La soirée est des plus conviviale, une vraie ambiance de famille règne dans la cuisine alors que vous n'avez pas tous un lien du sang, par exemple Oslo qui était gardé par ta tante quand il était petit et qui vient régulièrement pour veiller sur vous comme un grand frère. Tu le considère comme tel, mais pourtant ce soir tu ne décroches pas un mot. Plongé dans les pensées sombre de ton passé, tu n'écoutes qu'à moitié les éclats de rire qui fusent face aux anecdotes que chacun sort avec plaisir. Tu forces quelques rires pour ne pas que l'attention se porte sur toi, tu n'aimes pas ça. Le ventre rempli de patates et de charcuteries, tu dis un bref au revoir à tout le monde en t'attardant naturellement sur ta jumelle pour la serrer dans tes bras, petit rituel du soir. Une fois dans ton lit tu fermes immédiatement les yeux en priant pour que ton sommeil soit paisible et sans frayeurs. Tu as cinq ans et tu accroches fermement la jambe de ton père. Ta mère et ta sœur sont juste à côté et en face se tiennent des hommes de la mafia russe. Ton père en fait partie, pourtant trois armes sont braquées sur lui. Avec toute la tendresse qu'un père peut avoir, il te pousse derrière lui et fait un pas en avant sans crainte. Immédiatement, trois coups de feu partent et ton père tombe au sol, raide mort. Ta mère hurle, se précipite et subit le même sort, les hommes s'avancent ensuite vers toi et ta sœur et ... Tu te réveille en prenant une grande inspiration, quelques larmes sont venues mouiller tes joues. Tu prends quelques secondes pour calmer ta respiration saccadée, puis tu te lèves, d'abord dans l'intention d'aller rejoindre Lulla pour calmer ces terreurs nocturnes qui se répètent tous les jours. Elle dort à poing fermé, alors tu refermes en silence la porte pour aller dormir avec Oslo qui dort occasionnellement ici. Tu te glisses en silence sous les draps, dos à lui. Tu as envie d'être rassuré, mais tu ne veux pas le réveiller pour ça, rien que sa présence t'apaise un peu. « gab, ça va ? » Ta gorge se serre en entendant ces paroles pourtant simples. Non, ça ne va pas, mais tu as assez de fierté pour ne pas lui dire. Sa main vient caresser ton bras, c'est suffisant pour t'arracher un frisson que tu ne contrôles pas. Tu soupires et te décides finalement à te retourner pour lui faire face et te rapprocher l'air de rien de lui, sans pour autant être collé. Quelques secondes d'hésitation et tu te lances enfin. « Oui ça va, j'ai juste fait un cauchemar.. » Tu pries intérieurement pour qu'il n'entende pas la fragilité de ta voix. « Je te dérange peut-être, pardon, je vais partir.. » Tu fais tout l'inverse en venant te réfugier dans ses bras, mais s'il le faut tu partiras. Ton estomac se serre devant une telle proximité, mais tu y penseras plus tard. Ton visage encore humide se pose sur son bras et tu fermes les yeux, laissant le bien-être se propager en toi.