c’est réduire le monde à un sourire et soudainement le trouver immense quand on est séparé ?



Bamba est partie, elle a claqué la porte, quel bruit de malheur ça a fait.
Pour une fois c'est elle qui s'en va, le laisse hébété dans le hall de l'entrée. Il a crié un peu trop haut, Roman, il a laissé les mots s'échapper de ses lèvres un peu n'importe comment, et puis sans l'accord de sa tête, c'est comme ça qu'il s'est retrouvé à dire que papa babar n'existait pas. Et pégasus non plus. De quoi la faire partie. Elle s'est envolée. Il regarde autour de lui. C'est comme si elle avait jamais été là.
Fille, folle, y a qu'une lettre qui change, fille, folle, c'est Bamba. Il secoue la tête, non, non, t'exagères, là. Bamba, c'est de la samba. Une danse chaude. Une danse qui ne s'arrête jamais. Elle le fascine, elle l'énerve.
Avec elle il étouffe.
Sans elle il suffoque.
C'est un vrai problème mathématique cette fille.
C'est pas aujourd'hui qu'il le résoudra, qu'il la comprendra, pour le moment il faut la récupérer, c'est déjà bien. Elle vient toujours le chercher, elle, quand il part s'abandonner dans d'autres bras un peu fades, alors il dégage la porte d'un coup de bras. Elle n'est qu'au bout de la rue, Bamba. Il aurait pensé qu'elle serait en train de courir, elle marche, c'est tout.
Peut-être qu'elle s'en fout.
C'est dur la vie avec Bamba.
Ça bouge.
Ça le sort de sa vie propre et bien rangée, un peu.
Elle est facile à rattraper, physiquement en tous cas. Il la prend par le bras, il voudrait la prendre dans ses bras. Elle le laisse la regarder alors il s'en donne à cœur joie avant d'avoir à donner des excuses ou autre chose.
Est-ce qu'elle lui en veut, d'abord ?
Bamba n'a aucune notion du genre - culpabilité, pardon, dispute. Bamba n'a aucune notion du couple. Bamba n'a aucune notion de l'argent. Bamba n'a aucune notion de la vie d'adulte.
Bamba est une créature imaginaire.
Il ouvre la bouche, ça y est, il a trouvé les mots, ils sont pas compliqués, plus doux que les précédents.
- Allez, on y va quand même. Me dis pas que tu boudes les toboggans de la piscine, aussi.
Depuis le temps qu'elle est prévue.
Cette sortie au paradis, à la piscine.

Roman crie. Il crie trop. Ou il hurle. C'est la même chose non ? Tu ne prêtes pas attention, tu le laisses faire, il va se calmer. Petite Bamba que tu es, il t'effraie quand même, alors t'évites son regard et tu le laisses s'époumoner dans le vide. Dis papa babar, pourquoi il crie le beau garçon ? C'est comme une petite prière dans ta tête, tu te le répètes plusieurs fois attendant une réponse de papa babar, mais elle ne vient pas, t'es pas concentré. Tu relèves légèrement la tête, il est toujours entrain d'hurler ton Roman, puis là c'est le drame, il a dit ce qu'il ne fallait pas dire. Comment ça papa babar n'existe pas ? Si il existe et puis pégasus aussi, t'as pas le droit, non t'as pas le droit. Tu hurles de l'intérieure, tu te mets à pleurer, c'est à cause de lui si papa babar ne t'a pas répondu, parce que il n'y croit pas. Tu ne veux plus le voir, il n'est pas gentil avec toi. Il essaye de calmer tes pleurs, mais tu le repousses. Va-t-en. C'est ce que tu lui dis au fond, tu ne veux plus le regarder, ni lui parler, il est trop méchant avec toi. Tu pousses la porte d'entrée en larme, le laissant dans le hall. Il n'aura qu'à s'excuser, sinon tu jures de lui jeter un sort, ah ça oui, on ne dit pas de mal de papa babar impunément. Les mains dans les poches, tu marches, tu ne sais pas dans quelle direction, mais tes deux jambes bouges c'est le plus important. Presque automatiquement, tu cesses tes larmes. L'air frais ça fait du bien, si bien que t'en oublie la raison de tes larmes. C'est que ça ne devait pas être si important pour que tu l'oublies. Dans le fond t'es comme ça, tu pleures sur le moment et puis après c'est fini, plus rien. Nora, elle dit que cet attrait de ta personnalité, destabilise toute personne à ton contact. Tu ne comprends pas trop ce que ça veut dire, mais si ta némo le dit c'est que c'est bien. Et puis boom. Une main se resserre sur ton bras. Ton visage se retrouve en face de Roman. Qu'il est beau. Il ressemble à un bon gâteau au chocolat. Qu'il est grand. T'as envie de dormir dans ses bras. Quel beaux yeux. Tu veux y plonger. Roman quel ange. Et là comme une apocalypse, il ouvre la bouche. Il pose soigneusement des mots, sans crier cette fois. Qu'il est beau quand il ne se fâche pas et qu'il est doux quand il veut t'emmener à la piscine. Tu lui souris, il a prononcer les mots magique. Tu sautilles, l'attrapant par le cou, lui posant un bisou simplet sur sa joue. C'est la joie, l'excitation, la piscine, ta court de récrée. " Dis tu crois que ce maillot de bain il va à Milo ? Papa babar, il dit que non, mais je lui ai dit que si. " De ton sac, t'en sors un Milo vêtu d'un petit short que t'as piqué à une poupée du nom de Ken. Il est un peu serré sur Milo, mais c'est pas grave, lui à le droit de venir au paradis avec toi.

Il faut un rien à Bamba. Deux syllabes, piscines, la joie tinte dans ses yeux, sa vie reprend du sens, dans le bon sens. Elle était probablement même en train de se demander pourquoi elle marchait, dans cette rue, la tête basse, pourquoi, pourquoi cet abattement. Avant qu'il arrive. Et qu'il prononce le mot magique.
Piscine.
Ça met des odeurs de chlore dans le nez. Ça picote, comme Bamba.
Bamba et sa main dans le cou de Roman, Bamba et sa bouche sur sa joue, c'est doux.
- Dis tu crois que ce maillot de bain il va à Milo ? Papa babar, il dit que non, mais je lui ai dit que si.
Les yeux de Roman font un sourire, et puis sa bouche dit :
- Moi j'dis que oui et j'ai raison, il sera sexy comme tout Milo en maillot de bain, il te f'ra un peu de concurrence même.
Roman joue avec Bamba. À faire comme si Milo pouvait mettre des maillots de bain et Bamba avoir des discussions avec Papa babar.
Ah ...
Comme ça l'arrange parfois.
- Allez. En route mauvaise troupe.
Bamba s'envole, c'est Roman qui la fait décoller, il l'arrache au sol et la charge sur son épaule comme un sac de voyage.
Léger le sac. Plume. Étoile.
Il sourit l'abruti.
Bamba elle est comme une œuvre d'art. Elle est belle et magnifique, intemporelle, elle fascine, elle retient les yeux, elle tord votre cœur, elle vous trotte dans la tête pendant encore des jours. Elle a la beauté qui a trait à l'art, simple et fantastique.
Mais surtout.
Bamba, qu'on exposerait au Louvre dans le coin des statues grecques, Bamba, elle est de ces œuvres d'art qu'on ne comprend pas. On dit c'est beau. Et puis on fronce les sourcils et on se demande pourquoi, comment ? On pourrait rester des heures à essayer de comprendre le message que l'artiste cherchait à faire passer en créant un tel chef d’œuvre. On la regarde dans tous les sens, Bamba, pour essayer de la comprendre.
C'est ça Roman.
Roman, il reste perplexe devant cette beauté inexplicable.
Et donc difficile à atteindre. Il faut bien tendre les bras et tout ça, pour arriver à lui toucher le cœur, perché dans les étoiles.

Roman il est gentil. Même plus gentil que papa Babar, il trouve que Milo il est sexy. Par contre, non t'es pas d'accord, c'est pas possible que Milo il te fasse de la concurrence, il fait toujours tout pour te rendre la plus belle du monde. Parce que t'es princesse Bamba, princesse vodoo et tout le monde sait que les princesses sont toujours les plus belles, après les reines bien évidemment. Pendant que t'es là à te faire des réflexions, tu ne vois pas que le temps continue de défiler. Tu n'as même pas remarqué être porté comme un sac à patate sur les épaules de Roman jusqu'à ce que tu te sentes voler comme un oiseau. Que cette impression est agréable, c'est pour ça que tu as toujours aimé prendre l'avion. Si t'avais pu, tu te serais sûrement lancé dans une carrière de pilote d'avion. C'est si beau de voir cet engin survoler la planète de pays en pays ou de ville en ville. Comme une sensation de dominer le monde, d'être dans un monde en paix. C'est aussi ce que tu ressens quand t'es avec Roman, parce que il ne te traite pas comme les autres. Il est toujours avenant, dans son regard tu y vois de l'admiration, non du jugement ou de la pitié. Oui Roman, il t'enchante. Roman c'est un cadeau de papa Babar pour être une si bonne élève, il te l'a dit, tu le sais. C'est vrai parfois, il s'énerve, il te hurle dessus et puis il disparaît, mais il revient toujours. Il revient pour toi. Jusqu'à maintenant tu ne l'as jamais questionné à ce sujet et pour tout dire, tu ne t'es jamais questionnée. Peut-être qu'aujourd'hui, Roman, Milo et toi étant à la piscine, serait  le moment parfait de discuter. Si tu en es capable bien évidemment, toi et ta tête de linotte distraite êtes le parfait tandem. T'es toujours sur les épaules de Roman, il ne se plaint toujours pas de ta lourdeur. C'est ça, Roman ton prince. Tu souris et doucement glisses pour te retrouver à sa hauteur. " Jamais tu ne vas te plaindre de mon poids d'éléphant n'est-ce pas ? " Tu connais déjà la réponse, il va dire que même une plume est plus lourde que toi. " C'est quand qu'on arrive enfin à la piscine ? Milo et moi on a chaud tu sais. " Gambadant, ne prêtant aucune attention à ce qu'il se passe autour de toi, à où tu mets les pieds, parce qu'il est là, il te protègera quoi qu'il arrive.