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je suis né un seize avril, une date tout à fait normale pour un petit bambin. où ? je ne sais pas vraiment puisque j'ai été adopté. un jour, un couple a décidé de décrocher le téléphone et d’appeler le service d'adoption. ils s'étaient préparés à la venue d'un nouvel être auparavant, c'est pourquoi leur demande fut acceptée. et comme par hasard, le bébé qu'on a amené ce jour-là, ce fut moi. j'aurais pu être un enfant parfaitement normal, si mes parents avaient été un couple normal. vous voulez savoir pourquoi ? j'ai deux papas. c'est bizarre et étrange mais je n'y peux rien. ce couple homosexuel avait décidé d'adopter un enfant et il faut dire que je n'ai pas été malheureux. je n'ai manqué de rien en tout cas, j'ai juste vécu dans un monde très masculin et débordant de virilité. j'adorais mes parents, ils avaient toujours fait le maximum pour que je puisse leur dire « les plus forts c'est mes papas ». je n'aurais pas eu de maman, je n'aurais pas téter de sein juste des biberons et pourtant je suis toujours en vie. je suis toujours là. malgré l'époque difficile qui fut l'école où bien sur on ne se gênait pas pour me traiter de « fils de folles », je n'ai jamais rien dit. le vivant assez mal sans que mes parents n'y puissent faire quelque chose, c'est vrai que pendant l'adolescence je les ai détestés, du plus profond de mon âme, leur balançant parfois des insultes qu'ils épongeaient sans rien faire. J'ai parfois rêvé de connaître ma mère mais tout s'arrêtait à de simples peintures avec une belle femme aux cheveux blonds et aux yeux verts. Je l'imaginais très belle, très douce et dans mes rêves c'était une princesse. Mais je m'arrêtais là. Je ne voulais pas devenir fou et de me faire de vivre dans mes rêves. Les femmes que je rencontrais faisaient souvent figure de visages maternels pour moi. C'est pourquoi j'ai toujours eu ce côté romantique et fleur bleue. Petit garçon timide, effacé qui pourtant avait une forte personnalité. Je suis un grand gamin qui pourtant avait un côté mature à chaque fois que j'avais l'occasion de leur prouver que j'étais pourtant quelqu'un d'intelligent...quand je le voulais. Je n'ai jamais été chiant ou capricieux, j'ai toujours été un petit ange. Enfin, on se comprend.

J'aime bien le rose. Et le rouge. Mais surtout le bleu-vert de ses yeux. La fumée de ma cigarette s’élevait dans l’air sombre de la nuit, créant un écran brumeux qui me protégeait du reste du monde. Appuyé contre le mur du bâtiment, je feignais la décontraction et pourtant, depuis qu’il était apparu au bout de l’allée, mon regard ne l’avait pas quitté une seconde. À présent, il se trouvait devant moi et j’éprouvais le désir malsain de la voir disparaître. Je ne fumais pas, mais j'aimais bien le faire quand elle était là. Je savais très bien qu'elle n'aimait pas les gamins, c'est pour ça que j'essayais de faire mon grand en portant des chapeaux sur les yeux et en fumant quelques cigarettes de temps à autres. « Comment tu t'appelles ? » « Adriel. » « Et t'es toujours pas mort ? » Drôle de question. « Bah non. » « Et bien je vais y remédier. » Voilà comment je l'avais connue. Elle était mystérieuse, c'est la première chose qui m'avait plu chez elle. Mais maintenant que je la connaissais, rien était pareil. Je fuyais son regard, son visage et c’était ma façon à moi de l’empêcher de s’exprimer. Elle savait que tant que mes yeux n’effleureraient pas ses lèvres, elle parlerait dans le vide. Certes, c’était cruel, mais franchement, je m’en moquais éperdument, je ne pensais qu’à moi et à ce qu’elle était en train de me faire. Troublé, je me détournai à nouveau, fuyant lâchement ce qu’elle éveillait en moi, et cette fois, je ne me retournai pas, mettant le plus de distance possible entre elle et moi. « J'aime pas quand tu m'ignores. » Elle sourit et m'enlève ma cigarette des mains pour tirer un coup dessus avant de la jeter par terre, de l'écraser et de me souffler la fumée à la figure. Je l'aimais c'était certain, mais elle ne m'aimait pas elle. Elle s'amusait, elle me jetait pour mieux me détruire. Et moi ? Je me laissais faire, jusque parce qu'elle était belle. Ouais, ça pour être belle elle était. Elle était intelligente, douce et j'étais fou d'elle. « Je ne peux pas Ad, je dois partir. Je pars très loin, ne cherche pas à me rejoindre. Tu te brûlerais les ailes. » Elle déposa ses lèvres sur les miennes et je fermai les yeux. Dès que je les rouvraient, elle s'était déjà envolée.

Je suis magicien. Et musicien. Incroyable pas vrai ? Mais l'activité professionnelle dans laquelle je me réfugiais me permettait juste de l'oublier. Elle n'avait pas menti. Elle était partie avec son fiancé. Je n'avais été pour elle rien qu'un petit joujou, qu'une marionnette dont elle avait coupé les fils. Elle s'était bien amusée, moi aussi au début mais mon cœur lui n'était pas d'accord. L'amour c'est nul. L'amour ça fait mal. Mais aujourd'hui je courais après. J’étais seul, je venais fraîchement d’avoir vingt ans. J'avais vraiment envie de faire de la musique, mais je ne savais absolument pas quoi faire de ma vie future, j'attendais surtout de pouvoir monter petit à petit les échelons. Je voulais chanter et danser, et composer, ça c’était sur, mais ou cela m’amènerait ? Disquaire permettait surtout de gagner un peu d'argent. Je ne savais même pas quoi faire de ma vie et mes relations amicales et familiales étaient instables, enfin ça dépendait. Je pouvais faire ce que je voulais. J’ai d’abord pensé à aller vivre ailleurs, pourquoi pas à Zarbville, mais cela me rappellerait des mauvais souvenirs. Et je ne me débrouillais pas extrêmement bien sans mes parents, à qui je devais beaucoup tout de même. Je savais parler Français et Portugais. J’aimais Montsimpa mais je voulais voyager. Finalement, je décidais de vivre à part, d'enfin voler de mes propres ailes et de sortir du cocon familial.