J'avais huit ans le jour de ma rencontre avec Tifa. Jeremy m'avait invité chez lui pour jouer. Je sonnais à la porte lorsque la créature la plus parfaite qui soit. Enfant et pourtant sa beauté me transcendait, je me sentais toute chose, incapable de prononcer le moindre mot. Je ne m'étais jamais senti aussi maladroit. Mon regard ne pouvait se détacher d'elle, elle parlait mais je n'entendais pas un mot. Il fallu que Jérémy me frappe sur la tête pour sortir de ma torpeur. Un sourire particulièrement niais se dessina sur mes lèvres, mon esprit vagabondait entre la douceur que devait avoir ses lèvres, son regard ambrée et son bronzage parfait. Alors qu'elle quittait le seuil de la porte d'entrée suivi de sa longue chevelure, mon cœur s'emballait. J'avais beau être très jeune, je sentais qu'elle était la bonne, celle qui me ferait vibrer peut importe ce que l'on vivrait. Elle venait de disparaitre de mon champs de vision et j'avais l'impression que mon monde s'écroulait. J'avais tendance à être un véritable dramaturge à cette époque de ma vie, je rêvais de devenir écrivain et partager mes idées saugrenues avec le monde. Et elle, elle était ma source d'inspiration la plus sure, celle sans faille qui jamais ne me décevrait. J'avais tort.


« Tu penses parfois au futur ? Qu'est ce que tu vois ? » je regardais celle pour qui je vouais un amour sans faille dans les yeux. Je ne la voyais qu'un mois dans l'année, lorsque j'étais en vacances à Montsimpa chez mes grand parents. Un amour d'enfant, naif, beau, sans préjugés ni mensonges. Ma vie, c'était avec elle que j'avais prévu de la finir. C'était le neuvième été, j'étais âgé de 17ans et je venais de partager avec mon idéal notre première fois à tout les deux. « Toi, c'est toi que je vois. » elle se mordillait la lèvre, geste qui me faisait fondre en une fraction de seconde. Je ne lui retournais pas la question, je pensais savoir ce qu'elle ressentait : exactement la même chose que moi.


« Elle n'est pas là mec, elle est partie à New York pour faire ses études ! » Elle est partie et s'arrache à moi ma seule raison de respirer. Notre monde s'écroule, l'apocalypse d'une histoire d'amour, et plus jamais, en aucun cas, réparation sera faite. Ce n'était que futile illusion d'espérer vivre sans elle, mon hôte, mon essence. Je regardais Jeremy alors que mon cœur semblait cesser de battre quelques instant. Elle ne m'avait rien laissé, pas un coup de fil, pas un adieu, pas une lettre, rien. j'avais toujours eut beaucoup de difficultés à comprendre comment on avait pu en arriver à ce point, moi et elle, c'était différent, fusionnelle, intense. Comment avait elle pu se barrer sans me dire adieu, un tel acte de lâcheté était impardonnable. Un silence de plomb c'était installé dans l'entrée des Linley. la réalité était triste, mais je devais m'y résoudre, je choisis de ne pas tenté désespérément de la recontacter pour la supplier de revenir, ma fierté était si bafouée que j'en perdais l'essentiel.


Les années se sont écoulées, pansant ces plaies, d'une manière si brutale et douloureuse. On frappe à la porte, à peine rentré du boulot, je vais ouvrir. Il semblerait que Jeremy avait oublié de me signifier que sa sœur rentrait en ville et qu'elle squatterait la maison pour une durée indéterminée. « salut » Salut ? C'est vraiment tout ce que je pouvais espérer après dix années de silence. Je la laissais entrer sans un mot, elle avait laisser des cicatrices immuables dans mon cœur. J'avais souvent pensé à ce qui se passerait le jour où nos chemins se croiseraient à nouveaux, des millions de scénarios m'étaient passés par la tête. Aucun ne semblait être le bon désormais. Alors qu'elle venait de passer le seuil de la porte, je redevenais cet adolescent maladroit qu'elle connaissait à l'époque. Je ne pouvais pas laisser mes émotions prendre le dessus une deuxième fois, pas avec elle en tout cas. Le jour de son départ, elle avait perdu une chose précieuse : ma confiance. « tu m'as tellement manqué » elle s'apprêtait à me prendre dans ses bras, je la repoussais dans un soupire. « drôle de façon de le montrer. » je quittais ensuite l'appartement. Nous nous contentons de discutions brèves, sur la pluie et le mauvais temps, à vrai dire, j'essaye d'éviter de la croiser un maximum.