Je ne sais pas où je suis.
Je ne sais pas où je suis.
Je ne sais pas où je suis.

Je suis assis à une table du club Le Verseau.

Je ne sais même pas comment j'ai pu rentrer ici. Rien qu'à l'entrée, le physionomiste et ses deux videurs immenses me regardaient avec un air bizarre. Un homme avec un nœud papillon? Ils me regardaient l'air de dire que j'devais être un vendeur de rideaux ou quelque chose dans le genre. Impossible à dire. Vendeur de nappes peut-être? J'ai fini par rentrer en utilisant le bon vieux truc pour passer la porte d'un club très (trop?) select. Je glisse dans ma main; entre mes doigts un bon gros billet de sims'flouzes, et je tends la main ouverte au physionomiste. Il vit immédiatement le billet, me serra fermement la main et s'empara de l'argent.

''Oh, Monsieur Mc Fly, bien sûr que vous êtes sur la liste des invités, entrez! Je vous en prie!''

Je grimpais dans l’ascenseur, ce genre d'endroit que je déteste. J'ai toujours peur que l’ascenseur se bloque, et de rester à l'intérieur pendant des jours, ou que les câbles de frein lâchent et s'ensuivent une chute de plusieurs kilomètres vers le centre de la Terre. Mais là, c'est mon imagination qui déraille. Tout va bien se passer. Même si être collé dans une boîte en fer me rend un peu claustrophobe. Je n'aime pas. Je regarde les gens autour de moi. Un couple. Une soupe de langues. Je pensais que c'était illégal de s'embrasser comme ça, m'enfin bref. Je suis dans une boîte à tripotage? Arrivé à l'étage du club, je sortis précipitamment de l'ascenseur. Un énième vigile me lança un regard d'ange pleureur. Je n'y pris pas attention, car j'avais d'autres choses en tête. Je m'approchais du bar pour chercher de la bibine. Le barman me prépare une triple Vodka-Whisky. Avec un glaçon, faut pas exagérer. Je ne suis pas un alcoolique. Dit celui qui mélange la Vodka avec du Whisky. Plus fort que ça, c'est du Décap-four. Ou pas. J'enfile deux-trois verres, le barman devient très vite mon meilleur ami et mon confident le plus intime. Le pauvre, il doit en voir des vertes et des pas mûres. Mais je dois me ressaisir, on est pas dans un rade minable. Le Verseau. Le club le plus select de la ville. On n'y entre pas sans montre patte blanche et billet vert. Je regarde autour de moi, je vois des jeunes gens avec des tenues tellement colorées...! C'est vivant? Je regarde passer un groupe de jeunes filles, elles ont toutes un décolleté jusqu'au nombril. Mais comment tient une si petite pièce de vêtement? Avec du scotch? Un regard s'échange. Elle me regarde, je la regarde, elle me sourit et continue son chemin vers la piste de danse. Je me dis; après tout je suis venu ici pour faire des trucs de jeunes. Danser. Gigoter. Boire. Faire la fête. Bouger nos corps. Faire la fête. Oublier.

Je vois son visage. Ses cheveux, son sourire, ses airs quand elle me regardait. Ah. Il faut que je la chasse de mon esprit. Dolores, l'amante espagnole. Fougueuse dans les draps et dans la vie. Elle parlait très vite, l'accent espagnol qui m'a fait craquer....

Je dois penser... Au présent. Seulement au présent. Dolores fait partie de mon passé. Et comme son nom l'indique, ça s'est fini dans la douleur. Je ne veux plus souffrir, ni faire de mal à quiconque. Je dois trouver ce que je cherche. Et maintenant, j'en sais un peu plus. Sur moi-même. J'ai un travail stable, un toit pour m'abriter de la pluie et une passion. Je dois aller de l'avant.

A propos d'aller de l'avant, si j'allais me trémousser sur la piste de danse un peu? Je me lève, manque de tomber du tabouret de bar; c'est une habitude chez moi de me prendre les pieds dans les chaises? Je regarde la personne qui m'a sourit en passant tout à l'heure. Et pourquoi pas? Je rajuste mon nœud papillon. Allez, on se lance! Approchant de la piste, la musique se fait plus sourde, plus puissante et plus dense. Les gens sont presque collés les un les autres, et ça gigote de partout. Un air de rock, electro? Le regard brûlant de la danseuse me rappelle celui de Dolores. Non, il ne faut pas y penser. Avant d'avoir eu le temps de dire ouf, je suis en train de danser un collé-serré aux limites de la légalité avec cette parfaite inconnue. Inconnue affectivement, mais parfaite physiquement.

Je ne sais pas où je suis.

Je danse avec une inconnue parfaite, un coup dans le cornet, sur un air de rock-electro complètement sauvage, et la seule chose que j'ai à l'esprit... Tout homme normal aurait les yeux plongés dans le décolleté galactique de la demoiselle, mais mon esprit est ailleurs. Au moins, la musique est bonne. Jouissive. Universelle. Je danse. Elle danse. Bref, je fais des trucs de jeunes, et là au moins j'n'ai pas la tête dans mes ordinateurs. Mais mon esprit est ailleurs, et je ne sais pas où je suis. Le morceau touche à sa fin, un fondu au noir et une nouvelle perle électroniquement musicale commence. Elle semble vouloir encore danser, mais je lui chuchote (lui crie, vu l'ambiance sonore) que je dois aller me poser un moment!

Et...

Je suis assis à une table du club Le Verseau.

Je sais où je suis.

Tout ce que je voudrais, c'est qu'elle apparaisse comme par magie ici, qu'elle s'assoit à ma table, qu'on soit ensemble à papoter, qu'on essaie de s'infiltrer dans le coin VIP pour aller dans la piscine ou le jacuzzi. Qu'on soit comme en Egypte. Partir à l'aventure. Faire des trucs un peu fou et impossible, qu'on voyage, qu'on se retrouve, qu'on soit au soleil, à travers la porte bleue, chez moi, chez elle, ici, là-bas, partout, partout, mais..

Ensemble.

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