Six jours que Montsimpa est sous les eaux. Lorsque t'as su, grâce au flash spécial, ce qui allait se passer... Tu t'es tout simplement précipitée au garage pour être sûre que ta voiture soit bien surélevée pendant toute la durée des intempéries parce qu'il est bien évidemment hors de question que ta voiture prenne l'eau. Et manifestement, t'as plutôt bien réussi ton coup puisque ta voiture est au sec alors que la plupart des habitants (et par conséquent, leurs voitures) ont les pieds (les roues) dans l'eau. Alors oui, t'es fière d'avoir laissé ton bijou au garage, contente qu'elle n'ai rien et contente d'avoir un copain chez qui tu pourrais squatter pendant les inondations. Alors tu passes ta journée sans sa chambre, parce que t'as aucune envie de descendre et de constater qu'il y a de l'eau dans l'entrée... Non, tu préfères te complaire dans ton ignorance. Tu sais que quand tu es arrivée, il n'y avait pas d'eau dans la maison, et t'espère que c'est toujours le cas, sans pour autant aller voir. Bref, tu dors, tu manges, tu t'embrouilles avec Nellie, tu te réconcilies avec Nellie et le tout, dans son lit. T'en bouge plus et tu fais en sorte de ne pas avoir à en bouger. Il a déjà tenté de te virer de chez lui plusieurs fois au cours de disputes, mais tu sais camper sur tes positions et t'as finalement pu rester au lit. Ta vie depuis près de d'une semaine ne ressemble pas à grand chose... Encore plus dénuée de sens qu'avant, en tout cas. A vrai dire, tu considères ça comme des vacances qu'autre chose, même si oui, t'es en vacances toute l'année. Mais là, t'as pas besoin que Nellie te file de l'argent, t'as pas besoin de faire quoi que ce soit... Et ça te fait du bien. La musique est toujours omniprésente dans, ce qui est pour la période de l'inondation, votre chambre. Le son n'est pas excessivement fort, pas comme d'habitude... Tout simplement parce que t'es constamment entre le sommeil et la vie réelle. Tu fais des rêves, pleins de rêves... Comme par exemple, le jour où Nellie dirait enfin la vérité à Idalie vous concernant. Si t'avais envie, tu pourrais aller voir Idalie toi-même pour lui dire... Mais tu sais pas vraiment ce que cela engendrerait et tu ne veux pas tellement le savoir. Parce que Nellie serait sans doute plus en colère que jamais et finalement, tu aurais été parler avec Idalie pour rien, car vous ne seriez sans doute plus ensemble. Bref, tu le laisses faire. Autant parce que tu as besoin de Nellie que parce que tu estimes que c'est son rôle à lui et pas le tien.

Là, t'es entre le réveil et le rêve. A poil sous les draps, avec ta poitrine dénudée qui n'est pas couverte par ceux-ci. Il est vingt-deux heures et t'es vraiment entrain de te réveiller, abandonnant un rêve assez passionnant dans lequel Anthony tenait le rôle principal. T'es d'ailleurs presque certaines en te réveillant que t'as du dire son nom à plusieurs reprises, voire même le crier. Mais tu préfères ne pas y penser et simplement espérer que Nellie n'ai rien entendu. Tu te dis que de toute façon, il t'aurait réveillé directement s'il avait entendu ce genre de choses sortir de ta bouche en dormant. Tu finis quand même par réussir à te connecter au monde réel dans lequel Nellie est entrain de fumer calmement devant l'ordinateur. Tu t'approches, pose tes mains sur le dossier de la chaise de bureau et plisse les yeux pour discerner les titres des onglets ouverts. « Cougar Rencontre... Pas besoin de passer par ce genre de sites tu sais... Suffit que tu rencontre ma mère. »

Aujourd’hui, t’as pas spécialement bougé ton cul de la maison. Surtout parce que t’avais pas forcément l’envie de te retrouver trempé jusqu’au cou en mettant les pieds dehors. Par chance, la baraque de tes parents est surélevée et n’a pas été touchée par la montée des eaux, et si ces derniers sont allés faire un tour du quartier pour observer les dégâts provoqués par la catastrophe, t’as préféré te barricader sous la couette avec ta petite-amie dans les bras. Petite-amie qui a d’ailleurs planté sa tente dans ta piaule depuis plusieurs jours maintenant. T’avais dit à ta famille qu’elle n’avait nulle part où crécher et que tu lui prêtais ton lit pour quelques jours, tandis que tu faisais tes nuits sur le sol de la chambre, sur un vieux matelas gonflable bon à être remplacé. Ce mensonge, ils l’ont tous avalé et ils y croient encore en ce moment. Idalie, elle, ne semblait pas super heureuse de la nouvelle quand tu lui avais annoncé. Qui disait Bébé à la maison, disait que t’allais passer tes soirées avec elle et non avec ta sœur d’adoption. Et si y avait une chose que tu savais très bien, c’était que durant ce genre d’événements, cette dernière aimait bien se sentir en sécurité blottie dans tes bras. A croire qu’ils ont quelque chose de rassurant, quelque chose qui te fait oublier pendant un instant toute la misère autour de toi, le temps d’une étreinte.

A vingt-heures, t’es descendu de ton isoloir pour prendre le diner avec ta famille. Bébé, elle, est restée dans le lit, à dormir comme un vrai nourrisson. Idalie glisse une remarque sur l’impolitesse de cet acte, mais tu relèves pas. Tu continues de manger sans un mot, en écoutant les descriptions de tes parents sur l’état du quartier. En fond, le journal télévisé illustre les dires de tes parents, et tu regardes sans vraiment trop t’intéresser, histoire de faire quelque chose en dévorant ton repas. T’attends même pas que les autres aient fini pour sortir de table, et tu prépares une assiette pour Bébé que tu montes dans ta chambre, histoire qu’elle n’est pas à bouger pour se nourrir quand elle se réveille. Elle est toujours endormie, bercée par la mélodie qui sort des enceintes pour Iphone et qui perdure depuis plusieurs jours dans la pièce. Toi, tu t’installes à l’ordinateur et tu mets tes écouteurs dans les oreilles. Tu la laisses avec sa musique reposante et tu mets quelque chose qui bouge un peu plus. Sinon, tu t’endors sur ton clavier, mais tu juges que t’as tellement dormi cet après-midi que c’est pas le moment de retomber dans les bras de Morphée. Alors, tu te fais chier sur le net, à faire le tour des sites inutiles. Tu discutes avec quelques potes sur Facebook, tu regardes les liens qu’on te file et forcément, t’as toujours un pervers qui t’envoie sur un site porno pour te montrer sa scène de cul favorite. Tu t’en fous un peu de ces sites. Avec Bébé, t’as pas à te plaindre. Tu tournes la tête et jettes un œil vers elle, et même en étant endormie et sous les draps – bien que sa superbe poitrine dépasse – tu sais que t’as pas besoin de ses sites pour te faire plaisir. Tu reviens sur l’ordi et tu fermes la page, sauf qu’un pop-up s’ouvre. Comme un con, tu zyeutes, et t’as même pas le temps de réaliser que tu sens une présence derrière toi. Bébé, complètement nue, appuyée sur le dossier de ta chaise. Tu retires un écouteur. « […]Pas besoin de passer par ce genre de sites tu sais... Suffit que tu rencontre ma mère. » « Tu veux dire la mère d’Antho ! », réponds-tu en montrant l’écran, arrêté sur la photo d’une dame que vous connaissez assez bien. « C’est glauque. » Tu fermes la page et te retournes pour lui faire face, toujours assis sur ta chaise. « T’es belle. »