A choisir, je préférais mieux revenir à deux que seule. Mais malheureusement, Rafael avait encore quelques petites ou grandes choses à régler dans les Caraïbes. Notre domicile depuis cette fameuse utopie lancée par je ne savais plus qui. Je ne prenais plus de nouvelles de San Francisco, du moins des nouvelles de la ville. Et pourtant, surveiller tout ce qui se passait c’était mon job. Mais ces deux années, à faire le mal de mon côté, n’était pas une mauvaise chose bien au contraire. J’avais encore plus apprit sur moi-même et sur ma façon de procéder. Je préférais œuvrer seule, mais à plusieurs j’étais encore plus soudée. Il était temps de rentrer, et surtout temps de remettre le désordre là où l’ordre était installé. San Francisco devait absolument être du côté des démoniaques, et j’allais tout faire pour œuvrer là-dedans. A vrai dire, j’avais du métier derrière moi. Et ma sœur aussi. Peut-être que j’allais envisager de combattre une fois à ses côtés. Cela faisait tant d’années maintenant. En entendant sa voix, un frisson parcouru le long de ma colonne vertébrale. Bizarre, j’avais l’impression de l’entendre tout près alors que je n’étais qu’au téléphone avec elle. Il fallait que je la revoie, c’était ma première priorité à mon retour. Je fronçais les sourcils, intriguée par cet écho. « C’est bizarre, on dirait … Que tu es près de moi. » disais-je, en me retournant. En effet, elle était bien plus que près de moi. Heavynne se trouvait dans ma maison. Elle devait probablement s’en occuper le temps que je revienne. Une semaine sans avoir donné de nouvelles, c’était un grand affront pour ma petite sœur. Dans ces temps difficiles, nos liens fraternels devaient se renforcer encore plus. J’accueillais ma petite sœur dans mes bras, qui ne pouvait s’empêcher de laisser sortir quelques larmes de joie à la vue de mon retour. Très émue également, je serrais la jeune Winther aussi fort que je le pouvais. J’avais l’impression d’être dans un rêve, mais tout ceci était bel et bien réel. J’étais chez moi, et c’était ma sœur. C’était bon de rentrer à la maison. Je tentais de retenir les larmes qui forçaient le passage. Ce n’était pas vraiment dans mes habitudes de pleurer à vrai dire. J’avais très certainement hérité de la sensibilité morbide de mon cher paternel Barbas. Elle tenait plutôt de notre mère, une inconnue à nos yeux. Je lui caressais les cheveux doucement, la tenant toujours dans mes bras. « Allez, fini les larmes tu vas finir par faire couler ton maquillage. » disais-je, en me reculant. Je l’admirais. Ma sœur, ma huitième merveille du monde. Elle n’avait pas changée d’un moindre cheveu. C’était l’avantage d’être démone, à nos âges, la vieillesse ne se comptait plus de la même manière qu’avant. « Je suis de retour… Et pour de bon cette fois. » disais-je, en terminant par un sourire. Heavynne avait probablement besoin de moi, plus que quiconque à San Francisco. Je me devais d’être là pour elle, c’était mon devoir.