Bella glissa sa main entre les barreaux de la cage où reposait Albert, son chat. La gorge serrée par l'angoisse, elle sentit l'animal venir se frotter contre ses doigts, ronronnant. Elle laissa échapper un petit sourire forcé avant de se lever, percevant un miaulement de plainte de la part du félin enfermé dans la minuscule cage. Retenant un soupir, elle se saisit d'un veste déposée avec soin sur le porte manteau. Elle était lassée de devoir remprunter ce même trajet chaque jours, surtout que le plus fréquent des cas elle retournait après uniquement dix minutes à tout casser de consultation sans aucun diagnostic alarmant. Elle tenais à son chat, oui. Un peu cliché, à vrai dire, la célibataire qui se rabat sur l'affection d'un chat. Sauf que Bella, elle, refusait toute affection de la part d'un homme, trop affolée par le moindre contact avec l'un d'entre eux. Elle enfila rapidement sa veste, avant de saisir d'une main son sac et de l'autre la demeure provisoire d'Albert. Il était bien le seul à recevoir une once d'affection de la part de Bella, mis à part sa cadette, avec qui elle était aux petits soins, bien qu'elle soit à présent assez âgée pour se débrouiller seule. Elle se faisait d'ailleurs souvent brimer par son comportement trop affectueux envers elle. Bien qu'elle soit à son quotidien froide et distante, mais les rares personnes envers qui elle se sentait profondément liée et proches lui tenaient beaucoup -trop- à cœur. Elle l'éternel attachement qu'elle ressentait avec sa jeune sœur en était la preuve concrète, ainsi qu'Albert, d'où les fréquentes visites chez le vétérinaire pour être persuadée que rien ne lui nuisait.

Elle ouvrit donc la porte du bout des doigts, peinant à se mouver normalement sous le poids contraignant de la cage. Elle claqua donc la porte dans son dos, sans prendre la peine de s'assurer de la sécurité de la maison avec ses clefs, la maison n'était pas vide, et quelqu'un viendrait certainement fermer convenablement la porte derrière elle. Elle fût rassurée en entendant des bruits de pas précipités dans son dos et le cliquetis métallique de la serrure de la porte. S'engageant dans l'allée, non sans jeter des regards répétitifs à la cage, bien qu'elle ne puisse percevoir que la parois de celle-ci, elle était consciente que son chat détestait avoir à rester dans ce minuscule espace vital. Mais il n'avait pas le choix, et il devrait lui en être reconnaissant d'autant se soucier de son confort et de sa santé. De plus, celui-ci avait une mine patraque et n'avait pas touché à son gamelle de nourriture, toujours remplie à raz bords. C'était en soit une raison suffisante aux yeux de la jeune femme, bien qu'il ne soit pas morfale, il ne lui arrivait jamais de rater un repas. Parano, elle ? Non, pas le moins du monde. Enfin, uniquement avec son chat, qui constituait en lui-même une source assez importante de problèmes et de besogne.

Une chance que le lieu de travail du vétérinaire soit près, elle ne se voyait pas la force, bien qu'elle soit plutôt endurante et vaillante, de trimballer la cage de bout à l'autre de Montsimpa, même s'il s'agissait du bien être d'Albert, celui-ci étant traité encore mieux qu'un Prince, ayant droit à toutes sortes de toilettes et de rendez-vous chez le vétérinaire pour toujours être d'aplomb en n'importe quelle circonstances. Les Hamilton possédaient aussi d'un grand jardin, dans lequel il se passait la moitié du temps prélassé au soleil, tandis que les filles de la famille s'activaient à différentes besognes, et il lui arrivait même d'être servi à « domicile ». Il était chouchouté, oui, c'était peu dire. Même si uniquement Bella s'occupait de lui, voyant en lui une distraction sans failles. Et elle ne se voyait décemment pas maltraiter cette petite bête plus qu'adorable.

Achevant non sans mal son trajet éprouvant, elle pénétra à l'intérieur du cabinet pour animaux, et voyant bien que plusieurs personnes attendaient déjà, elle s'installa tranquillement sur un siège, déposant avec toutes les précautions du monde la cage à ses pieds, évitant à l'animal toutes secousses indésirées. Faisant de même avec son sac qu'elle déposa cependant un peu plus brusquement, elle balaya l'ensemble de la salle des yeux, bien consciente que l'attente allait être plutôt longue.

La porte du cabinet s'ouvrit brusquement sur un jeune, tenant son chat -énorme, en passant-. Il semblait totalement paniqué, et il souleva un petit vent de panique dans la salle, de par son entrée plutôt brutale. Bella leva d'un air désintéressé les yeux vers le nouvel arrivant, avant de jeter une nouvelle fois un regard d'ensemble a la salle. Il ne restait plus beaucoup de places d'attente. Il n'en restait qu'une seule, juste à côté de Bella. Elle lâcha un léger soupir avant de décaler ses affaires pour qu'il ait suffisamment de place pour lui et son énorme chat. Chat qui semblait d'ailleurs en piteux état, il devait certainement s'être trop nourri. De toutes manières, elle s'en contre-fichait totalement. Elle ne tenait pas a passer toute son après midi dans ce cabinet, à attendre sagement le diagnostic qu'elle devinait plat que lui délivrerait surement le vétérinaire. Quoiqu'elle avait un petit aperçu de symptôme, il n'avait pas mangé. Tandis que le chat à sa droite avait sûrement trop mangé, au contraire. Elle lâcha un soupir, en pensant à quel point il avait dût être négligeant avec son animal. Comment pouvait-on ne pas faire attention à de boules de poils aussi attachantes ? Elle n'osait pas imaginer comment l'animal avait pût autant manger, pour être dans cet état. Il semblait être en léthargie totale. Bref, elle s'en fichait.

Elle détourna le regard, totalement révulsée de la vue du chat en surpoids. Ses yeux se posèrent alors automatiquement sur la cage déposée à ses pieds, observant les pupilles vertes à travers les barreau. Elle esquissa un sourire affectueux, avant de froncer un sourcil, surprise par le bruit qu'émettait le chat à ses côtés. Le jeune garçon se mit alors à jurer, ce qui choqua légèrement Bella, mais elle ne souleva rien, observant toujours le chat. Ce bruit... Elle n'eût pas le temps de réagir, l'animal répugnant fût bien plus rapide. Bella ouvrit la bouche, observant les résidus de nourriture sur son chemisier. Le parfait inconnu se mit alors à s'excuser, mais elle continua d'observer les désastres, complètement figée. Il lui était arrivé pleins de choses dans toute sa vie, mais jamais, au grand jamais, elle ne s'était jamais faite vomir dessus. Elle s'en serrait rappelée. Ce type avait un voisin à sa gauche, mais non, il avait absolument fallu que tout lui tombe dessus. « Oh... mon... Dieu... » Elle pensait que la situation était gênante, jusqu'à ce qu'il se mette a tenter de réparer les dégâts. Sur sa poitrine, évidemment. C'aurait été trop beau, sinon.

Elle attrapa vivement le poignet de l'inconnu, se fichant de la force qu'elle avait mise dans son emprise, et tira celui-ci en arrière, déglutissant difficilement. Non, elle ne voulait pas de son aide et non, elle ne l'excusait pas. Bien au contraire. Mais elle ne tenait pas à empirer la situation, surtout pas. « Non, je... enfin... je vais me débrouiller. Oui... voilà. » Elle se releva d'un bond, ne sachant pas vraiment quoi faire dans cette situation. Rentrer chez elle ? Elle n'avait pas d'affaires de rechange sur elle, mais elle se voyait mal rentrer dans cet état. Il fallait qu'elle trouve une réponse rapidement, dans tous les cas. C'était plutôt alarmant.

Un puissant bruit sourd retentit dans le cabinet, affolant toutes les bêtes ainsi que leurs propriétaires. Bella tourna lentement la tête sur elle même, ayant en tête une légère idée de la provenance de ce bruit. Même si elle aurait voulu que ce ne soit pas ça. Elle observa la cage par terre, tandis que l'abruti qui avait voulu l'aider observait les dégâts de sa maladresse, et que Albert s'échappait de la cage. Bella crispa la mâchoire. Oh non, pas ça. Ce type... comment pouvait-on être aussi maladroit ? Mais comment ? C'en était presque irréel. Elle aurait presque été compatissante avec lui, vu le ridicule auquel il s'exposait, mais non. Elle n'était pour ainsi dire pas d'humeur clémente. Son chat venait quand même de rendre ses tripes sur elle, et il venait de laisser s'échapper son chat, semant la débandade totale dans la salle. Bella plaqua sa main devant ses yeux, échappant un rire nerveux, murmurant. « Mon Dieu, donnez-moi la force...» Elle ne savait même plus la raison qui l'avait poussée à venir ici. Autant dire que, cette raison, elle la haïssait. Même si le jeune homme devait certainement plus être honteux.

Alors qu'il se remettait à crier, Bella jeta un coup d’œil aux animaux dans la salle. Son posa se posa finalement sur son chat, et celui de l'autre inconnu. Est-ce qu'ils..? Oh mon dieu ! Bella entrouvrit la bouche, choquée. Son pauvre Albert... Le pauvre Albert n'avait pas l'air trop traumatisé, à vrai dire, le contraire même. Alors qu'il séparait les deux chats en beuglant, Bella sentit le rouge lui monter aux pommettes. L'homme lui tendis son animal, qu'elle s'empressa de saisir avec le plus de précautions, tandis qu'il jetait des regards appuyés sur le chat de son voisin de chaise. Toujours autant gênée, Bella quitta la salle, légèrement forcée par le jeune homme qui la précipita vers la sortie. « Mon dieu, qui aurait cru que des animaux pouvaient autant s’exciter…Ah ah… » Bella tourna vivement la tête vers lui, d'autant plus choquée de ce qu'elle venait d'entendre. Est-ce qu'ils pensait vraiment que c'était normal ? Vraiment ? Sur quel anormal était-elle encore tombée ! Pourtant il n'avait pas l'air choqué, son chat se comportait-il toujours de cette manière ? Rien que d'entendre ce mot la faisait rougir. Autant dire que le voir, entre chats où pas la choquait au plus points. Mais pas lui. Il riait même. De manière nerveuse, certes, mais il riait. Ils devaient certainement appartenir à deux mondes bien différents.

« Comment osez-vous parler de...ça en riant ?! En plus, ils sont deux mâles ! Vous devriez avoir honte de votre chat et de ses tendances...hum... sexuelles ! » Se sentant d'autant plus mal, elle détourna vivement le regard, rougissant de plus belle. Oui, elle avait du mal à parler sur ce sujet. Elle qui n'acceptait pas de se faire toucher par un homme, ce n'était en effet pas très surprenant. Bella le suivit cependant derrière l'arbre, toujours surprise de ses réactions. Il devait au moins assumer ce qu'il avait causé. Elle ne releva cependant rien, se contentant de tenter de réparer les dégâts gastrique du chat du mieux qu'elle pouvait, esquissant une mine de dégout. L'écoutant continuer de s'excuser, elle soupira. Toutes ses tentatives étaient vraiment pitoyables, et elle ne savait même pas pourquoi elle restait plantée ici à l'écouter bien sagement au lieu de filer chez elle pour se changer.