Couguar, c'est en quelque sorte l'activité à temps-plein de ma mère. Mes rapports avec elle ne sont pas au top de leur forme, mais quand on surprend sa mère avec son meilleur ami du lycée, ça laisse une marque à vie. Je vous jure, ça change un homme. Après ça, on ne peut plus regarder dans les yeux ni sa mère, ni son meilleur ami. Le bon côté, c'est qu'on a plus à s'inquiéter de savoir si votre mère sort avec un type bien. Le mauvais, c'est qu'ils couchent toujours ensemble chez moi puisqu'ils ne peuvent pas le faire chez lui. Le côté moyen de la chose, c'est que j'ai plus qu'à aller me crever les yeux et m'exiler dans un monastère. Ҩ Jeune mannequin prodige. Non, ce n'est pas non plus mon statut. A vrai dire, c'est plutôt celui de mon père. Famille peu ordinaire, vous dîtes ? Si seulement. C'était classe quand il venait me chercher au lycée dans sa nouvelle décapotable, un peu moins quand il sortait pour papoter mode pendant trois-quarts d'heure avec ma nouvelle petite-amie - et accessoirement mes amis gays. Au moins, j'avais des réductions sur à peu près 40% des magasins de haute couture, et des places gratuites à tous les défilés, ce qui aurait pu être généreux si j'avais été un tant soit peu intéressé par la nouvelle robe de Dior ou qui sais-je encore. Ҩ Huit ans, c'est l'âge auquel j'ai découvert que j'avais une peur panique du rose. Précisément quand mon amoureuse de l'école primaire m'a montré son grand lit de princesse et que je suis sorti en courant, et en hurlant. Elle n'a plus jamais voulu me reparler, pensant que je trouvais son lit moche - tu parles, la plus grande insulte pour une petite fille de cet âge. Et moi, j'ai conservé la même réaction en grandissant. Le bon côté, c'est que je n'ai jamais eu à me poser de questions sur ma sexualité. Ҩ A l'inverse de la majorité des enfants, je n'ai jamais voulu devenir astronaute. Moi, j'ai toujours voulu devenir une étoile de mer. Cependant il m'a bien fallu faire face à la réalité quand j'ai compris que ça n'était pas possible - Ô grande déception de ma vie. Finalement, je me suis dirigé vers ma seconde grande passion, c'est comme ça que j'ai fini éboueur. Être banal ne m'intéresse pas, ce que je veux, c'est être le meilleur éboueur de la ville. Et plus tard, pourquoi pas, viser une échelle un peu plus grande. Ҩ J'ai été marié. Je le suis toujours, d'ailleurs. A l'époque, j'étais fou amoureux de Pepper, vous savez, cette petite copine que l'on a au lycée et qui représente tout pour nous. Le mariage a été expédie en une soirée de fête et de débauche à Las Vegas (même que c'est Elvis qui nous a marié) et nous avons vécu une belle idylle pendant plusieurs mois - bien que truffée d'engueulades en tout genre, sur tous les sujets possibles. Finalement, Pepper et partie. J'ai mis longtemps à le comprendre mais il a bien fallu que je continue ma vie de mon côté. Julian, ma petite Juliette préférée, le plus grand con de tous les temps, était un des seuls à avoir été présent. Le seul que j'aurai aimé voir ce jour-là, de toute façon. Ҩ J'habite maintenant avec une grande bande fous. Ils m'ont accueilli d'une manière bien étrange mais au fond, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Ҩ Tout le monde me considère comme la plus grande quiche du siècle. Remarque, je leur en veux pas, moi aussi je me considère comme ça. Incapable de ne pas me prendre un poteau, tomber dans un caniveau ou m'étaler dans une merde de chien. Ouais, ça c'est tout moi. Ҩ J'ai la sale manie de dire absolument tout ce qu'il ne faut pas aux moments les moins opportuns. Ҩ J'ai grandi en entendant ma mère me répéter cette même phrase "tu es différent, mon chéri". Est-ce que c'est de ma faute si je préférais jouer aux barbies plutôt qu'aller faire du vélo ? Ҩ Mon joujou, maintenant, c'est plutôt les consoles de jeux. Ҩ Treize ans, c'est l'âge où j'ai cru avoir mes règles. On ne peut pas m'en vouloir, j'ai vécu dans un foyer monoparental toute mon enfance, j'ai appris à me servir d'un tampon avant d'apprendre à me servir d'un rasoir.