---------- Tu sais qu'en venant ici, tu risques fortement de bousiller tes toutes nouvelles ballerines à cause de l'eau. Depuis la tempête, l'eau de la plage à grandement monté et même s'il est possible de l'éviter en marchant sur le peu de sable qui reste, il en va de moins pour tout la boue qui viendra joliment s'étaler sur le blanc ivoire de tes chaussures. Tant pis. T'as envie de prendre de l'air, de changer un peu du taudis où tu résides et du bar où tu passes toutes tes soirées. L'air pur et frais, le bruit des vagues et ces stupides goélands qui menacent de te déféquer sur la tête à tout moment. Un vrai petit bonheur, oh oui. Ces derniers temps, t'as pas su profiter de la beauté des choses, comme si plus rien d'autre que l'alcool et ton herbe existait. Ce qui est ridicule. Quoi qu'un brin conne, t'es pas non plus retardée et tu sais bien que derrière le coté sombre de ta misérable existence, se cachent de bien jolies choses, hors, tu sembles te refuser à les voir. D'ailleurs, c'est idiot, mais t'arrives pas à trouver la plage aussi magnifique qu'autrefois. Peut-être que t'es dépaysée, t'es pas dans ton élément et ça te chamboule, mais tout te semble fade. Le ciel bleu n'est pas assez bleu, l'eau sent le poisson et il fait un peu trop froid pour la petite robe d'été que t'as enfilé. Néanmoins, tu souris et tu prends - ou tu feins - malin plaisir à sautiller d'un rocher à l'autre, sachant pertinemment que si tu tombes, il y a cinquante pour-cent de chances que la chute te soit fatale. Ce n'est pas haut, mais tu pourrais simplement et un peu trop facilement te casser le coup ou te fracturer tous les os d'un seul coup. Prendre des risques, putain que t'adore ça. Ton corps en raffole, ça te rend heureuse et c'est pire que n'importe quelle drogue. Tu fais partie de ces débiles qui tueraient ne serait-ce que pour sauter en bas d'un avion, accrochée à un simple bout de tissu. D'ailleurs, faudrait que tu essaies bientôt. T'es là à sans cesse jouer avec le feu et pourtant, t'as jamais fait de parachute. Manque de blé, évidemment, mais avec un peu de motivation à vendre un peu plus ton herbe, tu pourrais te le permettre. Un cadeau de fête quelques mois en avance si on veut. T'es si absorbée dans tes pensés que tu passes près renverser quelqu'un dans tes mouvements dangereux. « Désolé. » Marmonne-tu en évitent de très près tomber sur elle. Plus attentivement, tu poses un regard sur elle, certaine que son dos de tête ne t'es pas inconnue. Puis, lumière. Pépie. Cette débile. Un grand sourire vient marquer ton visage et lourdement, tu te laisses tomber à ses cotés, heureuse de constater que tu ne t'étais finalement pas trompé de tête. « Et bien, comme je te retrouve toi. » Pépie, elle fait partie des rares filles que t'apprécies sans pour autant avoir des idées derrière la tête. Non, elle c'est une pote. Une vraie de vraie. Enfin, tu ne l'as vu que quelques fois mais chaque fois, vous avez accrochés complètement l'une à l'autre. Elle est comme toi, complètement dingue et toujours prête à faire la fête. T'adore ça. « Qu'est-ce que tu fiches ici ? » Elle semble trop paisible, c'est presque louche.

Vu son air, c'est plutôt évidant que tu la déranges. Chose qui est plutôt surprenant parce que ce n'est pas le genre de Pépie, loin de là même. Tu restes donc là, le regard vide et posé sur elle. C'est étrange et l'ambiance est vraiment à son pire. Pour sa part, elle n'a pas daigné tourner le regard en ta direction et continue de fixer l'horizon, aucune émotion apparaissante au visage. Ce n'est finalement qu'au bout d'interminables minutes qu'elle se donne enfin la peine d'ouvrir la bouche. Son ton et froid, elle ne déconne pas. Néanmoins, tu oses un petit sourire, convaincue qu'elle joue à tu ne sais quoi. « T'es d'humeur marrante toi aujourd'hui. » Marmonnes-tu, un rictus au lèvres. Les minutes continuent de défiler et Pépie ne parle pas, elle est toujours assise dans la même position et ne t'as toujours pas adressé le moindre coup d'oeil. Putain. Apparemment, elle s'est mise a te détester en moins d'une semaine, ce que t'arrives pas du tout à comprendre. D'accord, t'es qu'une idiote, à moitié débile et tu causes bien plus souvent des ennuis qu'autre chose, c'est un fait, mais est-ce une raison ? Pépie est-elle réellement mieux ? Puis, du tac au tac, elle finit par te lancer ce genre de phrases qui laisse pantois, auquel t'aurais probablement jamais pensé venant d'une telle personne. Tu soupires, passer brièvement une main dans tes cheveux et pour finir, viens planter ton regard dans le sien. « Tu te fous de ma gueule, pas vrai ? Je sais pas quel est ton problème Pépie, mais t'as pas besoin de me parler comme un chien. » Tu souffles. « C'est pas comme si je t'avais fais quelque chose en plus. » Elle est étrange, un peu trop même. T'es pourtant habituée à ce qu'on te rembarre, t'as non plus pas pour habitude de te faire apprécié de tous vu ton grand amour pour la fête et ta franchise parfois - voir même souvent - déstabilisante, mais quand ça vient d'une pote, c'est toujours aussi stupéfiant et t'aurais presque envie de fondre en larmes. D'accord, c'est pas toi la chialeuse de service, mais tout de même.

Spoiler: