les yeux sur son cahier et y écrivit quelques notes. Ce silence était une source d'inspiration pour elle. Personne ne pouvait la déranger. Elle était seule. Mais alors qu'elle pensait pouvoir passer encore quelques minutes dans le calme, elle entendit une branche craquer. Hazel se retourna brusquement. Un jeune homme à l'allure sportif se tenait là, face a elle, et ne semblait pas vouloir quitter les lieux.

Elle aurait voulu en savoir plus. Connaitre la vérité à propos de son véritable père. Savoir au moins son nom ou le lieu où il vit. Comment avait-il pu l'abandonner, dès la naissance, sans avoir pris la peine de la connaitre ? Ne ressentait-il aucune peine, aucun regret envers cet acte de lâcheté ? Elle a souvent eu l'impression de ne pas être apprécié a sa juste valeur. Se sentant misérable aux yeux des autres, elle s'était réfugié dans la musique. Le piano était devenue une passion. Elle s'acharnait souvent des heures à composer une nouvelle chanson. Ce fut d'ailleurs le dernier cadeau que sa mère lui offrit avant de mourir. Un piano noir flambant neuf. Elle l'avait gardé précieusement. Tout comme le collier qu'elle avait autour du cou. Pour rien au monde elle ne l'abandonnerait. Hazel était souvent considérée comme étant une fille très calme. Mais ce manque de sociabilité cachait principalement un manque de confiance en soi. Après tout, comment pouvait-elle avoir confiance en elle, alors que personne ne lui montre de l'intérêt ? Sa vie n'est, en somme, qu'une histoire dramatique, dont personne ne connaît réellement la raison. Et ce depuis sa naissance. Elle se souvenait encore des petites filles qui courraient dans la cour de récrée, alors qu'elle était posé sur l'une des marches menant à la porte d'entrée. Cette timidité lui a souvent porter préjudice. Mais c'est également ce qui fait son charme. Elle avait pourtant les moyens d'être heureuse. L'argent n'a jamais été un problème dans la vie des Woodsen. Elle faisait partie de ceux qui n'avaient pas besoin de se préoccuper de leur avenir. Sa mère ayant travaillé en tant que chef d'entreprise, elle pouvait se permettre d'acheter à peu près tout ce qu'elle voulait. Mais l'argent ne fait pas le bonheur. La plage était déserte. Seuls les cris des mouettes se firent entendre. Pas la moindre personne. Rien. Elle se permit alors de se poser contre un rocher et de regarder au loin, profitant du spectacle qui se déroulait devant ces yeux. Un lever de soleil pareil valait bien plus que n'importe quel autre paysage. Le ciel s'éclaircissait de plus en plus au fil des minutes. Subitement, elle entendit un craquement de bois. Elle se retourna brusquement. Un homme se tenait a quelques mètres d'elle. Brun, grands, l'allure sportif et le regard perdu. Elle ne bouge pas d'un poil et le fixe droit dans les yeux. Elle s'attendait a ce qu'il s'excuse et qu'il s'en aille. Mais il ne bougeait pas. Elle fronça un instant les sourcils avant qu'il n'ouvre la bouche. "Salut." L'avait-elle déjà rencontré quelque part ? Non probablement pas, elle se souvenait des gens qu'elle côtoyait et ce garçon ne lui semblait pas familier. Elle se contenta alors de le regarder et répondit a son tour. "Salut."

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Un dialogue de sourd aurait sûrement été plus productive. Deux mots échangés. Jamais il n'a participé à une conversation aussi vide. Il ne sait pas vraiment quoi lui dire, il ne sait pas préparé à lui parler en face. La voir de loin lui suffisait pour ses quelques dessins, il n'a pas besoin de plus. Le plus sage serait sûrement de partir, mais il ne souhaite pas s'y résigner ; il paraîtrait bien étrange aux yeux de la rousse s'il s'en allait après l'avoir saluée. Alors il reste, pose ses mains dans le sable et s'amuse à tracer des formes en écartant les grains. Elle le regarde toujours, il en fait de même, la fixe dans le blanc des yeux. Positionnés telles deux statue ils ne bougent pas. Emrys voudrait se rapprocher, faire un pas ou deux en sa direction, juste avoir l'air un peu moins cinglé, mais il se sent comme bloqué par un mur invisible qui l'empêcherait de s'approcher ne serait-ce que d'un centimètre en direction de la jeune femme. D'ailleurs, il meurt d'envie de connaître son nom. Dès le premier jour où il l'a aperçu, il a eu envie de découvrir de quel patronyme ses parents ont bien l'affublé. Il s'est amusé à lui donner un prénom différent sur chacun de ses croquis, certains jours il lui donne une tête de d'Alexia, d'autre Lydia. Un sourire se forme sur son visage ; si jamais elle porte l'un des noms qu'il lui a donné, il serait étrangement fière de lui. Pourquoi ? Aucune raison particulière, juste savoir qu'il a raison, lui apporte souvent une certaine fierté, même lorsqu'il s'agit de ne pas s'être trompé sur des détails. "Emrys, enchanté." Il se croit retourné au dix-neuvième siècle, idiot. Il tend la même vers elle, la serre et retourne dans sa prison imaginaire. " Désolé si je dérange. Je peux partir si je suis de trop." Il ne pose pas vraiment la question, il a l'intention de s'en aller, il attrape ses affaires, tente de retirer le sable qui s'est installé un peu partout. Il se sent bien bête de la quitter ainsi. Il veut rester, juste pour apprécier le lever du jour. Mais près d'elle, il se retrouve privé de parole. Ironie du sort, lui qui n'aime pas parler, se retrouve bloquer lorsqu'il n'y a pas de conversation. Tant pis pour lui. Il fouille dans ses poches, en sort une cigarette, un briquet. Dire qu'il n'a pas pris de petit-déjeuné ce matin, fumer maintenant n'a rien d'une bonne idée. Et bien m'rde. Il profite de ses premières bouffées de fumée et alors qu'il avance rejoindre sa voiture, il se retrouve brusquement vers la belle rousse. "Si jamais ça t'intéresse, tiens." Il lui lance une feuille de papier. Le premier dessin qu'il a fait d'elle. Il doit avoir l'air d'un psychopathe. Qu'importe. Il se sent d'une certaine façon plus léger maintenant qu'il lui en a fait cadeau. Il se rappelle du premier jour où il l'a vu. Sur son piano, elle faisait danser ses mains sur les différentes touches du clavier. Elle avait une grâce folle, emporté par la mélodie, il a sorti ses armes ; crayon et gomme.

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