Je jette un dernier coup d'oeil à ma montre, et en ressort soulagée. Elle indique 12h49, c'est à dire une heure qui me convient. Un peu plus, et je serais même en avance - c'est dire. Je n'ai pas l'habitude d'être à l'heure. Non pas que je le fasse de bon coeur, pas du tout. C'est juste que depuis quelques années, j'ai l'intime conviction que les forces de la nature se déchaînent pour m'empêcher d'être ponctuelle. Et aujourd'hui, c'était Walter qui m'en voulait. Comme si un poisson rouge ne pouvait pas attendre quelques heures pour salir son bocal. C'est malheureux à dire, mais les poissons rouges c'est vraiment plus ce que c'était.
Reprenons où nous en étions. Je n'étais même pas en retard, ce qui signifiait que j'avais amplement le temps d'aller me chercher un café au starbuck du coin. Comme chaque jour - même quand j'étais en retard à vrai dire - je succombais au parfum chavirant de ce que j'aimais appeler ma drogue. Toujours le même - un vrai délice - et ce depuis mon arrivée dans la ville. Le serveur commençait même à me reconnaître, et je n'avais même plus besoin de lui dicter ma commande. Pratique !
Après quelques minutes de queue - derrière un affreux qui a écrabouillé mes nouvelles bottes, sacrilège ! - je ressors enfin du temple du café. J'en profite pour enfiler mes lunettes de soleil, histoire de ne pas être éblouie par le soleil ambiant. Plutôt incroyable qu'à cette époque de l'année cet accessoire soit toujours de vigueur d'ailleurs. Si ma mère était là, elle parlerait sûrement du réchauffement climatique, et tout ce qui s'en suit. Heureusement pour moi, elle n'est pas là. Je touche du bois.
Peut être est ce la faute du soleil qui m'éblouie trop, ou bien celle des lunettes qui m'empêchent de distinguer vraiment ce qui se passe devant moi. Ou alors, c'est tout simplement celle de ma mère, qui occupe mes pensées depuis quelques secondes. Tout ça pour dire que je suis si perdue dans mon esprit - et maladroite - que je percute une silhouette. Surprise, j'en oublie presque d'enlever mes lunettes de soleil afin de voir l'étendue de la catastrophe. En tout cas, ça ne doit pas être une fille gringalet, car mon épaule commence légèrement à me lancer, ce qui n'est pas spécialement agréable. Je pose les yeux sur mon agresseur - car oui, rien ne dit que c'est entièrement ma faute ! - et esquisse un trait de surprise. En bref : des yeux ronds et un air débile. Quoi ?

Montsimpa. Petite ville paisible où il fait bon y vivre... Dit de cette manière, cette ville semble être le lieu idéal pour vivre. Seulement, qu'a-t-elle de plus que les grandes capitales connus de tous, tel que New-York, Londres ou encore Paris... Difficile à dire, c'est vrai. Nombreuses sont les fois ou Dakota c'était demandé ce qu'il était venu faire ici et s'il ne serait pas mieux pour lui de retourner vivre dans son pays natale, qui n'est autre que l'Angleterre. Ok, le temps était bien meilleur ici, quoique... Londres ne se résume pas toujours à un temps gris, triste, maussade et oui, il ne faut pas toujours se fier à ce qu'on entend dire par les autres. Bref, tout ça pour dire, qu'à chaque fois qu'il pensait à son possible départ, il y avait toujours une petite chose, un petit détail qui le ramenait à la raison et l'empêchait ainsi de partir. C'était peut-être mieux ainsi ou pas, seul l'avenir nous le dira. On ne peut pas vraiment savoir à l'avance si les choix qu'on fait seront les bons...

Pour l'instant, le garçon n'avait rien prévu pour la journée, à vrai dire, tenir un emploi du temps, programmer une tonne de choses à l'avance, ce n'était pas vraiment son truc, il préférait de loin l'improvisation. De cette manière, il pouvait faire tout ce dont il désirait quand il voulait. Vivre au jour le jour, ça à des avantages parfois... Rester enfermer entre quatre murs à zapper les chaînes de la télévision sans avoir trouvé quelque chose d'intéressant au bout d'une heure ? Non merci, ce n'était pas pour lui. Dehors, le soleil rayonnait alors même s'il était seul, autant se balader un peu histoire de se changer les idées... Le jeune homme ne perdit pas une seconde pour attraper une veste et sortir de sa petite demeure. Où aller ? Bonne question... Au centre commerciale, dans un bar ou tout simplement appeler des amis pour qu'ils lui tiennent compagnie ? Divers choix se proposaient à lui. Seulement, Dako avait envie d'être seul quelques temps... Il marcha donc sans vraiment se préoccuper du lieu vers lequel il se dirigeait.

Après quelques minutes de marche, le blondinet se retrouva dans un endroit qui n'était pas très loin de chez lui, le parc. Il continua donc d'avancer tranquillement vers la fontaine sans vraiment faire attention où il mettait les pieds... Et ce qu'il devait arriva, il bouscula une demoiselle. Si on s'arrêtait là, ça ne serait certainement pas catastrophique, c'est vrai ce sont des choses qui arrivent alors, pas besoin d'en faire tout un plat. Sauf, comme vous l'avez bien compris, il n'y avait pas que ça... Une belle et grosse tâche de café c’était faite sur son pull… La jeune femme en question avait déversé son café sur lui lors de cette petite altercation, ce n’était certainement pas voulu, mais, ça avait largement suffit pour commencer à énerver Dakota. Et automatiquement, qui dit énervement dit agressivité… ❝ Putain, c’est pas possible ça ! Tu peux pas faire attention où tu marches non ? ❞ Le jeune homme s'arrêta, lorsqu'il vit que celle-ci le fixait avec intensité...