Tu étais exténué. Tu étais toujours exténué. Tu travaillais toujours, beaucoup trop même et parfois ton corps avait tout simplement dû mal à suivre. Mais c’était la seule façon que tu avais trouvé pour oublier. Oublier que ton frère t’avait abandonné comme une vieille chaussette salle dans la machine à laver. Oublier que tu n’avais toujours pas de petite copine et que tu allais probablement finir tes jours seul et oublié de tous. Oublier le fait que tu faisais chaque jour un métier que tu n’aimais plus en attendant d’en trouver un meilleur plus tard. D’un naturel joyeux et optimiste tu mettais tous tes soucis dans une boite imaginaire de ton cerveau que tu fermais à clé avec précaution. Ainsi, tu avais petit à petit installé une routine des plus fastidieuses. Tu avais donc passé ta soirée derrière un micro, une bouteille d’eau à la main, animant comme tu pouvais la petite radio de l’université. Préférant ignorer le fait que c’était seulement des adolescents pré-pubères aux hormones agités qui t’écoutais. Oui le son de ta voix roque et chaleureuse n’était pas encore arrivée sur les grandes ondes, mais tu le sentais tout au fond de toi. Oui tu sentais cette petite lueur d’espoir et d’optimiste qu’un jour ton heure de gloire allait arrivée. Tu attendais simplement que ce moment vienne jusqu’à toi. C’était donc la même scène que tu avais rejouée ce soir. Après avoir éteint la radio, tu fis rapidement le tour du bâtiment par sécurité. Même si Sunset Valley n’était pas une ville où le vandalisme régnait au mot d’ordre. Ensuite tu avais flâné dans la ville, sans réel but à la recherche de ton bar préféré. A force d’y passer toutes tes soirées, on connaissait à te connaitre dans le coin. Ainsi tu ne fus par étonné le moins du monde quand le barman ainsi que plusieurs serveuses te saluèrent. Tu appréciais à sa juste valeur cette atmosphère chaleureuse et familiale qui avait complètement disparu de ton appartement. T’installant au bar, tu commandas une bière, de quoi faire passer le temps.

Tu portais beaucoup d’affection à ce bar, que tu considérais depuis déjà quelques mois comme ta seconde maison. Les gens étaient si accueillants et sympathiques que leurs présences chaleureuses te réconfortaient. Le mot sans prise de tête représentait à la perfection l’atmosphère qui en émergeait.  Cet endroit te procurait de l’espoir, l’espoir qu’un jour ton frère revienne en ville. L’espoir de retrouver le cocon familial, et de retrouver ta vie passée. Tu n’étais pas le seul à être dépassé par sa défection, l’ensemble de ta famille l’avait très mal supporté. Tes parents semblaient avoir pris dix ans en quelques mois, des rides d’inquiétudes avaient réussi à se frayer un chemin sur leur visage. Alors oui, tu aimais beaucoup passé du temps ici. Parfois tu te montrais même utile, en donnant un coup de main au barman ou aux serveuses lorsque celles-ci étaient débordées. Bien souvent, tu restais sur ce tabouret, une chope de bière à la main, te contentant d’écouter les déboires des habituées. Néanmoins, aujourd’hui tu ne te sentais pas très bien. Tu ne savais pas si c’était dû à la bière ou quelque chose que tu avais ingurgité ou été en contact quelque heures plutôt, mais tu avais de plus en plus le vertige. Assis quelque peu en hauteur, tu avais l’impression de le voir s’éloigner encore un peu plus de ton corps. Des gouttes de sueurs perlaient sur le haut de ton visage, et tes mains devenaient moites et poisseuses. Oui, quelque chose ne tournait définitivement pas rond, tu ne te sentais clairement pas bien. Buvant une dernière gorgée de bière pour te donner de la force, tu te levas en direction des wcs. Peut-être qu’après avoir rafraichi ton visage sous l’eau cela irait mieux, du moins tu l’espérais de tout ton être. En voulant descendre de ton tabouret, tu t’empalas les pieds dans le tabouret et te rattrapas comme tu pouvais. Tu t’étais rattrapé qu’à la seule chose qui s’était trouvé à coté de toi à ce moment précis, le bras d’une personne. Te retournant, tu vis que c’était une demoiselle blonde plutôt âgée, mais dans le genre belle et bien conservée.  Trop préoccupé par ta petite personne, tu ne l’avais pas vu arrivée dans le bar, pourtant elle ne passait pas inaperçue. Elle avait ce petit ‘je ne sais quoi’ qui attirait le regard. « Je suis vraiiment désolé, je suis tellement maladroit » t’excusas-tu en passant une main dans tes cheveux ne sachant plus vraiment où te mettre.