Les souvenirs ont parfois un arrière goût amer. Ils vous laissent une trace au fond du cœur. Certes, d'autres vous enchantent, mais vous y pensez toujours moins souvent. La mélancolie, elle, vous saisit soudainement, elle vous prend par surprise et vous envoie valser contre le sol. Seuls les plus résistants savaient ne pas tomber. Ou du moins, ils se relevaient vite et savaient faire semblant de ne pas avoir mal. Colleen faisait de ces fortes têtes, ceux qui mettent de côté tant qu'ils le peuvent chaque pensée négative et ne vivent que pour le moment présent. Pourtant, une fois dans sa vie, elle avait agi pour assurer le futur d'un ami à elle. Enfin, "ami". Elle ne le connaissait même pas quand elle s'était déterminée à l'aider dans sa carrière. Bon, dans l'heure qui suivait, elle couchait avec, certes. Elle avait finalement envoyé le travail de l'homme à des professionnels, qui furent rapidement emballés, mais lui le prit mal. Il lui en voulut, et cela dura. Colleen ne savait aucunement où il en était, ni même s'il avait décidé de se lancer dans sa carrière. Peut-être sa fierté l'en empêcherait, c'est bête, c'était probablement la chance de sa vie. Elle avait tenté d'être gentille, elle avait fait sa bonne action de l'année, mais ça n'avait même pas suffi. Elle ne s'en voulait pas, aucunement. Elle n'était pas du genre à regretter ses actes, elle ne regardait jamais en arrière. Elle n'y pensait d'ailleurs que rarement, pour ainsi dire jamais, même si elle ne dirait pas non pour entendre ses excuses. Elle ne s'attendait pour autant pas à ce qu'elles arrivent. Le message ne l'alerta pas. Il faut dire que pas mal de gars avaient son numéro de téléphone. Bon, ok, ça s'était assez calmé depuis Chuck, même carrément, mais les "avant Chuck" ne l'avaient probablement pas effacé. On n'efface jamais complètement un bon coup. Elle reçut donc ce message assez anonyme, sans numéro affiché. Elle avait l'habitude de ce genre de messages anonymes et trouvait toujours ça assez marrant. Elle n'en parla évidemment pas à Chuck, qui aurait pu être jaloux, entre deux de ses moments grognons dont il avait le secret. Tout ça pour dire qu'elle hésita presque à y aller, mais genre une demie-seconde, pas plus, faut pas pousser mémé dans les orties. Surtout qu'elle a pas de culotte. Bref. Elle prit la décision d'y aller, et ce fut ce qu'elle fit trois jours plus tard. Le jour venu, elle se rendit donc au point de rendez-vous, sans pour autant s'y précipiter. Elle restait à l'écart du point précis, préférant regarder de près qui pouvait bien être cette personne qui souhaitait la voir. Après tout, c'était peut-être une femme ? Quelqu'un de jaloux en ayant appris une vieille escapade de son conjoint ? Elle ne savait pas, elle n'en avait aucune idée, mais elle préférait faire attention. Elle le vit alors. Noah. Il était là. Elle ne pensa même pas que ça pouvait être lui, mais la colère s'emparait d'elle, elle ne savait même pas pourquoi. Il semblait penaud, tranquille, ne lui disant même pas qu'il était de retour, tandis qu'elle s'était fait chier pour l'aider dans sa carrière ? Oula, il risquait de très vite comprendre, vu que le furie blonde déferlait désormais sur lui, le sourire peu présent sur ses lèvres.