« Maman, j'aurai des enfants quand j'en aurais, arrêtes de me rabâcher sans arrêt la même chose. Puis t'en a déjà des petits enfants alors... » Le sujet qui revient à chaque conversation au téléphone ou presque. Je n'en peux plus si bien que je redoute d'entendre une nouvelle fois mon téléphone joué la Marche Impérial de Star Wars -oui, moi et ma manie d'attribuer des sonneries à tout le monde je sais...-. A croire selon elle qu'on ne peut pas être heureux et avoir réussi si on est pas déjà marié et papa. Pourtant, si on y regarde bien, j'ai plutôt bien mené ma barque jusqu'à présent. Enfin, je crois, en tout objectivité. Je termine ma dernière année d'internat en pédiatrie, je suis l'un des meilleurs et des plus appréciés, j'ai déjà fait pas mal de trucs bien dans ma vie, j'ai une famille certes un peu timbré mais que j'aime et qui m'aime. Je vis ma vie comme je l'entends et pleinement. Non, à bien y regarder, désolé, je ne vois pas pourquoi ma mère persiste donc à me voir casé. Peut-être parce qu'elle a peur que je finisses seul ? Non, je sais que je ne suis pas un tombeur mais j'ai déjà eut plusieurs copines mais je n'ai pas trouvé la bonne comme on dit. Rien de plus. Ce n'est pas comme si j'étais le pire des salops en plus, j'suis même plutôt du genre à penser que la galanterie se perd. Et je suis même un super oncle, donc en un sens, j'ai déjà de la pratiquer derrière moi en matière d'enfants quand on y pense -ce qui explique aussi que je sois interne en pédiatrie sûrement-. « Mais tu n'es pas gay au moins hein ? Tu me le dirais sinon chéri, pas vrai ? » « Non maman, je ne suis pas gay. Encore une fois, ce n'est pas parce que je n'ai pas de copine et que je fais un boulot de fille que je suis gay. » Après encore dix bonnes minutes de discussion -ou plutôt de monologue de ma mère en clair-, j'arrive enfin à raccrocher. Comme quoi, devenir adulte et responsable aux yeux des autres ça ne veut pas forcément dire qu'on le devienne pour sa mère. Mais bon je m'égare sûrement mais je me souviens bien de ma réaction le jour où Lyna m'a annoncé la nouvelle. Oui, comme si c'était hier...

« Comment ça, je vais être tonton ? Mais... J'ai que onze ans! J'peux pas être tonton à onze ans ! » « J'te demande pas ton avis en même temps Archie, je te préviens juste. Puis calme-toi, j'te demande pas non plus de t'en occuper tu sais. » « Je sais bien merci, prends-moi pour un crétin aussi tant que t'y es. Mais en attendant, j'vais faire comment pour la gâter ce petit avec le peu d'argent de poche que j'ai moi ? J'veux pas être un oncle indigne moi ! » Oui, j'étais encore assez jeune quand ma soeur est tombée enceinte. Mais déjà, j'avais le cœur sur la main. Oui, ce n'était pas tant le fait que je n'aurais pas beaucoup d'années de différence avec lui -ou elle, je ne savais pas encore que ça serait un garçon à ce moment là- qui me dérangeait, mais plutôt le fait de ne pas être à la hauteur. Avec Lyn' on a toujours été très proches, même si bien sûr comme moi, elle passait quand même plus de temps avec son meilleur ami en général. Et même si un temps, j'en ai souffert, j'ai grandis et arrêté mes conneries de possessivité de gamin. Puis quand j'ai tenu pour la première fois Adonis dans mes bras, c'était un grand moment. Je me sentais comme investit d'une mission. Comme sans doute mes sœurs avant moi avaient du le faire envers moi, le dernier de la fratrie. « Toi mon petit, tu es un chanceux, tu vas avoir le meilleur des tontons, c'est moi qui te l'dis. »

« Les enfants vous apprécient Archie. Vous faites du bon boulot mais prenez quelques jours de repos. Et c'est un ordre. » « Merci Docteur Mayfield mais je ne me sens pas fatigué. » « Je sais bien mon garçon, mais ça fait cinq jours que vous passez votre temps au chevet de Billie. » Billie, une adorable petite fille de six ans qu'on soignait pour une leucémie. Un véritable rayon de soleil ce petit ange. Elle gardait le sourire malgré tout et je me suis sans doute trop attaché, c'est vrai mais je ne vais pas changé ma façon d'être à mon âge. Et je me poserais des questions à vrai dire si j'arrêtais du jour au lendemain de m'en faire pour tous les patients du service. Pour certains, depuis mon arrivée il y a maintenant 6 ans, je les avait vu entrer et sortir, d'autres entrer tout simplement. Mais avec Billie c'était spécial, elle me rappelait le premier patient que j'ai perdu quand j'ai commencé mon internat. « Je vous appellerais si jamais quoi que ce soit devait arriver. mais bonté divine, quittez cet hôpital quelques jours avant que je ne vous y force en vous filant des coups de pieds aux fesses. » « Même si ma curiosité vient d'être piquée au vif de vous imaginer faire ça, je vais jouer la carte de la sécurité en protégeant mes fesses et y aller. Bonne fin de journée Doc. » Oui, je passe sûrement trop de temps au boulot mais que voulez-vous, je suis quelqu'un qui quand il dait un truc, il le fait à fond ou pas du tout. Et puis même si je suis parfaitement capable d'être pro et concentré quand il le faut, je l'admets que j'aime aussi retomber en enfance parfois avec les patients qui passent par notre service. Peut-être parce qu'au fond de moi je suis toujours un enfant, allez savoir. C'est d'ailleurs peut-être aussi pour ça que je n'arrive pas à garder une fille très longtemps. Elles ne comprennent pas toujours qu'on puisse passer tant de temps auprès des patients plutôt qu'avec elles. Mais je pars du principe que ça m'épargne aussi en quelque sorte de trop m'attacher à la mauvaise personne. Quand on aime, on aime en entier. Avec ses qualités et ses défauts et on essaye pas de le changer. Je m'en tiens à cette logique là parce que je sais que dans le fond j'ai raison. La preuve, mes parents s'aiment toujours même après tout ce temps ensemble alors qu'ils sont loin d'être parfaits.

« On ne peut pas tous les sauver Malejka. Il faut vous faire à cette idée sinon vous ne tiendrez pas bien longtemps dans ce service, croyez-en mon expérience. » « On aurait pu tenter la transplantation ou alors ce traitement expérimental pour réparer le ventricule. On aurait du... » « On a fait ce qu'il fallait fiston. » avait répondu mon titulaire. Joshua, sept ans et demi, né avec une dégénérescence cardiaque congénitale. En deux semaines je l'avais vu mourir à petit feu sans parvenir à lui rendre le sourire. Le pire dans tout ça, vous voulez savoir ce que c'était ? De voir ce môme haut comme trois pommes se savoir condamné et avoir plus de cran que n'importe qui face à ça. C'était aussi pour ça que je m'étais orienté au final vers la pédiatrie. Avec les enfants, j'en apprenais bien plus sur certaines valeurs qu'avec les adultes. Et puis la plupart du temps et contrairement à ce qu'on pouvait penser, ils n'étaient pas tous de vrais petits diables. Non bien au contraire. La plupart du temps ils étaient bien plus dociles et moins chiants que leurs aînés. « Pourquoi tu fais cette tête là ? » « Quelle tête ? » « Celle que tu fais quand tu penses à ce qui va m'arriver bientôt. Je préfère quand tu souris moi. » L'innocence des enfants. Ce petit bout de chou savait ce qui l'attendait et pourtant, c'était lui qui me disait d'être fort à sa façon. Je crois que ce soir là, quand je suis rentré, j'ai pleuré. Je n'ai pas honte de le dire d'ailleurs. Certaines rencontres vous font grandir à ce qu'on dit. Bah moi, ironie du sort, j'ai appris à grandir avec un gamin haut comme trois pommes.

anecdote.

racontage du flashback

salut monsieur qui a a classe :héhé:bienvenue chez ton nouveau chez toi et bon courage pour la suite de ta fiche